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1747.

supprimée en 1747, à cause des erreurs jansénistes devenues indéracinables dans ce Port-Royal Saumurois.

Une soutenance de thèse à Angers (1744)

On écrivait, d'Angers, le 17 février 1744, au « Mercure de France » :

M. de Feitis, acolyte du diocèse d'Agen, issu d'une des plus illustres familles de ce diocèse, soutint, le mercredi 5 février 1744, dans la salle du palais épiscopal d'Angers (salle synodale), la thèse de Théologie appelée tentative, qu'il avait dédiée à M" de Chapt de Rastignac, archevêque de Tours. Le chapitre de l'église cathédrale, le Présidial et l'Hôtel-de-Ville, que M. de Feitis avait invités, y assistèrent en corps avec la Faculté de Théologie. M. le Recteur de l'Université ayant jugé à propos, pour quelques considérations particulières, de ne point se trouver à cette dédicace, l'Université n'y assista point en corps, mais cela n'a point empêché que les docteurs des différentes Facultés ne se soient fait un devoir d'y assister. C'est la première fois que toutes ces compagnies se sont rencontrées ensemble; les arrangements avaient été pris avec tant de prudence qu'aucune n'a eu lieu de se plaindre.

Le président de l'acte, dont la chaire était placée au fond de la salle, avait le soutenant à ses pieds. Au côté droit de la chaire, était le fauteuil de M de Vaugirauld, évêque d'Angers; de l'autre, celui du doyen du chapitre. Les dignités et les chanoines de la cathédrale, après ces deux fauteuils, occupaient d'un autre côté les deux angles du fond de la salle. A la droite du soutenant et immédiatement après les chanoines, on avait élevé sur une estrade le fauteuil de M l'archevêque de Tours, au-dessus duquel était attachée une thèse de satin ornée de crépines d'or. Tout de suite, était le banc de l'Université. Vis à vis du fauteuil de M l'archevêque, de l'autre côté de la salle, était un autre fauteuil destiné pour le chef du présidial; il fut rempli par M. Falloux du Lys, lieutenant général, en l'absence des présidents. Le banc sur lequel se placèrent les autres officiers du présidial, était parallèle à celui de l'Université. Dans le milieu de la salle, du côté de l'Université, était placée la

Faculté de Théologie; l'autre côté fut occupé par le Corps de ville. Les places qui étaient derrière ces deux compagnies, furent remplies par ce qu'il y a de plus distingué dans la ville d'Angers. Il y eut un espace au milieu de la salle qui resta vide, pour la facilité du passage et de la distribution des Thèses, qui se fit sans confusion, malgré le grand nombre des assistants. Cette salle qui est très vaste et où on voit les portraits en grand de plusieurs évêques qui ont gourverné le diocèse d'Angers, était ornée des plus belles tapisseries, autant que le permirent les portraits, qu'on n'eût pu cacher sans se priver d'un des plus beaux ornements de cette salle. Le parquet était couvert de tapis précieux, depuis la chaire du président jusqu'aux places de la Faculté de Théologie et du Corps de ville.

A l'issue des vêpres, le chapitre de la cathédrale, précédé de ses massiers, se rendit dans la salle, où le présidial était déjà arrivé. Me l'Évêque y entra dans le même temps, aussi bien que le Corps de ville, et l'acte commença. M. Saudubois de la Chalinière, docteur et ancien professeur de la Faculté de Théologie, pénitencier et ancien chanoine de la cathédrale, vicaire général de Me l'évêque d'Angers, un des trente de l'Académie royale des Belles-Lettres d'Angers, président de la thèse, l'ouvrit en la manière accoutumée. Le soutenant, M. de Feitis, donna dans ses réponses des marques d'un esprit juste et d'une érudition bien au-dessus de son âge. Surtout le compliment qu'il adressa â Msr l'archevêque de Tours, ne plut pas moins à cause de l'élégance du style, que par les éloges qu'il contenait et que mérite si bien cet illustre prélat. Le prieur de licence (M. du Guiny de Khoz, frère de M. du Guiny de Porcaro, conseiller au Parlement de Bretagne) fit aussi un compliment, qui fut extrêment goûté de toute l'assemblée. Il ne s'acquit pas moins d'honneur par les arguments qu'il proposa. Après lui, plusieurs religieux et bacheliers argumentèrent; tous célèbrèrent les louanges de Mgr l'archevêque de Tours et augmentèrent la gloire de M. de Feitis. Tout le monde convient à Angers que cette assemblée est une des plus nombreuses et des plus augustes qui puissent s'y voir. Il n'y manquait que la présence de l'illustre Mécène qui en était l'objet.

Le diocèse d'Angers au XVIIIe siècle

Claude-Gabriel Pocquet de Livonnière, conseiller du roi, professeur de droit français en l'Université d'Angers (16841762), a composé un « Pouillé historique du diocèse d'Angers », conservé à la bibliothèque d'Angers (mss 648). De cette œuvre inachevée nous extrayons les notes suivantes, qui sont intéressantes et inédites.

Le diocèse d'Angers est renfermé dans la province d'Anjou, mais il est moins étendu; il y a quelques paroisses de la province qui relèvent des évêchés de Nantes, de la Rochelle, de Poitiers, du Mans et de Tours.

On croit que le diocèse d'Angers répond à l'ancienne province gallo-romaine, excepté la pointe de Faveraye et Vihiers, qui apparemment fut conquise par les Poitevins peu de temps avant l'établissement de la religion.

Le diocèse d'Angers est divisé en trois archidiaconės; il n'y en avait autrefois qu'un, comme ailleurs : on ne sait quand les deux autres ont été formés. C'est au moins dans le x siècle, parce qu'on voit dès lors, dans les actes, les archidiaconės d'Outre-Loire et d'Outre-Maine.

Les trois archidiaconés se subdivisent en cinq archiprêtrés et cinq doyennés ruraux. Le grand archidiacre a quatre archiprêtrés sous lui; les deux autres n'en ont chacun que trois, archiprêtrés ou doyennés; mais quelques paroisses ne sont pas soumises à la visite des archidiacres et relèvent immédiatement de l'Évêque, qui en est aussi seigneur temporel; c'est ce qu'on appelle la chambre épiscopale. Ce sont les paroisses de Bauné, Saint-Maurille de Chalonnes, Notre-Dame de Chalonnes, SaintLaurent-de-la-Plaine, Morannes, Villevêque et Pellouailles. (Le curé de Bauné doit tenir l'étrier de l'évêque quand il monte à cheval faisant sa visite à Bauné et lui donner quatre deniers; le curé de Morannes est aumônier de l'évêque; le curé de Villevêque est secrétaire-né de l'évêque; les autres sont officiers de la chambre).

Dix autres paroisses enclavées dans le doyenné des Mauges ne sont pas non plus sujettes à l'archidiacre d'OutreLoire ni au doyen. Ce sont celles du territoire de Saint-Florent-le-Vieil. Le sacristain de l'abbaye prétendait avoir loi dio

césaine sur le prétendu territoire, mais par transaction du 23 juin 1673, les dix cures ont été restituées à l'Évêque, à la charge que le prieur de Saint-Florent-le-Vieil sera grand vicaire né dans ce territoire et pourra y faire les visites archidiaconales.

Le chapitre de la cathédrale exerce actuellement une loi diocésaine sur les habitués dans son église et sur les habitants des six paroisses de Saint-Maurice d'Angers, Saint-Évroult d'Angers, Bourg-l'Évêque, Chemiré-sur-Sarthe, Saint-Denis-d'Anjou et le Plessis-Grammoire.

Le trésorier de l'église cathédrale a sa loi diocésaine en partie sur les paroisses de Saint-Silvin et de Sorges; il a aussi juridiction dans la nef, les cloîtres et le parvis et sur le métier des ciriers. Messire Henri Arnauld, évêque d'Angers, le reconnut le 8 mai 1668.

Quand et comment les évêques d'Angers ont-ils accordé à leur chapitre ce territoire, c'est ce qu'on ne sait point au juste. On peut conjecturer que cela s'est fait dans le temps que les évêques et les chapitres firent des menses séparées; les premiers accordèrent aux seconds des paroisses qui leur étaient à charge, parce qu'ils manquaient de sujets, et ceux-ci les acceptèrent avec plaisir, d'autant plus que gouvernant le diocèse entier pendant la vacance du siège épiscopal, ils ne sont pas incapables d'en gouverner une partie quand le siège est rempli, motif qui met une grande différence entre des cathédrales et de simples collégiales ou des abbayes, dont les territoires sont regardés comme abusifs.

Il n'y a rien de si ancien après les cathédrales que les paroisses, et par conséquent on en ignore l'origine, à moins qu'elles n'aient été démembrées. Par exemple, il y en a trois qui le sont de Saint-Silvin, savoir le Plessis-Grammoire, SaintBarthélemy et Trélazé, peut-être Sorges, et on ne ferait pas mal d'en ériger une autre à Sainte-Anne. De même, Gizeux, Courléon et Saint-Philbert-de-la-Pelouze ont été démembrés de Continvoir. Cela, est arrivé à proportion qu'on défrichait les forêts.

Pour ce qui est des chapelles, il est assez difficile d'en connaître les fondateurs, parce que les titres de fabriques sont rarement en mains exactes et libérales, et parce que les registres de l'évêché avant 1467 ont été brûlés: ainsi on ignore les décrets antérieurs. Mais comme une première idée en fait naître une seconde, les gens laborieux pourront dans la suite ajouter à ce projet imparfait.

Le sort des cures a suivi celui des dîmes. La noblesse qui possédait les secondes s'empara peu à peu des premières, qui peut-être furent désertées faute de fonds.

Les autels, c'est-à-dire le titre des cures, se trouvèrent tous au x et au x1° siècle en des mains laïques, qui en usaient comme de biens purement profanes. On les donnait en mariage à des filles, comme on eût fait des châteaux. On les appelait feodum presbiterale. Les dignités opulentes, comme la trésorerie, et même des collégiales entières furent usurpées. Les évêques regrettaient ces aliénations sans presque pouvoir y remédier; il s'en trouva enfin, comme le grand Ulger, qui prirent la généreuse résolution de rétablir l'ordre. Elle causa un grand désordre, c'est qu'on croyait bien faire en remettant les autels à des religieux. Ulger fit entendre aux seigneurs que donner des églises à des monastères n'était pas faire une restitution; c'était aux évêques à qui le larcin avait été fait, qu'il fallait les restituer. Les religieux murmurèrent: de là la grande contestation que notre prélat eut avec Geoffroy de Vendôme. Cet abbé était d'une grande vertu et d'un crédit égal à son mérite; il mit plusieurs autres abbés dans sa querelle et écrivit à l'évêque une lettre très vive. Celuici n'était pas d'humeur à se relâcher; on reconnaîtra assez dans sa vie ce caractère de fermeté par le différend qu'il eut avec le comte d'Anjou; il soutint que les moines qui reçoivent des autels de mains laïques, ne sont que les receleurs de voleurs et par conséquent complices du vol; il faut un consentement formel des évêques pour ces donations, parce qu'en un mot le vol étant fait à ces prélats, c'est à eux qu'il en faut faire la restitution. Ce grand homme que le génie élevait au-dessus de son état, s'expliquait sur cela aussi franchement avec ses confrères qu'il le faisait au Pape sur l'abus des exemptions; il leur dit : « Quelle hardiesse de prendre le vin d'une vigne que vous n'avez point plantée, ou le lait d'un troupeau que vous ne paissez point!» Ulger était ferme, mais il était bon; il ne se rendit pas difficile à donner ce consentement, mais il voulait que les religieux accomplissent les conditions sous lesquelles les dimes ont été données originairement, qui est le service actuel des cures. « Ceux qui possèdent les biens destinés au service de l'Église sans la servir, disait-il aux abbés, sont des déprédateurs; or vos moines possèdent les dîmes et autres fonds des cures sans les servir; on entend donc ce qu'ils sont. » L'abbé de SaintSerge ou n'entra pas dans la conspiration des autres, ou se rendit aux solides raisonnements d'Ulger, puisqu'Ulger lui-même lui donna la cure de Loiré qu'il venait de retirer, et il n'y a point

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