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qui veulent donner de l'activité au Gouvernement, ou qui ont le courage de lui dire la vérité S'il vouloit la Conftitution, fouffriroit il dans fa maison même un comité de contre sévolution ? Craindroit-il le rassemblement des Volontaires Nationaux qui font les amis & les plus fermes appuis de cette Constitution? Non, le roi ne veut point la Conftitution, & quand il dit je la veux, il ment à la Nation & la Nation en eft convaincue. Dépend-il de lui de la vouloir actuellement ? C'est nous qui Favons voulu & qui la voulons toute entiere: nous la voulons malgré lui, peut-être dans peu nous la voudrons fane lui. — Législateurs, le dépôt de cette Constitution vous elt confié, vous en devez compte à la Nation, & ce compte fera févérement exigé. Les moyens de la conferver font en elle ou hors d'elle. Cherchez-les, indiquez-nous-les. C'est-là votre devoir le nôtre, c'eft de les exécuter & Vous pouvez compter fur nos fortunes, fur aos forces & nos vies. La liberté ou la mort. c'eft la devife écrite fur nos drapeaux, mais elle eft gravée dans nos cœurs en caracteres ineffaçables.

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Les foldats du 58e. régiment ont exprime dans une adreffe des fentimens analogues. Ils ne verferont plus leur fang pour la caufe des tyrans, mais pour celle du Peuple. Ils veu lent périr, mais en rendant leur mort utile à la liberté.

Sur le rapport de fon comité des douze P'Affemblée a décrété n'y avoir lieu à délibérer fur de nouvelles mefures légiflatives; mais elle a invité tous les citoyens à la fidélité defquels le dépôt de la Conftitution eft confié, à maintenir par tous les moyens qui fe ront en eux, la tranquillité, fareré des pers fonnes & des propriétés.

Le miniftre de l'intérieur a reçu ordre de rendre compte tous les matins de la fituation de la capitale.

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Du 24.

Le département de la Meufe a préfenté une adreffe conçue dans les principes de celle des citoyens de la Côte d'Or & de Marfeille. Quelques membres s'oppofoient à ce qu'elle for imprimée « Elle l'eft déjà, a dic M. Ducos, dans le cœur de tous les François, & bientôt ces fentimens vous feront portés par les 83 départemens; je demande qu'on décrete l'impreffion de l'adreffe ». L'impreffion a été décrétée.

Sur le rapport de M. Pozzon , on a décrété que les remplacemens des officiers dans les régimens des Grifons s'effectueront à l'avenir de la même maniere que dans les régimens françois , par ce moyen les places des colonels & des officiers fupérieurs ne fe trouve ront plus appartenir exclufivement à quelques familles privilégiées.

Sur la motion de M. Ducos, l'Affemblée 2 décrété que la deftitution de tous les chefs des adminiftrations dont la nomination appartient au Pouvoir Exécutif, demeureroit fufpendue jufqu'à ce que l'Aflemblée Nationale eur prononcé fur le mode de cette deftitution.

Les miniftres ont paru à l'Affemblée, con formément au décret par lequel il leur avoit été ordonné de venir rendre compte des mesures qu'ils avoient prifes, ou qu'ils prétendoient prendre pour arrêter les progrès des troubles religieux, & pour mettre la capitale en fûreté, en cas d'invafion du territoire françois.

Celui de la juftice a parlé des lettres qu'il avoit écrites aux tribunaux pour arrêter les défordres du fanatifme. Il a demandé que PAL

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femblée s'occupat de remplir les lacunes qui exiftoient dans le code pénal. If a fini par dire que les troubles religieux s'appaifoient infenfiblement, & qu'il efperoit les voir bienfot terminés.

Malheureufement plufieurs faits ont été cités à l'infant même, qui ne s'accordent guere avec les efpérances données par M. Duranthon fa probité, fon inexpérience dans les intrigues de la Cour, plus encore que dans la carrière du miniftere, lui feront pardonner des erreurs qui ne lui font pas, fans doute volontaires.

Le miniftre de l'intérieur a obfervé que fes vues s'étoient principalement portées fur la capitale, dont la tranquillité paroiffoit, encore menacée par des raffen blemens qui fe formoient dans le départemens circonvoifins. I a parlé des lettres qu'il avoit écrites, pour la libre circulation des grains; il a invoqué les principes de la tolérance pour les prêtres nonfermentés, il a dir que le roi vouloit que les perturbateurs de Paidre fuflent punis. Enfin il a fini par laiffer l'Allemblée Nationale dans Pérat de perplexité ou elle étoit avant de l'ertendre.

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M. Guadet a fait voir qu'on ne pouvoit pas fe jouer plus indécemment des volontés de l'Affemblée Nationale que de rendre un compte auffi vague, lorfqu'il avoit été demandé d'une maniere auffi claire, & fur des faits auffi pofitifs. & Lorfque des miniftres ont ofé pren dre les rênes du Gouvernement, a dit M. Guadet, dans un moment où le roi refufoit fa fanction à deux décrets qui intéreffoient éminemment le falut de l'empire, ou ils ont dû prévoir à l'avance les mefures par lefquelles ils pouvoient fuppléer ces décrets, ou its ont trahi leur pays. La fanction du roi doit être

an ane parfaitement libre. Mais la Conftitu tion n'a prétendu l'armer de ce pouvoir ter rible, que pour qu'il prit foin, de la défendre & non pour l'anéantir ».

« Quand des miniftres fe placent audacieufement entre le roi & le Peuple, au moment u de violentes fciffions éclatent & que le rci, abufant de fon pouvoir royal, attaque la liberté publique, il faut qu'ils répondent à la Nation des grands intérêts de l'empire, ou qu'ils abandonnent un pofte dans lequel on n'eft plus le défenfeur du Peuple, mais le vil inftrument de celui qui l'opprime».

L'Affemblée Nationale a jugé que les minif tres n'avoient point fatisfait au décret, & elle a décrété que, fous trois jours, ils feroient tenus de rendre un nouveau compte.

PRÉSIDENCE DE M. GIRARDIN,

Du 25.

M. Delfau, fous prétexte d'une motion d'or dre, a lu un affez long difcours fur les fociétés populaires; l'Affemblée n'y trouvant rien de nouveau, après les notes de M. de Kaunitz a paffé à l'ordre du jour,

Qu'un écrivain politique difcute dans un ouvrage les avantages & les dangers des fociétés populaires, qu'il cherche quelle organisation peut les rendre propres à perfectionner l'efprit public ou à l'égarer; il use d'un droit qui appartient à tout homme libre. Mais lorsque la loi a parlé, lorfqu'elle a fait pour le moins tout ce que la déclaration des droits lui per mettra de faire, pourquoi occuper les légia teurs d'un objet qui ne peut plus être de leur reffort? C'est l'opinion publique qui a créé les fociétés populaires, c'eft elle qui fait leur force, c'eft elle feule qui peut les détruire, jamais elles deviennent nuifibles.

Vingt députés d'ure fection du fauxbourg St. Antoine Tont venus, au nom de la fection Se plaindre des calomnies qu'on affectoit de répandre contre eux ont protesté de leur foumiffion à la loi, de leur zele pour l'Affemblée Nationale, mais de leur volonté irrévocable de ne jamais fouffrir qu'il fût porté la moindre atteinte à la liberté, à l'égalité. Cette adreffe vraiment éloquente, a excité les applaudiffemens les plus vifs. L'Affemblée en a ordonné l'impreffion & l'envoi aux 83 départemens, où les calomnies prodiguées au peup'e de Paris ont été tranfmifes par les jour naux ariftocrates ou modérés.

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Le miniftre de l'intérieur a rendu compte de la fituation de la capitale. Comme hier il avoit en quelque forte prédit de grandes agitations, il n'a pas voulu avouer nettement que tout étoit abfolument paisible; il s'est bor. né à donner de fortes espérances; on lui a demandé pourquoi le compte qu'il rendoit n'éoit pas conforme à celui qu'il avoit reçu du maire de Paris qui avoit été lui-même, ainfi que les officiers municipaux, dans les fauxbourgs où l'on feignoit de craindre des mouvemens & qui n'y avoit trouvé que des citoyens dévoués à la lot, écoutant avec refpect la voix de leurs magiftrats, indignés des calomnies répandues contre eux; mais ne voulant ré. pondre que par la fageffe de leur conduite,

M.

Après la lecture de cette lettre faite par Dufaulx, le miniftre a répondu qu'il avoit combiné le compte rendu par le maire, avec celui qu'il avoit reçu du procureur généralfyndic. On en a demandé la lecture, fuivant ce dernier compte tout étoit plus tranquille que le miniftre ne le difoit dans le fien; mais tette tranquillité étoit le fruit des mefures

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