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d'abbaye dans la province d'Anjou qui en ait tant. Les évêques donnaient ces cares aux monastères pour deux raisons: la première était la ferveur des religieux et ce qui en est toujours une suite leur grand nombre; la seconde, la faiblesse et le petit nombre du clergé séculier, qui ne s'est rétabli que sous Louis XIII, par le zèle des Berulle, des Vincent de Paul, des Olier, des Eudes et des Bourdoise. Les évêques qui avaient des deux ou trois cents cures sur les bras et peu de sujets pour les remplir, se trouvèrent fort embarrassés. De leur côté, les religieux ne voulaient point les desservir, si on ne les leur accordait pas pour toujours. Il fallut céder à la nécessité. Voilà pourquoi il y a tant de cures dont les abbés sont patrons. Mais ils ont appauvri ces cures à l'occasion du décret du Pape Urbain III (1186), qui a donné prétexte d'ériger des prieurés et des vicaires perpétuels en donnant un gros revenu aux prieurs et laissant aux seconds pondus diei et æstûs sans presque avoir de quoi le soulager.

Les évêques n'eussent jamais abandonné tant de cures aux Bénédictins, s'ils eussent prévu trois événements: 1° que ces moines quitteraient l'administration des sacrements et retiendraient le revenu; 2° que l'état religieux déchoirait et que le clergé séculier se relèverait; 3° qu'une partie des abbayes serait entre les mains d'abbés de cour ou éloignés, peu attentifs à présenter de bons sujets pour les cures. Mais c'est un mal fait, on n'y peut plus revenir. La Providence même tire sa gloire de tout et suscite de temps en temps des abbés zélés qui agissent de concert avec les évêques ou qui donnent du moins leur vicariat à des gens bien intentionnés, souvent même aux grands vicaires des évêques, ce qui est rétablir les choses dans leur état naturel (MM. Bouvard, abbé de Saint-Florent, Lepeletier, abbé de Saint-Aubin, de Court, abbé de SaintSerge).

Les évêques qui donnèrent les cures à des chanoines réguliers, rencontrèrent mieux, parce que leurs monastères n'ont pas dépouillé les cures. Aussi en voit-on une grande quantité aux abbayes de Toussaint et de la Roë, et rien n'est plus avantageux à l'Église que la jurisprudence présente, qui permet de retirer les curés chanoines réguliers avec le concours des évêques et des supérieurs majeurs.

Il reste encore quelques cures dans le patronage des seigneurs, qui ne sont pas présumés connaître le plus ou le moins de mérite des prétendants. Sans doute on ne peut trop louer la reconnaissance de l'Église, qui a accordé le patronage aux fondateurs; mais parce que les cures sont plus anciennes que les

seigneuries, le patronage des cures ne peut guère venir de fondation, mais des causes expliquées ci-dessus. Que des seigneurs aient la présentation de canonicats, chapelles et autres bénéfices, tout est en règle; mais pour ce qui est des cures, il faut espérer qu'ils consentiront du moins un échange avec les évêques. Il y a des cures, comme la Chapelle-Saint-Laud, que des ecclésiastiques ont cédées à des seigneurs : c'est un grand malheur, parce que les premiers consultent l'évêque plus que les seconds, et on pourrait les prévenir. Il y a des cures que l'évêque même a cédées, comme Saint-Michel près Chanveaux : c'est encore un plus grand mal, il valait mieux céder une demi-douzaine de bénéfices simples.

Si les dîmes étaient restées en mains laïques, il en aurait été plus jusqu'ici donné aux curés et il y aurait plus d'espérance pour l'avenir. Mais peut-on se flatter de les voir jamais rentrer dans les mains des justes possesseurs!

Au reste, les notes des fondations ne sont pas de simple curiosité; elles servent principalement à deux choses: la première, en cas de contestation entre deux pourvus, pour marquer les patrons; la seconde, pour connaître les domaines du bénéfice en cas d'usurpation, ou si on ne peut les faire revenir et qu'on ait dessein de les acquérir pour exempter d'un nouveau droit d'amortissement et d'indemnité, enfin par reconnaissance pour les fondateurs en perpétuant leur mémoire. Du temps de la Ligue, il y a eu bien du temporel de bénéfices aliéné par des patrons hérétiques.

Plusieurs prieurs qui veulent se débarrasser du soin du temporel, dont la régie répugne aux génies d'une certaine trempe, les donnent à des religieux qui leur font une pension. Cela est contraire aux Bulles de Grégoire XV et d'Urbain VIII, qui n'accordent ces permissions que jusqu'à ce que la congrégation soit suffisamment dotée par la réunion des offices claustraux et l'extinction des pensions aux anciens. On peut se procurer le même avantage et faire un plus grand bien à l'Église, en faisant réunir le prieuré à la cure, qui a été autrefois détaché si tristement. Cela s'est pratiqué récemment à l'égard du prieuré de la Roche-d'Iré.

Au reste, les moines avaient un secret merveilleux pour s'approprier ces cures. C'était de prendre des Bulles qui confirmaient leurs possessions, où il inscrivaient tout au long telle et telle église, comme firent coux de Saint-Florent, qui en obtinrent une du Pape Innocent II, qui en marquait le double de ce qu'ils avaient.

Si les chanoines réguliers eussent été établis solidement lors de la restitution des autels, les évêques eussent plus aisément consenti que les seigneurs les leur cédassent; et comme on a toujours certaine prédilection pour les nouveaux venus, on leur eût donné les cures préférablement aux Bénédictins, qui d'ailleurs étaient assez riches, et c'eût été même un grand bien parce que les chanoines réguliers n'ont point morcelé ni appauvri le peu de cures qu'ils ont obtenues depuis le système des restitutions, et s'ils sont vicieux, les évêques peuvent les déplacer en quinze jours, de concert avec leurs généraux, sans être obligés d'essuyer des appels comme d'abus devant des ennemisnés de l'épiscopat.

Quand les moines avaient le moindre petit domaine en une paroisse, c'était un prétexte pour en demander la desservance; mais ils refusaient de continuer une deuxième ou troisième fois, à moins que l'évêque ne leur en donnât le titre. Les évêques, qui n'avaient pas le don de prophétie, qui ne pouvaient deviner la décadence assez prochaine du monachisme et que leur clergé se rétablirait quoique très tard, les accordaient libéralement. Ils étaient ravis d'être débarrassés d'autant, en sorte qu'ils ne se sont pas retenu le quart des cures. Au reste, ils ne devaient pas en donner depuis l'année 1095, date du concile de Clermont.

D'un autre côté, les seigneurs engagés à restituer les églises usurpées avaient des amis ou parents chez les religieux, ils refusaient de rendre les cures sauf entre les mains des moines. Les évêques aimant encore mieux les voir remettre à des chapitres ou à des monastères que de les voir retenir avec tant de scandale, consentaient aux donations qu'en faisaient les seigneurs aux abbés et aux collégiales, et croyaient avoir bien fait pour le temps, sans penser au déplaisir qu'ils préparaient à leurs successeurs par les faibles sujets qui leur seraient présentés.

Pour les seigneurs qui n'avaient point de prédilection pour des chanoines ou des moines, et qui avaient assez de sens pour juger que la restitution des cures ne pouvait être légitimement faite qu'aux évêques, ils stipulèrent en restituant les églises, oblations, etc. que le patronage leur resterait. Les évêques préférèrent une restitution ainsi conditionnée à la rétention odieuse des cures par les laïques, qu'ils appelaient feodum presbiterale, et qu'ils donnaient en mariage à leurs filles. Voilà pourquoi les restitutions furent faites à divers temps par deux ou trois personnes qui avaient une moitié de la cure ou

un tiers. La plupart furent faites à l'article de la mort par des seigneurs qui avaient résisté pendant la vie. Il en reste encore quelques traces; la maison seigneuriale est en quelques lieux proche l'église; c'était l'ancien presbytère que les seigneurs ont retenu; le nouveau acquis depuis est plus éloigné.

Quoique cette origine du patronage seigneurial des cures ne soit pas bien honorable, elle est néanmoins bien solide, parce qu'elle est fondée sur une prescription de six cents ans, mais qui n'a pu la convertir en réel de personnel qu'il était.

Les propriétaires ne sauraient rapporter des preuves de réalité, que les acquisitions faites successivement, ce qui n'est pas suffisant pour prouver que le patronage est attaché à la glèbe. Quand l'évêque est maître de la cure, il n'en dispose guère que de l'agrément du seigneur, parce qu'il sait que le curé ne peut faire de bien s'il n'est agréé du seigneur; mais quand c'est le seigneur qui présente à la cure, il ne concerte pas tant avec l'évêque.

C'est à cause de ces usurpations qui se renouvelaient au XI® et au XII siècle, que les chapitres et les monastères obtenaient tant de chartes des princes et de bulles des Papes qui confirmaient leur droit sur les églises qui y sont détaillés fort au long et avec un dénombrement exact pour être dans la suite en état d'y rentrer.

Il faut raisonner bien différemment des dimes d'une part et des autels de l'autre, et ne pas les confondre. Ce qu'ils ont de commun, est que l'usurpation des dîmes a entraîné celle des autels; mais ce qu'ils ont de bien différent, est que l'usurpation des dîmes inféodées a été autorisée et qu'il n'y a jamais eu aucune disposition qui ait favorisé l'usurpation des églises paroissiales et autres ni de près ni de loin. De ce principe il résulte deux conséquences bien différentes: 1° les seigneurs qui avaient des dîmes originairement ecclésiastiques et depuis laïcales, pouvaient les donner à des moines ou pour fonder de nouveaux bénéfices, et c'est ce qu'on a fait sans que personne ne s'en soit plaint; 2o les seigneurs qui possédaient les autels étaient obligés en conscience à les restituer, et ils devaient faire cette restitution aux évêques qui en avaient été dépouillés, et non pas aux monastères qui ne représentent pas l'Église. Avant la révocation de l'Édit de Nantes (1685), il y avait huit temples de calvinistes en Anjou deux de baillages suivant P'Édit, l'un du baillage d'Angers établi à Sorges, l'autre à Baugé. David Gilly en fut le dernier ministre. Il y en avait un troisième de concession à Saumur, avec une soit-disante Aca

démie fondée par Philippe de Mornay, et cinq églises de fiefs qui étaient Pimperdu, etc. (Il y eut défense d'en établir une à Bourgueil).

Il y a plusieurs titres en patronage laïc personnel, dont les familles sont éteintes et qui par conséquent sont venus en la pleine disposition de l'Évêque. Néanmoins les chapitres, les curés, les procureurs de fabrique ou les seigneurs particuliers en ont usurpé le patronage. Les secrétaires de l'évêché devraient en faire note, afin que Monseigneur refuse les présentations usurpées et confère pleno jure.

Le Chevalier Sapinaud de Bois-Huguet (1767-1844)

Jean-René-Prosper-Félicité Sapinaud de Bois-Huguet, fils de Jean-Félix-Prosper Sapinaud de Bois-Huguet et de JeanneAmbroise-Michelle Talour de la Cartrie, né à Mortagne-surSèvre (Vendée) le 14 décembre 1767, se maria, le 18 mars 1791, à la Chapelle-d'Aligné (Sarthe), avec Françoise-Michelle-Flore Richard de Beauchamp, fille de Toussaint-Augustin Richard de Beauchamp, conseiller correcteur en la Chambre des Comptes de Nantes, et de Jeanne-Élisabeth de la Chevrière. Il émigra avec son régiment (le second bataillon d'Aquitaine), étant alors lieutenant. Il fit la campagne des Princes et deux autres sur la terre étrangère, et rentra à la fin de la guerre vendéenne. Après la rentrée des Bourbons, il fut nommé chevalier de Saint-Louis (17 janvier 1815), prit part au mouvement royaliste qui eut lieu dans les Cent Jours et devint ensuite chef d'état-major des gardes nationales de la Sarthe. Son domicile était au château des Gringuenières, commune de La Chapelle-d'Aligné, mais il passait une partie de l'année au Mans et à Paris. En 1826, il cessa d'être colonel d'état-major des gardes nationales de la Sarthe, et se retira l'année suivante à Angers, place du Pilori, où il mourut le 26 juin 1844. Sa veuve y mourut à son tour le 26 janvier 1845. Leurs ossements furent exhumés et déposés dans un caveau au cimetière de Saint-Laurent-sur-Sèvre, le 21 novembre 1885.

I. En 1818, le chevalier Sapinaud de Bois-Huguet publia une traduction en vers français des Psaumes (Paris, Leclère). Cet ouvrage fut dédié à la duchesse d'Angoulême. Ma la marquise de la Rochejaquelein écrivait à ce sujet, de Bressuire, le

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