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son. En outre, la partie du plafond (28) située au-dessous de l'appareil du water-closet n'est pas garnie de plâtre; le plancher supérieur est peu ou mal hourdé; alors les gaz délétères s'introduisent sur les parquets, circulent entre les lambourdes et en traversant les joints des frises qui laissent trop à désirer, ils finissent par envahir et contaminer l'habitation tout entière.

Le water-closet (29) est placé sur l'escalier, sans lumière ni ventilation; il est directement alimenté par le réservoir de la maison; une fuite, inondant le plancher, saturerait le parquet et le plafond de l'étage au-dessous. L'eau est introduite par le fonctionnement d'un tirage en fil de fer agissant sur un clapet placé au fond du réservoir; ce système présente divers inconvénients le clapet ferme plus ou moins bien, l'eau met un certain temps pour arriver dans la cuvette, et presque toujours on làche le tirage avant l'introduction de la quantité d'eau nécessaire pour le lavage de l'appareil; de plus, le tirage, par son frottement sur les poulies de renvoi, s'use vite et se casse souvent.

La baignoire (30) a ses conduites d'alimentation et de décharge commandées chacune par un robinet d'arrêt, et piquée sur un même tuyau qui forme T avec l'unique communication alimentant ou déchargeant la baignoire; cet arrangement défectueux permet à l'eau sale de revenir avec l'eau propre dans le bain.

La décharge formée par un tuyau de trop petit diamètre, vide lentement la baignoire; un tuyau d'un plus grand diamètre débitant précipitamment l'eau ferait chasse dans le conduit et contribuerait plus utilement au nettoyage. La pente insuffisante du terrasson entretient des accumulations et souvent de la stagnation. Les inconvénients de la communication du tuyau de décharge avec le siphon D du water-closet ont déjà été signalés.

La communication (31) du tuyau de trop plein de la baignoire avec le tuyau de décharge de la baignoire laisse celui-ci en communication directe avec la salle de bains, contiguë à la chambre à coucher; les gaz pénètrent librement dans ces deux pièces.

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Deuxième étage. Le réservoir (32) de la maison est à tort, enfermé dans un emplacement qui ne peut être visité; la

cuvette sans couvercle est bientôt envahie par la poussière, la suie et souvent des insectes et des vers; le tuyau de trop-plein ainsi que la décharge se déversent dans le siphon D du watercloset.

La boîte de distribution (33) « Service Box » qui, au moyen d'un levier à tirage et d'un clapet, règle l'introduction de l'eau dans le water-closet de l'étage inférieur, est munie d'un tuyau de ventilation recourbé dans sa partie supérieure pour empêcher l'introduction des ordures. Quand le tirage lève le clapet de fermeture, l'eau en se précipitant dans la boîte de distribution, laisse passer l'air vicié renfermé dans la conduite d'alimentation du water-closet. Cet air impur, après avoir traversé le tuyau d'air de la boîte de distribution, vient contaminer l'eau que contient le réservoir.

On peut voir (34, fig. 3) que la descente des eaux pluviales sert de ventilation au tuyau de chute; l'air impur pénétrant par la croisée, infecte la pièce voisine. Cette éventualité, quoique très dangereuse, est malheureusement trop fréquente; on est alors obligé, pour se garantir de l'infection, de tenir constamment fermée la fenêtre qui s'ouvre presque au-dessus du tuyau de chute.

(A suivre).

SOCIÉTÉ DE MÉDECINE PUBLIQUE

ET D'HYGIÈNE PROFESSIONNELLE.

SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1884.

PRÉSIDENCE DE M. le Dr PROUST.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL rend compte à la Société de la mission de la délégation qu'elle a envoyée à Rouen pour assister à

l'inauguration de la Société normande d'hygiène pratique. La Société était représentée par deux de ses anciens présidents: MM. E. Trélat et Rochard, et par plusieurs de ses membres, MM. Monod, Du Mesnil, Liouville, Bertillon, Napias. Une conférence a été faite, sous la présidence de M. le préfet de la Seine-Inférieure, par M. Rochard qui a parlé de l'Influence de l'hygiène sur la prospérité des nations, avec cette chaude éloquence que les membres de la Société connaissent et ont tant de fois applaudie. Le soir, un banquet offert à l'éminent conférencier et à ceux de nos collègues qui l'accompagnaient réunissait un grand nombre de membres de la Société normande d'hygiène pratique qui est dès à présent constituée grâce aux efforts de son zélé président, notre collègue le Dr A. Laurent.

Le médecin de l'état civil chez la nouvelle accouchée,

Par M. le Dr MARIUS REY.

Le service du médecin de l'état civil comprend deux parties: la vérification des décès et la constatation des naissances. Le même médecin de l'état civil qui vient de visiter une personne morte dans une maison, va dans la maison voisine voir un enfant qui vient de naître, et entre le plus ordinairement dans la chambre de la nouvelle accouchée.

N'y a-t-il pas là des inconvénients de divers ordres ? Dans ces visites successives, et souvent faites à quelques minutes d'intervalle, d'une personne morte et d'un enfant nouveau-né, le médecin de l'état civil ne devient-il pas une cause de danger grave pour la jeune mère.

Il y a 4 mois environ, une jeune femme, d'une santé excelente, acouchait à terme et naturellement d'un enfant vigoureux et bien portant. L'acouchement s'était fait dans les meilleures conditions; le travail avait duré 8 heures environ. Les suites des couches s'annonçaient comme devant être exemptes de la moindre complication; pas de fièvre, pas de douleur dans le bas-ventre, lochies normales, rien, en un mot, qui pût inquiéter; tout allait très bien. Le troisième jour, le médecin de

l'état civil vient constater la naissance de l'enfant et est reçu dans la chambre de l'accouchée.

Le soir même, la jeune mère est prise d'un violent frisson; elle succombait deux jours après. Le médecin de l'état civil avait vérifié, quelques minutes avant sa visite à l'enfant, le décès d'une personne ayant succombé à une érysipèle.

La rapidité de la mort de la jeune femme ne peut s'expliquer que par un empoisonnement occasionné par les germes septiques, qui lui furent, pour ainsi dire, inoculés pendant la constatation de la naissance de l'enfant. On est d'autant plus autorisé à incriminer cette visite, qu'aucune autre cause d'accidents aussi redoutables et aussi prompts n'existait. L'on sait, du reste, depuis les nombreux et remarquables travaux qui ont été publiés sur les maladies puerpérales, combien la contagion chez une accouchée est facile et redoutable dans ses manifestations et ses conséquences. Les accoucheurs qui prennent les meilleures précautions pour l'éviter, sont aussi ceux qui perdent le moins de femmes en couches.

Le chiffre de la mortalité des femmes en couches, à la Maternité de Paris, effrayant il n'y a pas si longtemps encore, n'a baissé pour arriver à ne pas dépasser celui des femmes accouchées en ville, que lorsque toutes les mesures pour éviter la contagion ont été soigneusement et rigoureusement prises sur l'initiative de l'éminent professeur Tarnier. Ces précautions hygiéniques ont été depuis successivement adoptées par tous les accoucheurs.

Je ne pense pas qu'il y ait lieu d'insister sur un fait si bien établi et maintenant connu de tous les médecins. Mais ce qui est peut-être moins connu, ce sont les divers modes de contagion, les nombreuses circonstances dans lesquelles les germes septiques peuvent être transportés et disséminés. Il m'a donc paru qu'il y avait nécessité à attirer l'attention sur le rôle possible d'agent de contagion joué par le médecin de l'état civil.

Mais, m'objectera-t-on, le médecin traitant n'est-il pas lui aussi à craindre ?

Objection spécieuse qui tendrait à ce qu'on négligeât de s'oc

cuper d'un danger sous prétexte qu'il peut en exister plusieurs causes. Je ferai remarquer, du reste, que la situation du médecin traitant et celle du médecin de l'état civil ne sont pas comparables. L'un est maître de faire ses visites comme il le juge convenable, de voir ses accouchées avant ses malades fiévreux, etc.; l'autre, au contraire, a des obligations à remplir dans un délai déterminé, et trop souvent le temps lui ferait défaut pour se conformer aux prescriptions hygiéniques, indispensables cependant.

On me dira encore que le médecin de l'état civil n'entre pas dans la chambre de la nouvelle accouchée. J'ai pu m'assurer du contraire dans ces derniers temps, et cela dans plusieurs arrondissements de Paris. J'ai même une fois rencontré dans la chambre de la nouvelle accouchée, et près de son lit, le médecin de l'état civil.

Il n'en saurait être autrement dans les petits ménages où souvent il n'y a qu'une pièce, rarement deux; la jeune mère tient son enfant à côté d'elle, et bien des fois dans son propre lit. Quand le médecin de l'état civil viendra, il s'approchera du lit, prendra l'enfant des mains de la mère, l'examinera sur le lit. Dans ces conditions, il est facile de comprendre que la contagion soit possible; et en temps d'épidémie, je ne parle pas de choléra, mais de fièvre typhoïde, de diphthérie, de scarlatine, etc., elle sera surtout à redouter.

Mais pourquoi s'arrêter davantage? Le danger que je signale est facile à éviter; on doit donc prendre les mesures commandées à ceté gard.

Il semblerait en conséquence convenable et avantageux que l'administration de la préfecture voulût bien séparer le service des naissances de celui des décès. Sans changer le nombre actuel des médecins de l'état civil, on pourrait, pour arriver à la séparation complète que je propose, procéder de deux façons: ou charger chaque médecin, et à tour de rôle successivement, du service des naissances et du service des décès ou confier exclusivement aux uns les naissances, aux autres les décès. Des deux façons, la jeune accouchée ne serait pas exposée, comme elle l'est aujourd'hui, en recevant dans sa chambre le

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