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La paroisse de Saint-Nicolas-lès-Angers

(XVIIe et XVIIIe siècles)

C'est en 1020 que fut fondée l'abbaye de Saint-Nicolas-lèsAngers l'abbatiale est devenue le Dépôt de Mendicité, et l'abbaye est occupée par le Bon-Pasteur. Quant à l'église, elle a été détruite par un incendie, le 17 décembre 1793.

Autour de l'abbaye de Saint-Nicolas se forma un petit bourg, qui donna naissance, vers la fin du x1° siècle, à la paroisse de Saint-Nicolas-lès-Angers. Elle était desservie à un autel particulier de l'église de l'abbaye, dans la chapelle collatérale dédiée à saint André et située à gauche en entrant proche le chœur, par conséquent du côté de la Tour. Jusqu'en 1708, il n'y avait pas de tabernacle, et le ciboire de la paroisse était enfermé avec celui des religieux, derrière le grand autel. Comme il n'y avait pas non plus de fonts, les enfants de la paroisse de Saint-Nicolas étaient baptisés par leur curé dans l'église de Saint-Jacques.

Le presbytère de Saint-Nicolas était situé sur la paroisse Saint-Jacques, vis-à-vis l'église; voilà pourquoi le curé de Saint-Nicolas était administré dans sa maladie et enterré par le curé de Saint-Jacques.

Le curé de Saint-Nicolas jouissait de plusieurs droits sur l'église Saint-Jacques. Ainsi il y prenait le saint Viatique et les saintes Huiles pour les malades ; le dimanche, il ne disait dans sa paroisse qu'une messe basse et assistait aux vêpres dans l'église Saint-Jacques comme premier habitué; le samedi-saint, il y renouvelait les fonts et bénissait le cierge pascal. Bien plus, à sa nomination, il prenait possession des fonts et du tabernacle de l'église Saint-Jacques, dont il avait la clef.

En 1659, plusieurs prêtres vinrent demeurer sur la paroisse de Saint-Jacques, afin d'y établir un Séminaire pour le diocèse. Ils se nommaient MM. Boury, Lecerf et Arthaud. En attendant qu'ils eussent une maison, ils logèrent chez M. Maugin, curé de Saint-Nicolas. Peu après, ils allèrent demeurer dans l'immeuble qui porte le n° 33 de la rue Saint-Jacques, où le Séminaire fut installé jusqu'en 1673.

M. Pierre Maugin, curé de Saint-Nicolas, démissionna en 1677. Après avoir présidé ses obsèques, le 15 avril 1679, le curé de Saint-Jacques inscrivit sur son registre paroissial :

<< Il mourut en odeur de grande sainteté et vécut paisiblement avec les curés de Saint-Jacques, ayant reconnu que ses prétentions dans l'église Saint-Jacques n'étaient pas légitimes et qu'il n'avait seulement droit que de prendre le Saint-Sacrement dans cette église, d'y baptiser et de renouveler les fonts le samedi-saint, à la charge de donner à dîner au curé, ses assistants, procureurs et sacristains.» Joseph Grandet, écrivant au début du XVIIIe siècle l'histoire du Grand Séminaire, disait au sujet de ce pieux ecclésiastique « M. Maugin, curé de SaintNicolas, a été un des bons amis du Séminaire. Il en logea d'abord les directeurs dans sa maison, lorsqu'ils vinrent au faubourg Saint-Jacques. C'était un très saint pasteur, dont le zèle s'étendait hors de sa paroisse, qui est très petite. Il allait souvent à l'Hôtel-Dieu faire faire des confessions générales aux pauvres malades; leur mauvaise humeur, leurs cris, la puanteur et l'infection du lieu (hôpital Saint-Jean) ne l'ont jamais rebuté. >>

M. Étienne Garnier de la Roussière fut curé de Saint-Nicolas depuis 1677 jusqu'en 1698.

Le 17 février 1698, paraît pour la première fois la signature de M. Jean Guibert, nouveau curé de Saint-Nicolas, fils d' « honorable homme Jean Guibert, bourgeois, et de dame Jacquine Toupelin. » Au début de 1702, il résigna son bénéfice à son frère et devint curé de Champtocé.

M. François Guibert prit possession le 22 janvier 1702 et resta en fonctions jusqu'en 1740. Nous allons reproduire quelques notes qu'il a insérées sur le registre paroissial.

<«< Le 15 août 1708, a été posé un tabernacle sur l'autel de la paroisse de Saint-Nicolas, desservie dans l'église abbatiale de Saint-Nicolas, par l'ordre de Monseigneur l'Illustrissime et Révérendissime Évêque d'Angers, en conséquence de sa visite du 7 mai 1708. Ce tabernacle a été acheté et construit par les soins du curé de Saint-Nicolas et de ses deniers et de ceux de la fabrique de la paroisse. Il a été bénit ledit jour, fête de l'Assomption de la Sainte-Vierge, par messire Charles-Maurice Dubouset de Roquépine, abbé commendataire de Saint-Nicolas, docteur de Sorbonne, et grand vicaire de Monseigneur l'Évêque de Mâcon, ayant commission du seigneur évêque d'Angers, et ce en présence des paroissiens de Saint-Nicolas-lès-Angers.

« Le 16 novembre 1708, a été commencée la muraille qui fait la clôture du cimetière de la paroisse Saint-Nicolas-lès-Angers, sis au milieu de l'espace communément appelé le Grand-Champ, aux dépens des paroissiens et de nous curé, après en avoir posé

la première pierre cedit jour en présence de quelques paroissiens et des ouvriers, pour être désormais le seul cimetière de la paroisse de Saint-Nicolas, comme il a été marqué par l'ordonnance de Monseigneur l'Évêque d'Angers en date du 7 mai 1708. .

« En 1708, a été posé, comme il est dit, un petit tabernacle sur l'autel de la paroisse Saint-Nicolas; a été faite et portée la croix avec un bâton pour la sépulture des morts et autres processions; a été commencée et finie la clôture du cimetière; le 30 mars 1709, a été posée et mise, dans le sanctuaire de l'autel de la paroisse, une chaire où faire les prônes: le tout en partie aux dépens du curé, les religieux de Saint-Nicolas quoiqu'obligés aux réparations n'ayant rien voulu contribuer et à très grande peine consenti à tous ces accommodements, qui ont été accordés par Mg Poncet, évêque d'Angers, et par messire Charles-Maurice Dubouset de Roquépine, abbé commendataire de Saint-Nicolas, sur le fond duquel le cimetière est construit et des pierres qu'on a prises sur l'abbatiale.

<< En 1725, les religieux de Saint-Nicolas, bénédictins réformés de la congrégation de Saint-Maur (M. de Roquépine étant abbé commendataire et Pierre Prine prieur de la communauté, tous les anciens non réformés étant morts et finis par dom Pierre de Breslé, décédé en 1724), ont commencé à bâtir leur maison ou nouveau couvent de Saint-Nicolas. et ont fait abattre et démolir l'ancien, qui était assez bon et pouvait subsister longtemps, mais qui n'était à la moderne et non si magnifique, étant, selon l'ancien usage et l'esprit de saint Benoist, assez pauvre et à petites ouvertures pour les fenêtres des cellules à deux rangs dans le dortoir, n'y ayant de magnifique que le réfectoire, qui était voûté et d'une étendue bien plus grande qu'aujourd'hui et qu'on voulait conserver; mais la voûte ayant cabré à cause des démolissements d'autour, il a été refait sur l'ancien aussi bien que les cloîtres, qui étaient bas et avec beaucoup de sculptures à l'antique. Il n'a resté que l'église magnifique comme elle l'est, sans qu'on a transposé l'orgue sur la grande porte de l'église et d'un buffet bien plus magnifique, et le chœur qui était devant le grand autel, derrière dans le cul de lampe où était anciennement l'autel, qui a été transporté devant le chœur, et est présentement à la romaine; ce qui s'est fait les années suivantes et avec assez de langueur; pourquoi tout bâtir les religieux ont vendu près de deux cent mille livres de bois de haute futaie, qui étaient sur les dépendances de l'abbaye, de la mense des religieux.

« Le 6 mars 1729, premier lundi de carême, a commencé

l'école des garçons et filles de la paroisse de Saint-Nicolas dans la maison de l'image (rue Montesquieu), appartenant à l'Hôpital Général (rue Lyonnaise), par don de feu M. Étienne Garnier de la Roussière, en son vivant curé de Saint-Nicolas, et ladite école faite par un ecclésiastique de l'Hôpital Général pour les garçons, et par une sœur ou aide de cet Hôpital pour les filles, et ce à raison de 500 livres, qui ont été données par nous, curé de SaintNicolas, le jour d'hier, au bureau de l'Hôpital Général pour faire l'école à perpétuité par cet hôpital, à commencer le premier de carême jusqu'à la fête de la Pentecôte inclusivement, et trois fois la semaine seulement matin et soir.

<< En 1731, conformément aux déclarations du roi des 5 octobre 1726 et 15 janvier 1731, on a commencé à la paroisse SaintNicolas-lès-Angers de s'abstenir d'aller en procession avec les religieux de l'abbaye de Saint-Nicolas, comme on avait coutume, savoir les quatre fêtes annuelles, le jour du patron, les fêtes de l'Épiphanie, de l'Ascension, de l'Assomption, la Nativité, la Conception, la Purification et l'Annonciation, où l'on allait autour des cloîtres sous la croix de l'abbaye, le curé l'étole au cou à la tête de la procession suivi de ses paroissiens, immédiatement après les religieux, au commencement de leur grande messe, et au retour le curé quittait à l'entrée du chœur la procession et allait avec son peuple dire la messe basse à l'autel de la paroisse, en même temps que les religieux la chantaient au grand autel. On s'est encore abstenu des processions de Saint-Marc, où on allait en même ordre à l'église Saint-Jacques, des Rogations, qui se faisaient anciennement dans l'église des Dames du Calvaire, des Carmélites, et en la chapelle de SainteCatherine dans le grand champ. Depuis que les Carmélites eurent rebâti leur église vers 1720, elles ne voulurent plus recevoir dans leur église la procession des Bénédictins, pourquoi on alla à la chapelle de la Barre, dite paroisse, qu'on a délaissée aussi bien que la chapelle de Sainte-Catherine étant tombée en ruine, pour aller en station dans les églises des Augustins et de l'Hôpital Général, qui ont commencé par permissions verbales de l'évêque en 1731, où la paroisse n'a point été seulement dans les autres stations : le curé se mettait à la station dans un fauteuil au bas du choeur au milieu des moines, qui chantaient la messe, et le curé allait à l'offrande après le prieur. S'étant séparés pour les raisons marquées et de l'avis du seigneur évêque, la paroisse Saint-Nicolas, le curé, avec la croix et la bannière, se sont joints, le jour de Saint-Marc (1731), avec celle de SaintJacques pour aller ensemble en procession à l'Hôpital Général.

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