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le délivrer qu'il marche. Envain lai a-t-on re préfenté que quand tous les projets réuffroient il finiroit par perdre fon armée, fon argent, & peut-être la monarchie Pruffienne. La bonne ame de Frédéric-Guillaume ne peut tenir à l'idée qu'un roi foit fous l'Empire des Jacobins. Vous penfez bien que, Hertzberg & le prince Henri ne voient pas de bon-ceil cette Don Quichotade, mais le fort: eft jetté, & attendez-vous à voir notre illuminé ».

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LISBONNE (le & Juin), Depuis que la seine fait ufage des bains froids, on commence à espérer qu'elle fera rappellée à la rai~ fon & à la fanté: I eft certain qu'elle eft beaucoup mieux depuis quelques jours.

Le roi Don-Jean fit bâtir au bourg de Maf fre, 7 lieues de cette capitale, un couvent pour des moines francifcains de la réforme de St. Pierre d'Alcantara, qui en prirent poffeffion en 1717. Après une jouiflance de 55 ans le roi Don-Jofeph jugea à propos de fubftituer à ces religieux des chanoines réguliers de St. Auguftin; mais la reine ayant déterminé que ce couvent devoit être rendu à fa premiere deftination, les moines ont chaffé les chanoines qui fe font retirés en diverses maifons de leur ordre. Cette reprife de poffeffion a été célébrée le 12 Mai, en préfence du prince & de la princeffe du Brefil, avec autant de pompe & d'importance que s'il fe fut agi du falut de la patrie. Et voilà les niaiferies auxquelles on prend ici le plus grand plaifir; à mesure que l'ignorance & la fuper tition font bannis de diverses parties du globe, elles font affurées de trouver bon accueil RD Portugal.

PARIS (le ver. Juillet).

ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE. PRESIDENCE DE M. FRANÇOIS. Du 23 Juin.

Le département de Mayenne & Loire ne trouvant, dit-il, aucun moyen de contenir les prêtres non-affermentés, femant le fana tifme & le trouble qui le fuit, les a réunis tous au féminaire où ils font renfermés. Cette mefure, qu'il avoue être hors la loi, eft pous tant, affure-t-il, la feule à l'aide de laquelle il ait pu prévenir des malheurs & l'effufion du fang. La lettre qui contient cette nou velle eft renvoyée à la commiffion des douze.

M. Guiton de Morveau a annoncé auffi des défordres caufés à Dijon par la même claffe de citoyens. Elle y fomentoit le défordre, & le mécontentement élevé contre elle s'eft ai gri par la nouvelle de la mort de M. Gouvion, & par la perte confidérable qu'a effuyée le bataillon des volontaires de la Côted'Or. Le Peuple s'eft attroupé la nuit, s'eft porté chez les prêtres non-affermentés, & en a réuni 120 dans une des faltes du féminaire. La municipalité, le diftria, le département, avoient pris des mefures de force, mais its les ont fait céder à la prudence, & ont pris le parti de retenir les eccléfiaftiques ar rêtés & de faire paffer leurs procès-verbaux au Corps Législatif pour attendre fes ordres. Nouveau renvoi à la commiffion des douze.

Le comité militaire, fur le rapport de M. Jouneau, augmente le traitement des officiers de la Gendarmerie Nationale faifant le fervice près d'elle, de la Haute Cour, & du tribunal de caffation. Une autre augmentation

et accordée aux officiers des armées à caufe de la perte des affignats.`

Les députés de la Commune de Strasbourg & de la grande majorité des citoyens actifs de Strafbourg, font venus fe plaindre d'avoir été dénoncés par M. Roland comme ayant laiffé former dans leur fein une conjuration dont l'objet étoit de fivrer la ville. Ils affurent que M. Dietrich feur maire, & les adminif trateurs n'ont jamais perdu leur confiance; ils ne veulent dans leurs murs ni aristocrate & ni factieux: ils font prêts à mourir pour la liberté, mais its ne veulent mourir que pour elle. L'Affemblée • qui a paru les entendre avec plaifir, a reçu un don patriotique de 10. mille liv. qu'ils ont offert & ordonné l'impreffion de leur adreffe.

Les miniftres, appellés à l'Affemblée par Je décret d'hier, font entrés, & auffi tôt le préfident, leur a fait avec dignité & de mémoire les interpellations portées dans le dé<ret d'hier.

Le miniftre de la guerre a lu enfuite un mémoire fur le camp qu'il fe propose de for. mer avec les 34 mille hommes dont le roi a propofe hier la levée. Il profette de l'établir

Soiffons qui eft le lieu où pourroient fe porter les ennemis, fi faifant une trouée aux frontieres, is pénétroient dans l'intérieur. Il a déjà, dit-il, des vues pour y établir un hôpital pour une armée de 40 mille hommes. Il a des moyens d'affurer que les denrées n'y feront pas renchéries. Les précautions pour ha biller, armer les foldats, font prifes: le refe le fera fous peu, & le roi penfe d'un autre côté à porter notre armée du Rhin au plus haur dégré de force.

Ce mémoire a encore été renvoyé à la come miffion des douze

On a décrété fur la maniere de conftater l'état civil des citoyens, un grand nombre d'ar ticles.

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Le miniftre de l'intérieur a fait lecture d'un compte détaillé fur l'état actuel de la, ville de Paris. Des lettres du commiffaire de la fection de Mauconfeil annor cont un raffemblement prochain. Un avis verbal d'un au tre commiffaire de police annonce que le même raffemble ment eft provoqué pour lundi Le miniftre lit une affiche qui a été répandu dans le fauxbourg St. Antoire. En voici l'extrait.

Peres de la patrie! nous nous levons une feconde fois. Nous dénonçons un roi perfide & coupable de haute trahifon. Nous demandons que fa tête tombe fous le glaive de Ja juftice; & fi nous ne fommes écoutés nous irons punir les traîtres même parmi vous ». La lecture de ce placard eft écoutée avec calme & à la fin on n'entend aucun murmure. L'Affemblée & les tribunes gardent un morne filence.

Le Confeil du département, pourfuit le miniftre a dit avoir donné des ordres à l'état, major de la Garde Nationale, fous la furveil lance de la municipalité, de faire les difpo fitions néceffaires pour que la Garde Natio nale prenné une pofition ferme & vigoureuse avant d'en venir à la douloureuse néceffité d'employer la force.

Le miniftre de l'intérieur fint par ces mots, « Meffieurs, le fort de la France eft en vos mains; il dépend des mesures que vous pren drez d'ici à ce foir ».

Du a3 au foir.

La fociété des amis de la Conftitution, féanse à Périgueux, a offert à la patrie, par l'organe de M. Lamarque, une fomme de 1500 liy

destinée aux frais de la guerre. Les Dames de cette ville ont joint à cette offrande des bijoux en or & en argent. Comme les femmes de Sparte, elles difent: nos ornemens font nos époux, & notre gloire eft d'élever des enfans qui foient dignes de fervir la liberté.

Les citoyens de la Côte d'Or ont envoyé à l'Affemblée Nationale une adreffe dont voici les expreffions en fubftance.

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<< Représentans du Peuple François, difent-ils, la patrie eft en danger, mais les deftins de la France vous font confiés; envain le Pouvoir Exécutif entrave votre marche; envain il voudroit vous perfuader que la Conftitution lui lie les bras. Nous ne fommes dupes ni de lui ni des perfides confeillers qui l'égarent, & nous fcavons que l'action du Gouvernement fera forte du moment qu'il le voudra. Qu'on ne nous répéte plus que le roi eft trompé, & qu'il veut le bonheur des François. Si telles étoient fes intentions, il exécuteroit les loix fans lesquelles il n'eft point de vrai bonheur pour les François. S'il vouloit la Conftitu tion, auroit-il fouffert que les Cours étran geres donnaffent retraite à des rebelles are més ?... Auroit il fouffert les émeutes provoquées par les agens foudoyés de l'ariftocratie, & les troubles excités par les prêtres infermentés, tandis que l'Affemblée Nationale lui indiquoit des moyens efficaces de repreffion Auroit-il fouffert que des trakres occupaffent dans l'armée les places les plus importantes ou qu'il en reftat de vacantes, parce qu'il lui répugnoit d'y nommer des foldats citoyens? S'il vouloit la Conftitution, s'obstineroit-il à conferver des miniftres pervers, & à ren voyer ceux qui font des preuves de civifme

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