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**Dix millions en affignats ont étẻ brûlés lę 13 Juin; ce qui en porte la totalité à 554 milions.

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NOUVELLES DES DÉPARTEMEN SA M. de la Mortiere, commandant général de l'armée du Rhin, va commander en perfonne Je camp de Picbsheim, qui fera de 12 mille hommes. Avant fon départ de Strafbourg, il a pourvu à toutes les mesures de défenfe done cette ville peut être fufceptible. Il a donné des ordres pour la paliffader; & comme il manquoit d'ouvriers pour ce travail auffi confidérable que preffant, le Confeil de la Commune a invité tous les citoyens à y concou rir, fes membres en ont donné l'exemple le premier jour, & tous les citoyens les imitena avec autant de zele que d'empreffement.

Le décret qui met Strafbourg en état de guerre étant arrivé, le Confeil Général de la Commune à délibéré fur le champ für les moyens de le mettre en exécution. La grande quantité d'hommes fufpects & fans aveu qui abondent en cette ville, le grand nombre d'of ficiers demiffionnaires qui font le noble mé

er d'embaucheurs pour l'armée d'outre Rhin avoient excité la vigilance de la police; mais les loix ne donnoient pas affez de pouvoir aux magiftrats pour en purger la ville. Les sems de danger demandent des mefares extraordinaires & le Confeil-Général a invité le Corps Municipal à fe concerter avec les commandans militaires, & l'on s'occupe des moa yens les plus prompts pour expulfer tous les gens fufpects. Déjà plufieurs ont fui vers Cobience. Som

Un crì général s'éleve dans le royaume fur le ridicule qu'il y auroit de nous borner aux foibles moyens de défenfe adoptés jufqu'à ce jour. La Pruffe, l'Autriche & la Ruffie, évi

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demment coalifées pour envahir fucceffivement le continent ont 800 mille hommes fur pied; la Pologne & la France ne leur en oppofent, à elles deux, que 300 mille. Qui ofera dire que c'eft affez?

Pour ne parler que de nous, nous ferons attaqués au nord par 150 mille autrichiens & 60 mille pruffiens; & une partie de l'Empire très-foumise à ces Puiffances, en attendanc d'être leur proie, y joindra un contingent que nous ne porterons, fi l'on veut, qu'à 40 mille hommes. Voilà 250 mille hommes auxquels nous en oppofons 120 tout au plus Sublimes efforts de la premiere Nation de l'us ́nivers!

Nous ferons attaqués au midi par 20 mille Piémontois, 10 mille Savoyards, 20 mille Autrichiens 20 mille Pruffiens, & par une flotte ruffe qui aura 15 mille hommes de dé barquement. Réduifons ces 85 mille hommes à 60 mille. Nous fommes en état de leur oppofer 40 mille hommes tour au plus, dif tribués depuis le département de l'Ain juf qu'à Bayonne. Voilà certes une magnifique défense ! (*)

Les départemens n'entendent pas d'être la proie des étrangers. Ils n'entendent pas d'être les victimes de quelques intriguans qui parlent tous de la conftitution; & ne s'embar raffent pas de la Franee; qui par leurs en nuyeufes querelles, ne dévoilent que leur ambition, & dont la devife paroît être : Parler beaucoup & ne rien faire. Eloignés des tribunes & des commandemens militaires, ils ne favent ce que c'est que de fe fervir de ce double

(*) Nons trouvons que ce tableau exagere les forces des Puiffances étrangeres', autant qu'il di miaue celles de la Nation.

moyen pour le difputer l'autorité. Ge qu'ils fcavent, c'eft que la liberté a été con uile par le Peuple pour lui, & non pas pour des chefs; qu'ils veulent être libres & qu'ils le feront; qu'il n'y a rien de plus abfurde que d'envoyer de petits bataillons mal en ordre, contre de gros bataillons couverts de lauriers; qu'ils ne veulent pas attendre qu'on vienne les égorger chez eux les uns après les autres, ou les foumettre à des convensions, à des congrès allemands qu'ils ne veu lent pas feulement connoître; qu'ils font un million de foldats prêts à combattre; que fi anine les organife pas; ils s'organiseront euxmêmes; que fi les meneurs les facrifient, ils ne fe tiennent pas pour facrifiés, & qu'ils Je feront voir; qu'ils perdent patience d'entendre toujours parler de guerre, & de ne vair qu'une poignée de guerriers ; & qu'enfin, c'en eft trop, fi c'eft badinage, & trop peu, fi c'est tout de bon."

Les biens nationaux s'achetent toujours avec la même confiance; c'est le thermometre de Popinion publique. Un payfan difoit, il y a peu de tems, à l'occafion de ces biens, que les habitans partageoient entr'eux le feizieme qui eft accordé aux municipalités par les décrets. Mais ce feizieme, lui dit-on, devroit être donné aux pauvres : j'en donnions, répon dit-il, un petiote partie aur pauvres, quand il y en a; mais quand il n'y en a, j'avions le tout. Ce payfan eft de la paroiffe d'Emery, dont Mme. Polignac étoit feigneur, & où elle a des poffeffions, dont fes vaffaux efperent bien avoir une petiote part..

Extrait du Journal de l'Etat-Major de l'armée du Nord.

Te 18 Juin l'armée, aux ordres de M. le maréchal de Luckner, eft venue camper der

siere Menin; la réferve & l'avant-garde Foc cupoient depuis le 17.

Le 18, l'ayant garde, compofée d'un batail, lon de grenadiers & de 9 efcadrons, a reçu ordre de fe porter en avant vers Courtray, au village de Nelwelghen. M. le maréchal ayang appris que les ennemis occupoient ce village & étoient retranchés fur quelques parties dų chemin a ordonné que les troupes aux or dres de M. de Jarry, commandant l'avant, garde, foient renforcées de 3 bataillons des grenadiers de la réserve.

Ces trois bataillons, commandés par M. de Valence, maréchal de-camp, ont marché en colonne en fuivant la chauffée, pendant que les huflards, les chaffeurs à cheval & un bataillon de grenadiers tournoient la droite de T'ennemi, à la hauteur du hameau de Néderbech. Les tirailleurs de la colonne de gauche commandé par M. de Jarry, ont attaqué l'ennemi retranché fur le pont. Plufieurs coups. de canons & une fufillade bien nourrie ont produit peu de mal de part & d'autre. Dans le même inftant la colonne de droite, compofée de trois bataillons de grenadiers, s'eft portée en avant & a attaqué le premier retranchement avec ardeur, bravoure & fang - froid. L'ennemi s'eft retiré derriere un fecond retranchement & dans une redoute conftruite autour d'un moulin avec des chevaux de frife; il étoit fort de 8co hommes environ, il y a fait bonne contenance; it a été attaqué avec vigueur; & fe voyant tourné par la colonne de droite, à laquelle depuis l'attaque étoit M. le maréchal, il s'eft retiré dans la ville, d'où il eft forti partie par la route de Bruges, partie par celle de Tournay. Il a abandonné une piece de canon, deux prifon niers ont été faits, un déferteur s'eft préfenté

& les troupes font entrées dans le meilleur ordre aux acclamations de tous les citoyens criant vive la Nation, vivent les François. Il étoit alors 7 heures & demie.

Les poftes ont été occupés, & l'avantgarde & la réferve compofées de quatre bataillons de grenadiers & de neuf efcadrons font reftées à Courtray. Les François ont perdu un homme & ont eu 13 bleffés, on ne fçait pas ce que l'ennemi a perdu.

M. d'Orléans prince françois, fes fils, & les généraux Biron, Burnonville, & Berthier, accompagnoient M. le maréchal, qui a dirigé l'attaque & les mouvemens faits par les maréchaux-de-camps Valence & Jarry.

On ne sçauroit donner trop d'éloges aux troupes, elles ont montré la plus grande bravoure & le vrai caractere d'un peuple libre. Le maréchal-de camp, chef d'Etat-Major

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de l'armée du Nord, ALEX. Berthier. GRANDE-BRETAGNE.

LONDRES ( le 18 Juin ). Le roi s'est rendu le 15 de ce mois, à la chambre haute, & y ayant mandé les communes, il a fait la clôture de la feffion du parlement, par un difcours, dont nous nous bornerons à citer ce paffage.

« C'eft avec regret que je vois les hoftilités commencées en divers endroits de l'Europe. Dans la position actuelle des affaires le principal objet de mes foins, fera de foutenir la bonne intelligence qui regne entre les Puiffances belligérantes & moi, afin de conferver à mon peuple les bénédictions non interrompues de la paix. Les affurances que je reçois de toutes parts manifeftant une dif pofition amicale envers ce pays, & me donnent

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