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défendent, mais ils sont tous deux si intimement liés avec les plus entêtés de la nouvelle secte qu'on n'est pas surpris de les voir revendiquer par les Quesnellistes. Notre Faculté de Théologie, dont vous connaissez le zèle pour la saine doctrine, sta au sieur Omo il y a quelques années la chaire de professeur qu'il remplissait depuis longtemps (Gilly n'était pas docteur en théologie).

20 mai 1737. Ne soyez pas surpris des clameurs et des plaintes du sieur Omo. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il traite de calomniateurs ceux qui l'accusent d'être janséniste. Rien cependant n'est mieux fondé que cette accusation. Vous en jugerez par les preuves suivantes. Le sieur Omo a toujours entretenu des liaisons très étroites avec les personnes non seulement suspectes en fait de doctrine mais encore les plus déclarées pour le parti de l'erreur. Il ne lui est pas difficile d'en trouver nombre chez nos Bénédictins, Oratoriens, Génovéfains et Augustins. I en trouve aussi parmi nos laïcs. On le voit entrer souvent dans les maisons où se tiennent les assemblées clandestines de la secte jansénienne. Il a enseigné longtemps la théologie sans rien insérer jamais ni dans ses thèses ni dans ses cahiers qui pût déplaire tant soit peu aux partisans de la nouvelle hérésie. On l'engagea une année avec bien de la peine à donner le Traité de l'Eglise, si nécessaire dans ce tempsci. Il le fit d'une manière si vague et si superficielle, que tout bon Quesnelliste pouvait s'en accommoder aisément. La Faculté, ne pouvant souffrir davantage un professeur si légitimement suspect, résolut de lui ôter sa chaire. Le parti n'oublia rien pour parer ce coup. Mer l'Evêque, feu M. Babin, vicaire général du diocèse, M. Boucaut, autre grand vicaire, furent vivement sollicités en sa faveur ; mais toutes les sollicitations devinrent inutiles. Le jour de la nomination, il n'eut que 2 voix de 24; on assure que la sienne fut une des deux, et l'autre celle d'un jeune docteur peu instruit. Le sieur Omo a beaucoup d'attrait pour diriger les consciences, et il n'a jamais fait difficulté d'absoudre les anti-constitutionnaires dans le sacré tribunal. Ce qui ayant engagé Mer l'Evêque à l'interroger au sujet de la Bulle Unigenitus, il lui désigna ses sentiments, déclarant qu'il jugeait indignes de l'absolution ceux qui n'étaient pas soumis de cœur et d'esprit à ce décret apostolique comme à un jugement irréformable de l'Eglise universelle. Peu de temos après, le prélat apprit que le directeur n'avait pas changé de conduite à l'égard des réfractaires qu'il confessait et laissait approcher de la sainte Table. Indigné justement d'un tel pro

cédé, il envoya M. Boucaut, archidiacre et grand vicaire, pour lui demander une profession de foi par écrit semblable à celle qu'il avait faite de vive voix. Sur le refus qu'il en fit, M. Boucaut lui ôta sur-le-champ tous les pouvoirs, ainsi qu'il était chargé de le faire. Le refus du sieur Omo le rendit de plus en plus odieux à notre Faculté de Théologie, dont il est le seul membre gâté. Ennuyé des reproches de ses confrères et encore plus de son interdit, il n'épargna rien pour se faire rétablir, de sorte qu'il consentit enfin à donner par écrit la profession de foi qu'il avait refusée ci-devant. Il la donna par forme de lettre adressée à M. du Rouzay, chanoine théologal de l'église d'Angers et depuis grand vicaire du diocèse. Le sieur Omo déclarait qu'il regardait la Constitution comme une loi dogmatique et irréformable de l'Eglise universelle, à laquelle il se soumettait de cœur et d'esprit, et il croyait indignes de l'absolution ceux qui pensaient autrement. La lettre ayant été communiquée à Sa Grandeur, les pouvoirs lui furent rendus. Quelques particuliers soupçonnèrent que n'ayant point nommé à quelle Constitution il se soumettait, son dessein avait été de surprendre la religion du prélat et de se ménager une ressource digne d'un vrai janséniste, en faisant intérieurement tomber son adhésion et sa soumission sur quelqu'autre Bulle. - Cependant les Quesnel'istes lui surent mauvais gré d'avoir donné par écrit une pareille déclaration. Il ne tarda pas à les apaiser, montrant par sa conduite qu'il leur était toujours uni d'affection et de sentiments. En effet, ses liaisons, ses démarches et ses décisions secrètes sont les mêmes qu'autrefois. Sur la fin de l'année 1736, il ouvrit la thèse d'un des fils de Mme Blanchard, dont la maison est l'asile commun de nos jansénistes. Dans son compliment, il loua particulièrement cette dame sur la bonae et sainte éducation qu'elle procure à ses enfants. Or, il est notoire que sa fille aînée est élevée selon les maximes et les usages de la Petite Eglise, dont elle se glorifie d'être membre. I est également notoire que ses fils ont eu pour précepteur un prêtre, nommé La Brosse, qui s'est fait interdire à cause de son attachement opiniâtre aux erreurs du temps. Jugez par ces différents traits de la catholicité et de la droiture du sieur Omo.

30 septembre 1737. - Voici un trait de la morale jansénienne, lequel est digne de votre curiosité. Le sieur Omo, grand zélateur de la nouvelle Réforme, avait procuré au sieur Buffebran, son neveu, la cure de La Pouêze, en Anjou. Celui-ci se voyant mourir la résigna à son oncle, qui n'a jamais pensé à s'y fixer

et à la servir, voulant toujours demeurer chanoine de notre collégiale de Saint-Laud. Dans les bonnes règles, il n'eût dû ni solliciter cette résignation ni l'accepter, parce qu'il n'est point permis de recevoir un bénéfice qu'on est résolu de ne pas garder, surtout un bénéfice à charge d'âmes. Cependant le sieur Omo a pris la cure et l'a permutée avec une chapelle de 250 livres de rente. Pontas déclare qu'un semblable résignataire n'est point pourvu canoniquement devant Dieu du bénéfice qu'il 2 accepté dans la volonté de ne pas le desservir... Nos théologiens anti-constitutionnaires qui s'imaginent avoir des lumières supérieures à celles de toute l'Eglise, auront apparemment décidé autrement le cas dont il s'agit, dans quelqu'une des assemblées furtives qui se tiennent chez les demoiselles Bonchamp et Restous, théologiennes de la nouvelle secte....

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1er juillet 1738. La mort de M. Boucaut, vicaire général d'Angers, grand archidiacre, a fait vaquer au collège de l'Université une des quatre places d'intrants, affectées à la Faculté de Théologie. Quoiqu'elle dispose de ces places par l'élection, l'usage néanmoins était d'élire les quatre anciens, et M. Omo se trouvant le plus ancien de ceux qui suivaient M. Boucaut, aurait dû naturellement lui succéder. Il comptait bien sur cela. Pour mieux réussir, il alla voir plusieurs des membres de la Faculté la veille de l'élection et leur demanda leurs suffrages. Les réponses que lui firent ses confrères, n'étaient pas de nature à fortifier ses espérances. Mer de Vaugirault, évêque d'Angers, voulant épargner au sieur Omo la honte d'un passedroit qu'il méritait si bien, écrivit à M. Moreau, doyen de la Faculté, et le pria de faire tous ses efforts pour engager ce docteur à ne point se trouver à l'assemblée. M. Moreau s'acquitta de sa commission et crut l'avoir déterminé à cette prudente absence. Mais il se méprit: le sieur Omo n'est pas homme à se rendre si aisément et il se trouva à l'assemblée. Elle se tint ì 15 avril 1738. Il mit lui-même l'affaire sur le tapis et fit valoir le droit que son ancienneté lui donnait d'aspirer à une charge que l'usage ordinaire accorde au plus ancien des docteurs. M. le doyen demanda si on procéderait à l'élection de vive voix ou par scrutin. Le sieur Omo dit qu'il fallait aller au scrutin, et cet. avis était sage, car il s'épargna de la sorte bien des reproches de la part du plus grand nombre de ses confrères, qui étaient résolus de lui dire bien nettement en opinant ce qu'ils pensaient de lui. Le silence qu'on garda fut le seul avantage qu'il retira de la voie du scrutin, où il n'eut pas un seul des suffrages. M. Bruneau qui le suit immédiatement, fut élu et installé le jeudi

suivant au collège de l'Université. Les intrants sont ceux qui composent le tribunal de l'Université et règlent les affaires de cette compagnie, ayant seuls voix délibérative dans ses assemblées. Le sieur Omo se défend d'être janséniste, quand il est avec les catholiques; mais comment veut-il être cru sur sa parole, tandis qu'il conserve d'étroites liaisons avec ce qu'il y a à Angers de plus fanatique dans le parti ? D'ailleurs, il n'a réfuté aucune des preuves qui ont été produites dans le Supplément contre sa prétendue orthodoxie. Faute d'y répondre, il sera toujours réputé avec justice partisan des nouvelles erreurs. S'il voulait envoyer à l'auteur du Supplément une profession de foi vraiment orthodoxe et où sa soumission à la bulle (Unigenitus) fût bien marquée, on se ferait un plaisir de l'insérer dans une des premières feuilles.

2 avril 1739. La Faculté de Théologie d'Angers, inviolablement attachée à l'Eglise, souffrait avec peine qu'on débitât dans toute la France qu'un de ses membres se distinguait des autres par une affectation à ne point marquer nettement ses sentiments sur la Constitution Unigenitus, loi de l'Eglise et de l'Etat. Quelqu'un s'en plaignit au prima mensis de février 1739. Sensible à ce reproche, la Faculté nomma deux docteurs amis du sieur Omo, qui était absent pour cause de maladie, et les chargea d'engager cet ecclésiastique à s'expliquer si nettement, qu'on ne pût désormais rendre sa foi suspecte. Ils s'acquittèrent de leur commission. M. Omo se plaignit à son tour de ce qu'ayant comme les autres docteurs signé le Formulaire et l'acceptation de la Bulle, il était cependant le seul qu'on accusât d'agir d'une façon et de penser d'une autre. Il ajouta que dès qu'il serait mieux, il irait à l'évêché et en Faculté, et parlerait si nettement qu'on ne s'y méprendrait plus. En effet, dès que sa santé a été un peu rétablie, il est allé chez plusieurs de ses confrères les assurer en bons termes qu'il pensait tout comme eux. Me de Vaugirauld, évêque d'Angers, étant alors malade, le sieur Omo prit le parti de lui écrire la lettre suivante Monseigneur, pour dissiper les faux bruits qu'on a répandus sur mon compte au sujet de mon peu de soumission à la Constitution, j'ai l'honneur de vous assurer que j'ai toujours été soumis d'esprit et de cœur à la Bulle « Unigenitus »; que j'en ai souscrit purement et simplement le décret d'acceptation avec la Faculté de Théologie, décret auquel j'ai toujours adhéré et adhère ; que je regarde, en outre, cette Constitution comme un jugement dogmatique et irréformable de l'Eglise universelle, auquel tout catholique doit se soumettre de cœur

et d'esprit ; et je crois comme vous, Monseigneur, qu'on në peut donner l'absolution à une personne qui n'a pas cette soumission. Je n'ai jamais eu d'autres sentiments, et ne me suis jamais expliqué autrement, lorsque l'occasion s'en est présentée. Je prie Votre Grandeur d'en être persuadée, et de dissuader par telle voie qu'elle jugera à propos ceux qui m'accuseraient et m'ont accusé d'avoir d'autres sentiments. Je me ferai toujours un devoir indispensable d'être, avec le plus profond respect et la soumission la plus parfaite, de Votre Grandeur, Monseigneur, le très humble et très obéissant serviteur. Nous laissons au lecteur le soin de concilier tout ce que nous avons dit ailleurs du sieur Omo, avec la présente déclaration, laquelle ne détruit point les faits que nous avons ci-devant rapportés.

La baronne de la Paumélière (1762-1843)

Jean-Barthélemy de Cambourg, écuyer, sieur de Genouillé, capitaine au régiment de Bourgogne-infanterie, épousa, à Faveraye, le 21 septembre 1756, Marie-Anne-Renée de Brissac. Ils habitaient le château du Marais, sur les bords du Layon, paroisse de Faveraye. Plusieurs enfants naquirent de cette union, entre autres Barthélemy-Joseph-Augustin-Michel, né le 28 août 1758, et Marie-Rosalie-Anne-Thérèse-Victoire, née lo 12 octobre 1761.

Barthélemy-Joseph-Augustin-Michel de Cambourg, chevalier, sieur de Genouillé, du Marais, de la Grange-Cambourg, de Fontaine, épousa, le 4 février 1788, dans la chapelle du Bois-Grolleau (Chollet), Pauline-Modeste-Sophie de Jousbert de Rochetemer, qui s'était mariée en premières noces (28 octobre 1782) avec Joseph-Claude-Charles de Brie-Serrant. Le jeune ménage s'établit au château du Marais. Deux enfants étaient nés de rc mariage, lorsque le père partit pour l'émigration. Revenu sous le Consulat, il ne put retourner au Marais, qui avait été incendié pendant la guerre de Vendée, et alla demeurer au château de la Saulaie (Martigné-Briant). Mme de Cambourg y mourut le 2 novembre 1855, dans sa 93° année. M. de Cambourg y décéda à son tour, le 14 août 1859, dans sa 101° année.

Quant à Marie-Rosalie-Anne-Thérèse-Victoire de Cambourg, elle épousa, le 2 août 1785, dans l'église de Faveraye, LouisCharles-Alexandre Mabille, chevalier, sieur de la Paumélière,

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