STOCKHOLM (le' ' 'Juin ). Uftave III, par le traité fecret qu'il avoit G conclu avec l'impératrice de Ruffie, étoit 6 convenu de ne pas reconnoître la Conftitution Françoife; & les deux Cours s'étoient engagées à prendre des mesures communes contre la France. Quoique le duc de Sudermanie ait formellement renoncé à toute mesure hoftile à cet égard, il fubfiftoit encore un ordre donné par le feu roi, de ne pas recevoir, daps les ports du royaume le pavillon, national de France, & il s'agiffoit même de le mettre à exécution. Le commerce fuédois en fut alarmé le Peuple de cette capitale en murmura, & M. Verninac faifit cette circonstance pour faire au régent toutes les réclamations que lui dic terept l'honneur & les intérêts de fa Nation Dimanche huit Juillet 1992. N°. XXVIII. A Te Gouvernement étant d'ailleurs informé que ce ne feroit qu'à coups de canon que l'on pour roit faire difparoître le pavillon tricolore, déterminaà donner ordre de le reconneiTre & de le recevoir. On fçait que les membres du malheureux Ankerstrom ont été expofes fur des roues, en différens endroits. On a trouvé dernierement dans la main qui porta le coup au feu roi un papier contenant ces mots en vers fuédois Bénie foit à jamais cette main qui fauva la patrie. On a trouvé fa tête ceinte d'une couronne. Le Peuple fe porta en foute pour le voir & fe perfuada qu'elle avoit pris un air fatisfait. POLOGNE. VARSOVIE (le 13 Juin ). D'après le vœu &le confeil du roi, la république a demandé non feulement l'intervention des rois de Hongrie & de Proffe près de la Ruffie, mais elle a encore envoyé le général de Podolie prince Adam Czartoriski à Vienne, & le grand maréchal de Lithuanie, comte Ignace Potoki Berlin, pour y faire perfonnellement & de Bouche les plus vives inftances. Aujourd'hui on apprend officiellement que ces deux Cours ont réfuté de rien prend e fur elles dans cette affaire, & même de faire aucune démarche près de l'impératrice; qu'au contraire, elles confeillent à la république d'abandonner leur nouvelle Constitution, & de convoquer une Diete pour reprendre l'ancienne, cette mefure étant la feule fuivant elles, de prevenir le mécontentement de l'impératrice, & par comféquent les malheurs qui menacent la Pologne. On ne comptoit pas beaucoup fur la Cour de Vienne, dont les liaifons avec la Ruffie font connues mais on a été virement affligé de Voir que falliance avec la Pruffe, qui eft, pour ainfi dire, le réfultat des mesures dont Timpératrice fe plaint, femble avoir perdu fon effet précifément à raifon des changemens que la république a faits dans fa Conftitution en fuivant, à l'égard de la Ruffie, les prin. cipes qui lui ont été recommandés dans le sems par le cabinet pruffien. Ainfi abandonnée à fes propres forces n'ayant pour elle que la justice de fa caufe & le vœu de la plus grande partie de l'Europe, la Nation Polonoife va déployer toute Ténergie que les plus nobles motifs peuvent inipirer un Peuple. Si dans cette lutte, ou l'on nous force d'entrer pour défendre notre liberté, nos droits & notre indépendance. nous finiflons par fuccomber à des forces fupérieures, on nous rendra du moins la juftice que nous n'avons manqué ni de courage, ni de zele, ni de défintéreffement. Les dons pa triotiques continuent d'affluer tant dans cette capitale, que dans les provinces. Les rédacteurs de la Gazette nationale de Varfovie se font engagés à payer mille florins par mois tant que la guerre durera; la princeffe époufe du grand chancelier de Lithuanie a déjà donné 100 ducats qu'elle promet de payer chaque année; le nonce de Pofnanie a envoyé 300 ducats au tréfor & affigné une montre d'or avec chaîne du même métal, pour le premier officier qui aura l'avantage fur un Corps ennemi fupérieur au fien. Les payfans, cette claffe refpectable des fociétés civiles, refusent de recevoir le paiement des fourrages qu'ils fourniffent à l'armée; & les commandans des troupes, de leur côté, pénétrés de la générofité de ces bons cultivateurs, laiffent devant eux Fargen: qui leur eft dû, & fe retirent fans vouloir le reprendre. A 2 une A Wilna en Lithuanie, dès qu'on appric que les Ruffes avoient paffé la Dzwina le 22 Mai, en trois différens endroits, & que la marche concertée de ces trois divifions fe dirigoit fur Wilna, au lieu de fe livrer à la terreur & à la confternation, on afficha à midi. coin des rues, des placards portant en fubf tance : au « Quiconque aime la liberté, l'indépendance, le roi & la patrie, aura à fe rendre à 7 beures du foir dans tel & tel lieu hors de la ville ». A 7 heures toute la ville étoit déjà dans les plaines de Pohulanka. M. le com. te Tyzenhauz, préfident de la ville, fit voir dans un difcours plein de patriotifme, le befoin urgent qu'a la patrie, d'être défendue par des Volontaires. On ouvre auffi-tôt l'enrôlement, & en même tems la foulcription. Deux cens gentilshommes & bourgeois fe font infcrire, avec promeffe de s'équiper en cavaliers, & de fervir à leurs frais pendant toute la campa gne. Plufieurs autres s'engagent par ferment à recruter à leurs frais quelques centaines de Volontaires. On offre des chevaux, des armes & de l'argent à ceux qui ne manquoient pas de bonne volonté, mais qui manquoient de moyens. Les foufcriptions commencent après; &le greffier peut à peine fuffire à écrire les of frandes patriotiques. Il n'eft pas jufqu'aux Da mes, qui ne livrent leurs toilettes, leur are genterie, leurs équipages. Cette foufcription continue encore, les moines, les religieufes les Juifs mêmes y contribuent tous les jours, Dans cette foule de Patriotes, fe préfente un jeune foldat d'artillerie, âgé de 17 ans, & il remet au préfident fon offrande de 24 ducats. Le préfident, qui le connoifloit pour honnête mais pauvre fait d'abord difficulté de les |