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s'empêcher de fentir la jufteffe des principes pofés par le département, les a avoués; mais il a remarqué que l'Affemblée ayant admis les citoyens qui ont précédemment demandé à défiler devant elle ne pouvoit les refuser aujourd'hui On craint, a-t-il dit, que ceux qui viendront ici ne veuillent aller en armes chez le roi; fans doute ils iront fans armes ; je ne puis croire qu'ils s'y rendent armés : mais comme l'Affemblée doir partager les dangers, je demande qu'elle envoye 60 membres chez le roi, jusqu'à ce que le raffemble ment foit diffipé ».

Les tribunes & la gauche de l'Affemblée ont fort applaudi cette idée que M. Dumolard a adoptée.

On en étoit là de la difcuffion, quand une lettre de M. Santerre a annoncé que des citoyens réunis pour célébrer l'anniversaire du ferment du jeu de Paume, demandoient à défiler. devant l'Affemblée, affurant qu'ils prouveroient par leur conduite qu'on les calomnie, quand on craint de leur part quelqu'acte illégal ou quelqué défordre.

M. La Source ajoute à cette lettre que les citoyens ont à la vérité une pétition à préfenter au roi; mais qu'il tient de l'orateur de la députation qu'ils la remettront à l'Af femblée pour qu'elle en faffe l'ufage qu'elle voudra.

M. Vergniaux profitant des difpofitions que donnoit cette affurance à recevoir les pétitionnaires a obfervé que fi on décrétoit que le département agiroit fuivant la loi, on verroit renouveller les fcenes du Champ-deMars. Il a fini par demander qu'on reçût aujourd'hui les citoyens en armes, & que de-. main une loi fût portée pour anéantir cet ulage,

M. Ramond voulait que le raffemblemeng fût éclairé fur fes devoirs par la lecture de I loi, & qu'il dépofât les armes à la porte du fanctuaire où fiégent les représentans de la Nation, pour qu'on ne crût pas que l'As, femblée cédoit par pufillanimité à un vœu con➡ traire à la loi.

M. Guadet a répété dans le moment ce que M. Vergniaux avoit dit de l'admiffion des citoyens qui fe font déjà présentés en armes & a infifté pour l'admiffion & le défilé en armes. L'Affemblée a ordonné l'un & l'autre. Les pétitionnaires admis., Fun d'eux a pro noncé un difcours dont voici l'extrait.

« C'est aujourd'hui l'époque du ferment du Jeu de Paume: c'eft aujourd'hui que nous avons entendu nos premiers légiflateurs jurer de ne pas fe féparer tant que la patrie feroit en péril. Nous faisons le même ferment, car la patrie eft en danger: mais la trame eft dé. couverte; ou il y aura du fange répandu ou l'arbre de la liberté que nous allons planter reftera debour. Les hommes du 14 Juillet ne font point endormis. La Constitution, la liberté feront défendues par eux. Vous avez parmi vous des hommes animés du plus pur patriotifme: qu'ils parlent, nous agirons; mais fi nous fommes unis, foyez le auffi legiflateurs; point d'intérêt particulier ».

Nous nous plaignons de l'inaction des ar mées. Nous nous plaignons de l'inaction de la Haute Cour Nationale. - Vous voyeż nos craintes, détruilez - les. →→→ Voici notre dernier cri. Ce peuple attend dans le fi. lence une réponse digne de fa fouveraineté. Nous demandons la permanence de nos armes jufqu'à ce que la Conftitution fort exécée. Cette pétition eft de toutes les fections & des environs de Paris ».

Les citoyens armés ayant parmi eux des Gardes Nationales, ont enfuite défilé dans P'Aflemblée, M. Snerre à leur pête. Leur paffage a duré deux heures & demie : on eftime leur nombre à 12 à 15 mile hommes, femmes & enfans armés ou non armés.

La pétition pour le roi c'a point été remife l'Affemblée comme l'avoit annoncé M. La Source.

La propofition d'envoyer 60 membres chez le roi, faite par M. Vergniaux, n'a point été adoptée, & l'on n'a point ftatué fur l'adreffe du département.

Du 20 au foir.

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La lecture du procès verbal a été interrompue par M. Herbere, qui a dit que le raffen.blement qui avoit défilé devant l'Affemblée Nationale, avoit pénétré dans les appartemens en éludant les confignes, & il a propofé d'envoyer fur le champ près de S. M., une députation de 24 membres. Cette députation eft ordonnée, & elle part,

Bientôt après, un membre de la députation revient annoncer qu'il a vu le roi coeffé du bonnet de la liberté; que MM. Ifnard & Vergriaux haranguoient le Peuple, tandis que des cris réclamoient du roi l'anéantiffement de fon veto fur les derniers décrets; que quelques mayvais citoyens vouloient pénétrer jufqu'à S. M. mais qu'au moment où il a parlé au nom de la loi, ceux qui infiftoient le plus e font retirés.

On décrete que 24 nouveaux membres fe rendront près du roi, & fur la motion de M. La Croix on a arrêté que de demi-heure en demi-heure une dépuration pareille ira remplacer la précédente qui viendra rendre compte,

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La premiere députation rentre. M. Ifnard; témoin oculaire, dit que le Peuple s'eft porté au château, & que le roi a ordonné qu'il entrát. Le Peuple a manifefté le vœu de faire une pétition. Le roi eft monté fur une chaife; on lui a demandé de retirer son veto sur divers décrets. Le roi avoit arboré de lui-même & de fa propre volonté le bonnet de la liberté ; il a parlé de fon inviolable amour pour la Conftitution, & a crié vive la Nation. MM. Ifnard & Vergniaux ont été forcés de prendre la parole pour calmer la chaleur des affiftans. On a fait ouvrir les portes & les hommes ar més ont défilé à travers les appartemens.

La députation, arrivée alors, a dit au roi que l'Affemblée envoyoit de fes membres partager fes dangers. La répétition de ces derniers mots a excité des murmures. Le roi a répondu je fuis au milieu des François, & je ne crains rien; il avoit fa férénité & paroiffoit fans inquiétude. La députation l'a engagé à paffer dans une autre falle, & les hommes armés à laifler libre la premiere, ce qui a été fait.

Un autre membre de la députation ajoute que le roi n'a pas craint un inftant pour lui, & qu'entouré de quelques députés & Gardes Nationales, il a dit : l'homme de bien à qui fa confcience ne reproche rien eft fans crainte, puis prenant la main d'un Garde National, voifin de fa perfonne, il lui a dit mettez la main fur mon cœur, vous jugerez que je ne crains rien; de vifs applaudiffemens ont fuivi ce dernier récit.

Une troifieme députation eft nommée. Elle part, la feconde rentre, & annonce qu'elle a trouve le roi calme, la force armée eft reflée fcule dans le château.

La municipalité de Paris fe préfente. Mr Pétion eft à la tête. Il dir que le roi n'a poins eu d'inquiétude, qu'il fçait que les magiftrats veilleront fur le roi de la Constitution, — que Ja municipalité a fait fon devoir, qu'il est douloureux de voir que quelques membres en aient douté. Il rend compte de la conduite de la municipalité. Il apporte fon arrêté du matin; il affure que nul excès n'a été commis; que tout eft rentré dans l'ordre. Il releve les bruits, les expreffions de complots, & finit en engageant à les dénoncer.

La troifieme députation paroît, certifie que tout eft pailible, & qu'après la vifite faite dans le château, le roi a remercié l'Affemblée de fa follicitude & témoigné le defir d'être feul. Le prince royal, vers qui la députarion s'est pors tée, a été trouvé tranquille.

Le ministre de la guerre annonce la nou❤ velle de la prife de Courtray, dont on trou❤ vera les détails ci-deffous.

Du 21.

M. Daverhoult a demandé & obtenu la parole. « On a attenté, a-t-il dit, à la liberté à la dignité du roi...... Il eft interrompus On demande, on ordonne qu'il ne fera entendu qu'à midi.

M. Bigot demande que l'Affemblée décrete que fous prétexte de pétition on ne puiffe plus former de raffemblemens armés. M. Lẻ Cointre, Puyraveaux dit que la loi eft faite,

M. Bigot infifte pour qu'un nouveau décret en ranime au moins la puiffance méconnue; M. La Marck s'y oppofe, M. Bigot perlifte, & fa jufte demande triomphe enfin, on dé crete que l'Affemblée ne recevra plus de citoyens armés dans fon fein, & que nul pé tition ne pourra être reçue par une autorité

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