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Que le pouvoir royal foit intact, car il eft garanti par la conftitution; qu'il foit indépendant, car cette indépendance eft l'un des refforts de notre liberté; que le roi soit révéré, car il eft investi de la majefté nationa le; qu'il puiffe choifir un miniftere qui ne porte les chaines d'aucune faction; & que s'il exifte des confpirateurs, ils ne pérulent que fous le glaive de la foi ».

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Enfin, que le regne des clubs anéanti par vous faffe place au regne de la loi; leurs ufurpations, à l'exercice ferme & indépendant des autorités conftituées; leurs maximes dé forganifatrices, aux vrais principes de la 11berté; leurs fureurs déliran es, au courage calme & conftant d'une nation qui connoît fes droits & les défend; enfin leurs combinaifons fectaires aux véritables intérêts de la patrie , qui, dans ce moment de danger doit réunir tous ceux pour qui fon affervillement & fa ruine ne font pas les objets d'uné, atroce jouiffance & d'une infâme spéculation ».

a Teiles font, Meffieurs, les repréfenta tions & les pétitions que foumet à l'Affenblée Nationale, comme il les a foumiles au roi, un citoyen à qui on ne difputera pas de bonne foi l'amour de la liberté, que toutes les factions haïroient moins, s'il ne s'ézoic élevé au deffus d'elles par fon défintérefle ment; auquel le filence eûr mieux convenu fi, comme tant d'autres, il eft été indifférenc à la gloire de l'Affemblée Nationale & à la confiance dont il importe qu'elie foit environ. née; & que lui même enfin ne pouvoit mieux lui témoigner la fienne qu'en lui montrant la vérité fans déguisement ».

Mellieurs, j'ai obéi à ma confcience

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mes fermens, je le devois à ma patrie, Vous au roi, & furtout à moi-même, qui les chances de la guerre ne permettent pas d'ajourner les obfervations que je crois utiles, & qui aime à penfer que l'Aflemblée Nationale y trouverà un nouvel hommage de mon dévouen.ent à fon autorité conftitutionnelle, de ma reconnoiffance perfonnelle & de mon refpect pour elle ».

Signé, LA FAYETTE. iCette lecture a été fuivie des applaudiffe-, mers de la majorité du Corps Légiflatif, & plufieurs motions oppofées ont été prefqu'en même tems lancées dans l'Affemblée; l'impreffion, l'envoi aux départemens, le renvoi à la commiffion des douze, ont été réclamés au même moment.

M. Vergniaux obfervoit que l'intérêt même de la liberté que chérit M. La Fayette, exigeoit qu'on diftinguât la pétition d'un général d'armée de celle d'un individu ordi-' naire, d'un fimple citoyen. Le premier ne peut, felon lui, s'adreffer à l'Affemblée que par l'intermédiaire du miniftre, autrement le Corps Législatif feroit dominé; car, ajoutet-il, les confeils d'un général d'armée font des loix. Il a fini par dire que, fans attaquer les intentions de M. La Fayette, il croyoit que par refpet pour la Conftitution l'Affemblée devoit páffer à l'ordre du jour.

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Un membre a défendu M. La Dayette ; « on le calomnie s'est-il écrié ; il vous dit qu'il y a des factions, il les indique; oui fans doute il y en a, & il falloit un homme comme La' Fayette pour vous les dénoncer ». Cette opimion a été, comme la lettre, couverte par les applaudiffe mens de la majorité.

Qa ferme la difcufion, on décrete fim

preffion au milieu d'une agitation affez vive. L'envoi aux départemens alloit être égale ment ordonné. M. Guadet demande la pan role, pendant qu'un autre dit que la lettre fu général et le résultat d'un complot contre

la liberté.

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M. Guadet, parlant enfuite, dit que M. La Fayette ne peut avoir écrit une femblable lettre; que fa date feule la rend fofpette; elle est du 16 & elle parle de la démiffion de M: Dumouriez quí n'a été donnée que ce jourlà; d'où il conclut qu'elle eft apocriphe. I le conclut encore d'après les fentimens connus de M. La Fayette, qui n'ignore pas que lorfque Cromwel tenoit le même langage au par lement.... Ici de vifs applaudiffemens font partis de la gauche & des tribunes, des murmures s'y font confondus. M. le préfident rappelle à l'ordre l'Affemblée, &, fur ce feul mot autorisé par le réglement, un débat s'éleve que l'ordre du jour calme enfin, & l'o rateur reprend.... Lorfque Cromwel tenoit le même langage au parlement, la liberté fut perdue en Angleterre. Il a fini par demander le renvoi de la lettre à un comité pour que l'Affemblée prenne une grande mesure i elle eft du général, ou qu'elle puniffe ceux qui ont ufurpe fon nom fi elle n'en eft pas. Enfin la lettre eft renvoyée au nouveau comité des douze ; & M. Vergniaux, insistant fur les dangers qui nous entourent réclame un prompt rapport. Il faut, dit-il, dans l'état des chofes une mefure provifoire, & il la propoferoit lui-même fi on differoit à préfenter des vaes à l'Aflemblée. On a ordonné un rapport pour le 22.

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M.

Le nouveau ministre de Fintérieur Terrier de Montciel, en faisant part de sa noë

mination,a annoncé à l'Affemblée qué M. Duprag jeune a été élu maire à Avignon, & que des froubles nouveaux résultent de ce choix, ther mometre fûr de l'état de ce pays.

La féance du 18 au foir s'eft occupée d'affaires peu importantes. Louis-Calas, dernies & malheureux rejetton d'une famille infortunée, est venu d'Angletere réclamer l'intérêt généreux, ou plutôt l'intérêt jufte du Corps Législatif. Sa pétition, accueillie,, a été ens voyée au comité des fecours publics.

Une lettre du roi a annoncé la nomination de M. Beaulieu, l'un des commiffaires de la comptabilité, au miniftere des contributions publiques.

Du 19.

Une députation de la section & du bataillon de Saint-André-des-Arts, eft venu folliciter la permiffion de planter l'arbre de la liberté devant la falle des féances. L'Affemblée a nomé mé quatre de fes membres pour affister à certe cérémonie.

Un aide de camp du général la Morliere commandant en chef de l'armée du Rhin, ap porte la correfpondance de fon chef, avec le miniftre de la guerre M. Servan: on l'ad met aux honneurs de la féance & il remet les pieces dont il étoit porteur.

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Un fecrétaire lit d'abord une lettre de M Servan au général, par laquelle le miniftre lui reproche d'être mal entouré, de négliger la dé fenfe de la ville de Strasbourg; d'avoir fait donner de mauvaises armes à plusieurs bataillong de Gardes Nationales; d'avoir excité la défiance & la difcorde entre les citoyens, d'a voir donné plus de cartouches au régiment Suiffe de Vigier qu'aux autres troupes ; de laiffer les portes de Strasbourg ouvertes la

suit; de négliger les exercices; d'avoir. laiffé pénétrer plufieurs émigrés dans Strasbourg. M. Servan fonde tous ces reproches au gér néral ia Motliere fur des lettres de plufieurs ci toyens de tout état > mais qui s'accordent fur plufieurs points,

Le 15 Juin 1792, le général la Morliere répond qu'il eft difficile de croire que ce foir le miniftre d'un peuple libre qui écrive ainfi à un vieux général d'après des oui dire. « Je ne fuis point mat entouré, dir le commandant, tous ceux qui coopérent à mes travaux m'ont été donnés par M. Luckner. J'ai vécu 85 ans fans reproche, & je veux montrer à la Na tion que ce font mes calonia eurs qui font coupables & non pas moi. Dans la même lettre vous me faites des reproches, & vous m'anoncez mon remplacement. C'est une injuftice dont je veux obtenir raison & que je dénonce à l'Assemblée Nationale, au roi & à tous les Francois amis de la Conftitution »

M. Victor Broglie qui eft chef de l'état ma❤ jor de l'armée du Rhin, écrit auffi à M. Ser van que fa lettre au lieutenant général la More tiere a été communiquée. « C'eft le chef de l'é❤ tat-major d'une armée, die M. de Broglie, qui doit veiller à tous ces détails. Les alentours de M. la Mortiere ne peuvent influer fur mes foins & mon devoir; un miniftre qui a été trompé par des calomniateurs peut l'être encore longtems ».

« Le dedein trop manifefté de désorganiser tous les pouvoirs ne me fera qu'être plùs opiniâtre dans l'amour que j'ai pour ma patrie. Vous m'inculpez, & votre caracte e public feul me porte à vous répondre & à vous deman der une explication; quelle qu'elle foir, elle me changera rien à la résolution que j'ai prise de refter à mon poste ». B 4

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