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lioraient sensiblement sous le rapport de la santé physique, que les scrofules et le rachitisme y guérissaient, que l'intelligence elle-même se développait sous l'influence d'une bonne éducation pédagogique, mais que ce développement était toujours restreint dans des limites assez étroites. Il en est des crétins comme des idiots et des imbéciles: on peut fortifier leur corps, leur donner des habitudes d'ordre et de propreté, les dresser aux usages du monde, leur inculquer quelques notions élémentaires, mais on ne peut créer chez eux l'intelligence et l'initiative, et si les résultats obtenus sont sensibles chez les crétineux, ils sont nuls chez les individus atteints plus profondément.

CHAPITRE II.

DE L'ÉPILEPSIE.

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Définition et synonymie. — Etiologie: causes prédisposantes et occasionnelles ; épilepsie sympathique et symptomatique. Description: prodromes, accès convulsifs, vertiges, absences. Physiologie pathologique. Marche et terminaisons. De l'état mental des épileptiques : modifications du caractère sans aliénation; folie épileptique, liée à l'accès convulsif; manie, impulsions dangereuses survenant dans l'intervalle des accès; folie chronique : démence, paralysie générale. Diagnostic. Traitement.

$ 1 er. Définition et synonymie.

L'épilepsie peut être définie : une névrose convulsive caractérisée par des attaques intermittentes, en général de courte durée, très variables sous le rapport de l'intensité des convulsions, mais s'accompagnant constamment d'une perte subite et complète de connaissance, et dans la majorité des cas, de troubles intellectuels. C'est ce dernier ordre de symptômes que nous étudierons ici d'une manière plus particulière.

L'épilepsie était désignée par les anciens sous le nom de maladie divine, maladie sacrée (1), car l'aspect hideux des épileptiques faisait croire à quelque intervention surnaturelle dans la production d'une aussi terrible affection: on l'appelait encore morbus Herculeus, maladie d'Hercule; morbus astralis, à cause de l'influence que les astres exercent sur le retour des accès; morbus comitialis, car les comices étaient dissous, par crainte de ce funeste présage, aussitôt que quelqu'un dans l'assemblée avait une attaque d'épilepsie; mal caduc, parce que la chute en est le premier symptôme; haut mal, parce que son siége est dans la tête.

Pendant longtemps le mot épilepsie a été appliqué par les pathologistes à toutes les convulsions, et Cullen l'emploie encore dans ce sens. De nos jours, cette dénomination est plus spécialement réservée à la névrose convulsive telle que nous allons la décrire; il ne faut pas oublier toutefois que la forme convulsive épileptique, à laquelle on a attribué comme caractère pathognomonique l'aspect grimaçant de la face, ses alternatives de pâleur et de rougeur, et l'écume sanguinolente de la bouche, appartient non-seulement à l'épilepsie névrose, mais encore à certaines affections organiques de l'encéphale et surtout à la congestion cérébrale, que cette dernière soit simple ou qu'elle soit liée à quelque lésion organique du cerveau, tumeurs, ramollissements, ou bien adhérences des méninges à la couche corticale, comme dans la paralysie générale.

$ 2. Etiologic.

Nous retrouvons dans l'étiologie de l'épilepsie la plupart des causes, soit prédisposantes, soit occasionnelles, que nous avons assignées à la folie, et qui sont d'ailleurs communes à la grande majorité des névroses.

(1) Hippocrate, De la maladie sacrée (œuvres traduites par Littré, 1. VI, p. 350.

C'est ainsi que l'hérédité se trouve encore ici en première ligne. Elle prouve une fois de plus la connexité qui unit entre elles toutes les affections nerveuses, car chez les ascendants et chez les collatéraux des épileptiques, on rencontre nonseulement l'épilepsie, mais encore l'aliénation mentale, l'hystérie, la chorée, les névralgies de toute sorte.

L'épilepsie est plus communc chez la femme que chez l'homme; rare chez les vieillards, elle est plus fréquente à l'âge mûr et surtout dans la jeunesse. Sur 307 épileptiques, M. Musset, recherchant à quel âge la maladie avait débuté, est arrivé au résultat suivant :

59 fois la maladie était de naissance.

60 fois elle s'était développée de la naissance à 10 ans.

107 de 10 à 20 ans.

33 de 20 à 30 ans.

21 de 30 à 40 ans.

19 de 40 à 50 ans.
5 de 50 à 60 ans.

3 de 60 à 70 ans.

Parmi les causes occasionnelles, les émotions morales et surtout la frayeur, déjà signalées par Tissot et par Esquirol, tiennent le premier rang. J. Frank assure que sur 80 cas d'épilepsie dont il a pu connaître la cause, 60 avaient été causés par la terreur. Bouchet et Cazauvielh, sur 69 malades, ont constaté 21 fois l'influence d'une frayeur, et 10 fois des chagrins prolongés. Sur 232 malades, M. Beau a pu rapporter 105 fois à une peur le point de départ de la maladie, et 16 fois à des chagrins. L'époque menstruelle, la grossesse aggravent encore la fâcheuse influence des émotions violentes, et quelques faits semblent prouver qu'une terreur éprouvée par la mère donne lieu à l'épilepsie congénitale chez l'enfant qu'elle porte dans son sein.

Enfin, c'est encore aux impressions morales qu'il faut rapporter ce qu'on a dit de l'imitation. La vue d'un accès d'épilepsie a pu, chez des sujets prédisposés, déterminer une

première attaque convulsive, et même, dans quelques cas, cette influence contagieuse s'est propagée à toute une réunion d'individus.

L'épilepsie peut être sympathique, c'est-à-dire que liée à quelque anomalie fonctionnelle, à quelque lésion organique, elle paraît et disparaît avec elle. On a vu des femmes devenir épileptiques pendant une grossesse et cesser de l'être immédiatement après l'accouchement. La dentition, la présence d'un corps étranger dans le conduit auditif, de larves dans les sinus frontaux, de vers dans l'intestin, amènent parfois une épilepsie passagère. On a même vu des accès convulsifs se rattacher à une affection utérine et guérir avec elle. Esquirol a beaucoup insisté sur ces épilepsies, qui en réalité

sont assez rares.

L'épilepsie est quelquefois symptomatique d'une altération organique du cerveau ou de ses membranes à l'autopsie on a constaté, chez des épileptiques, des ramollissements, des cancers, des tubercules, des kystes hémorrhagiques du cerveau et de ses membranes, des plaques osseuses ou cartilagineuses de la pie-mère, des exostoses intra-crâniennes d'origine syphilitique, des abcès, des kyste hydatiques, des indurations ou des dégénérescences des corps striés, des couches optiques, de la corne d'Ammon ou des circonvolutions. Quant aux anomalies cérébrales qui accompagnent l'idiotie, elles sont également une cause fréquente d'épilepsie sur 8 ou 10 idiots, Georget en a trouvé 1 au moins qui était épileptique. Enfin l'épilepsie peut être consécutive à une intoxication: l'épilepsie saturnine et surtout l'épilepsie alcoolique rentrent dans cette catégorie.

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Prodromes. Parmi les épileptiques, il en est qui sont frappés subitement, sans prodromes d'aucune sorte; d'autres, au contraire, éprouvent des symptômes avant-coureurs qui

leur permettent de prévoir l'accès quelques jours, quelques heures, quelques secondes avant son apparition.

1° Ces prodromes sont très variables, mais ils se présentent chez le même malade avec une constante uniformité : tantôt c'est de la tristesse, de la pesanteur de tête, de l'inaptitude au travail, de la céphalalgie; tantôt, au contraire, il s'agit d'une douleur locale, d'un phénomène sensitif, ou même d'une convulsion musculaire isolée qui, partant de la périphérie, arrive peu à peu vers le centre et amène alors l'explosion de l'accès convulsif : c'est là ce qu'on a désigné sous le nom d'aura.

L'aura peut être sensitive ou musculaire.

L'aura sensitive consiste, le plus souvent, en une douleur, en une sensation de froid, d'engourdissement, de chatouillement qui, s'élevant du sein, de la nuque, de l'épigastre, s'élève jusqu'à la tête : une compression énergique exercée sur son passage a pu maintes fois l'arrêter et prévenir l'accès. Tissot rapporte l'exemple d'un homme qui le faisait avorter en appliquant au bras un tourniquet qu'il serrait dès qu'il sentait le mal à la main gauche, et la science possède plus d'un fait de cette nature. Quelquefois l'aura consiste en une hallucination on voit des épileptiques chez lesquels l'accès s'annonce par la perception d'odeurs fétides, tandis que d'autres ont des visions: tel était ce malade qui, avant chaque accès, voyait devant lui une roue dentée, au milieu de laquelle se trouvait une figure effrayante.

Quant à l'aura musculaire, elle consiste en une contraction qui, débutant par un muscle de la périphérie, envahit peu à peu les muscles voisins, arrive jusqu'au tronc, et alors seulement se généralise: chez un jeune homme, dit Hollier cité par Esquirol, l'accès commençait par l'épaule, le bras était saisi de tremblement, les mâchoires se serraient, l'accès éclatait; chez un autre, l'engourdissement de la main droite était le premier symptôme; les trois premiers doigts se

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