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toire du département, qui en expédia de suite copie à la municipalité d'Angers.

La loi dont parlait Roland, fut votée le 26 août : elle expulsait de France les ecclésiastiques insermentés. Nos prêtres angevins, à l'exception des sexagénaires et des infirmes, partirent d'Angers le 12 septembre 1792 pour la déportation en Espagne. Quant aux sexagénaires et aux infirmes, on les transféra, le 30 novembre, à la prison de la Rossignolerie, d'où l'armée catholique et royale de la Vendée les fit sortir le 17 juin 1793.

L'amnistie accordée aux Vendéens par la Convention (2 décembre 1794)

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C'est le 2 décembre 1794 que la Convention Nationale vota un décret d'amnistie pour les Vendéens et les Chouans : «Toutes les personnes connues dans les arrondissements des armées de 1 Ouest, des Côtes de Brest et des Côtes de Cherbourg, sous les noms de rebelles de la Vendée et de Chouans, qui déposeront les armes dans le mois qui suivra le jour de la publication du présent décret, ne seront ni inquiétées, ai recherchées dans la suite pour le fait de leur révolte. Les armes seront déposées aux municipalités des communes que les représentants du peuple indiqueront ». En même temps, la Convention adressait une Proclamation à ceux ayant pris part aux révoltes des départements de l'Ouest, qui a été publiée par M. l'abbé Uzureau dans les Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers (année 1915).

Dès le 12 décembre, les administrateurs du district d'Angers mandaient à la Convention : « Elle va donc nir enfin cette infâme guerre de la Vendée, entretenue depuis si longtemps par la scélératesse, la perfidie et l'atrocité de nos généraux, dignes agents de Robespierre, et constamment accompagnée de tout ce que peuvent offrir de plus horrible la dévastation et la mort. L'amnistie générale que vous venez de décréter, a été reçue dans cette contrée avec allégresse et reconnaissance; elle nous donne l'espoir de voir revenir dans leurs foyers tous les malheureux habitants des campagnes égarés par leurs prêtres et que la crainte d'une mort certaine retenait dans les sentiers du crime. Déjà plusieurs se sont rendus

et ceux-ci en annoncent beaucoup d'autres. Mais quand bien même nos justes espérances seraient trompées, votre décret prouvera toujours à la postérité que vous avez fait tout ce qui a dépendu de vous pour rappeler dans le sein de la patrie des. enfants égarés, et que ceux qui se sont montrés sourds à votre appel bienfaisant et paternel étaient des criminels qu'il fallait exterminer ».

Les représentants du peuple près l'armée et dans les départements de l'Ouest, chargés de l'exécution du décret du 2 décembre, furent Auger, Morisson, Lofficial, Chaillon, Bezard, Ruelle, Menuau, Guyardin, Gaudin, Pierre-Marie Delaunay et Dornier. C'est à Nantes qu'ils s'établirent.

Le 23 décembre, le district d'Angers leur écrivait : « Nous vous faisons passer la lettre de la municipalité de Chalonnes, relative à la demande que les brigands de la Vendée (Vendéens) ont faite de la loi qui leur accorde amnistie, et à l'entrevue qu'ils ont eue avec les républicains. C'est avec plaisir que nous voyons le rapprochement qui tend à produire l'effet que désire la Convention Nationale et que tous les amis de la patrie doivent s'empresser de seconder ».

Le 2 janvier 1795, les représentants du peuple délégués par la Convention prirent l'arrêté suivant, qu'ils adressèrent aux habitants des départements de l'Ouest, connus sous le nom de rebelles de la Vendée ou Chouans :

« Le territoire français n'est plus souillé par la présence des esclaves du despotisme; la République triomphe partout de ses ennemis; l'empire de la justice et de la vertu a succédé à un régime de sang et de proscription. Il est temps que les Français ne forment plus qu'une seule et même famille. - Votre population a disparu, votre commerce s'est anéanti, votre agriculture s'est desséchée par une guerre désastreuse. Vos égarements ont causé bien des maux, vous le savez, et cependant la Convention Nationale, grande comme le peuple qu'elle représente, oublie le passé et pardonne. Une loi du 12 frimaire (2 décembre 1794) décrète que toutes les personnes connues sous le nom de rebelles de la Vendée ou de Chouans qui déposeront les armes dans le mois de sa publication, ne seront ni inquiétées ni recherchées pour le fait de leur révolte. Cette loi n'est pas un simulacre d'amnistie. Chargés de la faire exécuter, porteurs de paroles de paix et de consolation, nous venons, au nom de la Convention Nationale, vous tenir le langage de la clémence et de l'humanité. Si les liens du sang et de l'amitié ne sont pas entièrement

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rompus, si vous aimez encore votre pays, si votre retour est sincère, nos bras sont ouverts, serrons-nous comme des frères. Assez et trop longtemps le sang a coulé dans vos malheureuses contrées que le carnage cesse, que votre pays reprenne dans la République le rang qu'il n'aurait jamais dû quitter. Gardez-vous d'avoir en ce jour de la méfiance. Vos ennemis, qui sont les nôtres, pourront chercher à vous en inspirer, mais la Convention Nationale qui vous parle aujourd'hui par notre organe, n'a jamais couvert la République de deuil; elle ne s'est jamais jouée des proclamations d'amnistie, et lorsqu'elle a délivré la patrie de Robespierre, de Carrier et de leurs complices, elle ne nous envoie pas ici pour vous tromper. Vos femmes, vos enfants, vos parents et vos amis languissaient dans des cachots.: ils sont remis en liberté. Interrogez-les, interrogez ceux d'entre vous qui déjà ont déposé leurs armes, et demandez-leur si l'amnistie que nous proclamons est un vain nom. Ah! ne doutez pas de la loyauté et de la générosité française. Arrêtons l'effusion du sang; que des frères ne se massacrent plus. Vos chefs sont compris dans l'amnistie: quels motifs pourrait-on donc vous donner pour arrêter l'exécution de cette loi bienfaisante, si ce n'est l'orgueil et l'imposture? Vos chaumières sont brûlées. Nous vous aiderons à les relever, nos mains les construiront avec vous. Vos terres sont incultes. Nous vous fournirons des secours, des bestiaux, des harnais et des instruments aratoires. Les bras manquent pour mettre vos champs en valeur. La Convention honorera et soutiendra chez vous l'agriculture. Nous vous laisserons pour défricher vos terres les jeunes gens de la réquisition; et si vos enfants que l'amour de la patrie a fait voler aux frontières, vous sont nécessaires pour réparer tous vos malheurs, nous les demanderons, et ils vous seront rendus. Vos manufactures sont anéanties. Nous vous procurerons des moyens, des ressources utiles pour les relever et les mettre en activité. Non, les Français ne doutent pas de la sincérité de l'amnistie qui leur est offerte vous n'attendez que la publication du décret du 12 frimaire. Nous la publions solennellement aujourd'hui, cette loi; nous vous appelons à jouir de la bienfaisance nationale, nous vous indiquons la marche à suivre, pour que vous puissiez rentrer dans le sein de la République.

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« Article Ir. Le décret et la proclamation d'amnistie du 12 frimaire dernier et le présent arrêté seront imprimés, lus, affichés et publiés à son de trompes ou tambours, dans les

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places publiques des communes des départements de la LoireInférieure, Maine-et-Loire, Deux-Sèvres et Vendée, non occupées actuellement par les rebelles. La première publication aura lieu le 20 nivôse (9 janvier 1795), à l'heure de midi ; elle sera réitérée pendant les deux jours suivants. - II. Les agents nationaux près les districts sont chargés, sous leur responsabilité, de l'exécution de l'article précédent et d'en rendre compte aux représentants du peuple près l'armée de l'Ouest, dans la décade. III. La même publication aura lieu e' sera réitérée aux mêmes époques, dans toutes les places, camps, postes et cantonnements occupés par les armées de la République, à son de trompe ou de tambour, à la tête de la force armée. L'affiche aura lieu jusqu'au delà des avantpostes. IV. Le général en chef de l'armée de l'Ouest est chargé, sous sa responsabilité, de l'exécution de l'article précédent, et d'en rendre compte dans la décade aux représentants du peuple près la même armée. V. Les autorités administratives et municipales, les comités de surveillance et les officiers généraux de la force armée sont chargés de répandre, par tous les moyens possibles, dans les pays occupés par les rebelles de la Vendée ou Chouans, la proclamation, le décret et le présent arrêté. VI. Tout habitant connu sous le nom de rebelle de la Vendée ou Chouan ayant droit à l'amnistie et voulant en profiter sera tenu de se présenter à l'une des municipalités désignées au tableau ci-joint et d'y déposer ses armes. VII. Tout habitant de la Vendée qui sera rentré dans le sein de la République recevra les mêmes secours que ceux accordés aux réfugiés par la loi du 27 vendémiaire (18 octobre 1794). — VIII. Il sera fourni aux cultivateurs, artisans, ouvriers, manufacturiers et fabricants, domiciliés dans les communes de la Vendée, à fur et à mesure que ces communes rentreront dans le sein de la République, des secours pour remettre en activité les manufactures et fabriques, l'industrie agricole et commerciale. IX. Chaque commandant de la force armée de la colonne du camp, cantonnement ou poste auquel tout rebelle ou Chouan se présentera en conformité du décret d'amnistie, sera tenu de leur indiquer la municipalité la plus voisine et l'une de celles désignées ci-après, et de les y faire accompagner. X. Il est expressément défendu aux troupes en marche, campées, cantonnées ou en détachement, et à tout militaire isolé, de maltraiter tout habitant se présentant à la force armée et aux

municipalités pour profiter de l'amnistie, ou trouvé sans

armes.

« Tableau des municipalités où les armes seront déposées. Loire-Inférieure: Nantes, Le Pellerin, Vue, Paimbeuf, Bourgneuf, Machecoul, Varades, Ancenis. Vendée : Montaigu, Challans, Port-Fidèle (ci-devant Saint-Gilles), Olonne, Talmond, Mareuil, Hermine, qui enverra un commissaire au camp du Pont-Charron, La Caillère. Deux-Sèvres Lar: geasse, Chiché, Sainte-Radegonde de Pommiers, Argenton ci-devant l'Eglise. -Maine-et-Loire Concourson, Thouarcé, Brissac, Rochefort-sur-Loire, Chalonnes dans l'île, Angers, Beau-Site (ci-devant Saint-Georges-sur-Loire), Champtocé, Ingrandes. Les administrations de districts enverront des commissaires pour l'exécution du présent arrêté dans les communes ci-dessus désignées, où les municipalités ne sont pas suffisamment en activité ».

Le 28 janvier, le district d'Angers s'adressait aux municipalités de son ressort « Nous vous faisons passer la proclamation relative à l'amnistie que la loi du 12 frimaire accorde aux rebelles de la Vendée et aux Chouans. Donnez-lui la plus grande publicité ».

On sait que la Vendée militaire ne voulut pas accepter l'amnistie que lui proposait la Convention. Elle voulut traiter d'égale à égale avec l'Assemblée Nationale, et le 17 février 1795 fut signée la pacification de la Jaunaye, qui mettait fin à la guerre de Vendée, commencée le 12 mars 1793. Dès le 14 mars, la Convention ratifiait ce qui avait été conclu à la Jaunaye et convertissait en loi les trois arrêtés pris par les représentants en cette circonstance.

Mère Saint-Louis, supérieure des Augustines d'Angers (1794-1878)

Marie-Louise Hays-Fontaine, en religion Mère Saint-Louis, fondatrice des religieuses Augustines hospitalières de SaintGermain-en-Laye, naquit à Gennes, le 19 décembre 1794. C'est le 1er juin 1816 qu'elle entra dans la congrégation des Augustines qui desservaient l'Hôtel-Dieu de Saumur, et le 7 avril 1818, elle faisait ses vœux, en présence de M. Forest, curé de

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