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pas d'inéxactitude fans doute à les comparer aux électeurs d'Allemagne ; & telle étoit la penfée de Loyfeau, lorfqu'il difoit en fon traité des feigneuqu'autrefois les ducs & comtes ne reconnoiffoient nos rois que de l'hommage de » leurs feigneuries, & de la fujétion de leur per» fonne, ainfi que les princes d'Allemagne re» connoiffent encore l'empire «.

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Telle étoit l'état de la Flandre, lorfque CharlesQuint qui en étoit devenu propriétaire par la mort de Philippe d'Autriche fon père, fut élu empereur d'Allemagne : le caractère fier & orgueilleux de ce prince ne lui avoit pas permis jufqu'alors de rendre au roi de France la foi & hommage qu'il lui devoit. Elevé fur le trône impérial, il fe crut affranchi des devoirs de la vaffalité, & par fon refus obstiné de les remplir, il donna lieu à cette guerre de 1521, qui a été fi funefte à nos pères, & qui a fouftrait fi long-temps la Flandre à la fouveraineté de fes premiers maîtres.

On fait que le traité de Madrid du 24 janvier 1525, ratifié par celui de Cambrai de 1529, céda à Charles-Quint & à fes fucceffeurs la fouveraineté de cette province, & que François premier renonça par ces actes au droit qu'il avoit eu jufqu'alors de racheter les villes & châtellenies de Lille, Douai & Orchies, en vertu du traité fait en 1369 entre Charles V & Louis de Maële.

L'année 1667 fut pour la Flandre l'époque d'une nouvelle révolution. Louis XIV entra dans cette province pour faire valoir les droits acquis à la reine Marie-Thérefe d'Autriche par la mort de Philippe IV, roi d'efpagne, fon père : & en peu de temps il s'empara de Lille, Douai, Orchies, Armentieres, Bergues, Furnes, Ath, Courtrai,

Öudenarde. La paix d'Aix-la-Chapelle conclue le 2 mai 1668, arrêta le cours de fes victoires en même temps qu'elle lui en affûra les fruits; mais bientôt la guerre recommença, & par le traité de Nimegue qui y mit fin, l'Efpagne céda encore à la France les villes d'Ipres, de Caffel, de Bailleul, de Poperingue & de Warneton.

Louis XIV ne conferva cependant pas toutes fes conquêtes; la derniere guerre qu'il eut à foutenir lui en enleya quelques-unes, & par le traité figné à Utrecht en 1713, les droits de la France fur cette province ont été réduits aux villes & châtellenies de Lille, Douai & Orchies que l'on appelle communément Flandre gallicane, & à celles de Dunkerque, de Bergues, de Bailleul, de Caffel, de Bourbourg, de Gravelines, d'Honschote. & de quelques autres, qui forment avec leurs châtellenies une partie confidérable de la Flandre flamande.

La Flandre eft un pays d'états. On remarque même que les habitans des villes qui la compofent ont formé bien plutôt qu'en France un troifième ordre dans le gouvernement & l'administration. En 1072, plufieurs villes fatiguées des excès de la comteffe Richilde, mère & tutrice d'Arnoud III, s'unirent à une partie de la nobleffe pour déférer la dignité de comte à Robert le frifon, oncle du pupille, & en 1073 il fut tenu une affemblée à Gand où plufieurs prélats, nobles & députés des villes lui prêtèrent ferment de fidélité. Ce fut aufli dans une affemblée des trois ordres de la Flandre, qu'en 1077 ce prince s'affocia au gouvernement Robert de Jérufalem, fon fils, après P'avoir fait reconnoître pour fon héritier. Le roi Louis VI, fuzerain de la Flandre, en convoqua lui-même

lui-même les états à Arras en 1112, & ce fut dans cette affemblée qu'il donna à Baudoin VII l'inveftiture de cette province.

Dans ces temps anciens, la conftitution de la Flandre par rapport aux états, ne différoit point de celles des autres provinces mais elle à depuis éprouvé des révolutions fingulières tant dans la Flandre flamande que dans la Flandre gallicane.

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Le quatorzième fiècle vit la populace de Gand, de Bruges, d'Ipres & de Courtrai, fe foulever contre le Comte Louis II dit de Crécy, attenter à fa perfonne, le mettre deux fois aux fers, exterminer la nobleffe en haine de fon attachement pour fon prince légitime, & fous la conduite du fameux Artevelle changer en 1343, la conftitution de la Flandre flamande par l'établiffement des trois membres de Gand, de Bruges & Ipres qui furent revêtus de toute l'autorité. Les comtes de Flandre pour rentrer dans leur domaine, furent obligés de laiffer fubfifter cette nouvelle forme d'adminif→ tration, & même le Franc de Bruge fut établi pour quatrième membre en 1436, par Philippe le bon, duc de Bourgogne. Depuis ce temps, le gouvernement de la Flandre flamande a toujours réfidé dans les collèges des magiftrats: ce font eux feuls qui accordent les fubfides, fans appeler les eccléfiaftiques ni les nobles (*).

Quant à la Flandre gallicane, compofée de Lille, Douai, & Orchies, il faut diftinguer les villes d'avec le plat-pays ou les châtellenies.

L'adminiftration des villes eft confiée aux officiers

(*) Obfervez cependant que la forme d'adminif tration des quatre membres de la Flandre autrichienne, a été changée par une ordonnance de l'impératrice reine du 5 juillet 1754.

Tome XXV

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municipaux ; les eccléfiaftiques n'y ont aucune part, & les nobles n'y font admis que lorfqu'ils fe trouvent agrégés au corps municipal.

A l'égard des châtellenies, on voit par des titres de 1421, 1450, 1467, 1471, 1490, & par une foule d'autres puifés dans les fiècles poftérieurs, que la direction en a toujours appartenu aux quatre hauts-jufticiers les plus confidérables de la province: ce font le feigneur de Phalempin, le feigneur de Cifoing, le feigneur de Wavrin, & le feigneur de Commines.

Ces quatre feigneurs n'étoient pas les feuls hautsjufticiers de la Flandre gallicane ; ils n'avoient même aucune fupériorité fur les autres dans l'ordre féodal; ils étoient leurs pairs, mais dans l'ordre du crédit & de la confidération ils l'emportoient fur eux. Le feigneur de Phalempin étoit capitaine du château de Lille, office qui avoit été inféodé & uni à fa terre: il prenoit la qualité dé châtelain de Lille : perfonne n'approchoit plus des anciens comtes de Flandre dont Lille étoit le féjour de prédilection. Le feigneur de Cifoing étoit par fon fief le premier béer ou baron de Flandre, qualité dont il jouit encore & qui eft reconnue même dans les Pays-Bas Autrichiens. Le feigneur de Wavrin étoit fénéchal de Flandre: celui de Commines étoit châtelain.de. de la Motte-aux-Bois.

Cette obfervation fupplée au filencé que l'hiftoire a gardé fur le motif du pouvoir exclufif que l'on a attribué à ces quatre feigneurs. Quoiqu'on ne fache pas pofitivement pourquoi ils ont été choifis préférablement aux autres, ni comment ceux-ci ont donné leur confentement à cette préférence, il eft probable qu'elle a été l'ouvrage & des fouverains & des trois ordres; en effet elle ne

pouvoit qu'être agréable aux premiers, & utile aux uns & aux autres. Les affemblées moins nombreufes font communément plus propres aux délibérations, & comme ces quatre feigneurs devoient connoître mieux que d'autres les befoins généraux de l'état & les befoins particuliers de leur province, ils étoient auffi plus à portée de concilier & de ménager ces deux intérêts refpectifs toujours dépendans l'un de l'autre.

Ces feigneurs ne pouvant pas réfider exactement, foit à caufe de leurs emplois militaires, foit à raifon de leur dignité perfonnelle & de leurs offices qui les attachoient à la cour du comte de Flandre, fe font fait répréfenter dans l'adminiftration par leurs baillis, & ce font ceux-ci qui depuis un temps immémorial repréfentent dans le gouvernement des châtellenies, le roi, feigneur actuel de Phalempin; M. le prince de Soubife, premier baron de Flandre, à caufe de fa terre de Cifoing; M. le comte d'Egmont, feigneur de Wavrin, & M. le duc d'Orléans, feigneur de Commines.

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Ces quatre baillis, toujours choifis dans l'ordre de la noblesse, joints aux officiers municipaux des villes de Lille, Douai & Orchies, forment ce qu'on appelle l'état ou gouvernement de la province. On les appelle auffi les états › prenant le magiftrat de Lille pour un membre celui de Douai pour un fecond, celui d'Orchies pour un troifième, & les baillis pour un autre membre. Obfervez cependant que les corps municipaux n'interviennent dans les délibérations des baillis que lorfqu'il s'agit d'accorder une aide générale. Car quand le roi ne demande une aide qu'à une ville, il ne lui faut que le confentement du corps municipal de cette ville; s'il en demande une aux

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