Littérature contemporaine

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J. Vermot, 1856 - 408 pages
 

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Page 93 - L'homme n'est qu'un roseau le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser. Une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt; et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien.
Page 50 - L'épi naissant mûrit de la faux respecté; Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été Boit les doux présents de l'aurore; Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui, Quoi que l'heure présente ait de trouble et d'ennui, Je ne veux point mourir encore.
Page 55 - Ainsi le grand vieillard, en images hardies, Déployait le tissu des saintes mélodies. Les trois enfants, émus à son auguste aspect, Admiraient, d'un regard de joie et de respect, De sa bouche abonder les paroles divines, Comme en hiver la neige aux sommets des collines. Et partout accourus, dansant sur son chemin, Hommes, femmes, enfants, les rameaux à la main, Et vierges et guerriers, jeunes fleurs de la ville...
Page 49 - C'est au monstre égorgé qu'on prépare une fête Parmi ses compagnons, tous dignes de son sort. Oh! quel noble dédain fit sourire ta bouche, Quand un brigand, vengeur de ce brigand farouche, Crut te faire pâlir aux menaces de mort...
Page 53 - Car jadis, abordant à la sainte Délos, Je vis près d'Apollon, à son autel de pierre, Un palmier, don du ciel, merveille de la terre. Vous croîtrez comme lui, grands, féconds, révérés, Puisque les malheureux sont par vous honorés.
Page 50 - D'un peuple abject, servile et fécond en outrage, Et qui se croit encore et libre et souverain. La vertu seule est libre. Honneur de notre histoire , Notre immortel opprobre y vit avec ta gloire ; Seule, tu fus un homme, et vengeas les humains ! Et nous, eunuques vils, troupeau lâche et sans âme. Nous savons répéter quelques plaintes de femme , Mais le fer pèserait à nos débiles mains.
Page 51 - J'ai passé les premiers à peine. Au banquet de la vie à peine commencé, Un instant seulement mes lèvres ont pressé La coupe en mes mains encor pleine. Je ne suis qu'au printemps. Je veux voir la moisson, Et comme le soleil, de saison en saison, Je veux achever mon année. Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin, Je n'ai vu luire encor que les feux du matin ; Je veux achever ma journée.
Page 92 - Juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai , amas d'incertitude , gloire et rebut de l'univers : s'il se vante, je l'abaisse ; s'il s'abaisse, je le vante; et le contredis toujours , jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il est un monstre incompréhensible.
Page 54 - Syros, deux fois hospitalière! Car sur ses bords heureux je suis déjà venu, Amis, je la connais. Vos pères m'ont connu : Ils croissaient comme vous ; mes yeux s'ouvraient encore Au soleil, au printemps, aux rosés de l'aurore; J'étais jeune et vaillant.
Page 51 - Mon beau voyage encore est si loin de sa fin ! Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin J'ai passé les premiers à peine. Au banquet de la vie à peine commencé, Un instant seulement mes lèvres ont pressé La coupe en mes mains encor pleine.

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