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il reçoit communication de tous les plans des écoles et porte surtout son attention snr les maladies contagieuses; son action a été des plus favorables 1.

2. Les règlements sanitaires des écoles se ressemblent plus ou moins dans toutes les localités et suivent assez volontiers, en Allemagne, les progrès de la science. La nouvelle instruction royale pour les écoles de Breslau se préoccupe des conditions hygiéniques résultant du voisinage de l'établissement scolaire, de l'aménagement du sous-sol, de l'apport de l'eau. Le nombre des élèves par classe ne doit pas dépasser 80 et chacun aura à sa disposition une longeur de banc de 50 centimètres au moins. L'éclairage par des fenêtres faisant face aux élèves est prohibé; l'éclairage latéral gauche est particulièrement recommandé. En toute circonstance, les baies éclairantes seront aussi élevées que possible; leur surface sera au moins 1/5 de celle des parois et elles seront séparées les unes des autres par des intervalles étroits. Les rideaux seront, comme les murs, d'une couleur d'un gris clair. Cohn ne fait à cette instruction que quelques critiques: il ne voudrait que 50 enfants au maximum par classe et une longueur de place de 64 centimètres pour chacun, dans le but d'éviter les attitudes vicieuses que prennent si souvent les élèves en écrivant ; enfin l'enfant le plus rapproché du poêle devrait en être distant de 1 mètre au moins2. Dans une circulaire adressée en 1884 aux fonctionnaires sanitaires de la Hesse par le gouvernement, nous trouvons rappelées les règles générales relatives à l'aménagement des locaux scolaires, du mobilier de la classe et aux soins à donner aux enfants 3.

Une ordonnance du 14 juillet 1884, signée par les ministres prussiens des cultes et de l'intérieur, a trait aux maladies contagieuses. Elle détermine celles de ces maladies qui sont, pour les enfants, une cause d'exclusion temporaire de l'école; la classe peut, dans certains cas, être interdite aux élèves habitant une maison contaminée; elle spécifie que les enfants qui ont été atteints de maladie contagieuse ne seront admis à l'é

1. Dr DOMBLUT, Der Schulartz (Deutsches Wochenblatt f. Gesund. heitspflege und Rettungswsen, 1885, p. 53).

2. Dr HERMANN COHN, Die neue Schulbau; Instruction der königlichen Regierung zu Breslau (Ibid., 1884, p. 234 et 244).

3. Ibid., 1884, p. 147.

cole qu'après désinfection préalable de leurs vêtements et détermine les règles à suivre pour la fermeture des écoles en temps d'épidémie et leur réouverture après la disparition du fléau; l'intervention d'un médecin (généralement celle du Kreisphysicus) est alors de rigueur.

On connaît les conclusions du rapport présenté à l'Académie de médecine par M. Hillairet pour répondre à la question posée par le ministre de l'instruction publique qui demandait combien de temps un élève atteint de maladie contagieuse doit être éloigné de ses camarades ». (Bulletin de l'Acad. de méd., séance du 18 juillet 1882.) M. Layet est d'accord avec M. Hillairet sur les principes qui doivent déterminer la durée de l'isolement; mais il juge avec raison qu'il y a lieu de considérer: 1o les élèves qui n'ont pas été malades; ceux-ci seront réadmis à l'école après un temps variable, suivant la durée de l'incubation de chaque maladie; 2° les élèves qui ont été malades, et qui ne rentreront au milieu de leurs compagnons de classe qu'après une période de convalescence en rapport avec le temps nécessaire pour que toute crainte de transmissibilité ait disparu. S'il importe de préserver les enfants des écoles des maladies contagieuses, il ne faut pas oublier le rôle désastreux que peut jouer l'école comme foyer de concentration et de diffusion des contages, surtout lorsqu'on a affaire à la scarlatine ou à la diphtherie. « Lors d'une épidémie de fièvre scarlatine qui sévit en 1878 dans une certaine paroisse anglaise, il fut relevé, avant la fermeture des écoles de cette paroisse 121 cas connus, 85 maisons infectées, 25 décès. Pendant la période de fermeture, on ne releva que 36 nouveaux cas dans 34 maisons infectées et 15 décès. Après la réouverture, il y eut 143 nouveaux cas, 84 nouvelles maisons infectées et 45 décès. (Communiqué par le D' H. Page, à la British Medical Association.)1

A défaut de prescriptions réglementaires, le médecin d'école peut baser ses conseils sur les travaux d'hygiène scolaire dont le nombre va toujours croissant. Parmi les derniers publiés, on peut citer les résultats de l'enquête d'une commission du collège médical royal wurtembergeois consignés par le professeur

1. LAYET, De la préservation des maladies infectieuses transmissibles à l'école, etc. (Revue sanitaire de Bordeaux et du Sud-Ouest, 1884, p. 53 et 59).

Dr R. Berlin et par le Dr Rembold 1, et le travail du Dr Spiess 2. MM. Berlin et Rembold 3, qui ont déjà étudié ces questions en 1883, ont examiné cette fois-ci plus de 500 écoliers. Ils admettent que la position prise par l'élève, en écrivant, a une influence considérable sur la vision et sur la direction de la la colonne vertébrale. Le nombre des myopes va en augmentant (l'opinion émise par Cohn, en 1865, se trouve de nouveau vérifiée) des basses classes aux classes plus élevées. L'enfant qui écrit a de la tendance à fléchir son rachis en avant et latéralement: la flexion en avant ne peut être empêchée que par l'emploi d'un mobilier convenable, tandis que la flexion latérale trouve un remède dans l'écriture penchée; les lettres doivent être tracées perpendiculairement au bord de la table, mais les lignes seront inclinées de 30 à 40 degrés, c'est-à-dire que le cahier ne sera pas tenu droit; le bassin et le thorax se trouveraient alors d'aplomb. Ce conseil diffère un peu des conclusions adoptées, sur la proposition du Dr Thorens, par la Société de médecine publique et d'hygiène professionnelle (Revue d'hygiène, 1881, p. 406 et 501), mais il y a lieu de tenir compte de l'inclinaison très forte de l'écriture allemande.

Le Dr Spiess entre dans des détails circonstanciés sur l'installation des sièges et des tables de classe; il indique les dimensions nécessaires suivant les âges des écoliers, et son travail, qui ne se prête pas à une analyse succincte, sera consulté avec fruit par ceux que leurs fonctions appelleront à donner leur avis sur le choix d'un mobilier scolaire. Les tables-bancs d'Elsässer et de Krämer figurés dans le mémoire de M. Spiess sont bien supérieurs à ceux que nous rencontrons dans la plupart de nos écoles de province, mais sont passibles de plus d'une critique que leur adresse l'auteur. Les principes qui guideront le médecin dans l'appréciation des sièges et des bancs d'écoliers sont connus des lecteurs de la Revue et se trouvent résumés dans l'Hygiène scolaire de Riant (Paris, 1874) dans les Nouveaux Elements d'hygiène d'Arnould, etc.

1. Deutsches Wochenbl. f. Gesundheit. und Rettungsw., 1885, p. 101. 2. Zur praktischen Losung der Subsellienfrage (Deutsche Vierteljahrsschrift f. offentliche Gesundheitspflege, 1885, p. 285.

3. Untersuchungen über den Einfluss des Schreibens auf Auge und Körperhaltung des Schulkindes, 1883.

3o Aucune des circulaires officielles que nous avons énumérées ne nous dit quelle est l'autorité légale du médecin ; sièget-il dans les commissions avec voix délibérative ou simplement consultative? Il est probable que son rôle consiste seulement à émettre son opinion, et qu'il n'y a d'autre autorité que celle que lui donnent sa science et son prestige personnel. Il importerait cependant à l'hygiène que ses avis motivés fussent des ordres, au moins dans un certain nombre de circonstances, et que sa compétence spéciale ne fût pas mise en doute, Dans l'épidémie de scarlatine dont nous parlons plus haut et dans laquelle la réouverture prématurée des classes fut si funeste, « les écoles n'avaient été fermées qu'un mois, et il fut impossible au médecin sanitaire d'obtenir davantage, » (Layet, loc. cit.) Il serait nécessaire surtout que les rapports d'inspection médico-scolaire ne tombassent jamais dans la catégorie de ces papiers qui, dans toutes les administrations de l'Europe, s'accumulent sans profit pour personne dans des cartons où ils deviennent lettre morte, et il serait éminemment utile de spécifier, en France et sans doute ailleurs aussi, la valeur effective de ces documents.

Toujours est-il qu'à Berlin même l'hygiène de certains établissements scolaires laisse fort à désirer, puisque le ministre des cultes, M. Gossler, a pu déclarer publiquement l'an dernier que, dans certains établissements privés d'instruction pour les jeunes filles, il n'y avait ni gymnases ni cours de récréation, que l'éclairage et la ventilation laissaient fort à désirer. (Ibid., 1884, p. 162.)

Au troisième Congrès de médecine interne qui a eu lieu à Berlin, en 1884, M. Weber, de Londres, au contraire, a fait remarquer qu'en Angleterre les exercices gymnastiques sont, grâce aux conseils médicaux, beaucoup mieux dirigés qu'en Allemagne, d'où ce résultat qu'un grand nombre de maladies sont évitées aux enfants. De plus, par le fait de l'emploi de livres classiques bien imprimés et de l'usage des caractères latins, le nombre de myopes y serait à peu près le sixième de celui que relèvent les statistiques allemandes. (Semaine médicale, 1884, p. 189.)

4° On conçoit, et toutes les circulaires que nous avons rapi

1. L'enquête du collège médical royal wurtembergeois n'admet pas ce facteur parmi les causes de la myopie scolaire.

dement analysées le proclament, aussi bien que les auteurs qui les ont commentées, que quelque parfaite que soit l'hygiène de l'écolier dans la classe, les effets heureux de cette hygiène seront fort diminués si l'enfant rentrant à la maison y trouve des conditions sanitaires mauvaises. A quoi lui aura servi le siège bien aménagé qu'il a employé à l'école si, pour faire ses devoirs chez lui, il prend une attitude vicieuse? A quoi bon un éclairage diurne parfaitement combiné, si un éclairage insuffisant détruit le soir l'heureux résultat de la journée ? Les meilleures mesures prophylactiques ne sont-elles pas annihilées si les parents ne secondent pas l'école en faisant connaître la possibilité du transport d'un contage par leur enfant? Il est bien évident que la vulgarisation des notions de l'hygiène est le seul remède à apporter à ces graves inconvénients qu'amène nécessairement l'abandon journalier de l'école pour la maison de parents peu instruits. C'est encore au médecin qu'il appartient d'agir, non plus au médecin chargé d'une fonction administrative, mais au médecin de la famille, et cette tâche sera facile si, comme la chose est si souhaitable, au moins dans les petites localités, qui sont les plus nombreuses, le médecin d'école est en même temps le praticien jouissant de la confiance du plus grand nombre.

SOCIÉTÉ DE MÉDECINE PUBLIQUE

ET D'HYGIÈNE PROFESSIONNELLE.

SÉANCE DU 25 MARS 1885,

PRÉSIDENCE DE M. LE D' DUBRISAY, VICE-PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

PRÉSENTATIONS :

I. M. le SECRÉTAire général dépose les ouvrages suivants:

1o Le compte rendu de la séance de réouverture des cours et distribution de prix à l'École dentaire de Paris;

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