Or, comme je la vois, de bonne qu'elle étoit, N'avoir qu'un ton méchant, ton qu'elle détestoit, Je conclus que Cléon est assez bien chez elle. Autre conclusion tout aussi naturelle: Elle en prendra conseil; vous en croirez le sien Ah! je voudrois le voir! Corbleu! tu vas connoître Un projet dont ma sœur paroissoit s'ennuyer, LISETTE. Non, mais à la sourdine, Voilà comme il parloit, et tout cela décide. Du mal qu'il ne fait point, par le mal qu'il fait faire. Enfin, à me prêcher vous perdez votre temps: Moi! je ne suis pas bon. Et c'est une sottise LISETTE. Oui, bonté c'est bêtise, Selon ce beau docteur : mais vous en reviendrez. En attendant, en vain vous vous en défendrez, Vous n'êtes pas méchant, et vous ne pouvez l'être. Quelquefois, je le sais, vous voulez le paroître; Vous êtes, comme un autre, emporté, violent, Et vous vous fâchez même assez honnêtement: Mais au fond la bonté fait votre caractère, Vous aimez qu'on vous aime, et je vous en révère. GÉRONTE. Ma sœur vient: tu vas voir si j'ai tant de douceur, Et si je suis si bon. LISETTE. Voyons. SCÈNE III. GÉRONTE, FLORISE, LISETTE. GÉRONTE, d'un ton brusque. BONJOUR, ma sœur. FLORISE. Ah! dieux! parlez plus bas, mon frère, je vous prie. GÉRONTE. Eh! pourquoi, s'il vous plaît ? FLORISE. Je suis anéantie: Je n'ai pas fermé l'œil; et vous criez si fort... GÉRONTE, bas, à Lisette. Si l'on peut voir Cléon... Faut-il que je répète ? Je ne sais ce que j'ai, tout m'excède aujourd'hui: Aussi c'est vous... hier... GÉRONTE. Quoi donc? FLORISE. Oui, tout l'ennui Que vous m'avez causé sur ce beau mariage GÉRONTE. Mais, ma sœur, ce parti... FLORISE. Finissons là, de grâce : Allez-vous m'en parler? je vous cède la place. GÉRONTE. Un moment: je ne veux... FLORIS E. Tenez, j'ai de l'humeur, Et je vous répondrois peut-être avec aigreur. La mère de Valère est maussade, ennuyeuse, C'est une femme simple et sans prétentions, FLORIS E. La belle emplette encore Que ce Valère ! un fat qui s'aime et qui s'adore. L'agrément de cet âge en couvre les défauts: : FLORISE. Non il peut rester fat; n'en voit-on pas sans cesse GÉRONTE. Laissons cela. Cléon sera donc notre arbitre. FLORISE. Ah! vous savez trop bien tous vos droits sur mon cœur. C'est, je vous l'avoûrai, le plus plat honnête honime... THE MAR 18 19.5 |