Tous ces amusemens imprévus et nouveaux, On s'enrichit du bien qu'on fait à ce qu'on aime. DAMON. Mais tu dois lui causer un embarras extrême. DURVAL. Oui, je viens de jouir de toute sa vertu. J'ai vu le trouble affreux dont son ame est atteinte; Un préjugé fatal au bonheur des époux DAMON. Comment! du ridicule ! Et quelle en est la cause? Quoi! d'aimer sa femme? DURVAL. Oui le point est délicat: Pour plus d'une raison je ne veux point d'éclat; Je n'ai déja donné sur moi que trop de prise... Ce raccommodement devient une entreprise... Un congé pour passer deux mois dans ce séjour, Damon, voilà pourquoi Constance est du voyage. Tu les connois, ce sont d'assez mauvais railleurs; Que celle d'un mari de sa femme entêté, Qui n'a des yeux, des soins, des égards que pour elle, Tout bien examiné, vous verrez qu'un mari DURVAL. Tu ris! Suis-je venu pour mettre la réforme? Le serment de s'aimer n'est donc que pour la forme? Dis-moi, trahirois-tu tout autre engagement? Mais une femme n'a pour soutenir ses droits Ah! DURVAL. Je suis désespéré; mais je cede à l'usage. DAMON, vivement. Oui, lorsqu'il ne s'agit Que d'un goût passager, d'un meuble ou d'un habit : Mais la vertu n'est point sujette à ses caprices; La mode n'a point droit de nous donner des vices, Ou de légitimer le crime au fond des cœurs. Il suffit qu'un usage intéresse les mœurs Pour qu'on ne doive plus en être la victime; L'exemple ne peut pas autoriser un crime. DURVAL. Mais enfin je me sens assez fort en effet DAMON. Mais voilà le parti d'un vrai désespéré. DURVAL. Et c'est pourtant le seul que j'aurois préféré. DAMON. On en trouve toujours de toutes les especes, DURVAL. Tu ne le connois pas ce sexe impérieux : DAMON. Ce reproche convient à l'un tout comme à l'autre. DURVAL. Constance aura de plus à punir mes parjures, A craindre une rechûte, un nouvel abandon; Ah! c'en est trop, il faut suivre ma destinée, DAMON, en l'embrassant. Ah! cher ami, reçois le prix de ta vertu. Quelle méprise! DURVAL. Que dis-tu ? |