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demeurer au logis Barrault, plus près de la cathédrale. La maison qu'ils abandonnaient, fut alors achetée par Mlle Rousseau, pour y installer la communauté de la Providence, où elle resta jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. En 1686 on y construisit une chapelle, et la communauté cessa alors d'assister aux offices paroissiaux.

L'église de Saint-Jacques, qui datait du XIIe siècle, fut réparée, de 1680 à 1685, par le curé Garnier, qui l'orna de statues, de tableaux et d'une tapisserie, et y plaça trois autels; il fit fondre aussi deux cloches. (Elle a été rebâtie en 1837). C'est le 23 mars 1703 qu'eut lieu « au pied du mur qui joint le grand autel, et au milieu où est plantée la grande croix, la sépulture de vénérable et discret messire René Garnier, curé de Saint-Jacques, ancien prêtre du Séminaire de Monseigneur l'évêque d'Angers, bienfaiteur, réparateur de l'église paroissiale, maison presbytérale et fondateur des écoles de garçons et filles, prêtres, sacristes et autres serviteurs de ladite église, décédé plein de mérites et de toutes les vertus chrétiennes et ecclésiastiques, père des pauvres, âgé de 80 ans. »

M. Garnier eut pour successeur M. Berthelot, son neveu, qui, le 29 janvier 1716, bénit une cloche fondue par M. Troni dit La Brie, pesant 262 livres. Nous lisons à ce sujet dans le registre paroissial : « Le 30, elle a été montée au clocher et a commencé à sonner elle a été trouvée d'accord avec sa compagne. »

Le 25 juin 1729, on fit la sépulture de messire Elie Berthelot, « fidèle imitateur des rares vertus et zèle bienfaisant de messire René Garnier, son oncle et son prédécesseur. » Il avait reconstruit le presbytère.

Le cimetière de Saint-Jacques était au tertre Saint-Laurent, au-dessus et vis à vis de celui de la Trinité. Le nouveau curé de Saint-Jacques, Francois Garnier, écrivait, en effet, dans son registre, le 27 avril 1732 : « Par permission de M. Babin, vicaire général, j'ai fait la cérémonie de la bénédiction de la croix nouvellement rebâtie, située dans le cimetière de Saint-Jacques, sur le Tertre Saint-Laurent, paroisse de la Trinité, en présence de mon clergé, et de mes paroissiens. » Ce cimetière ne servait plus guère et on faisait les inhumations autour du cheur de l'église. (En 1784, les cimetières du Tertre Saint-Laurent furent supprimés et transférés dans l'enclos de Guinefolle.)

Le 31 janvier 1755 mourut M. François Garnier de la Roussière, curé de Saint-Jacques, âgé de 54 ans, « qui gouverna la paroisse pendant 26 ans, orné de toutes les vertus qui sont à désirer dans un pasteur. »>

M. Loison, successeur de M. Garnier, reçut une abjuration, le 6 juillet 1766: «En vertu de la commission à nous adressée par Monseigneur l'évêque d'Angers, nous avons reçu l'abjuration qu'a faite de l'hérésie luthérienne Erasme Hack, agé de 33 ans, originaire d'Herstein, en Allemagne. Il a fait profession de foi reçue et approuvée de l'Église catholique, apostolique et romaine. Nous lui avons donné l'absolution de l'excommunication qu'il avait encourue par la profession et exercice de l'hérésie et religion luthérienne, et nous l'avons réconcilié à l'Église romaine et rétabli en sa communion. La cérémonie a été faite en l'église de l'abbaye royale du Ronceray. »

A la date du 19 décembre 1770, le curé de Saint-Jacques demanda à l'abbesse du Ronceray la portion congrue de 500 francs pour lui, et 250 francs pour son vicaire, en exécution de l'édit royal du mois de mai 1768; il déclarait abandonner à l'abbesse, qui était curé primitif de la paroisse, les biens-fonds dépendant du temporel de la cure. L'abbesse répondit, le 29 mai 1771: « Sans discuter le point de savoir si le revenu de la cure de Saint-Jacques, tant fixe que casuel et en fondations, n'est pas suffisant pour procurer au curé une honnête subsistance, je déclare que j'abandonne le titre et les droits de curé primitif, que j'avais en ma qualité d'abbesse dans cette paroisse et église de Saint-Jacques, et renonce à en faire exercer les fonctions dans cette église la veille et le jour de la fête patronale. Au moyen de cet abandon et de cette renonciation, faits suivant la faculté portée en l'article 7 de l'édit, je demeure déchargée de droit de la demande de portion congrue formée par le sieur Loison, curé, pour lui et pour un vicaire, sans préjudicier au droit de patronage et présentation de la cure qui m'appartient et dont les abbesses du Ronceray sont en possession, et aussi sans préjudicier aux obligations des curés de Saint-Jacques dans l'église du Ronceray. »>

A l'occasion du Jubilé de 1776, M. Loison écrivait sur son registre paroissial: «En cette année, est arrivée l'année sainte du Jubilé, lequel a commencé en ce diocèse le 4 mai et ne finira que le 4 novembre. Il est à remarquer que, selon le Mandement de Monseigneur notre évêque, les églises paroissiales tant de la ville que des faubourgs sont stationnales. MM. les curés avec le clergé et le peuple ont fait processionnellement leurs stations en différentes églises, à cinq jours différents, et à chaque station ils allaient en quatre églises, dont la cathédrale à chacune des stations était visitée. On y récitait les prières marquées, et le suffrage des saints patrons de chaque église était chanté.

MM. les curés ont porté l'étole à toutes ces processions, même dans l'église cathédrale, comme de droit. Le peuple y assistait en foule et avec piété. »

C'est le 20 décembre 1778 qu'on fit la sépulture de M. François Loison, âgé de 60 ans, « après avoir gouverné la paroisse pendant près de 24 ans, avec un esprit de paix, avec le zèle de la maison de Dieu qu'il a enrichie et décorée de la table de l'autel principal, des fonts baptismaux et du bénitier, le tout en marbre, et reconstruit les autels de la nef et légué en son testament les effets les plus précieux de sa succession au profit de l'église Saint-Jacques ». Les curés de la ville assistèrent à la cérémonie : MM. Dubay, curé de Lesvière, doyen des curés de l'Anjou; Roussel, curé de Saint-Maurille; Chotard, curé de Saint-Martin; Robin, curé de Saint-Pierre; Gaudin, curé de Saint-Nicolas; Boumard, curé de Sainte-Croix; Ferré, curé de Saint-Samson; Gouppil, curé de Saint-Evroul; Suchet, curé de Saint-Michel-laPalud; Clavreul, curé de la Trinité; Doguereau, prieur-curé de Saint-Aignan; Huchelou-Desroches, curé de Saint-Julien; Courtillé, curé de Saint-Denis; Martin-Duchesnay, curé de SaintLaud; Follenfant, curé de Saint-Maurice; Noël, nommé à la cure de Saint-Jacques (manque le curé de Saint-Michel-duTertre).

Le 25 mars 1782, on fit, à Saint-Jacques, le baptême d'une cloche. On avait choisi pour parrain le prieur des Bénédictins de Saint-Nicolas; l'abbesse du Ronceray fut marraine. Voici le procès-verbal de la cérémonie, rédigé par M. Clavreul, curé de la Trinité : « Le 25 mars, vu la permission à nous spécialement accordée par Mgr l'évêque, signée Emery, vicaire général, nous, curé de la Trinité de cette ville, avons béni en cette église une cloche pesant 400, nommée Léontine-Emmanuelle-Jacquine par dom Emmanuel Piolaine, prieur de l'abbaye royale de SaintNicolas de cette ville, et par haute et puissante dame Léontine Desparbez de Lussan Bouchard d'Aubeterre, abbesse de l'abbaye royale du Ronceray et patronne de cette cure. Les paroissiens se sont tous fait un devoir d'y assister et beaucoup de personnes des paroisses voisines. La cérémonie a été suivie d'une distribution abondante de pain, provenant des bienfaits de Mm l'abbesse et de M. le prieur. »

Arrive la Révolution. « M. Noël, sur lequel on avait des vues, écrivait l'abbé Gruget en 1794, fut fortement sollicité de faire le serment. C'était un ecclésiastique de mérite, infiniment aimé et respecté. On espérait qu'il serait dans le cas d'en entraîner d'autres avec lui. Mais toutes les sollicitations qu'on put faire,

ne firent aucune impression sur son esprit. » Expulsé de son église désaffectée le 27 mars 1791, il resta quelque temps dans son presbytère, puis partit pour Château-Gontier, où il resta neuf mois. Le 27 mars 1792, il revint à Angers et accepta l'hospitalité de M. Buffebran du Coudray, rue Saint-Julien. Il put échapper au guet-apens du 17 juin 1792 et resta caché à partir de cette époque. On le retrouve en Vendée lors de l'insurrection et le 1er octobre 1793 l'administration départementale l'inscrivit sur la liste des émigrés. Après la paix de la Jaunaye, son nom fut rayé provisoirement de la liste des émigrés. M. Noël mourut avant le Concordat.

M. Gabriel Guérif, vicaire à Saint-Jacques, refusa également le serment. Après la fermeture de l'église, il alla demeurer à Saint-Florent-le-Vieil, sa paroisse natale. Le 30 août 1791, le procureur de la commune de Saint-Florent écrivait au directoire du département que M. Guérif se trouvait chez son père et qu'il y menait une vie paisible. Le 22 juin 1793, nous le trouvons à Chambretaud (Vendée), où il assiste au mariage de M. de Chabot. Avec l'armée catholique et royale, il passa la Loire à SaintFlorent, le 18 octobre, et fut tué, en décembre 1793, à Chassillé (Sarthe), sur la grande route du Mans à Laval. Ceux qui l'ensevelirent, trouvèrent sur lui un passeport au nom de Gabriel Guérif, prêtre de Saint-Florent, officier du roi.

Voici la liste des curés de Saint-Jacques depuis le XVIIe siècle : MM. Emeriau (jusqu'en 1659), Marin Dahuillé (1659), René Garnier (1659-1703), Elie Berthelot (1703-29), François Garnier de la Roussière (1729-55), François Loison (1755-78), PierreMathurin-Joseph Noël (1778 à Révolution), Louis-Henri Mangin (1800-24), Pierre Vincent (1824-61), Henri-Alphonse Benoist (1861-79), Mathurin Pénot (1879-85), René-Jacques Bonnamy (1885-1900), Jules-René Brossard, nommé en 1900.

Une séparation de corps à Angers au XVIIe siècle

Marc Sicault, lieutenant de la Prévôté d'Angers, avait épousé Charlotte de la Loirie de Grandbois. Leur mariage n'avait pas été fort concordant. En 1682, le sieur Sicault, qui n'avait point d'enfants de son mariage, voulut engager sa femme à consentir un don mutuel. La femme y résista. Après les caresses, le mari employa les menaces et les violences. La femme ne pouvant

plus tenir, alla trouver le lieutenant général d'Angers, fit devant lui une déclaration des menaces et des violences de son mari, protesta qu'elle n'avait dessein de faire aucun don mutuel; s'il s'en trouvait un jour quelqu'un signé d'elle, ce serait l'effet d'une violence, à laquelle elle aurait été forcée de céder, et elle n'entendait pas qu'il fût exécuté; elle ajouta de grandes plaintes contre la conduite de son mari. Cette première protestation fut suivie d'une autre, après la signature du don mutuel du 5 novembre 1682.

Après les aventures d'un certain frère Jean, qui firent alors beaucoup de bruit dans le monde, les brouilleries recommencèrent entre le mari et la femme. Cette dernière voulut se faire séparer de corps et de biens elle n'y réussit pas, faute de preuve des faits de sévice articulés par elle. Pendant l'instance à fin de séparation, elle s'était retirée de la maison de son mari. Elle n'y voulut plus retourner et s'en alla à Paris avec le sieur Le Cordon, un de ses parents. Après quelque séjour dans la maison de la maréchale de Schomberg, qui la protégeait, elle s'enfuit en Angleterre, sur le bruit que son mari la faisait chercher et dans la crainte de retomber entre ses mains.

La dame Sicault ayant passé environ huit ans en Angleterre, depuis 1684 jusqu'en 1692, sans avoir donné de ses nouvelles ni à son mari ni à qui que ce soit de sa famille, ses héritiers, à la tête desquels était le sieur Guérin de la Piverdière, conseiller au Présidial d'Angers, formèrent la question de savoir s'ils n'étaient pas fondés de s'ensaisiner de ses biens et de faire condamner le mari à les leur rendre. La question fut agitée dans une conférence : on décida que le sieur Sicault devait restituer les biens de sa femme à ses héritiers présomptifs, faute par lui de justifier qu'elle fût vivante après sept ans d'absence. Pendant que les héritiers délibéraient et prenaient leurs mesures pour se pourvoir en justice, le sieur Sicault fit tant qu'il put recevoir d'Angleterre un certificat de la vie de sa femme, par l'entremise du nommé Laroche, marchand. Ce certificat suspendit les poursuites des héritiers.

Enfin les héritiers ayant été avertis que la dame Sicault était décédée à Londres, le 3 août 1694, firent venir un certificat de sa mort, attesté par le curé de Londres, qui l'avait enterrée, par le médecin qui l'avait vue pendant sa maladie, par un grand nombre d'Angevins réfugiés à Londres, légalisé par le lord-maire de Londres et par lord Portland, ambassadeur d'Angleterre en France. Les héritiers se pourvurent contre le sieur Sicault, à fin de restitution des biens de sa femme. La cause fut

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