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l'espoir que mes efforts auront tout le facedé defiré ».

On apprend de l'Amérique, Septentrionale que la quantité de fucre qui s'y fair avec l'ésable, furpaffe toute attente, En une femaine une feule maison en a fourni le marché de la nouvelle Yorck, & en a exporté 16 ton

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BRUXELLES (le 23 Juin). Trois commif faires pruffiens arrivés le 15 de ce mois chez le maréchal de Bender, & repartis le lende main pour l'armée du duc de Saxe-Tefchen, ont apporté la nouvelle de la prochaine arria vée des troupes Pruffiennes..

Le Comte de. Diefback, général - major & commandant en cette ville, a remis à M. le marquis de La Queuille la piece fuivante.

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» Par ordre de S. A. R., en date du 21 Mai, il a été accordé, enfuite de la demande faite par M. le marquis de La Queuille, qu'il fera donné aux foldats François émigrans, dans les cafernes des villes d'Ath, Bruxelles & Enghien, les fubfiftances néceffaires (à l'ex ception des lits ) fçavoir: Ath, Bruxelles, Enghien, à raifon de 200 hommes chacune & Tirlemont 400 ».

» Il est également accordé audit marquis de la Queuille, là où il n'y a point de gar pifon point de police, d'entretenir une gare de, favoir à Ath 30, à Tirlemont 60 hom mes, pour le maintien du bon ordre, parmi ces foldats, que l'on a accordé la permission d'armer à cet effe: ».

:

» Il eft auffi permis au comte de Carnouville de former un dépôt pour 100 hommes dans les villes de Mons & de Tournay , ou dans un village près de ces deux villes ».

« Les articles ci-deffus énoncés, feront com

muniqués au commandant de la ville, pour regle de fa conduite à cet égard : il lui est éga lement enjoint, non-feulement de ne pas donner empéchement aux émigrans François, qui vont joindre les premiers, mais au conraire de leur donner toute l'affiftance poffible ».

BOUILLON (le a7 Juin ). Les fous-officiers & foldats du fecond bataillon du quarante-troifre me régiment d'i fnterie, qui tient garnifon en cette ville, ayant refolu de donner un témoignage public de leur patriotitme, ont planté, le 24 de ce mois, ves 4 heures aprèsmidi, en de fans de la barriere du château l'arbre de la liberté, couronné du bonnet & orné des couleurs nationales.

Mrs. les officiers, invités à cette cérémonie, s'y font rendus, ayant à leur tête M. de Vergès, lieutenant-colonel, commandant de la garnifon, précédés des fous-officiers & foldats & de la mufique. Immédiatement après l'érection de l'arbre, M. Lyon, caporal-fourrier, placé au milieu d'un grand cercle formé fur l'efplanade, prononça ce difcours :

L'effroi des tyrans, l'espoir des hommes libres, voilà, foldats citoyens, mes camarades voilà ce que fignifie cet arbre, quoiqu'en puiffent dire les láches détradeurs de la Conftitution Françoife. Qu'ils tremblent ces hommes de fang, l'heure de la vengeance eft arrivée; ils tomberont bientôt fous les coups de l'égalité & de la raifon. Cherchent-ils à nous défunir mes camarades? Rions de leurs efforts; oppofons à leur rage le fang-froid, à leurs calomnies, le mépris, à leurs propofitions, le filence,

à leurs armes, la mort. C'est ainsi que nous viendrons à bout des ennemis du dedans. Quant ceux du dehors ils font prefque vaincus, ·& le tems n'eft pas éloigné où les nuages du

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defpotifme doivent difparoître devant le Soleil

de la liberté.

Ce di'cours fut à peine prononcé que l'air retentit des acclamations de Vive la Nation! Vive le roi ! Et par un mouvement vif & fpontané, Mrs. les officiers, qui chériffent les droits de l'égalité, ont donné l'accolade à l'orateur caporal; plufieurs citoyens fpectateurs ont imité cet exemple.

Mrs. les cfficiers & foldats de la compagnie de vétérans invalides, ainsi que le détachement des canonniers, qui tiennent garnifon au château, fe font trouvés à la cérémonie à la fuite de laquelle, Mrs. les officiers, foldats & citoyens pêle-mêle fe font livrés au plaifir de la danfe. Le calme, l'ordre & fa décence étoient auffi de la fête.

Trois jours auparavant il s'étoit paffé, à 3 lieues d'ici, ure de ces fcenes que malheureufement on doit s'attendre à voir renouveller, & dont Voici le récit, tel qu'il nous a été remis.

Le 21 Juin, fur les dix heures du matin environ, so hommes, dont plus de moitié à cheval, font allés au village d'Anloix, partie duché de Bouillon, partie province de Luxembourg, lefquels, après s'être déclarés émigrés françois, ont dit qu'ils venoient dans l'intention de piller ledit village: ils le font, en conféquence, portés d'abord chez le curé, qu'ils ont maltraité & pillé, fous le prétexte qu'il étoit jureur ( * ); de là, chez le Sr. "Majet, qu'ils ont pareillement pillé; enfuite

(*) Si l'ignorance & le brigandage ne marchoient pas ordinairement enfemble, les fpoliateurs armés auroient fçu que le duché fouverain de Bouillon ne vir pas précisément fous les loix de la, France, mais fous celles qui lui ont été données par fes repréfentans; or l'affemblée générale, que ceux-ci forment, n'a jamais exigé des eccléfiadka ques aucune espèce de ferinens.

thez le Sr. Abraham Arnoult, auquel ils ont pris foixante écus de fix livres; enfin ils ont pillé dans prefque toutes les maifons du duché, & même par méprife dans quelques maifons de l'Empire, de quoi ils ont paru fe repentir, en reftituant aux Impériaux les effets. Ils ont Couronné l'œuvre par une baffefle impardonhable; ils ont forcé le Sr. Dinon, maire de leur fournir un cheval, & lui ont laiffe le billet fuivant.

L'Affemblée dite Nationnale dédommagera Henry Dinon, maire conftitutionnel, d'un cheval que j'ai jugé neceffaire à fervire le parti oppofé à leurs décrets, dans une petite plaifan terie que je me fuis permis en entendant d'au tres. Fait en paffant à Añloix, le 21 Juin 1792. figné, RADERICK.

(C'est la même ortographe qu'au billet. ) Ces brigands ont fait des menaces & ont dit, entr'autres cho es au maire, que, s'il ne donnoit fa demiffion fous trois fois vingt-quatre heures il auroit à s'en repentir, ajoutant que 15000 autres devoient faire, avant peu, une irruption dans le pays.

Ces faits ont été certifiés par le maire d'An loix & un autre particulier, tous deux maltraités.

Je fuis très-perfuadé que les rodailleurs dont on vient de voir les exploits, ne font point ayoués du Gouvernement e Luxembourg ni d'aucun général autrichien. C'eft ce qu'on appelle un Parti Bleu, qui xerçant le brigan-dage pour fon compie, n'appartient à-aucune arinée, & que les Autrichiens, comme les François, doivent traquer comme des bêtes féroces. Un Parti Bleu est une troupe ramaffée qui marche fans ordre & fans commiffion du général. Le comma dant & les foldats font "pendus quand ils font pris. Si les loix de la

guerre ne déployoient pas cette jufte rigueur, que deviendroient les paifibles & innocens habitans des campagnes ? .

En 1762, je fus envoyé par M. Dauyet avec 100 Chaffeurs contre environ 150 bandits en uniformes, bien armés, à pied & à cheval, qui défoloient & pilloient le pays foumis à la princeffe abbeffe d'Effen. J'en tuai trois dans les bois de Kringeldantz; j'en pris 17, dont un de leurs chefs; & de nuit & de jour, je donnai à ces fcélérats une chaffe fi vive, que je parvins à en purger le pays. J'envoyai, fous કે bonne escorte, mes prifonniers au quartier-gé: néral à Dorftein, où le chef des brigands

pendu. Je fis conduire auffi dans la même ville le's barrils de poudre, de balles, fufils, carabines, piftolets, & plufieurs ballots de hårdes de femmes, de linge que les bandits avoient pris dans les fermes & hameaux, & dont je m'étois emparé en pénétrant dans leurs repaires. On m'avoit promis de faire vendre le tout au profit de mes (haffeurs; mais j'eus beau écrire à M. de P. C***, qui faifoit dans la ré Terve de Dauvet les fonctions de major-général, je ne pus en arracher un fou. On fentoit que la paix alloit fe faire, & ce n'étoit pas la peine de récompenfer les travaux utiles d'une troupe qui alloit se repofer pour longtems. Ce n'eft pas d'ailleurs la faute de la plupart des Etats-majors de ce tems-là, ils avoient les doigts crochus & enduits de glue, de forte que tout ce qu'ils touchoient y eftoit inféparablement attaché. Que d'horreurs à raconter là deffus!

Depuis la prife de Courtray, & le mouvement de l'armée de M. La Fayette vers Mons, il ne nous eft parvenu aucuns avis certains fur les opérations ultérieures. On parle de la prife de la clef des éclufes de Mons; mais ces nouvelles, font vagues & n'infpirent aucune confiance.

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