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ici dans le Coutumier, afin qu'elles puissent servir désormais à fixer la police régulière de la Maison. Le Coutumier ne sera donc qu'un commentaire pratique de la règle.

«La règle qu'on suit dans cette Maison, est celle de saint Benoist, telle qu'elle a été observée depuis plusieurs siècles dans l'abbaye de Sainte-Croix de Poitiers. Les premières fondatrices de la Fidélité avaient été tirées de Sainte-Croix ; elles en apportèrent les règles, et on s'en est servi depuis la fondation, qui fut faite l'an 1618, homologuée par Guillaume Fouquet de la Varenne, évêque d'Angers, en la même année. Le Monastère fut transféré à Saumur en 1626.

« Le monastère de Sainte-Croix fut fondé par sainte Radegonde. De cette sorte, les religieuses de la Fidélité, sortant originairement de Poitiers, doivent regarder cette sainte comme leur première mère. La règle qui fut observée d'abord à Poitiers, fut celle de saint Césaire, évêque d'Arles, mais dans la suite du temps le monastère de Sainte-Croix prit la règle de saint Benoist >>.

La première partie du Coutumier comprend 19 chapitres : Motifs pour bien pratiquer la règle ; nécessité d'observer la règle et les coutumes; c'est à l'évêque d'Angers d'interpréter la règle et d'y faire des changements; ordonnance de Mr l'évêque du 30 septembre 1704; explication de plusieurs endroits obscurs de la règle; les confesseurs ; la prieure ; devoirs de la prieure ; la sous-prieure ; les discrètes; ordre des rangs qu'on doit garder; la prieure doit prendre l'avis des sœurs; formule des vœux de religion; les vœux; le silence; distribution du temps de la journée; les retraites ; plusieurs bonnes coutumes; les conversations. La seconde partie est composée de 28 chapitres Accepter les obédiences; la cellérière; la dépositaire; la boursière; la portière; la tourière; la mère du commun; la sacristaine; la maîtresse des novices; l'infirmière ; l'apothicaire; la maîtresse des pensionnaires; les écoutes et les parloirs; la bibliothécaire; la sœur qui conduit les ouvriers; la jardinière; la cavière; la panetière; la réfectorière; la circuitrice; la mère du commun pour la chaussure; les aides ; les sœurs converses; obědiences des sœurs converses; propreté de la maison; avis généraux, etc.

Le 18 juillet 1704, les religieuses de la Fidélité de Saumur mandaient à l'évêque d'Angers : « Nous communions tous les dimanches et tous les jeudis de l'année, toutes les fêtes commandées, toutes celles des saints apôtres, des saints princi

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paux dont on fait l'office, et plusieurs autres jours de dévotion. Nous n'allons jamais au parloir sans permission de notre Révérende Mère prieure et sans être accompagnées d'une sœur écoutante. Nous ne levons jamais le voile que devant NN. SS. les évêques, MM. nos supérieurs, nos confesseurs, le R. P. général de l'Oratoire, lui devant cet honneur à cause de son rang et des obligations que nous avons à sa congrégation, dont les pères nous conduisent gratis depuis plus de 60 ans. Nous levons aussi le voile devant nos fondateurs et les personnes de leur suite, etc. »

Nous continuons de citer le Coutumier :

<< La prieure tient la place de l'abbesse dont la règle parle ; la sous-prieure, celle de la prieure du cloître. La sous-prieure doit avoir sa cellule dans un des dortoirs, et la mère prieure dans l'autre, afin de veiller sur ce qui s'y passe. La sousprieure fera tous les jours la visite aux dortoirs et autres endroits de la maison, pour voir si toutes les sœurs sont rendues à leurs chambres. L'office de la sous-prieure n'est qu'annuel, comme les autres.

« Les six discrètes sont la cellérière, la dépositaire, la boursière, l'apothicaire et deux autres sœurs qui doivent être nommées par la Mère prieure, comme les autres officières, au temps qu'on fait la distribution des offices (le premier lundi de carême). Elles sont destinées à être comme le conseil de la Prieure.

« On prononce la formule de la profession dans les mêmes. termes qu'elle se trouve dans la règle, à quelques mots près, qui ne sont plus d'usage. On ne nomme point sainte Radegonde Je, sœur N., voue et promets à Dieu tout-puissant, à la Bienheureuse Vierge Marie, aux apôtres saint Pierre et saint Paul, à notre bienheureur père saint Benoist et à tous les saints, stabilité sous la clôture, conversion de mes mœurs, chasteté, pauvreté et obéissance, selon la règle de notre père saint Benoist, en votre présence, ma Révérende Mère N., prieure de ce monastère de Notre-Dame de la Fidelité de Saumur.

« On se lève à deux heures pour matines. On se recouche après laudes qui se disent après matines. On se relève à 5 h. 1/2. A 6 heures, on va au choeur pour prime. Après prime, la méditation. Après la méditation, la messe. Après la messe, on va à ses obédiences. A 9 heures, la lecture qui doit durer un quart d'heure. A 9 h. 1/2, on retourne au chœur pour dire tierce et sexte. Les offices finis, on va au réfec

toire. Après les grâces, la récréation. A midi, on dit none. On monte ensuite dans sa chambre. A 1 heure, une lecture d'un quart d'heure. Après la lecture, on travaille jusqu'à trois heures. Vêpres à trois heures. Après vêpres, on fait une demi-heure d'oraison. A 4 h. 1/2, le souper. Après le souper, la conversation. Complies à 6 heures. Après complies, les sœurs doivent monter au dortoir, afin d'être couchées avant huit heures.

« Le jeudi-saint, on donne à dîner à 13 pauvres, ainsi que le dimanche de la Sainte Trinité. Tous les dimanches on donne un pain avec un dîner comme pour trois pauvres, en l'honneur de la Sainte Trinité. Tous les jours, depuis Noël jusqu'à la Purification, on donne un dîner à un petit enfant, en l'honneur de la sainte enfance de Jésus.

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« Les obediences des converses sont la cuisine, la boulangerie, la lessive, la cordonnerie, la couture, l'infirmerie et les autres différents travaux. Les sœurs converses sont sous la dépendance de la soeur cellérière; elles doivent être à l'égard de leur cellérière ce que les sœurs de chœur sont à celui de la mère prieure ; elles ne s'approcheront point des sacrements sans sa permission. Elles seront exactes à se coucher à huit heures et à se lever à quatre.

« La Vie de la Révérende Mère Madeleine Gautron se lira au réfectoire dès le lendemain du premier jour de l'an, afin de la finir vers le jour de sa mort, qui fut le 29 janvier 1675. On lira ensuite le Cérémonial de cette maison, approuvé par Mr Michel Le Pelletier, évêque d'Angers, le 14 janvier 1705. Le lundi de la semaine de la sexagésime, on commencera à lire le Coutumier, afin qu'il puisse être lu, tout ou en partie, le premier lundi de carême, jour où on fait la distribution des obédiences >>.

On sait qu'en 1747, la Fidélité de Saumur fut supprimée, et les religieuses transférées pour la plupart à la Fidélité d'Angers. Louis XV et Mer de Vaugirault, évêque d'Angers, furent obligés d'en venir à cette extrémité, à cause des erreurs jansénistes devenues indéracinables dans ce Port-Royal Saumurois.

M. Le Noir de La Cochetière, vicaire général d'Angers (1755-1828)

Le 14 mai 1754, avait lieu à La Flèche, le mariage de Jacques-Michel Le Noir, seigneur de la Cochetière, fils du bailli du comté du Lude, avec Catherine-Germaine Riou. Le jeune ménage alla demeurer au Lude, où naquit, le 17 juin 1755, François-Jacques-Modeste Lo Noir de la Cochetière, futur vicaire général d'Angers.

Il était déjà docteur en théologie quand le 11 novembre 1780 il devint chanoine d'Angers. En 1783, M de Lorry lui donna des lettres de vicaire général. Il demeurait à la cité.

En 1786-1787, il fit un voyage en Italie, comme nous l'apprend la note suivante insérée au registre paroissial de Lesvière « Le 30 juin 1787, le sieur Etienne-Pierre Bassereau, docteur en théologie et curé de Lesvières, est arrivé à Angers, de retour d'un voyage qu'il a fait à Rome avec M. l'abbé Le Noir, chanoine de la cathédrale et grand vicaire du diocèse. Il était parti le dimanche 24 septembre 1786 t est arrivé à Angers le 30 juin 1787, après neuf mois et dix jours d'absence, et après avoir parcouru toute l'Italie ». M. Le Noir rédigea le récit de son voyage formant un volume in-folio manuscrit avec dessins, qui n'a pas été conservé.

M. Le Noir refusa de faire le serment à la constitution civile du clergé et partit pour Paris à la fin de 1791.

Depuis le 22 décembre 1791 jusqu'au 27 janvier 1792, il résida à l'hôtel de Saxe. A partir de ce jour, il demeura à l'hôtel d'Aussin, rue de Seine, section des Quatre-Nations. A la date du 14 août 1792, la section des Quatre-Nations délivra à M. Le Noir un certificat attestant qu'il habitait Paris depuis plus de six mois.

Au moment des massacres de septembre, il quitta la capitale et se réfugia à l'étranger. Les Archives du Vatican nous apprennent qu'il se réfugia à Bologne, en Italie, en compagnie de M. Boulay, curé de Chigné.

On sait que, le 24 août 1797, le Directoire vota l'abrogation des lois portées contre les prêtres insermentés et substitua aux anciens serments la formule anodine : « Je promets d'être soumis au gouvernement de la République Française ». En vertu de cette loi, M. Le Noir rentra en France. Mais le coup d'Etat du 18 fructidor (4 septembre 1797) engloba les prêtres

avec les émigrés et les royalistes dans une persécution qui dura jusqu'à la fin du Directoire. Dès le 5 septembre, les mesures les plus sévères étaient édictées et à la loi pacificatrice du 24 août on substituait cette disposition: « Le Directoire est investi du pouvoir de déporter, par arrêtés individuels motivés, les prêtres qui troubleront la tranquillité publique ». Enfin on inventa un nouveau serment ainsi conçu: « Je déclare et jure haine à la royauté et à l'anarchie ». Tous les prêtres sans exception devaient le prêter. La sanction c'était la déportation à la Guyane, remplacée par l'internement dans les pontons, quand le blocus de nos côtes empêcha la communication avec l'Amérique.

Après le 18 fructidor, M. Le Noir adressa à l'administration centrale de Maine-et-Loire une pétition dont voici le résumé : « En principe, je n'étais point sujet à la déportation lorsque je m'y soumis, n'étant plus fonctionnaire public à l'époque de la loi du 26 août 1792, d'où je conclus que je ne suis pas dans un cas moins favorable que les prêtres qui, sans avoir jamais fait aucun serment, n'en ont pas moins continué à rester sur le territoire de la République. La loi ne voyant de prêtre que celui qui exerce, je ne puis être considéré comme tel à ses yeux, puisque je n'en remplis point les fonctions. Au surplus, je déclare me soumettre aux lois de la République ». Les administrateurs angevins décidèrent, dans leur séance du 13 septembre 1797, que la pétition serait envoyée au Ministre de la Police, avec des observations à l'appui du pétitionnaire. Mais dès le lendemain, M. Le Noir, qui était bien décidé à refuser le serment de haine à la royauté, demandait à la municipalité d'Angers un passeport pour l'étranger, conformément à la loi du 5 septembre (L. 183).

Cette fois, le proscrit se retira en Allemagne. Le 20 juillet 1799, il écrivait, d'Hambourg, à ses sœurs qui habitaient la cité à Angers (l'une d'elles avait été emprisonnée à Chartres pendant la Terreur), qu'il n'était pas malheureux dans cette ville sa lettre fut saisie à la poste, au bureau d'Angers. Le 9 février 1801, fut signée la paix de Lunéville. M. Meilloc, vicaire général d'Angers, demanda au clergé de chanter un Te Deum en actions de grâces de ce grand événement. La lettre était à peine distribuée, que, par ordre du Ministre de la Police, M. Meilloc fut emprisonné pour avoir donné des instructions à un prêtre au sujet des acquéreurs de biens nationaux, question brûlante entre toutes à cette époque (début d'avril 1801). Le 8 avril, M. Le Noir écrivait au préfet : « Le

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