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Les moines de Saint-Nicolas s'imaginaient qu'en exécution du décret du 13-19 février, leur abbaye serait choisie par l'administration départementale pour recevoir les religieux de Maine-et-Loire qui avaient déclaré vouloir rester en communauté. En effet, le procès-verbal rédigé par le district s'exprime ainsi : « Les religieux nous ont déclaré qu'ils désiraient conserver leur maison, en s'obligeant de suivre les règlements et décrets de l'Assemblée Nationale, conformément au nombre qu'ils prescrivent pour remplir leur conventualité. La maison de Saint-Nicolas se trouvant hors de ville paraît remplir le vœu de l'Assemblée, qui décrète que les maisons de retraite seront choisies de préférence dans les petites villes et dans les campagnes >>.

Le 30 septembre 1790, M. Cloquet, arthiviste du département de Maine-et-Loire, vint prendre à Saint-Nicolas tout le chartrier pour le transporter au dépôt des archives départementales. (Il est encore aujourd'hui aux Archives de Maineet-Loire).

A la même époque, la municipalité d'Angers résolut de demander au Gouvernement une Ecole d'artillerie, qu'elle voulait installer à Saint-Nicolas. Elle fit lever un plan géométrique de l'étang de Saint-Nicolas et des terrains adjacents, et reconnut que cet endroit réunissait toutes les commodités nécessaires pour former cet établissement des lieux propres à établir une fonderie de canons et autres pièces d'artillerie, un étang considérable et un torrent suffisant pour placer des machines afin de les forer et des moulins à poudre, des endroits spacieux pour des nitrières artificielles, magasins à poudre et autres objets y relatifs, un terrain étendu pour former un polygone au milieu duquel se trouvait une butte propre à l'exercice du canon; la communication de ce local avec la rivière faciliterait l'importation et l'exportation des matières et des pièces d'artillerie sur les côtes de l'Océan et dans les autres parties du royaume. Le 23 octobre 1790, la municipalité d'Angers adressa le plan ci-dessus, avec un Mémoire justificatif, aux députés de Maine-et-Loire, avec prière d'appuyer auprès de l'Assemblée Constituante l'établisement d'une Ecole d'artillerie en cette ville. Le 27 novembre les officiers municipaux avisèrent le Conseil général du département de leur dessein d'acheter Saint-Nicolas pour y établir l'Ecole d'artillerie, et lui demandèrent d'appuyer sa demande auprès de la Constituante. Au mois de janvier 1791, MM. Ganot et Gourdon furent envoyés à Angers par le

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Ministre de la Guerre pour examiner les bâtiments de l'abbaye Saint-Nicolas, et ils firent un rapport favorable.

Voyant la tournure des événements, trois moines (dom Collet, dom Jagault et dom Thuault) sortirent de l'abbaye, et les quatre autres (dom Braux, dom Le Frotter, dom Piolaine et dom Sevault) déclarèrent à la municipalité, le 28 mai, qu'ils avaient l'intention de quitter le monastère. En conséquence, le 4 avril, les commissaires du district leur donnèrent décharge de la garde du mobilier; ils établirent pour gardien du mobilier d'église le curé jureur de Saint-Nicolas (M. Gaudin), et le reste fut confié à la garde de plusieurs particuliers.

Le 4 juin 1791, eut lieu la vente du mobilier.

Dom de Boislinard fut déporté à lîle de Ré, le 26 mars 1799, puis libéré le 5 avril 1800. Il se retira alors à Bourges. Dom Bonhomme habitait Lassay (Mayenne), en 1817.

Dom Braux se retira chez M. Lachèse, orfèvre, rue SaintLaud, et y était encore, quand, le 17 juin 1792, il fut interné au petit Séminaire comme prêtre insermenté, mais dès le 13 juillet on l'élargit. Le 27 septembre, il prêta le serment de Liberté-Egalité. A la date du 19 août 1793, Louis-Etienne Brevet de Beaujour proposa l'ex-bénédictin pour dresser le catalogue des livres de la bibliothèque d'Angers : « Braux ? des connaissances rares, écrivait-il au département, et une modestie qui le rend encore plus estimable, et tous ceux qui prennent intérêt à la chose doivent se réjouir que cet excellent citoyen s'y associe ». Le 16 mars 1794, il renonça publiquement à toute fonction ecclésiastique « Je soussigné, JeanPierre Braux, ex-bénédictin, déclare renoncer à toutes fonctions sacerdotales ou ecclésiastiques, que j'ai cessé d exercer depuis le 28 mars 1791, époque de ma sortie du monastère de Saint-Nicolas d'Angers. En conséquence, je remets au département toutes les pièces qui concernent cet état ». Le 5 décembre 1794, Braux exposait au district que depuis le mois de février précédent, il avait été chargé de mettre en ordre les livres déposés dans l'église Saint-Martin. « Je me suis livré sans relâche à ce travail, disait il, et je suis parvenu à établir à peu près l'ordre bibliographique dans cette immense collection de volumes, que j'ai trouvés dans une confusion effrayante. J'ai un traitement de la Nation de 800 livres, qui est insuffisant ». L'administration du district

lui accorda un traitement de 1.200 livres, comme bibliothécaire du district. Le 20 décembre 1794, Merlet de la Boulaye, conservateur du Museum d'Angers, forma une commission des sciences et des arts divisée en trois sections; l'une d'elles, qui avait pour objet les manuscrits et les bibliothèques, fut confiée au citoyen Braux. A cette époque, le district d'Angers envoya Braux à Paris suivre pendant quatre mois les cours de l'Ecole normale, fondée le 30 octobre 1794. Un arrêté de l'administration départementale (23 février 1796) nomma Braux bibliothécaire de l'Ecole centrale de Maine-et-Loire, t nous le voyons, en cette qualité, faire, le 21 janvier 1797, ie serment de haine à la royauté et à l'anarchie. Le 3 février 1797, le département enjoignit à Braux de faire transporter la bibliothèque de l'église Saint-Martin dans les bâtiments de l'évêché, où elle fut solennellement inaugurée le 30 mars 1798. Après l'arrivée de l'évêque concordataire, le préfet prit un arrêté (23 décembre 1802) enjoignant au bibliothécaire Braux d'évacuer les appartements qu'il occupait dans le palais épiscopal pour aller demeurer dans les bâtiments de l'Ecole Centrale (aujourd'hui le Musée). Il y mourut le 3 juin 1803, réconcilié avec l'Eglise, et sa mort fut mentionnée dans l'Ordo diocésain. Avant d'être religieux de Saint-Nicolas, dom Braux avait été prieur de L'Esvière. (Anjou Historique, XIII, 402).

Dom Collet disparut de l'Anjou en 1791.

Dom Jagault quitta Angers en 1791 et se retira à Thouars. Lorsque les Vendéens s'emparèrent de cette ville le 5 mai 1793, il se mit à leur disposition, en qualité d'aumônier. Me de la Rochejacquelein raconte, dans ses Mémoires, à quelle occasion dom Jagault débuta comme orateur populaire, alors qu'il s'agissait, après la première et malheureuse bataille de Fontenay, de prêcher la revanche aux Vendéens quelque peu découragés : « Les généraux invitèrent les prêtres à exhorter le peuple pour le ranimer. Ce fut dans cette occasion, que nous engageâmes M. l'abbé Pierre Jagault, qui venait nous dire la messe, à prêcher les habitants de Mallièvre il monta en chaire sans préparation, pour la première fois de sa vie. Il montra une éloquence si vive, si touchante, si entraînante, que depuis on l'a très souvent sollicité de parler, et bien des personnes le préféraient même au curé de Saint-Laud (Bernier): c'étaient les deux meilleurs prédicateurs de l'armée ». Lorsque le Conseil supérieur fut institué, à Châtillon-sur-Sèvre, après la prise de Fontenay, l'abbé

Ministre de la Guerre pour examiner les bâtiments de l'abbaye Saint-Nicolas, et ils firent un rapport favorable.

Voyant la tournure des événements, trois moines (dom Collet, dom Jagault et dom Thuault) sortirent de l'abbaye, et les quatre autres (dom Braux, dom Le Frotter, dom Piolaine et dom Sevault) déclarèrent à la municipalité, le 28 mai, qu'ils avaient l'intention de quitter le monastère. En conséquence, le 4 avril, les commissaires du district leur donnèrent décharge de la garde du mobilier; ils établirent pour gardien du mobilier d'église le curé jureur de Saint-Nicolas (M. Gaudin), et le reste fut confié à la garde de plusieurs particuliers.

Le 4 juin 1791, eut lieu la vente du mobilier.

Dom de Boislinard fut déporté à lîle de Ré, le 26 mars 1799, puis libéré le 5 avril 1800. Il se retira alors à Bourges. Dom Bonhomme habitait Lassay (Mayenne), en 1817.

Dom Braux se retira chez M. Lachèse, orfèvre, rue SaintLaud, et y était encore, quand, le 17 juin 1792, il fut interné au petit Séminaire comme prêtre insermenté, mais dès le 13 juillet on l'élargit. Le 27 septembre, il prêta le serment de Liberté-Egalité. A la date du 19 août 1793, Louis-Etienne Brevet de Beaujour proposa l'ex-bénédictin pour dresser le catalogue des livres de la bibliothèque d'Angers « Braux des connaissances rares, écrivait-il au département, et une modestie qui le rend encore plus estimable, et tous ceux qui prennent intérêt à la chose doivent se réjouir que cet excellent citoyen s'y associe ». Le 16 mars 1794, il renonça publiquement à toute fonction ecclésiastique : « Je soussigné, JeanPierre Braux, ex-bénédictin, déclare renoncer à toutes fonctions sacerdotales ou ecclésiastiques, que j'ai cessé d exercer depuis le 28 mars 1791, époque de ma sortie du monastère de Saint-Nicolas d'Angers. En conséquence, je remets au département toutes les pièces qui concernent cet état ». Le 5 décembre 1794, Braux exposait au district que depuis le mois de février précédent, il avait été chargé de mettre en ordre les livres déposés dans l'église Saint-Martin. « Je me suis livré sans relâche à ce travail, disait-il, et je suis parvenu à établir à peu près l'ordre bibliographique dans cette immense collection de volumes, que j'ai trouvés dans une confusion effrayante. J'ai un traitement de la Nation de 800 livres, qui est insuffisant ». L'administration du district.

lui accorda un traitement de 1.200 livres, comme bibliothécaire du district. Le 20 décembre 1794, Merlet de la Boulaye, conservateur du Museum d'Angers, forma une commission des sciences et des arts divisée en trois sections; l'une d'elles, qui avait pour objet les manuscrits et les bibliothèques, fut confiée au citoyen Braux. A cette époque, le district d'Angers envoya Braux à Paris suivre pendant quatre mois les cours de l'Ecole normale, fondée le 30 octobre 1794. Un arrêté de l'administration départementale (23 février 1796) nomma Braux bibliothécaire de l'Ecole centrale de Maine-et-Loire, t nous le voyons, en cette qualité, faire, le 21 janvier 1797, ie serment de haine à la royauté et à l'anarchie. Le 3 février 1797, le département enjoignit à Braux de faire transporter la bibliothèque de l'église Saint-Martin dans les bâtiments de l'évêché, où elle fut solennellement inaugurée le 30 mars 1798. Après l'arrivée de l'évêque concordataire, le préfet prit un arrêté (23 décembre 1802) enjoignant au bibliothécaire Braux d'évacuer les appartements qu'il occupait dans le palais épiscopal pour aller demeurer dans les bâtiments de l'Ecole Centrale (aujourd'hui le Musée). Il y mourut le 3 juin 1803, réconcilié avec l'Eglise, et sa mort fut mentionnée dans l'Ordo diocésain. Avant d'être religieux de Saint-Nicolas, dom Braux avait été prieur de L'Esvière. (Anjou Historique, XIII, 402).

Dom Collet disparut de l'Anjou en 1791.

Dom Jagault quitta Angers en 1791 et se retira à Thouars. Lorsque les Vendéens s'emparèrent de cette ville le 5 mai 1793, il se mit à leur disposition, en qualité d'aumônier. Mme de la Rochejacquelein raconte, dans ses Mémoires, à quelle occasion dom Jagault débuta comme orateur populaire, alors qu'il s'agissait, après la première et malheureuse bataille de Fontenay, de prêcher la revanche aux Vendéens quelque peu découragés : « Les généraux invitèrent les prêtres à exhorter le peuple pour le ranimer. Ce fut dans cette occasion, que nous engageâmes M. l'abbé Pierre Jagault, qui venait nous dire la messe, à prêcher les habitants de Mallièvre; il monta en chaire sans préparation, pour la première fois de sa vie. Il montra une éloquence si vive, si touchante, si entraînante, que depuis on l'a très souvent sollicité de parler, et bien des personnes le préféraient même au curé de Saint-Laud (Bernier): c'étaient les deux meilleurs prédicateurs de l'armée ». Lorsque le Conseil supérieur fut institué, à Châtillon-sur-Sèvre, après la prise de Fontenay, l'abbé

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