Page images
PDF
EPUB

mais qui cependant a couché avec ses parents dans le tir, n'a abso lument rien eu.

Quelle conclusion pratique doit-on tirer de ces observations? Il paraît constant que les accidents observés ont pris naissance peu après l'emploi de cartouches spéciales contenant du fulminate de mercure, qu'ils ont cessé en même temps que l'emploi qu'on en faisait. L'absorption des gaz de l'explosion produit une intoxication très rapide qui ne peut être combattue efficacement que par une ventilation énergique, procédé qui n'est pas toujours pratique, vu l'étroitesse des locaux utilisés pour le tir et les nécessités climatériques qui obligent à le clore pendant toute une partie de l'année.

Il y a donc un intérêt pour l'hygiène publique à réglementer dans les tirs l'usage des cartouches au fulminate de mercure, soit en en proscrivant l'emploi, soit en exigeant des conditions spéciales d'aération et de ventilation. En ce moment-ci où le tir est encouragé partout, où les enfants même à l'école sont exercés au tir de la carabine, il est urgent de les soustraire à ces vapeurs délétères qui pourraient causer un grave préjudice à leur santé. Or, il nous a été affirmé que les cartouches, cause des accidents relatés dans les observations précédentes, étaient précisément les mêmes qui étaient adoptées dans les écoles.

Nous avons donc cru de notre devoir d'attirer l'attention de la Société de médecine publique sur ces quelques cas d'intoxication mercurielle, afin de bien faire ressortir les sérieux inconvénients qui résultent de l'emploi des cartouches au fulminate de mercure, tout en montrant qu'il serait très simple de les éviter par quelques précautions élémentaires.

REVUE CRITIQUE

LES « MAISONS SALUBRE ET INSALUBRE » A L'EXPOSITION INTERNATIONALE D'HYGIÈNE DE LONDRES,

Par MM. L. MASSON,

Conducteur des ponts et chaussées, Inspecteur du service
de l'assainissement de la Seine,

et le Dr A.-J. MARTIN,

Commissaire général de la Section française de l'Exposition
internationale d'hygiène de Londres,

L'une des plus attrayantes curiosités de l'Exposition internationale d'hygiène et d'éducation de Londres en 1884, était assurément la double construction élevée dans l'un des jardins et qui représentait, d'une part, une maison salubre et, d'autre part, une maison insalubre, sans qu'à l'extérieur on pût établir de distinction entre elles. Lorsque M. le Dr Vallin publia dans la Revue d'hygiène (p. 631 et 719, 1884), les notes qu'il avait recueillies à Londres pendant son séjour comme membre du jury, ces maisons n'étaient pas achevées; il a bien voulu nous demander de compléter les renseignements qu'il avait déjà fournis sur cette Exposition, en décrivant ce qu'il nous avait été permis d'étudier avec quelques détails sur les dispositions es plus importantes de ces maisons.

L'un de nous avait déjà pu voir à l'Exposition d'hygiène de Berlin, en 1883, le spécimen d'une maison qui avait pour but d'indiquer les diverses dispositions architecturales les plus essentielles à la salubrité; mais on avait laissé envahir à tel point cette construction par des fabricants de mobilier, qu'elle avait bien plutôt l'apparence d'un magasin de meubles. Il n'en est pas de même des maisons que nous allons décrire; le mobilier en était complètement absent, et l'on n'y pouvait

étudier que des aménagements intéressant la santé de leurs habitants.

Les ouvrages élémentaires, relatifs à l'hygiène des maisons, sont d'ailleurs nombreux en Angleterre; l'un des plus remarquables, celui du Dr T. Pridgin Teale, sur les dangers au point de vue sanitaire des maisons mal construites, a été traduit en français, à l'instigation de M. Siegfried, maire du Havre, par M. J. Kirk (Revue d'hygiène, 1883, p. 252); récemment encore une importante publication réunissait, sous le titre de Nos maisons, comment les faire salubres? et sous la direction du Dr Shirley Forster Murphy, une série de monographies, écrites par les sanitarians les plus éminents de l'Angleterre (Revue d'hygiène, 1884, p. 527). Il faut enfin signaler dans la collection des manuels à bon marché édités sous la direction du Comité exécutif de l'Exposition internationale d'hygiène et d'éducation de Londres en 1884, les suivants: Healthy and unhealthy houses in town and country, par William Eassie; Ventilation, warming and lighting for domestic use, par le capitaine Douglas-Galton; les deux conférences et les lectures de MM. Pridgin Teale, Eassie, Corfield, Ernest Hart et Douglas Galton, également faites sur ces sujets dans l'enceinte de l'Exposition. La littérature anglaise est riche, on le sait, en matière d'hygiène des habitations, et les ouvrages que nous venons de citer sont de ceux qui sont à la portée de tout le monde et qui sont de date toute récente.

Nombreux aussi sont les travaux de même ordre destinés aux hommes du métier, aux architectes, aux ingénieurs, aux médecins sanitaires et en particulier aux plombiers, dont la profession tend, en Angleterre et en Amérique, à passer de la classe des métiers dans celle des arts industriels par l'octroi d'un diplôme spécial à la suite d'examens pratiques; M. le Dr Vallina noté avec soin cette importante réforme, ainsi que ses utiles conséquences, dans un travail publié il y a plus d'unan (Revue d'hygiène, 1883, p. 793). De fait, l'art du plombier intéresse au plus haut degré la salubrité des habitations. Il serait inutile d'insister sur l'ignorance dans laquelle sont la plupart des plombiers français des éléments de leur art à ce point de vue, si nous ne tenions à rappeler un fait récent, digne des plus grands encouragements. Un certain nombre d'entrepreneurs de plomberie,

s'étant rendus à Londres pour visiter l'Exposition et en particulier les maisons salubre et insalubre », s'empressèrent à leur retour de prier M. Durand-Claye, ingénieur en chef des ponts et chaussées, de faire une conférence spéciale à la chambre syndicale des entrepreneurs de plomberie. Cette conférence a eu lieu récemment, sous la présidence de M. Emile Trélat, au milieu d'une affluence considérable, qui a suivi avec la plus grande attention les indications fournies par le savant et dévoué conférencier sur les procédés mis en usage en Angleterre pour

[graphic][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][merged small]

FIG. 1.- Les « maisons salubre et insalubre » de l'Exposition internationale d'hygiène de Londres en 1884.- Vue des façades en élévation : à gauche, la maison insalubre; à droite, la maison salubre.

l'aménagement des réservoirs, des closets et éviers, des diverses conduites et de la canalisation dans les habitations.

Nous voudrions espérer que la description que nous publions ici engagera encore davantage dans ces études les plombiers et les architectes français; les renseignements que nous y donnons s'adressent surtout à eux, en même temps qu'ils ont pour but de répondre à la maxime sanitaire que la National

health Society de Londres n'a pas manqué d'inscrire en tête de ses préceptes : « Un locataire, en prenant possession d'une maison, doit, avant toute chose, se rendre compte de l'état sanitaire de sa nouvelle habitation et de s'assurer du parfait écoulement des résidus de la vie journalière. >>

La construction élevée dans l'un des jardins de l'Exposition

[graphic][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed]

FIG. 2. Plan du sous-sol.

[ocr errors]

A gauche, maison insalubre; à droite, maison salubre

d'hygiène de Londres répondait au programme suivant: présenter au public des exemples de bons aménagements sanitaires, en même temps que les défauts rencontrés le plus souvent dans les habitations. Un comité spécial, composé de MM. H. H.

« PreviousContinue »