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en 1819, la Revue encyclopédique. Après la Révolution de 1830 il songea à se faire élire député de Maine-et-Loire.

Augustin Giraud, manufacturier, avait été élu député le 19 janvier 1831 à la place de Guilhem père, décédé. De nouvelles élections devaient avoir lieu en Maine-et-Loire le 8 février 1831, en remplacement du premier président Desmazières, démissionnaire, et du comte de Guernon-Ranville, condamné par la Chambre des Pairs à la prison perpétuelle et à la peine de la mort civile. Le vieux révolutionnaire de 1793 voulut briguer la succession de M. Desmazières ou celle du comte de Guernon-Ranville. Il s'en ouvrit à un jeune avocat d'Angers, Grégoire Bordillon, qui lui répondit le 21 janvier 1831 :

« C'est avec regret, mais non pas sans intention, que j'ai dû retarder quelque peu la réponse que vous me faisiez 1honneur de me demander. Je voulais prendre de tous côtés renseignements propres à motiver ma réponse. J'ai parlé dans ce but à nombre de personnes, à celles qui vous connaissent surtout et notamment à mon ami Auguste Giraud, que nous venons de nommer à la place de M. Guilhem père. Giraud avait luimême reçu de vous, m'a-t-il dit, une lettre lui faisant les mêmes questions. La dernière réunion électorale et les conversations qu'elle a suscitées pendant les deux à trois jours suivants, étaient l'occasion que j'attendais comme la plus favorable pour m'éclairer. Examen fait, je pense ce que vous dira, comme moi, Giraud qui vous ira voir et veut bien se charger de cette lettre : vous n'auriez point de chances suffisantes en ce pays. Plusieurs candidats très connus, très influents par leur entourage de famille et de relations quotidiennes, vont se mettre sur les rangs. La masse électorale me semble trop routinièrement attachée à ses notabilités locales pour pouvoir l'en distraire. Je sais combien vos titres, comme citoyen et comme savant, font de tous points pâlir la figure de pareils concurrents, mais, encore un coup, c'est la masse électorale angevine qu'il faut connaître avec ses ignorances, ses préventions têtues. Les 19/20 ignorent le civisme des membres les plus célèbres de l'Institut les 15/20 ne nommeraient ni Lafayette ni Dupont de l'Eure, criant contre eux Haro le jacobin! En pareil cortège, vous pouvez bien penser qu'un bon citoyen et un savant recommandable comme vous peut sans rougir redouter semblable ostracisme. Vous le subiriez, je n'en fais pas doute, vous échoueriez près de nos braves gens d'électeurs, et c'est parce que de jour en jour toutes mes démarches et questions. augmentaient la triste conviction que j'en ai acquise, que j'ai

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une semaine entière voulu, pour plus ample informé, retarder ma réponse. Je vous remercie, du moins, de tout cœur de votre bon souvenir, et je charge mon ami M. Giraud de vous en renouveler la bien sincère et bien respectueuse assurance ». (Communication de Mer Pasquier).

C'est M. Gédéon de Marcombe et M. Joseph Robineau qui, aux élections de février 1831, furent nommés à la place de M. Desmazières et du comte de Guernon-Ranville.

Incendie du clocher de la Cathédrale d'Angers (1831)

C'est le 4 août 1831 qu'eut lieu l'incendie du clocher de la cathédrale (Anjou historique, X, 195). Voici le rapport que, cinq jours après, MM. Desvarannes et Fourier adressaient au préfet de Maine-et-Loire. (Archives départementales, série V.)

Jeudi 4 août 1831, à midi et demi, la foudre est tombée sur les cloches de la cathédrale d'Angers. Les deux flèches latérales, qui s'élèvent à la plus grande hauteur, n'ont pas été atteintes; c'est dans la coupole, qui se trouvait au milieu, que le tonnerre a produit ses ravages. Aussitôt après la détonation, le feu se développa avec une effrayante rapidité : des tourbillons de flammes et de fumée furent aperçus des divers points de la ville et des campagnes environnantes, et chacun alors s'empressa d'accourir pour porter les secours que réclamait l'imminence du danger.

Les premiers rendus sur les lieux s'élancèrent au haut du clocher pour se rendre compte des effets de l'incendie et voir s'il n'était pas nécessaire de détruire une partie de la nef afin de préserver le reste.

En même temps les pompes arrivèrent au pied de l'édifice; mais avant qu'elles ne fussent prêtes à agir, le dôme s'écroula avec fracas sur une portion du toit de l'église qu'il entraîna dans sa chute, couvrant de ses débris la place, deux chapelles faisant partie de l'église et deux petites maisons situées au pied de l'édifice, et tous ceux que leur zèle avait déjà conduits dans les combles. Tous devaient y périr, quelques-uns seulement furent grièvement blessés.

Le bruit de cette chute se répandit au loin, et chacun

croyant voir le clocher tout entier s'abîmer sur sa tête s'éloigna à la hâte de l'édifice en ruines.

Quand l'ordre, troublé par cette catastrophe, fut rétabli, on s'occupa de secourir les blessés et ceux qui se trouvaient enveloppés dans les décombres, et puis on ne songea plus qu'aux moyens de sauver l'église.

Des citoyens empressés coururent dans toutes les maisons réclamer les ustensiles qui pouvaient être utiles aux travailleurs et qui partout furent accordés avec le plus grand désintéressement. C'est alors que se formèrent les chaînes qui dans toutes les directions s'étendirent de la cathédrale aux quartiers les plus éloignés, et qui étaient composées de la population tout entière à laquelle une compagnie du 41° de ligne et les élèves de l'Ecole des Arts s'étaient réunis avec un empressement digne d'éloges. Des gardes nationaux de tout grade prirent spontanément leurs uniformes et en maintenant l'ordre se rendaient utiles par leur présence et souvent aussi par leur exemple. Quelques-uns, chefs d'usines, avaient amené avec eux tous leurs ouvriers. Une pompe fut établie dans la cour de l'évêché, une autre sur la place SaintMaurice, une troisième dans la galerie intérieure de l'église et la quatrième dans le haut de l'escalier du clocher. Ces pompes ne cessèrent de jouer jusqu'à cinq heures; elles furent suivies d'une part avec un zèle infatigable, et de l'autre avec autant de courage que de sang-froid.

L'incendie a pénétré successivement dans chacune des flèches et particulièrement dans celle du nord, où il a été éteint à l'aide des chaînes formées dans les escaliers, sans le secours des pompes, qui étaient en activité sur d'autres points et dont l'une d'elles était spécialement dirigée dans cet instant sur une poutre enflammée qui liait la coupole à la

flèche du midi.

Pendant tout le temps qu'a duré le travail, des pierres détachées de la coupole et une partie même de cette coupole qui était encore debout, après avoir perdu son aplomb, menaçaient incessamment d'écraser ceux qui étaient placés sur les échelles, dans les escaliers et sous les voûtes. Rien ne pouvait ralentir leur audace, ni ce danger, ni la chute des poutres enflammées qui tombaient à leurs côtés ni le fracas épouvantable des cloches s'abimant dans le foyer de l'incendie. L'horloge qui était dans la coupole, a été entièrement

détruite.

A 5 heures, on s'était rendu maître du feu, qu'on avait

concentré dans l'intérieur de la coupole. C'est alors que chacun manifesta sa joie en voyant s'arrêter les progrès d'un incendie qui, suivant toutes les prévisions, pouvait détruire les flèches du clocher, de là s'étendre sur l'édifice entier et porter ensuite ses ravages sur une grande partie de la ville.

Cependant les travaux continuèrent pendant toute la soirée. Les pompes furent constamment dirigées sur le point de l'incendie d'où on arrachait les débris fumants des matériaux de toute espèce qui composaient naguère la lanterne, les cloches et l'horloge. Les orgues ont souffert pendant la chute de ces matériaux et quelques tuyaux ont été brisés.

La compagnie des sapeurs-pompiers qui avait déjà donné tant de preuves de zèle et de dévouement pendant la journée, passa la nuit tout entière dans l'église, veillant à ce que l'incendie ne pût se renouveler.

Les sapeurs-pompiers des Ponts-de-Cé étaient accourus au bruit de l'incendie. Arrivés trop tard, malgré leur empressement, pour prendre part aux premiers dangers, ils voulurent du moins partager avec leurs camarades les fatigues de la nuit.

Le lendemain, toute inquiétude avait cessé, et ce ne fut que par excès de précaution qu'une partie de la compagnie des pompiers veilla encore la nuit suivante.

LIVRES ET REVUES

Recherches sur les terrasses alluviales de la Loire et de ses principaux affluents, par E. Chaput (Lyon, 1917, in-8°, 303 pages).

OEuvres complètes de P. de Ronsard, par Paul Laumonier (Paris, Lemerre, 1914-1919), 8 volumes.

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Mémoires de Martin et Guillaume du Bellay (Paris, Société de l'Histoire de France, 1908-1920, 4 volumes). La famille des du Bellay est l'une des plus illustres de France au xvIe siècle. Le plus célèbre est le poète Joachim dont M. Chamard publie une édition critique pour la Société des textes français modernes. Ses deux oncles, Guillaume et Martin du Bellay, à la fois hommes de guerre et diplomates, ont laissé des Mémoires qui sont une des sources les plus précieuees de l'histoire du règne de François Ier. Guillaume

fut mêlé aux négociations qui tendaient à réunir, contre la monarchie espagnole, les protestants et les catholiques d'Allemagne. De plus, il sollicita de la Sorbonne une consultation favorable aux désirs d'Henri VIII; la pression qu'il exerça et sans doute aussi l'or anglais obtinrent d'une faible majorité de docteurs parisiens un avis conforme à la thèse d'Henri VIII, qui renvoya sa femme Catherine d'Aragon et épousa Anne de Boleyn. Guillaume du Bellay a donc sa part de responsabilité dans l'établissement du schisme d'Angleterre, conséquence de ce divorce. Il entreprit de composer une histoire complète de son temps, qui devait étre sa glorification et son apologie; mais sa mort (1543) ne lui permit pas de l'achever. Son frère, Martin, continua son œuvre qui n'était pas encore achevée quand il décéda (1559) Ces Mémoires parurent en 1569 par les soins de René du Bellay, baron de la Lande, gendre et arrière-neveu de Martin du Bellay. La réimpression que nous annonçons, désirée depuis longtemps, est une édition savante et aussi parfaite que possible.

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In chef vendéen: Augustin de Hargues d'Eliveau, adjudant général des armées catholiques et royales, par l'abbé Charbonnel (Rennes, librairie Saint-Yves). Il s'agit d'un chef secondaire de l'armée vendéenne. Nous le trouvons parmi les premiers insurgés qui, partis de Moncoutant, s'emparèrent de Châtillon-sur-Sèvre et se firent battre sous les murs de Bressuire, le 24 août 1792. Il reparaît en février 1793 dans le district de La Châtaigneraie et y prêche l'insurrection avec Baudry-d'Asson. Il s'engage dans l'armée de Royrand, puis bientôt après passe à l'armée d'Anjou. Sa signatnre se trouve au bas du brevet nommant Cathelineau, le 12 juin 1793, général en chef. Il fut guillotiné à Rennes, le 24 novembre 1793.

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Denis Papin, étudiant de l'Université d'Angers, par le Dr Cabanès (Petit Parisien, 11 avril 1914).

Un angevin vicaire général de Bossuet: le chanoine Jean Phelipeaux, par l'abbé Delaunay (Société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers, 1918).

Archives Ponts-de-Ceiaises, par M. Dauphin (Revue de l'Anjou, mars 1919 et suiv.).

A l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers (XVIII siècle), par l'abbé Uzureau (Revue Mabillon, décembre 1919).

Quelques lettres inédites de Jean-Paul-Timoleon de Cossé, duc de Brissac, par M. Joubert (Revue de l'Anjou, juillet 1919).

Pourquoi les riverains du Layon s'opposaient à sa canalisation (1774), par l'abbé Uzureau (Loire Navigable, janvier 1920).

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