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surtout du rattachage nécessité par la rupture des fils, se faisant à chaque instant (rupture qui se fait surtout dans la boîte), font que les ouvriers ont toujours les mains mouillées par l'eau des boîtes. Leurs mains sont constamment enduites d'une eau visqueuse chargée des impuretés dont le fil s'est débarrassé dans la boite; elles sont couvertes d'une sorte de couche mucilagineuse ou gommeuse.

D'autre part, ces dermites sont plus fréquentes dans les filatures où l'eau des boîtes est plus rarement renouvelée et par conséquent plus chargée d'impuretés provenant du lin, impuretés qui fermentent et s'altèrent plus ou moins.

Cette dernière se rapproche donc, à certains égards, de la dermite étudiée sous le nom de mal de bassines, de mal de vers chez les tireuses et dévideuses de cocons de vers à soie, par Poton (Lyon, 1852), puis par Duffours et Melchiori, de Novi (Ligurie). Elle en diffère par sa pathogénie professionnelle spéciale, par son siège palmaire (le mal de vers siège à la face dorsale de la main), par son aspect d'eczéma lychénoïde et corné (le mal des vers est une dermite vésico-pustuleuse très inflammatoire et même phlegmoneuse).

VARIÉTÉS

CONSEILS SANITAIRES ALGÉRIENS.

Par un décret en date du 19 octobre 1885, l'article 4 du décret du 26 janvier 1882 est abrogé et, conformément aux dispositions de l'article 100 du décret du 22 février 1876, un conseil sanitaire est institué dans chacune des trois circonscriptions sanitaires de l'Algérie. Chacun de ces conseils aura son siège au chef-lieu de la direction de la santé.

ADMINISTRATION SANITAIRE. M. Pierre Legrand, avant de son départ du ministère du commerce, a tenu à témoigner du désir qu'il avait exprimé, à la suite de sa visite à Marseille lors de l'épidémie cholérique, de donner à l'Administration sanitaire une organisation complète et rationnelle; afin d'engager cette réforme devant le Parlement, il vient de confier à l'examen du conseil d'État les deux projets adoptés par le Comité consultatif d'hygiène publique, sur les rapports de notre collaborateur, M. le Dr A.-J.

Martin. L'un de ces projets, relatif aux conseils et commissions d'hygiène et de salubrité, modifie sensiblement la législation existante; ainsi les conseils d'hygiène institués dans chaque arrondissement seraient supprimés et remplacés par des commissions établies dans des circonscriptions à déterminer, et cela dans le but de donner plus d'unité aux décisions prises, qui le seront désormais par région. La durée du mandat des membres des conseils d'hygiène serait portée de 4 à 9 ans ; les membres des conseils et des commissions seraient nommés par le préfet sur les listes de présentation dressées par les conseils départementaux. Conseils et commissions disposeraient d'un budget s'appliquant aux jetons de présence, aux déplacements, aux impressions, à la bibliothèque, et alimenté en partie par l'État. Un service d'inspection de l'hygiène publique et de la salubrité serait créé et les mesures d'assainissement pourraient être prises sans délai, en cas d'urgence dûment constatée.

L'autre projet concerne la revision de la loi de 1850 sur les logements insalubres.

BANQUET OFFERT A M. PRoust. Le vendredi 6 courant, se sont réunis en un banquet, à l'hôtel Continental, un grand nombre d'élèves et d'amis de M. Proust, afin de fêter son élévation au titre de professeur d'hygiène à la Faculté de médecine de Paris. Plusieurs des collègues du nouveau professeur assistaient à cette fête, que présidait M. le professeur Béclard, ayant à sa droite M. le directeur de l'Assistance publique; M. Proust était assis entre MM. les professeurs Brouardel et Duplay; les tables étaient occupées par des agrégés de la Faculté, des médecins et internes des hôpitaux et un certain nombre de membres du Comité consultatif d'hygiène, et des Sociétés de médecine publique et d'anthropologie, que présida M. Proust dans ces dernières années.

Par une innovation dont les avantages contre-balancent les inconvénients, les toasts ont été prononcés avant de servir le potage. M. Béclard a tout d'abord souhaité la bienvenue au nouveau professeur, au nom de la Faculté; après avoir évoqué le souvenir de son vénérable prédécesseur, M. Bouchardat, et de son regretté maitre, M. Fauvel, il a en quelque sorte esquissé le programme que les qualités personnelles de M. Proust permettent de lui voir remplir pour répondre aux préoccupations, si importantes aujourd'hui et de plus en plus généralisées, en faveur de l'hygiène publique.

Après un hommage de M. Peyron au médecin des hôpitaux, des souhaits adressés à l'ami par M. Brouardel et des félicitations au maître exprimées par MM. de Beurmann et Florand, M. Proust s'est levé et, en proie à une visible émotion, a remercié les con

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vives de leurs témoignages de sympathie : « La science que je suis chargé d'enseigner jouit en ce moment d'une extrême faveur; c'est la science maîtresse; elle possède le talisman, c'est-à-dire ce pouvoir merveilleux qui fait réussir tout ce que l'on entreprend. C'est à elle que les chirurgiens doivent de ne presque plus avoir d'infection purulente; c'est à elle que les accoucheurs doivent d'avoir presque supprimé la fièvre puerpérale; c'est en vue de la prophylaxie que notre illustre Pasteur vient de faire cette découverte mémorable dont le monde entier s'occupe en ce moment. Voyez également ce qui se passe du côté des différentes chaires de la Faculté. L'anatomie pathologique change son point de vue; elle laisse loin derrière elle les enseignements de Laënnec; la recherche des altérations des aliments anatomiques, le perfectionnement de sa technique ne lui suffisant plus, elle cherche une orientation nouvelle vers le progrès du côté de la bactériologie. La pathologie générale, avec son enseignement si plein de points de vue nouveaux et de recherches originales, que prend-elle pour base? des notions étiologiques et hygiéniques. Quelles sont ses inductions et ses déductions? des inductions et des déductions hygiéniques. La pathologie infantile, que je suis charmé de voir en face de moi, elle, qui s'occupe des petits, des jeunes, peut-elle se désintéresser de l'influence pathogène des infiniment petits? Enfin la médecine légale, que j'ai à mes côtés, veut bien, lorsque le prétoire le lui permet, présider aux destinées de l'hygiène. Vous voyez donc, Messieurs, que le présent est à la prophylaxie.

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M. Proust a terminé son allocution très applaudie en buvant à l'avenir, au perfectionnement, au progrès de la prophylaxie. Sans être grand prophète, nous prédisons un grand succès à l'enseignement du nouveau professeur qui, pour rompre dès le premier jour avec la routine scolastique et pour entrer d'emblée dans l'hygiène positive, doit traiter cette année, dans son cours, de l'hygiène de Paris. Nous adressons nos félicitations et nos vœux à notre savant collaborateur et ami.

FALSIFICATION DU VIN. La Cour de cassation vient de décider que le mélange de piquette de raisins secs avec du vin le dénature et constitue une falsification tombant sous le coup de la loi du 27 mars 1851 et l'article 413 du Code pénal. Ce n'est pas là, dit l'arrêt, le coupage autorisé par les usages loyaux du commerce.

RÉPRESSION DE L'ALCOOLISME EN SUISSE. Le peuple suisse a adopté, le dimanche 25 octobre dernier, par 229,809 voix contre 157,184 et par 15 cantons contre 7, la proposition destinée à combattre les progrès de l'alcoolisme, qui lui était soumise ad referendum par le Conseil fédéral. La première partie de cette propo

sition implique une restriction de la liberté du commerce et de l'industrie, en ce sens qu'elle donne aux autorités cantonales le droit de réduire, s'il y a lieu, le nombre des débits de boissons; la seconde partie autorise la Confédération à frapper d'un impot presque prohibitif les eaux-de-vie malsaines à l'entrée en Suisse. La fabrication et la vente seraient également imposées et le produit de l'impôt réparti entre les cantons d'après leur échelle de population. Dès la mise en vigueur de la loi, les impôts indirects sur les boissons devront être supprimés; mais les cantons qui ont, d'après la constitution, jusqu'en 1890, pour cette suppression, recevront une indemnité spéciale. Il sera retenu, en outre, 10 0/0 de la recette pour favoriser la lutte contre l'alcoolisme.

L'EAU A PARIS. Un arrêté préfectoral, en date du 14 octobre dernier, approuvant une délibération antérieure du Conseil municipal, accorde des facilités encore plus grandes aux propriétaires de Paris qui voudraient augmenter la distribution de l'eau dans leurs maisons. Cet arrêté concerne à la fois la pose de conduites d'eau dans les voies privées et la réduction du minimum d'abonnement pour l'installation de colonnes montantes.

A l'avenir, l'établissement des conduites pour abonnements aux eaux de Paris dans les voies non classées pourra avoir lieu, aux frais de la Ville, sous condition que les propriétaires de ces voies, réunis en syndicat, déposeront une demande préalable, faisant mention de l'acceptation par le syndicat de la responsabilité perpétuelle des conduites, à partir du jour même de leur mise en service, sauf recours contre l'entrepreneur pendant la durée du délai de garantie; les propriétaires s'engageront à souffrir l'exécution des travaux de premier établissement et à consentir la servitude de l'existence des conduites, tant qu'il plaira à l'Administration de les y maintenir, soit pour le service public, soit pour le service privé. De plus, les abonnements souscrits individuellement par les propriétaires ou par un certain nombre d'entre eux devront représenter, par leur somme, un produit annuel au moins égal au cinquième du montant total des travaux exécutés; la première année d'abonnement sera payée d'avance.

Quant à l'installation des colonnes montantes, la Compagnie se chargera, à ses frais, en 1885 et 1886, de leur établissement, soit des colonnes ou de tous autres agencements plus économiques propres à mettre l'eau à la portée des locataires; ces travaux seront livrés gratuitement aux propriétaires, dont ils deviendront la propriété. Elle livrera de même gratuitement dans les maisons non encore alimentées : la prise d'eau, le branchement et la colonne montante ou agencement, à tout propriétaire qui en fera la demande dans la limite des crédits votés. Toutefois, les colonnes

montantes, la prise et le branchement ne seront établis dans les conditions qui viennent d'être indiquées que dans les maisons n'ayant pas d'abonnement d'eau et consentant des abonnements de 81 francs au moins ou de 16 fr. 20c. par étage, si le nombre des étages est inférieur à cinq. Dans les maisons ayant déjà un abonnement à la date du 20 mars 1880, jour de la signature du nouveau traité fait entre la Compagnie et la Ville, on n'établira les colonnes montantes gratuitement que s'il est souscrit un supplément d'abonnement de 16 fr. 20c. par étage. Seront considérés comme étages les rez-de-chaussée comprenant des appartements ou logements habités bourgeoisement.

Il faut toutefois remarquer que le nouveau règlement favorise plus particulièrement les propriétaires des maisons dans lesquelles l'eau n'avait pas encore été établie antérieurement au 20 mars 1880, c'est-à-dire les propriétaires de maisons neuves; or, les maisons où la création de colonnes montantes a le plus son utilité sont les maisons de construction ancienne. Il est facile de faire cesser cette anomalie.

INTOXICATION SATURNINE. - M. le Dr Fleury, de Saint-Étienne, vient de signaler plusieurs faits d'intoxication saturnine chez des agents télégraphistes de la Compagnie des chemins de fer ParisLyon-Méditerranée. Il en a reconnu l'origine bien certaine dans la manipulation de certaines piles et dans la formation d'un chlorure de plomb produit par le contact du chlorure d'ammonium avec la présence de plomb qui surmonte les cylindres de zinc du système Leclanché en particulier.

NOUVEAU JOURNAL D'HYGIÈNE. Un certain nombre de médecins polonais, parmi lesquels nous sommes heureux de voir notre savant collaborateur, M. le Dr Lubelski, viennent de fonder un journal spécialement consacré à l'hygiène. Ce journal porte le nom de La Zdrovie; il est publié en langue polonaise. Dès le second numéro, le Comité de rédaction a pris le parti de reproduire une traduction française du sommaire.

BULLETIN ÉPIDEMIOLOGIQUE

CHOLÉRA.

L'épidémie cholérique avait complètement cessé sur tous les points où elle s'était successivement montrée cette

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