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rir votre femme & vos enfans, auf longtems que vous ferez fous les drapeaux de la li. berté. « Auffitôt le Patriote Bournaison perce la foule, & va donner få fignature, pour partir avec les camarades. Les deux tiers de la junneffe d'Aubenton fe font fait infcrire, Ah, dit M. Desjardin qui nous informe de ce trait, que toutes les Communes de France imitent notre * ville, & les tyrans fe réuniront vainement pour renverser l'autel de la liberté.

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BOUILLON ( le 22 Août ). Nos lecteurs attendroient vainement une relation circonftanciée, véridique & impartiale des événemens de la journée du 10; dans tous les papiers publics qui nous parviennent nous n'en trouvons aucune qui porte ce caractere ce qui nous détermine à nous en tenir à ce qu'on a vu dans la féance du 10, page 37 du dernier N°. Une trifte vérité que nous pouvons sjouter, d'après plufieurs lettres, c'est qu'il s'eft commis des horreurs, & qu'elles ont été réciproques; que le roi, la reine & la famille royale étant venus chercher un afyle au fein de l'Affemblée Nationale, c'étoit une cruauté b'en inutile d'ordonner aux Suiffes de tirer fur la Garde Nationale & fur le Peuple. Car le raffemblement qui fe portoit fur le châ reau n'y est arrivé qu'après le départ du roi. Les Suiffes ayant fait feu les premiers, la ripofte en étoit une conféquence; & le conibat une fois engagé, il n'y avoir plus de terme à prévoir. Le nombre des victimes n'eft pas connu; les uns ne le portent qu'à 5 à 600 tandis que les autres le font monter de 2 à 3 mille. Quels que foient les auteurs de ce carnage, que l'on nommera fans doute le maffacre de la Saint-Laurent, nous les abhorrons

& les vouons à l'exécration de nos contemporains & à celle des générations futures.

Sur les avis reçus que l'armée autrichienne campée à St. Hubert avoit marché le 14 fur Neuf-Château, & que le 15 à 10 heures du matin, elle avoit dirigé fa marche fur Wir thon, l'armée de La Fayette fit un mouve ment le 16, une divifion établit son camp en tre Douzy & Mairy, tandis qu'une autre par tie occupoit le Mont: Tilleul au deffus de Carignan ou Ivoy.

La veille de ce mouvement, le 15, cette armée qui occupoit encore le camp retranchế de Sedan, fe rendit dans les prairies de Balan entre 5 & 6 heures du foir, ainfi que les Gardes Nationales qui tiennent garnifon dans la ville. Toutes ces troupes au nombre d'environ 20 mille hommes, en fe déployant dans la plaine, formoit un coup d'œil impofant, dont nous avons été témoins, du haut des remparts & du camp retranché. Ce qui ajouta à la pompe du fpectacle, ce fut un beau foJeil couchant, dont les flots dorés étinceloient fur les armes. L'armée nous, parut former par fa difpofition un immenfe bataillon quarré, dont chaque face voyoit devant elle une vafte place. Il étoit 7 heures & dewie, & il falloit retourner à Bouillon, ce qui nous empêcha de voir terminer la cérémonie. L'objet en étoit le ferment d'être fidele à la Nation,,à la loi̟, au roi & de foutenir, la Constitution. Il étoit environ 8 heures quand il fut pro noncé, & les troupes ne purent rentrer dans Jeur camp qu'après 9 heures du foir.

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Pendant tout, le jour, il y avoit eu dans toute la ville de nombreufes patrouilles à pied & à cheval, pour calmer fans doute les mouvemens qu'auoit pu occafionner l'arreftation

des trois commiffaires qui s'étoit faite le 14, & leur détention au château de Sedan, dont le pont étoit levé.

Le 19, le camp de Douzy fut levé & fe porta près d'Ecombre, village de la frontiere extrême, à 3 lieues de "Sedan & 2 de Bouillon. Des troupes à cheval avoient été envoyées vers Mezieres.

Le même jour 19, entre dix & 11 heures du matin, & par une forte pluie, M. La Fayette arriva ici; il étoit accompagné de M. La Tour-Maubourg, M. Alexandre Lame:h, -d'un autre maréchal de camp que nous n'avons pas connu; de M. Bureau de Puzy, de M. Iacolombe, & d'une bonne partie de fon Etat-Major. Il avoit pour escorte une trèntaine de “huffards & chaffeurs à cheval. M. La Fayette mit pied à terre au gouvernement avec un feul efficier; après une courte vifite, il alla à l'auberge de St. Hubert, où il prit un léger repas.

Un peu avant une heure, le général monta à cheval, pour aller faire une reconnoifiance au dehors; on répandit le bruit très-probable «qu'à fon retour, il vifiteroit le château, & qu'il coucheroit dans une maison de la ville où il avoit fait demander un lit. On étoit impatient de le voir revenir, une foule de curieux l'attendoit près de fon auberge, avec d'autant plus d'efpérance qu'une partie de fon elcorte étoit déjà de retour. Entre 5 & 6 heures, M. Sicard, colonel du 43me. régiment qui avoit accompagné M. La Fayette, revint feul. Quatre officiers le joignirent, & fur la queftion fi le général arriveroit bientôt -il répondit qu'il couchoit à Palifeux (bourg á 3 keues en avant de Bouillon) où fon mée devoit établir fon camp le lendemain;

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enfuite ce colonel renvoya à Sedan une ving taine de huffards de l'efcorte qui étoient ref tée ici.

Une reconnoiffance faite par un général accompagné de prefque tout fon Etat-Major, & pouffée vers le pays ennemi, àðà 7 lieues de fes avant poftes, étoit de nature à furprendre les militaires, Le bruit répandu que le général étoit flanqué par fa droite & fa gauche de deux colonnes qui devoient concourir à l'enlevement d'un Corps d'Autrichiens poftés à Neuchateau, n'en impofa pas non plus à ceux qui connoiffoient la difficulté, pour ne pas dire l'impoffibilité de cette entreprise.

Les conjectures fe préfentoient en foule & varioient à chaque inftant de la foirée'; mais enfin on hafarda de fe fixer à celle d'une émigration. Elle n'étoit que trop fondée. Le 20 au matin, on apprit que M. Sicard qui étoit rentré le foir en ville, en étoit forti à 2 heures du matin, pour fuivre, à ce qu'on préfume, les traces de M. La Fayette. Sur les 9 heures, on apprit par le poftillon qui apporte ici chaque jour la malle d'Allemagne, que ce gé. néral étoit monté dans une voiture qui l'atendoit à la hauteur de Palifeux, d'où il a paffé à Tellin. Le maître des poftes de ce dernier endroit a conduit le général à Rochefort, d'où l'on croit qu'il a dirigé fa route fur la Hollande par Maftricht.

François-Antoine Marie-Constantin de Méan & de Beaurieux, évêque d'Hyppos & fuffragant de Liege, a été élu le 16 de ce mois unanimement évêque prince de Liege. On attribue à ce nouveau prince toutes les vertus qui peuvent honorer l'épiscopat. Auffi le jour de fon élection a-t-il été un jour de fêre.

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