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A compter d'aujourd'hui, de ce moment funeste,
Je vous laisse au Marquis que mon ame déteste.
Il sera bien heureux s'il peut vous enflammer:
Pour moi, je vais chercher un cœur qui sache aimer.

SCENE III.

ROSALIE.

Que son sort est cruel! Du moins il peut s'en plaindre;
Et moi, par le devoir réduite à me contraindre,
Je ne puis recevoir aucun soulagement.
Voilà donc où conduit un tendre engagement!
Nous aurions dû prévoir tant de sujets de larmes.
Dans les commencemens d'un amour plein de charmes
Que l'esprit et le cœur sont frappés foiblement
D'un malheur qui n'est vu que dans l'éloignement!
Enfin mon choix est fait: il faut que je l'annonce;
Ma mere impatiente attend une réponse...

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THÉODON.

Eh bien! parjurez-vous; c'est le droit des amans.
Il me faut à la fois sa présence et la vôtre.

Eh! pour l'amour de moi souffrez-vous l'un et l'autre.

DARVIANE.

Ce sera malgré moi, puisque vous m'y forcez.

ROSALIE.

Ce sera par respect, puisque vous m'en pressez.

THÉODON.'

Je vous suis obligé : la complaisance est rare.
Les amans sont entre eux un peuple bien bizarre...
Pardonnez; j'oubliois que je suis devant vous.

ROSALIE.

Je vous les abandonne; ils extravaguent tous.
THEODON.

Vous vous rendez justice. En tout cas, il me semble
Qu'on devroit en s'aimant un peu mieux vivre ensemble.

DARVIAN É.

Sans doute. Est-ce ma faute? et peut-on me blâmer?
Je ne sais qu'adorer; c'est ma façon d'aimer :
Mais où trouver un cœur capable d'y répondre?
Le choix que j'avois fait a de quoi me confondre.
THÉODON, à Rosalie.

Ne répliquez-vous rien?

DARVIANE.

J'ose l'en défier.

ROSALIE.

Moi, monsieur, je n'ai point à me justifier.

A compter d'aujourd'hui, de ce moment funeste,
Je vous laisse au Marquis que mon ame déteste.
Il sera bien heureux s'il peut vous enflammer:
Pour moi, je vais chercher un coeur qui sache aimer.

SCENE III.

ROSALIE.

Que son sort est cruel! Du moins il peut s'en plaindre;
Et moi, par le devoir réduite à me contraindre,
Je ne puis recevoir aucun soulagement.

Voilà donc où conduit un tendre engagement!
Nous aurions dû prévoir tant de sujets de larmes.
Dans les commencemens d'un amour plein de charmes,
Que l'esprit et le coeur sont frappés foiblement
D'un malheur qui n'est vu que dans l'éloignement !
Enfin mon choix est fait: il faut que je l'annonce;
Ma mere impatiente attend une réponse...

SCENE IV.

THEODON, DARVIANE, ROSALIE.

THÉODON, en ramenant Darviane.

Rentrez donc.

DARVIANE.

Non, monsieur, j'ai fait trop de sermens.

THÉODON.

Eh bien! parjurez-vous; c'est le droit des amans.
Il me faut à la fois sa présence et la vôtre.

Eh! pour l'amour de moi souffrez-vous l'un et l'autre.

DARVIANE.

Ce sera malgré moi, puisque vous m'y forcez.

ROSALIE.

Ce sera par respect, puisque vous m'en pressez.

THÉODON.

Je vous suis obligé : la complaisance est rare.
Les amans sont entre eux un peuple bien bizarre...
Pardonnez ; j'oubliois que je suis devant vous.

ROSALIE.

Je vous les abandonne; ils extravaguent tous.

THÉODON.

Vous vous rendez justice. En tout cas, il me semble Qu'on devroit en s'aimant un peu mieux vivre ensemble.

DARVIANÉ.

Sans doute. Est-ce ma faute? et peut-on me blâmer?
Je ne sais qu'adorer; c'est ma façon d'aimer :
Mais où trouver un cœur capable d'y répondre?
Le choix que j'avois fait a de quoi me confondre.
THÉODON, à Rosalie.

Ne répliquez-vous rien?

DARVIANE.

J'ose l'en défier.

ROSALIE.

Moi, monsieur, je n'ai point à me justifier.

THÉODON.

C'est la regle entre amans; l'un se plaint, l'autre nie: La querelle s'embrouille, et devient infinie.

ROSALIE, à Théodon.

Pourquoi dans ce procès vouloir m'embarrasser? (en montrant Darviane.)

Ce doit être à monsieur qu'il faut vous adresser. THÉODON, à Darviane.

On me renvoie à vous.

DARVIANE.

Non, non, qu'elle poursuive.

J'ai bien pris mon parti. Si jamais il m'arrive D'avoir le moindre amour, je veux bien en mourir. THEODON, à Rosalie.

3

Vous en dites autant? Et, sans plus discourir,
Je vois bien qu'entre vous l'affaire est décidée.
J'en suis fâché pourtant ; j'avois eu quelque idée.

Eh! qui?... vous?

DARVIANE..

THÉODON.

Il n'est plus besoin de l'expliquer.

DARVIANE.

Ah! vous pouvez toujours nous la communiquer.

THÉODON.

Ma foi, sur l'apparence est bien fou qui se fonde. Oui, j'aurois parié, mais toute chose au monde, Que depuis très long-tems les plus tendres amours Unissoient vos deux cœurs.

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