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favoriserait la confusion des idées, dont profitent les ennemis du catholicisme, et semblerait donner raison aux clameurs et aux calomnies de la Révolution. Au surplus, la vérité en elle-même n'a rien à craindre du grand jour; elle n'inspire que l'amour du bien et des sentiments que le véritable patriotisme ne saurait désavouer.

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EXPOSÉ DES PRINCIPES PROCLAMÉS, EN 89, PAR L'ASSEMBLÉE CONSTITUANTE,

Avant tout, que faut-il entendre par principes de 89?

En l'année 1789, comme dans les années suivantes ou précédentes, on a émis en France des principes divers et contradictoires sur l'origine des sociétés humaines, sur la source et les limites du pouvoir qui les régit, sur toutes les branches du droit public. Ce n'est pas l'ensemble confus des doctrines bonnes ou mauvaises, vraies ou fausses, répandues par la presse de ce temps, que l'on peut décorer du nom de principes de 89, puisqu'il n'y a pas d'accord entre elles et qu'elles forment, non pas une série de maximes sanctionnées par une autorité quelconque, mais un chaos d'opi

nions qui ne sauraient être appliquées simultanément au gouvernement d'un peuple.

Pour avoir la formule des principes de 89, on doit la demander à la France, à la nation ellemême, non pas à telle école ni à tel écrivain en particulier.

Or, selon nos adversaires, la France, en 1789, c'est l'Assemblée constituante, élue par elle et représentant la nation. Quels sont donc les principes fondamentaux reconnus alors et proclamés par la Constituante? Ils se trouvent dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, votée au mois d'août 1789, et qui servit de prologue à la constitution française adoptée en septembre 1791. Ils ne sauraient se trouver ailleurs, car ailleurs il n'y a que l'opinion d'un homme ou d'un parti. Nous n'avons que faire, par exemple, des rédactions de droits proposées à la Constituante par la Fayette et Sieyès, pas plus que du Contrat social, de J. J. Rousseau, ou de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, rédigée par le citoyen Robespierre et adoptée par la Convention. Rousseau, la Fayette, Sieyès, Robespierre, ne sont pas la France et ne la représentent point. La déclaration de 1789 n'est pas celle de 1793. Nous savons très-bien que beaucoup espèrent amener le peuple à prendre l'une pour l'autre, et revenir à celle-ci par celle-là. Mais la question n'est point ainsi posée par les adversaires que nous combat

tons; ils nous mettent en demeure de nous expliquer sur les principes de 1789, purement et simplement. Voici ces principes; viendront ensuite nos explications.

DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN, VOTÉE EN AOUT 1789, ET MISE EN TÊTE DE LA CONSTITUTION FRANÇAISE DES 3-14 SEPTEMBRE 1791.

<< Les représentants du peuple français, constitués en assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'homme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs; afin que les actes du pouvoir législatif et ceux du pouvoir exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la constitution et au bonheur de tous. -En conséquence, l'Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Être suprême, les droits suivants de l'homme et du citoyen:

« ART. 1. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

« ART. 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la sûreté et la résistance à l'oppression.

<< ART. 3. Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation; nul corps, nul individu, ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.

« ART. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.

<< ART. 5. La loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.

<<ART. 6. La loi est l'expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protége, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens, étant égaux à ses yeux, sont également admissibles à toute dignité, place et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction celle de leurs vertus et de leurs talents.

que

<< ART. 7. Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la loi

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