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Dans nos inoculations pratiquées avec des produits charbonneux désinfectés avec de la vapeur à 90-80°, sur six animaux inoculés, un seul vit, les cinq autres meurent de la 30° à la 60° heure.

Dans nos inoculations pratiquées avec des produits septicémiques désinfectés par la vapeur à 90-80° pendant 2 minutes, tous les animaux en expérience sont morts, quelquesuns assez tard, premier au neuvième jour.

Dans une inoculation de produits morveux désinfectés par la vapeur à 80°, l'àne en expérience a présenté pendant sa vie et à l'autopsie les lésions de la morve les mieux caracté risées.

Il résulte clairement de ces expériences: Que la désinfection pratiquée avec de la vapeur humide qui n'a pas une température au-dessus de 100° est inefficace.

Nous avons cherché, après cela, à obtenir de la vapeur surchauffée à 110°.

Voici le procédé extrêmement simple que nous recommandons. Ce procédé consiste dans l'emploi d'un serpentin placé à une distance convenue du foyer de la locomotive. La vapeur en passant dans ce serpentin peut être obtenue à une température extrêmement élevée. Le serpentin est formé d'un tube en fer de 21 millimètres de diamètre intérieur, et de 2 millimètres d'épaisseur de paroi; il a un développement total de 7,300 millimètres. La partie exposée directement à l'action de la chaleur présente une surface de chauffe de 40 décimètres carrés. Il est formé de sept spires de 180 millimètres de diamètre extérieur. Une de ses extrémités se branche sur le robinet de vapeur de la contre-vapeur, et l'autre reçoit la genouillère chargée de conduire la vapeur jusqu'au wagon au moyen d'un raccord.

La genouillère est entièrement métallique et composée de dix parties articulées d'un mètre de longueur, de 15 millimètres de diamètre intérieur et 179 millimètres d'épaisseur de paroi. Cette genouillère se termine par une lance en forme de T, dont l'orifice d'écoulement est formé de six fentes longitudinales formant ensemble environ 300 millimètres de longueur.

La largeur croît du centre aux extrémités; elle est de 1 millimètre au centre et d'un demi-millimètre aux parties extrêmes. Avec quelques précautions on arrive à obtenir pendant plusieurs heures, avec une constance absolue, une température de la vapeur de 110° C.

Afin de vérifier la valeur de notre procédé, nous avons soumis divers virus à des jets de vapeur surchauffée à 110°. Un âne, inoculé avec des produits morveux désinfectés pendant deux minutes par la vapeur surchauffée à 110°, n'a présenté pendant sa vie aucun symptôme de cette affection. A l'autopsie les divers organes examinés par M. G. Colin étaient absoluinent sains.

Deux moutons, inoculés avec le produit de pustules claveleuses désinfectées, les unes par la vapeur surchauffée à 110°, les autres par de la vapeur entre 95 et 100°, n'ont présenté aucune lésion pouvant se rattacher à cette affection. Les inoculations sont absolument restées sans effet.

Sept animaux inoculés avec des produits provenant d'animaux morts de choléra aviaire, désinfectés par la vapeur surchauffée à 110°, n'ont présenté aucun phénomène morbide à la suite de l'inoculation.

Six animaux inoculés avec des produits charbonneux, désinfectés pendant 2 minutes avec de la vapeur surchauffée à 110°, ont vécu sans présenter aucun accident morbide.

Sur huit animaux inoculés avec des produits septicémiques, un seul est mort, 3 jours et demi après l'inoculation.

Avec l'aide de notre ami le Dr Miquel (de Montsouris), nous avons vu que des bactéries très résistantes, telle que le bacillus subtilis, soumises pendant quelques minutes à des jets de vapeur surchauffée à 110°, étaient entièrement détruites. La vapeur à 100° et les divers antiseptiques chimiques ne produisent au contraire aucune stérilisation.

En présence de ces résultats, comparés à ceux obtenus par les désinfectants chimiques et la vapeur d'eau au-dessous de 110°, nous nous croyons en droit d'affirmer l'efficacité et de recommander pour la désinfection des wagons à bestiaux le procédé de désinfection surchauffée à 110°. Ce procédé de dé

sinfection est d'une extrême simplicité, d'un prix peu élevé. Il vient d'être expérimenté sur les chemins de fer de l'État et nous espérons le voir bientôt adopter sur les autres réseaux.

Nous présenterons prochainement un travail dans lequel nous développerons les divers points signalés dans cette courte note.

LE TOUT A L'ÉGOUT A MILIANA

EN ALGÉRIE,

Par M. le Dr Ch. VIRY.

Le déversement direct à l'égout des matières de toutes provenances, avant d'être un procédé régulier d'éloignement des immondices, a été installé dans un certain nombre de localités que leur richesse en eau désignait en quelque sorte pour pratiquer le tout à l'égout sans le savoir. Telle a été la ville de Miliana dont les égouts datent de la reconstruction qui a suivi l'incendie de 1840.

La ville de Miliana (département d'Alger) est située, à une altitude de 930 mètres, sur un saillant du mont Zakkar qui la domine de 850 mètres; elle est appendue au flanc de la montagne « comme un bénitier à un mur» et bâtie sur un rocher dont elle borde les crêtes. Son enceinte touche au nord le Zakkar, au sud et à l'est elle se continue avec le ravin qui descend presque à pic jusqu'à la vallée du Cheliff, à l'ouest elle confine à un plateau qui lui fournit le réservoir de ses eaux.

Les égouts de la ville forment un réseau qui passe sous toutes les rues et sous le terrain dit quartier militaire et aboutit à trois collecteurs principaux.

Le plus important suit la large voie qui traverse la ville du nord au sud sous le nom de rue Saint-Jean et rue SaintPaul; il reçoit la majeure partie des eaux d'irrigation qui

coulent sans interruption au pied des magnifiques platanes qui bordent ces deux rues. Il est l'aboutissant de la plupart des égouts des rues plus petites et vient déboucher à ciel ouvert, sous le mur d'enceinte et en dehors des fortifications du sud, à quelques pas et à l'est d'une poterne donnant accès dans un sentier très fréquenté; ses eaux se déversent dans une rigole de 0,50 environ de large qui les conduit avec une vitesse énorme et par mille sinuosités jusqu'aux champs où elles sont utilisées, à droite et à gauche des sentiers qui serpentent sur les flancs du ravin.

A l'ouest de la même poterne, c'est-à-dire toujours au sud de la ville, s'ouvrent de la même façon les deux autres grands collecteurs. L'un a longé le boulevard d'Isly, voie parallèle aux rues Saint-Jean et Saint-Paul, a recueilli quelques égouts secondaires et a été lavé par un petit cours d'eau, l'oued Bou-Tektoun; l'autre a reçu les déjections de l'hôpital, de la caserne d'infanterie, du quartier de cavalerie, de la remonte, etc.

Trois égouts moins importants s'ouvrent dans le ravin est et une conduite venant de l'hôpital débouche dans le ravin sudouest.

Ces égouts drainent une superficie de 45 hectares (1). Les canaux principaux sont généralement voûtés, à radier plat, et mesurent 1,80 de haut sur 1 mètre de large. Les dimensions des conduites moins importantes varient de 1 mètre sur 0,80 à 0,60 sur 0,60. Le collecteur qui reçoit l'oued Bou-Tektoun a 2,30 sur 1,50.

Il n'existe pas de fosse fixe à Miliana. 142 maisons (non compris le quartier militaire, hôpital et casernes) versent leurs déjections aux égouts par 538 latrines.

D'après le recensement du mois de septembre 1882, la population est de 4,668 habitants, non compris la garnison, dont le chiffre très variable était, à cette époque, d'environ mille hommes. On peut donc dire que les égouts reçoivent directe

1. Nous devons les détails techniques qui suivent à M. Amoudruz, conducteur des ponts et chaussées faisant fonctions d'ingénieur à Miliana, et sommes heureux de le remercier ici de l'obligeance avec laquelle il nous a fourni ces renseignements.

ment ou indirectement les déjections d'au moins 4,000 personnes, soit, d'après les évaluations de Frankland, 15,040 kilogrammes de matières de vidanges liquides et solides par jour et 1,840,000 kilogrammes par an, représentant 4,714 d'azote par jour ou 1,714 kilogrammes par an. Le volume d'eau moyen provenant des rigoles et des fontaines publiques ou particulières qui traverse journellement les égouts de la ville peut être évalué à 50 litres à la seconde en été et 150 en hiver, soit en moyenne 8,640 mètres cubes par jour. La quantité d'eau de pluie arrivant aux égouts par an est de 360,000 mètres cubes environ, qui se répartissent très inégalement pendant la saison pluvieuse, c'est-à-dire du 1er octobre au 31 mai.

Une telle quantité d'eau amène une dilution immédiate et considérable des matières organiques des égouts, si bien que personne ne s'est jamais beaucoup préoccupé des émanations produites par le déversement dans le ravin, à la porte même de la ville, des eaux vannes de toutes provenances. Sans doute nous avons constaté parfois, en passant à côté des bouches d'égouts, une odeur désagréable, plutôt fade que fécaloïde, mais l'expérience d'un grand nombre d'années a démontré la salubrité de Miliana et la fécondité de son ravin.

Pendant deux ans nous avons pratiqué la médecine à Miliana, sans avoir jamais eu à attribuer aux eaux d'égout aucune influence fâcheuse sur la santé des habitants de la ville ou des fermes situées sur le parcours des eaux d'égout. Nous avons observé à l'hôpital deux épidémies graves de fièvre typhoïde sévissant sur les troupes de la garnison, sans que les matières des déjections s'écoulant par l'égout aient porté la contagion dans les habitations échelonnées dans le ravin au-dessous de l'orifice de déversement des égouts de l'hôpital. Nous avons attribué des cas de fièvre palustre aux irrigations intermittentes des cultures de la banlieue de Miliana, parce que ces irrigations sont intermittentes, mais sans faire de différence entre les irrigations par les eaux de source et les irrigations par les eaux d'égout. Nous avons vu une épidémie sévère de diphthérie frap per les enfants de Miliana et des environs, mais cette épidémie

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