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Visite des cinq abbayes de la ville d'Angers par les commissaires du légat Stefano Nardini (août-octobre 1467), par dom Guilloreau (Revue Mabillon, novembre 1920).

Les chapelles et les chapellenies de Noyant-la-Gravoyère sous l'ancien régime, par M. l'abbé Lefort (Revue d'Anjou, juillet 1920).

Les eaux minérales de l'Epervière, par M. l'abbé Uzureau (Archives médicales d'Angers, octobre 1920).

Pierre Biardeau et la statuaire angevine en terre cuite au XVIIe siècle, par Maurice Brillant (Correspondant, 10 février 1921).

Les tribunaux à Saumur avant la Révolution, par M. l'abbé Uzureau (Société des Lettres, Sciences et Arts du Saumurois, octobre 1920).

Les « billets de confiance » de Saumur (1792), par le même (Journal de Maine-et-Loire, 5 août 1920).

Les religieuses d'Angers et de Beaufort pendant la Révolution, par M. Queruau-Lamerie (Revue d'Anjou, juillet 1920).

La Société de Médecine d'Angers (1796-1921), par M. l'abbé Uzureau (Archives médicales d'Angers, janvier 1921).

La navigation de la Loire en 1798 des Ponts-de-Cé Ingrandes, par le même (Loire Navigable, novembre 1920). Eugène Brunclair, conservateur du Musée d'Angers (18321918), par M. Berjole (Revue d'Anjou, septembre 1920).

Lettres inédites de Bordillon, préfet de Maine-et-Loire (1848-49), par M. l'abbé Uzureau (Révolution de 1848, novembre 1920).

Raisons historiques qui militent en faveur de l'établissement a Angers d'un chef-lieu de région, par le même (Anjou économique, 15 janvier et 1er mars 1921).

Le Gérant: J. CREUSÉ.

Angers, imp. J. Siraudeau. 20-2371

La Paroisse de Saint-Jacques-lès-Angers

(XVIIe et XVIIIe siècles)

Il y avait trois paroisses dans la Doutre avant la Révolution : La Trinité, Saint-Nicolas et Saint-Jacques.

Nous allons passer en revue les principaux événements qui eurent lieu dans cette dernière paroisse au XVII et au XVIIIe siècles (Saint-Jacques, bâti par l'abbesse du Ronceray vers 1119, devint paroisse en 1131).

Joseph Grandet écrivait, en 1702, dans son Histoire du Séminaire d'Angers : « M. l'abbé de Vaux, qui entrait dans tout le bien qui se faisait alors dans le diocèse, jeta les yeux sur M. Dahuillé, homme d'esprit et bien intentionné, et lui proposa d'être curé de Saint-Jacques en la place de M. Emeriau qui en était pourvu, auquel il donnerait une petite chapelle pour le dédommager de cette cure, qui ne valait pas 50 écus, mais à condition qu'il recevrait dans sa paroisse trois prêtres (MM. Boury, Lecerf et Arthaud) qui le serviraient, vivant en commun, en qualité de vicaires. M. Dahuillé consentit à cette proposition et prit possession de la cure de Saint-Jacques en 1659; et M. l'abbé de Vaux donna le petit bénéfice qu'il avait promis à M. Emeriau. Nos trois prêtres vinrent tout aussitôt s'y établir et demeurèrent d'abord chez M. Maugin, excellent curé de Saint-Nicolas, qui les reçut en attendant qu'ils eussent une maison. Le zèle de M. Dahuillé ne s'ajusta pas longtemps avec celui de nos trois missionnaires; comme il était jeune, vif et plein de feu, il voulait tout faire et ne convenait pas avec eux. Ils furent obligés d'en porter leurs plaintes à Monseigneur, qui ayant ouï dire que M. Garnier, curé de Saint-Michel-de-Feins, désirait ardemment qu'il y eût un séminaire établi à Angers pour l'instruction des ordinands, dit en plaisantant: Que n'y vient-il lui-même? Cette parole ne tomba pas à terre. Nos Messieurs, connaissant son mérite et son zèle pour la perfection de l'état ecclésiastique, lui firent proposer de permuter la cure de Saint-Michel-de-Feins avec celle de Saint-Jacques, où M. Dahuillé commençait à s'ennuyer, parce qu'il avait des vicaires trop zélés. Cette proposition, qui n'aurait pas manqué d'être rebutée par un homme intéressé, fut acceptée avec joie par M. Garnier, qui permuta volontiers sa cure de Saint-Michel-de-Feins valant au moins 600 livres,

avec celle de Saint-Jacques qui ne valait pas 50 écus, et se réserva seulement une pension de cent livres, laquelle ne lui ayant point été payée pendant trente ans, il en envoya une quittance de mille écus à M. Dahuillé en 1695, dans une grande maladie qu'il eut, dont il pensa mourir. A peine ces Messieurs furent-ils dans ce faubourg qu'ils y travaillèrent avec M. Garnier au règlement de la paroisse. Un d'eux se chargea de faire l'école gratuitement aux enfants du faubourg et même de toute la ville qui y voulaient venir; un autre faisait les prônes et les instructions et administrait les sacrements avec beaucoup de fruits, de sorte qu'en peu de temps la paroisse de SaintJacques changea de face; les vices furent corrigés, les sacrements fréquentés, les différends terminés, les cérémonies de l'église pratiquées avec édification. Tout le monde admirait le zèle et le désintéressement de ces trois prêtres, dont il y avait longtemps qu'on n'avait eu d'exemple pareil dans la province. Monseigneur d'Angers même en fut charmé, et voyant qu'ils ne se rebutaient point des difficultés qui se présentaient, qu'ils persévéraient toujours dans leur premier dessein, de son propre mouvement il leur proposa la conduite de son séminaire et leur demanda s'ils voudraient se charger de l'instruction des ecclésiastiques de son diocèse avant l'ordination. Monseigneur ayant eu leur consentement, leur donna un acte par lequel il les nommait pour être directeurs de son séminaire. Ces Messieurs pensèrent à chercher une maison dans le faubourg Saint-Jacques, qui fût commode à leur dessein. Ils n'en trouvèrent point d'autre qu'un grand corps de logis qui servait d'hôtellerie, nommé le Sauvage, où il y avait des cours et des jardins et d'assez grands espaces. Ils en passèrent le contrat le 8 juillet de l'année 1659. » Cette maison porte aujourd'hui le n° 33 de la rue Saint-Jacques. Grandet nous apprend encore que les directeurs du Séminaire Saint-Jacques firent cesser un grand abus dans cette paroisse, quelques années après leur établissement : « Il y avait à Angers, depuis plusieurs siècles, une confrérie célèbre de tous les pèlerins du diocèse et de la ville qui avaient fait le voyage de SaintJacques en Galice, érigée dans l'église des Cordeliers, et une procession fameuse qui partait tous les ans le 25 juillet, fête de Saint Jacques le Majeur, de l'église de ces Pères pour venir en celle de Saint-Jacques, où les principales actions de la vie et de la passion du Sauveur étaient représentées; entre autres, l'enfant Jésus à l'âge de 12 ans allant au temple; Jésus à l'âge de 33 ans portant sa croix au calvaire, avec un homme représentant Simon le Cyrénéen qui l'aidait à la traîner; les trois Maries,

la Véronique, Sainte Madeleine, saint Michel archange avec des ailes de plumes de paon attachées à ses épaules; les 12 apôtres, tous revêtus d'aubes blanches, en chapes, qu'ils tenaient retroussées pardessus les bras, avec de longues barbes collées au menton, tenant chacun l'instrument de leur martyre à la main; la Sainte Vierge tenant un enfant entre ses bras, à laquelle on donnait le bal et un bouquet le soir dans la poissonnerie. Ce qu'il y avait de plus pitoyable, c'est que ces apôtres étaient obligés de communier à la messe, et au sortir de la sainte table ils s'en allaient au cabaret faire la débauche et s'enivraient. Il arriva même un jour que celui qui faisait le personnage de Jésus-Christ nommé Chemin, boulanger de la paroisse Sainte-Croix, eut un différend avec celui qui représentait saint Pierre. Ils se battirent. Chemin tomba dans une cave, se cassa une jambe et en demeura boiteux toute sa vie; et on disait que saint Pierre avait battu Jésus-Christ. Des plaisants firent aussi une gageure avec ceux qui représentaient les apôtres, qu'ils les feraient danser à la procession. En effet, ils semèrent de la graine d'épinard par les rues où ils devaient passer, et comme ces apôtres prétendus allaient pieds nus, ils se piquaient en marchant et faisaient des sauts et des postures ridicules. Quelques années auparavant, il s'y passait encore de plus grands désordres, car il y avait des chariots pleins de démons, avec des figures affreuses, représentant l'état des damnés par des cris et des hurlements épouvantables et par des feux artificiels qui sortaient de ces chariots, qui semblaient les brûler; ces libertins, à qui le personnage de démons convenait assez bien, faisaient même de terribles insultes par les rues à des filles de piété. La, coutume de donner ces spectables au public, était si solidement établie que le droit de faire ces sortes de personnages était comme une espèce d'héritage qui passait des pères aux enfants, en sorte qu'on a trouvé chez Garnier, notaire, un testament fort ancien par lequel un père dit qu'il donne à son fils aîné son apótrage et qu'il réserve la pièce de pain bénit pour le cadet. Quoiqu'une partie de ces choses aient pu être saintement établies dans des siècles où la simplicité des peuples n'en abusait pas, on peut dire que dans le nôtre les spectacles de la piété de nos pères ont dégénéré en spectacles de l'impiété de leurs enfants. On ne s'entretenait dans la ville et la province, au grand scandale et au mépris de notre sainte religion, que de mille bouffonneries et de cent accidents ridicules qui étaient arrivés, à ce qu'on disait, à Jésus-Christ et aux apôtres de Saint-Jacques. MM. du Séminaire virent les premières années qu'ils furent dans le fau

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bourg Saint-Jacques, avec grande douleur, toutes ces mascarades spirituelles passer devant leurs yeux, mais enfin, le mal étant venu à son comble, ils en portèrent leurs plaintes à Monseigneur et le prièrent d'en être lui-même témoin. Il vint donc, un jour de Saint-Jacques, dire la messe dans l'église, et comme il était encore à l'autel, la procession arriva. Il se fit un tel bruit et une telle confusion que le prélat en fut fort incommodé et très fort scandalisé, de sorte qu'il fit publier une Ordonnance pour l'année suivante, dans laquelle il défendit qu'on représentât à l'avenir à cette procession aucune chose de nos mystères, ni qu'on jouât le personnage de Jésus-Christ et des apôtres, sous peine d'excommunication, et menaça même d'interdire la procession, si on ne s'abstenait de ces sortes de spectacles. Ce désordre cessa par là, l'année suivante, et la procession a continué depuis sans aucune représentation, avec beaucoup d'ordre et de modestie, le jour de Saint Jacques. »

Joseph Grandet nous raconte enfin une visite que le grand Arnauld, frère aîné de l'évêque d'Angers, fit, dans l'été de 1671, à la communauté de la rue Saint-Jacques, pendant son séjour en Anjou « M. Arnauld étant un jour allé à l'abbaye de Saint-Nicolas, passa par le Séminaire de Saint-Jacques pour en voir la maison et les directeurs; mais il n'y trouva personne que M. Jouin, M. Maillard étant allé à Bourbon et MM. Legendre et Lecerf à Paris, et d'ailleurs c'était le temps des vacances. M. Jouin voyant le cocher, les laquais et les livrées de Monseigneur à la porte, crut que c'était le prélat, n'étant point d'ailleurs prévenu que M. Arnauld dût venir au séminaire. Il se prosterna à genoux dans la rue pour demander sa bénédiction; mais voyant qu'il s'était mépris, il lui en fit excuse; ensuite il le mena par toute la maison. Un certain abbé qui l'accompagnait, empoisonna cette réception de M. Arnauld au séminaire, en disant que tout le monde s'était enfui de peur de le voir, et fit entendre à Monseigneur d'Angers qu'on l'avait traité comme un pestiféré et que l'ecclésiastique qui le conduisait lui avait dit : Monsieur, voilà le réfectoire, voilà le dortoir, et enfin, Monsieur, voilà la porte, en le mettant dehors; de sorte que, plus de dix ans après, Monseigneur d'Angers se plaignait à tout le monde que son frère avait été reçu comme Calvin à son séminaire, et il oubliait toujours ce qu'on lui pouvait dire au contraire. >>

Jusqu'en 1673, les directeurs du Séminaire continuèrent d'administrer les sacrements dans la paroisse et de faire l'école paroissiale. A cette époque, ils quittèrent Saint-Jacques pour aller

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