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On a ordonné que les dénonciations faites M. Servan, & fur lefquelles il a écrit aux généraux, feront envoyées à l'Affemblée,

Un membres a obtenu la parole pour prononcer une difcours à peu près femblable à ce Jui que M. Ifnard lut, il y a quelques femaines pour expofer les dangers de la patrie, les faire connoître au roi par un meflage, voilà le réc fultat de ses réflexions. L'obfervation de la proximité du rapport que doit faire la nouvelle commiffion des douzes, a fait paffer à J'ordre du jour.

M. Condorcet a rappellé que c'est aujourd'hui l'époque mémorable à laquelle ont étẻ pofés par l'Affemb'ée. Conftituante les derniers fondemens de l'égalité politique, par la fuppreffion de la nobleffe & des titres féodaux. Un holocaufte, à cette égalité précieufe, fe fait aujourd'hui fur la place Vendôme par le bru lement des titres de noble se déposés aux Grands Auguftins. M. Condorcet a demandé & obte nu fans difficulté que tous ceux exiftans à la bibliotheque nationale, ou chez M. d'Hozier ou dans les autres dépôts publics, feroient également brûlés fous la furveillance des Corps Adminiftratifs; diftraction faite des titres de propriété.

M. Dumourier a demandé à être autorifé à aller lervir comme lieutenant-général dans l'armée de M. Luckner. Il a envoyé au comité diplomatique l'état de fa comptabilité comme miniftre des affaires étrangeres; quant à fon miniftere, comme miniftre de la guerre, il ne l'a été que deux jours, & il n'a rien figné, par conféquent fa refponfabilité est à couvert fur cet objet. L'Affemblée lui a permis d'al'er à l'armée du Nord.

Cinq miniftres, MM. Duranthon, Lacoste,

Jard, Chambonas, Montciel, font entrés, & M. la Jard, miniftre de la guerre, a prêté, au nom de fes nouveaux collegues, le ferment de fidélité à la loi & au maintien de l'ordre public.

Il a lu enfuite deux lettres du maréchal Luckner. La premiere a été applaudie à la feule mention de fa date, elle est écrite de Menin. M. Luckner en annonce l'occupation par les troupes, qui n'ont éprouvé aucune séfiftance, 50 autrichiens l'avoient évacuée. La feconde, datée du 18, eft partie du quartiergénéral à Werwick; il mande que fon armée. a été jointe par le camp de Dunkerque, qui eft de 6 mille hommes, & il annonce une gran de manœuvre fur Courtray pour le lendemain. Il finit par fe plaindre encore de l'indifcipline de fon armée, qui eft au refte pourvue des fubfiftances & de ce qui lui eft néceffaire en munitions.

A la fuite de ces lettres le miniftre a annoncé que le roi prend toutes les mesures pour donner de l'activité à la difcipline, fans laquelle on ne peut défendre ni la liberté ni l'honneur national.

Après avoir entendu deux difcours éloquens de MM. Paftoret & Gohier fur l'état civil des citoyens, le miniftre de la juftice a an noncé que le roi avoit appofé la formule conftitutionnelle, le roi examinera, aux décrets fur les prêtres & fur le raffemblement des 20 mille hommes. Cette publication a été entendue fans murmures & en filence. MM. la Croix & Ducoz ayant obfervé que le vero eft un acte royal qui doit être communiqué direc tement a l'Aflemblée par le roi, l'Affemblée a décrété que la formule feroit fignée par le roi lui même.

M. Rouiller ayant fait des obfervations fur

l'infuffifance de nos forces militaires, M. Au bert du Bayet l'a appuyé; mais le prochain rapport de la nouvelle commiffion des douze devant présenter l'état des quatre armées & les moyens de les augmenter affez pour en imposer a nos ennemis, on a ajourné jusqu'à ce que ce rapport ait été entendu.

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Du 19 au foir.

Les Marseillois, après avoir écrit pour met tre toutes leurs forces à fa difpofition, ont jugé convenable d'adreffer à l'Affemblée Nationale la pétition fuivante, dont on a fair lecture dans cette féance.

LÉGISLATEURS,

« La liberté françoise eft en péril : les hommes libres du midi font tous levés pour la défendre ».

« Le jour de la colère du Peuple est arrivé. Ce Peuple, qu'on a voulu toujours égorger ou enchaîner, las de parer des coups, à fon tour, eft prêt d'en porter; las de déjouer les confpirations, il a jetté un regard terrible fur les confpirateurs. Ce lion généreux, mais aujourd'hui trop courroucé, va fortir de fon repos pour s'élancer contre la meute de fes ennemis ».

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<< Favorifez ce mouvement belliqueux, vous qui êtes les conducteurs comme les repré-1 fentans du Peuple; vous qui avez à vous fau ver ou à périr avec lui. La force populaire fait toute votre force; vous l'avez en main, employez-la. Une trop longue contrainte pourroit l'affoiblir ou l'égarer. Plus de quartier," puifque nous n'en avons plus aucun à attendre." Une lutte entre le defpotifme & la liberté,' ne peut être qu'un combat à mort, car fi ta liberté eft généreufe, le defpotiime fera tot on tard fon affallin. Qui pense autrement est

un infensé, qui ne connoît ni Phiftoire, ni le cœur humain, ni l'infernale machiavélifme de la tyrannie ».

« Repréfentans, le patriotifme françois for me un vau, celui de fecourir la patrie. Il vous demande un décret qui Pautorise à marcher, avec des forces plus impofantes que celles que vous venez de créer, vers la capitale &les frontieres. Le Peuple veut abfolument finir une révolution qui eft fon falut & fa gloire, qui eft l'honneur de l'efprit humain. Il veut fe fauver & vous fauver; devez-vous empêcher ce mouvement si sublime; le pouvez❤ vous? Législateurs, vous ne refuferez pas l'au torisation de la loi, à ceux qui veulent aller mourir pour la défendre ».

Suivent les fignatures..

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Tel eft l'éloquent langage qu'ont parlé les citoyens de Marieille. Dignes defcendans d'un peuple induftrieux & libre, il n'ont jamais démenti leur origine, & fi leur tête a été courbée avec celle de tous les François fous le defpotisme, leurs mœurs font toujours ref. tées indépendantes & fieres, leur caractere a confervé cette premiere empreinte que leur donna le génie de leurs ancêtres, & qu'un fol brûlant reproduit ans cefle, pour la ren. dre indeftructible.

Envain Paristocratie a effayé de répandré fur cette adrefle ton haleine impure ou glacee: fa voix s'eft vu étouffée par les accens do patrioti me, & Affenblée Nationale a décrété Penvoi de l'adreffe de Marieille aux 83 dé¬ partemens.

Dans la même féance le miniftre de l'in térieur a anoncé un arrêté du département de Paris. On en a fait lecture. Cer, airêté puttoit que le directoire inftruit par un aurre

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arrêté du conseil général de la commune du 16 de ce mois, que des citoyens du faubourg Saint-Antoine & Saint-Marceau, avoient de-mandé la permiffion de s'affembler le 20, en armes, & vêtus des habits qu'ils portoient en 89, pour préfenter à l'Affemblée Nationale, & au roi, des pétitions, le confeil général de la commune avoit paffé à l'ordre du jour; que néanmoins des rapports multipliés annonçoient que les préparatifs de ce raffemblement continuoient, & qu'il feroit à craindre qu'en venant à s'effectuer, il ne produisit des effets funeftes à la tranquillité publi que, qu'en conféquence le directoire avoit prévenu la municipalité & le commandant-général, de prendre, toutes les_mesures convenables pour empêcher tout raffemblement contráire à la loi.

Du 20.

Le directoire du département de Paris, a demandé à être admis à la barre : il a répété ce qu'il avoit déjà exprimé dans fon arrêté ; il a annoncé un raffemblement extraor dinaire d'hommes en armes, dont l'intention étoit de planter.un arbre en l'honneur de la liberté, & de préfenter des hommages à l'Af femblée Nationale; mais il a ajoute qu'il fe roit à craindre qu'on ne fe fervit de ce raffemblement pour appuyer, par l'appareil des armes une pétition qui devoit être faite au roi. Il a demandé à l'Affemblée de ne point admettre les citoyens raffemblés pour cette pétition, attendu qu'une condefcendance de l'Affemblée Nationale pourroit entraîner ici des conféquences fâcheufes.

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Une difcuffion très animée a eu lieu pour fçavoir fi les hommes en armes feroient adinis dans l'Affembiée. M. Vergniaux, ne pouvant

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