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l'envoi que vous avez bien voulu me faire de votre ode sur le sacre. Je suis on ne peut plus touché de ce que vous y avez exprimé d'obligeant pour moi et, en vous faisant tous mes compliments, je vous prie, etc. »>

VII. En 1835, notre auteur publia les Heures nouvelles (Angers, Château). La marquise de La Rochejaquelein lui écrivait, le 7 juillet : « J'ai reçu en même temps votre lettre et les précieux livres de messe. J'en ai donné à ceux de mes enfants qui sont avec moi. Que des beaux vers doivent redoubler l'attention et par conséquent exciter la piété ! Vous avez rendu par là un grand service à la religion. Que ne puis-je aussi en porter un exemplaire à l'église ! Mais j'en suis privée : je ne puis plus lire. >>

VIII. En 1838, le chevalier Sapinaud de Bois-Huguet publia l'Imitation de Jésus-Christ traduite en vers français (Angers, Cosnier).

Mer Soyer, évêque de Luçon, écrivait à l'auteur, le 30 avril 1839 « J'aurais dû vous exprimer plus tôt ma reconnaissance pour l'excellent livre que vous avez bien voulu m'envoyer et dont la lecture fait mes délices. Si votre imprimeur voulait m'en envoyer douze exemplaires reliés, que je donnerais en prix dans mes petits séminaires, j'en serais très reconnaissant. Il pourrait tirer sur moi pour le prix. »

Les Dominicains d'Angers et de Craon
pendant la Révolution

Au moment de la Révolution, il y avait quatre Dominicains au couvent d'Angers (aujourd'hui la Gendarmerie nationale) : les Pères Charnard, supérieur, Puissant, Bouton et Deligne.

Dès le 5 juillet 1790, le P. Bouton déclara au district (ce qu'il avait déjà fait à la municipalité), qu'il avait l'intention de jouir de la liberté accordée par les décrets.

Le 16 août, les administrateurs du district d'Angers se présentent au couvent. Le supérieur répond : « Je veux vivre dans mon état de religieux ». Le P. Puissant dit : « Je veux vivre et mourir dans l'état de religieux et rester dans cette maison, jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné par le département ». Le P. Deligne : « Je veux vivre et mourir dans l'état de religieux et rester dans cette maison tant qu'elle subsistera »>.

Le 1er mars 1791, le district fait l'inventaire de la bibliothèque pour voir les volumes qui pourront servir à former une bibliothèque publique.

Le 9 avril, l'Assemblée Constituante autorise le département de Maine-et-Loire à acquérir le couvent des Dominicains pour y établir le siège de son administration. Le 13 avril, le SaintSacrement est transporté à la cathédrale. Le 15 avril, les deux Pères (Charnard et Puissant), qui sont encore au monastère, adressent au département une requête, par laquelle ils renoncent à conserver leur logement en la maison conventuelle. La mise en vente de l'immeuble eut lieu le 18 avril et le mobilier fut vendu le 9 mai 1791. Ainsi fut fermée une maison qui avait été fondée en 1220, du vivant de saint Dominique lui-même.

Disons un mot maintenant de chacun des quatre religieux. Pierre-Marie Charnard était né à Lons-le-Saulnier, paroisse de Saint-Désiré, le 25 mai 1731. Il fit profession à Besançon le 4 février 1749. Après avoir été prieur à Auxerre et à Chambéry, i fut nommé prieur à Angers. Quand on l'obligea de quitter son couvent, le 15 avril 1791, il alla demeurer chez le chanoine de la Corbière, rue Saint-Aignan, n° 2147. Interné traîtreusement au Séminaire. en même temps que les autres prêtres insermentés, le 17 juin 1792, il fut exempté de la déportation en raison de son âge, et le 30 novembre on le transféra à la prison de la Rossignolerie. Les Vendéens ouvrirent les portes de, sa prison le 18 juin 1793, et il mourut pendant la guerre de Vendée.

Noël-Marin Puissant, né à Candé le 5 février 1742, fut admis au couvent-collège de Saint-Jacques de Paris comme étudiant, le 8 octobre 1763. Le 17 mai 1765, il revint au couvent d'Angers. Quand le 15 avril 1791 il dut le quitter, c'est à Bouchemaine qu'il se retira. Mais il retourna à Angers, rue Boisnet, chez M. Rouillard, entrepreneur, quand l'arrêté du 1er février 1792 enjoignit aux prêtres non assermentés de venir résider au chef-lieu du département. Emprisonné le 17 juin 1792, il partit pour la déportation en Espagne le 12 septembre suivant. A son retour, sous le Consulat, Mer Montault le nomma chanoine honoraire (1802). Le 21 janvier 1807, il devint curé de SaintJean-de-Linières et démissionna le 1er septembre 1810. Mort prêtre habitué à Angers, le 12 mai 1816.

Kilien-Ferdinand Deligne, né à Liévin (Pas-de-Calais) le 31 mars 1761, prit l'habit religieux le 13 février 1781 pour le couvent de Lisieux, au noviciat général de Paris, rue Saint

Dominique. Il fit profession au couvent d'Angers, le 23 juin 1782. En 1817, il demeurait à Liévin.

André-François Bouton, né à Saint-Denys, près Paris, le 25 février 1740, fit profession chez les Dominicains pour le couvent de Reims. En 1790, il était au couvent d'Angers « pour ses études ». Il quitta Angers, où ne se trouvait pas son couvent de filiation, et rentra à Paris (1790). Sa vie fut très errante, comme celle de tant d'autres. Il prêta serment et se fixa dans le district de Saint-Germain-en-Laye. On le trouve vicaire constitutionnel dans le district de Pontoise, puis à Cormeil, à Conflans-Sainte-Honorine. Plus tard il est instituteur à Gentilly, près Paris. Le 10 février 1797, il est à Lisieux, où il reçoit un passeport pour Paris; là, il rétracte ses serments entre les mains du vicaire général, et il reçoit des pouvoirs. Le 11 septembre 1798, il est arrêté par une patrouille, interrogé et convaincu de rétractation. Mais par suite de restrictions ou explications embrouillées, il déclare n'avoir rien rétracté. Ce nonobstant, en présence des pièces de conviction (surtout lettres de l'archidiacre de Paris, 8 décembre 1797), il est condamné, le 19 octobre 1798, à la déportation par l'administration centrale du département de la Seine. Il arrive le 9 janvier 1799 à Saint-Martin-de-Rhé. D'une santé débile et presque aveugle, on l'autorise à circuler dans la ville de Saint-Martin, et il y fait du ministère. On l'accuse de semer le désordre dans les familles, et le 10 août 1799, on décide de le rétablir dans la citadelle. Le 26 mai 1800, il demandè sa liberté et son retour à Paris ; il est presque aveugle et souffre de rétention et autres maladies constatées. Après avis favorable du préfet de la Charente-Inférieure, il reçoit (14 octobre 1800) ses passeports pour rentrer à Paris. Mort peu après. (Archives nationales, F7 7490.)

Joseph Talour avait pris l'habit au noviciat général de Paris le 27 mars 1789, pour le couvent d'Angers. Le 17 juin suivant, il dut sortir du noviciat. Caché à Angers, il écrivait, le 20 juillet 1792, qu'il espérait un changement politique et religieux. (L. 1040).

Il y avait trois religieux au couvent de Craon, quand a municipalité de cette ville s'y présenta pour faire l'inventaire du mobilier (14 mai 1790).

Valentin Nicolai, d'une ancienne famille de Lorraine, naquit en 1747. Il était petit-neveu du célèbre dominicain Nicolai, connu par ses travaux sur saint Thomas d'Aquin. C'était un

religieux très considéré dans sa province, qui fut professeur en théologie. En 1779, il fut élu prieur du couvent de Metz. Le 4 avril 1788, il devint prieur à Craon. Dans sa déclaration du 14 mai 1790, il veut « continuer de vivre dans une maison de Dominicains, mais avec les règles telles qu'elles sont ». Interné à Laval en juin 1792, il fut obligé de s'expatrier, en exécution de la loi du 26 août qui condamnait à la déportation les prêtres insermentés. Le 9 septembre 1792, i) prit au district de Craon un passeport pour l'étranger. Le 13 juin 1802, nous le trouvons à Francfort-sur-le-Mein, où il fait sa soumission et reçoit ses papiers du représentant de la France, pour se rendre à SaintAvold (Moselle).

François-Jean Allard, né à Craon le 25 novembre 1735, fit profession au couvent de cette ville. Lors de l'inventaire du 14 mai 1790, il réclame quelques meubles à lui donnés par sa famille. « Je désire, dit-il, vivre toujours dans ma profession, mais seulement dans cette maison. Si cette maison est supprimée, je rentrerai dans la société ». Le 3 octobre 1792, il prit au district de Craon un passeport pour l'étranger, et le 8 du même mois il s'embarquait à Granville pour l'Angleterre. Revenu vers 1800, il fut nommé en 1803 vicaire à Craon, et mourut en fonctions le 6 avril 1821.

François-Augustin Buin, né à Rennes en 1741, répondit, le 14 mai 1790, de la même manière que le précédent. A la fin du mois d'août 1792, il fait le serment à Laval, et l'année suivante il est desservant constitutionnel de Saint-Nicolas de Craon.

Jacques Renault était le cuisinier, domestique laïc, affilié, c'est-à-dire donné en 1772. En octobre 1791, i) se fixa à Nantes, où il prêta les serments de 1792 et de 1797. A cette dernière date il se plaignait qu'on ne lui payait pas sa pension de

300 livres.

Le couvent des Dominicains de Craon est occupé aujourd'hui par les Bénédictines.

Les débuts de la guerre de Vendée

C'est le mardi 12 mars 1793 qu'éclata l'insurrection de la Vendée, à Saint-Florent-le-Vieil. L'armée catholique et royale s'empara successivement de Jallais (13 mars), Chemille (13 mars), Cholet (14 mars), Vihiers (16 mars), Chalonnes (22 mars), Montjean (24 mars), etc.

Nous allons reproduire les lettres et rapports qui furent adressés à la Convention Nationale au sujet de cette insurrection par les diverses autorités du département de Maine-etLoire (Archives parlementaires).

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Ministre de l'Intérieur à la Convention, 12 mars 1793. Je ne dois pas laisser ignorer à la Convention les détails qui viennent de m'être envoyés par le département de Maine-etLoire; la fermentation la plus inquiétante y règne.A Cholet, la loi sur le recrutement a été le prétexte du soulèvement. La garde nationale a été obligée de faire feu; plusieurs hommes ont été tués, plusieurs autres ont été blessés. Le dépar tement a envoyé dans cette ville une force assez considérable : il faut espérer que sa présence rétablira le calme. Le district de Cholet a été le théâtre de scènes affligeantes; les grains y ont été taxés; les administrateurs du département de Maineet-Loire se préparent, dans leur arrondissement, à faire cesser ces émeutes au sujet des subsistances. Si bientôt ces désordres ne sont pas arrêtés, ils auront les suites les plus funestes. La Convention pensera, sans doute, que le moyen le plus efficace est d'envoyer promptement des commissaires sur les lieux pour prendre des renseignements sur ces faits.

Administrateurs de Maine-et-Loire, 12 mars. (Analyse). Ils informent la Convention de l'existence de rassemblements nombreux dans plusieurs districts, pour s'opposer à la levée des citoyens appelés par la loi du 24 février au service de la République, et des tentatives de ces malveillants pour s'emparer des armes des différents corps-de-garde, ce qui les a obligés de retenir pour quelques jours les volontaires à cheval qui étaient prêts à partir. Ils demandent que cette mesure soit approuvée par la Convention.

Administrateurs de Maine-et-Loire, 15 mars. (Analyse). Ils confirment les rassemblements; ils ont été obligés de rappeler les détachements qu'avait produit le recrutement, pour leur opposer une masse considérable; il y a eu des rencontres, le sang a coulé ; les révoltés se sont rendus maîtres du district de Cholet, l'ont pillé et commis plusieurs autres excès dans quelques petites villes et villages, où ils ont égorgé les patriotes qu'ils ont trouvés isolés. Les armes que ces rebelles ont saisies leur donnent des moyens de résistance et d'attaque, mais le conseil général du département et ceux des districts et communes sont en permanence, ils ne désespèrent pas du salut

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