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mefures que le pouvoir exécutif a prifes fur ces deux points »>,

Du aa au foir.

Le ministre de la guerre a apporté à l'Affemblée un meflage du roi.

Lettre du roi,

Je vous prie, M. le préfident, de prévenir l'Affemblée que, m'étant fait rendre compte de Pétat des armées par le miniftre de la guerre,' j'ai jugé que la réferve qui avoit été formée par des bataillons de volontaires entre la capitale & les frontieres, se trouvant maintenant détruite par la joncion de ces bataillons aux trois are mées, il convient d'en former une nouvelle,

Je propofe donc à l'Affemblée la levée de 42 nouveaux bataillons de volontaires à raison d'un demi-bataillon par chaque département. Quant l'Afemblée aura décrété cette levée, je donnerai des ordres pour que cette réserve foit placée de maniere à couvrir la capitale, & s'il le faut fe joindre aux armées,

Signé, LOUIS, & plus bas LAJARRE miniftre de la guerre,

Ce ministre prévient l'Affemblée qu'il prépare l'état qu'il a préfenté au roi, qu'il l'offrira au Corps Légiflatif. Il promet la plus grande activité dans la levée des 34 mille hommes que le roi demande, & dans l'approvifionnement de l'armée.

Il demande que cette levée foit décrétée fur lé pied par lequel ont été levés les premiers bataillons, dont la patrie fait en ce moment une heureuse expérience.

M. Lajarre notifie à l'Affemblée une lettre de M. La Eayette.

Du camp de Tenieres, le 20 Juin, l'an 4e.

« J'ai fait un mouvement dans mon armée pour occuper l'ennemi, afin de l'empêcher de Le porter fur l'armée de M. Lukner. L'ennemi

fuivi mes mouvemens, & les deux armées fer trouvent très rapprochées. Nos patrouilles fe rencontrent & fe fufillent à chaque inftant ».

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- Les renfe gnemens que j'ai pris fur l'affaire du 11 m'apprennent qu'il y a plus de tués que nous ne l'avions pensé d'abord. La raifon en eft que des détachemens s'étoient fufillés à travers des haies éparfes, & qu'on n'avoit pas pu compter dans le premier moment. l'effet de leur feu. Il eft rentré 36 bleffés à l'hôpital. Let bataillon de la Côte d'Or eft le Corps qui a le plus fouffert. Mais la perte de l'ennemi a été beaucoup plus confidérable que la nôtre ».. Signé, LA FAYETTE.

L'Affemblée, revenue à la propofition du roi, elle a chargé le comité militaire de lui: en faire promptement le rapport.

TRAITS ET RÉCITS VARIES.

Les factions ou les partis exiftent toujours; l'ambition, la jaloufte, l'intérêt leur font feu-, lement changer de décorations & d'acteurs. Les aristocrates jettent les hauts cris contre la formation de l'armée de 20 mille hommes dans les environs de Paris: ils difent que les fujecs de ce raffemblement feront envoyés par toutes les jacobinieres du royaume, qu'on lui donnera toute l'artillerie de la capitale, & qu'on défarmera la Garde Nationale. Ils ne veulent voir dans ces mefures que le projet de l'en-, levement du roi, parce qu'ils fuppofent que cette armée fe réunira aux piques contre la Garde Nationale pour l'exécuter, peut-être mê; me pour commettre un régicide. En affectant de rendre juftice à la Garde Nationale, on cherche toujours à lui infpirer de la défiancer contre les piques; mais il y a toute apparence que l'intérêt commun réunira toujours l'armée, bayonnette & l'armée-pique.

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Les démocrates au contraire né voient dans le projet de cette armée qu'un moyen de lûreté pour la capitale, foit pour arrêter de nouveaux complots, foit pour arrêter l'ennemi, fi, ayant fait une trouée fur les fron tieres, il vouloit pénétrer jusqu'à Paris par la forêt de Compiegne.

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Les improbateurs de ce projet de M. Servan efperent qu'il n'aura pas lieu, foit parce qu'on ne trouvera pas de fujets pour former cette armée, foit parce que le roi perfifterarà refufer fa fanction.

M. Jacques Boileau, juge de paix à Avallon qui n'est l'ami ni des Nobles ni des prêtres, a fait inférer dans les papiers publics un écrit fous le titre d'Avis au Peuple & aux femmes qu'il voudroit voir affiché dans toutes les villes & tous les villages.

Il regarde ces deux caftes comme les plus implacables ennemis de la Révolution & de la fouveraineté du Peuple, & en leur attribuant le projet d'opérer la ruine entiere de la patrie, fi elles ne peuvent pas y établir le regne de la défolation, il prétend qu'elles ont juré, l'une fur les reliques & fur fes chapelets, L'autre fur fon blafon, d'employer tous les moyens pour l'exécution de leurs complots fanguinaires. Un préliminaire indifpenfable

une St. Barthelemi des Patriotes & enfuite la féduction du Peuple dans lequel rien ne peut réuflir. Pour remplir ce but, on forme de la France deux départemens. L'un eft nommé le département des confciences & de l'ignorance; al est confié à l'administration des prêtres nonaffermentés; l'autre eft défigné fous le titre de département de l'intérêt ou des belles promeffes de protedion & de faveur til eft du retfort de l'administration des nobles.

Dimanche premier Juillet 1998, No2, XXVI. G

L'auteur de cet avis va peindre les nobles & les prêtres par deux traits puifés dans l'hif toire.... Habitans des campagnes, bon Peuple qui vous laiffer féduire, écoutez, dit-il, parler Phiftoire

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Entreize cent feize, les habitans des campagnes maltraités, rançonnés, défolés par la no bleffe, fe fouleverent dans le tems que le roi Jean étoit prifonnier en Angleterre: ils fe choifirent un chef apppellé Caillet. On nomma, par dérifion, cette infurrection la Jacquerie, parce que les nobles, non contens de vexer cea malheureux laboureurs, fe mocquoient d'eux, difant qu'il falloit que Jacques Bon-hom me fit les frais de leurs dépenses. Ainsi donc les payfans réduits à l'extrêmité s'armerent pour recouvrer leurs droits & pour repouffer l'oppreffion, la Nobleffe de Picardie, d'Artois, de Brie éprouva les effets de leur vengeance, de leur fureur, de leur défespoir. Cependant les nobles prirent auffi les armes d'abord pour fe défendre, enfuite pour fe venger. Ce ne fut de leur part que carnage & incendie dans les provinces, ils n'abandonnoient point un village qu'il ne fut rafé, & que tous les habitans ne fiffent paffes au fil de l'épée. Enfin, on compte près de vingt mille laboureurs qui furent massa crés par ces féroces ennemis de l'humanité »,

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«Habitans des campagne, armez-vous de piques, & organisez-vous en Gardes Nationaux, vous voulez en impofer à ces tigres alté rés de fang humain.».

« Et vous, femmes, qui donnez votre confiance à des prêtres, écoutez ce qu'en dit auffi l'hiftoire ».

« Dans le concile de Macon (voyez le dictionnaire des cultes religieux, art. Concile, ou Saint-Foix fur Paris), un évêque ayant foutenu qu'on ne pouvoit ni qu'on ne devoir

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qualifier les femmes de créatures › humaines ¡ lá question de fçavoir fi elles faifoient partie de Pefpece humaine, ou fi elles appartenaient à la claffe des béres, fut agitée pendant plufieurs féances: Pour moi j'euffe trouvé fort à pro pos que dans le même tems un concile de fem mes eût agité la queftion de fçavoir fi ce concile étoit un raffemblement d'eunuques ou dé cheveaux de haras.) Bref, on difputa vivement; les avis fembloient partagés; mais enfin les partifans du beau fexe l'emporterent on décida on prononca folemnellement, qu'il fai foit partie du genre humain. O miferas hominum gentes! Je crois que l'on doit le foumettre à cette décifion, quoique le concile ne fût pas œcuménique. Qui ne voit que les prêtres, après avoir, envahi nos biens, vouloient encore nous faire renoncer en leur faveur à nos femmes; & que, pour y réuffir, ils prenoient le parti de les avilir à nos propres yeux ? C'est ainsi qu'ils ont prêché jadis le mépris des richeffes, pous fe les approprier, fous, prétexte de les dif tribuer aux pauvres. Ils ont partout le mê me efprit vous trouvez toujours en eux le befoin de dominer, de difpofer de tout, de nous régir en defpotes, de nous traiter

comme des imbéciles ».

Les plus anciens habitans de Paris obfer vent qu'il n'y a jamais eu autant de femmes groffes à Paris que cette année. Mlle. Saulnier célebre danfeufe de l'Opéra, n'a pas échappé à cette espece d'épidémie. Cette vertu prolifique vient elle du patriotisme, ou de ce que les ecclefiaftiques de touté efpece fe foient livrés fans précaution au vou le plus tendre de la nature parce qu'ils n'avoient plus tien à craindre ni du lieutenant de police, ni de l'archevêque de Paris?

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