par jugement rendu sur appel à Bourg, le 18 mai 1820. Le lieutenant général Chastel, regardé à juste titre comme un des meilleurs officiers de cavalerie de l'armée française, et dont Napoléon faisait un cas tout particulier, avait été mis à la retraite, et s'était retiré à Ferney-Voltaire. Il mourut à Genève en 1826. CHASTELARD, bourg avec titre de châtellenie, dans la principauté de Dombes, aujourd'hui département du Doubs. CHASTELARD (Pierre de BosCOSEL de), gentilhomme dauphinois, petitneveu, ou, suivant de Thou, petit-fils de Bayard, né vers 1540, se fit d'abord connaître par plusieurs actions d'éclat. Ses parents l'avaient attaché à la puissante maison de Montmorency. Ayant conçu une violente passion pour l'infortunée Marie Stuart, il l'accompagna une première fois en Ecosse, lorsque après la mort de François II elle quitta ce plaisant pays de France. Chastelard, obligé de revenir à Paris, ne put supporter longtemps cet exil; il passa de nouveau en Écosse. La reine l'accueillit avec faveur; mais son imprudence fut la cause de sa perte. Surpris dans la chambre de Marie Stuart, où il était parvenu à s'introduire secrètement, il fut livré aux tribunaux et condamné à perdre la tête. Avant de marcher au supplice, le malheureux, qui avait entendu sa sentence avec une noble fermeté, lut l'ode de Ronsard sur la mort; puis se tournant vers l'endroit où était la reine, il s'écria : Adieu, la plus belle et la plus cruelle princesse de ce monde! «Chastelard, « dit Brantôme, avait beaucoup d'esprit, et se servait d'une poésie douce « et gentille, aussi bien qu'aucun gen« tilhomme de France. » Il ne nous reste de lui qu'une seule pièce de vers; conservée par le Laboureur dans les Mémoires de Castelnau. « CHAT, machine de guerre au moyen de laquelle, après avoir comblé le fossé d'une ville, on prenait position au pied du rempart que des mineurs s'efforçaient alors de renverser, tandis que la machine elle-même les proté geait contre les projectiles lancés par les assiégés. Cette machine n'était autre chose qu'une galerie mobile de sept pieds de hauteur, sur huit de largeur et seize de longueur, formée d'une charpente légère avec un double toit de planches et de claies. Ses flancs étaient défendus par un tissu d'osier, et le tout était revêtu de cuirs frais ou de couvertures de laine. Comme ces machines ne pouvaient atteindre leur but que quand elles étaient en grand nombre et travaillaient ensemble, on en joignait ordinairement plusieurs de front; on les remplissait d'hommes armés d'outils, et, mises en mouvement à force de bras, elles s'approchaient, avec la prudente circonspection de l'animal dont on leur avait donné le nom, de la muraille que l'on voulait saper. Ces machines furent employées dans les siéges jusqu'à la fin du treizième siècle, et même plus tard. On lit dans le poëme de Philippe-Auguste, par Guillaume Guiart: Devant Boves fu l'ost de France Qui, contre les Flamans contance. Li mineur pas ne soumeillent, Un chat bon et fort appareillent, Tant euvrent dessous et tant cavent Qu'une grant part du mur destravent. On lit dans le même ouvrage, sous la date de 1205, à l'occasion du siége et de la prise de Constantinople par les croisés : Un chat font sus le pont atraire Dans la Vie de saint Louis, par Joinville, il est aussi question de chats employés dans des siéges de villes ou de châteaux. Les perfectionnements qu'a reçus la science de la guerre, et surtout la découverte de la poudre, ont fait abandonner cette machine, ainsi que beaucoup d'autres dont on ne connaît que le nom aujourd'hui. CHATEAUBRIAND (François-Auguste, vicomte de) naquit en 1769 à Combourg, près de Saint-Malo, d'une noble et ancienne famille, dont l'ori gine remonte à la fin du dixième siècle. Son enfance se passa en partie dans l'antique manoir de ses aïeux, sous les regards de la mère la plus aimante, dont la tendresse n'était que difficilement contenue par l'austère gravité du père; en partie dans un collége de province où, malgré la faiblesse de l'enseignement qu'on y recevait, il fit de fortes études. Les joies pures de la famille, les émotions nées de la solitude et du spectacle habituel d'une nature inculte et mélancolique, l'ardeur du travail, la passion naissante des beautés littéraires, l'enthousiasme des chefs-d'œuvre antiques, tels furent les sentiments qui remplirent cette enfance. En 1786, le jeune de Châteaubriand, dont l'éducation était achevée, fut pourvu d'un titre dans l'armée; il fut fait sous- lieutenant dans le régiment de Navarre, et cette profession à laquelle il était naturellement appelé par sa naissance, convenait d'ailleurs à son humeur active et à ses goûts aventureux. Peu de temps après, le jeune officier fut présenté à Louis XVI; il le suivit dans une chasse, et obtint l'honneur, si envié alors, de monter dans les carrosses du roi. Mais les distinctions et les plaisirs de cour ne le séduisirent point: il rêvait les poétiques épreuves d'une vie agitée et les émotions de la gloire. Dans l'inaction où le condamnait la vie des garnisons, sentant son génie s'éveiller, il charmait son loisir en essayant sa plume. Il composait des vers; il traçait des plans; il s'informait des moyens à prendre pour arriver à la publicité. Tout à coup les premiers orages de la révolution éclatent l'esprit d'insubordination pénétra dans le régiment de Navarre, et y produisit même une révolte qu'on réprima difficilement. Ces troubles civils, dont peut-être d'ailleurs il n'appréciait pas toute la gravité, ne lui parurent point une occasion d'exercer l'activité de son esprit et les nobles instincts de son âme. Il aimait la liberté, cependant, et un beau rôle s'offrait à un serviteur de la monarchie, dévoué à la fois aux intérêts na tionaux et à ses devoirs. Mais, ou il ne crut pas à une révolution, ou les discordes civiles lui causèrent de la tristesse et du dégoût, ou la passion de la poésie l'éloigna du foyer tumultueux des intérêts et des discussions politiques. En 1790, s'étant autorisé de l'insurrection de son régiment pour se dégager de ses devoirs militaires, il s'embarqua pour l'Amérique du Nord, impatient de satisfaire son avide désir de grands spectacles et d'impressions poétiques, heureux de s'élancer dans un espace immense et inconnu, formant mille projets à la fois, se proposant de découvrir par terre le passage nord-ouest de l'Amérique septentrionale en retrouvant la mer polaire, d'étudier les mœurs du peuple naissant formé par Washington, d'amasser les matériaux d'une épopée dont le sujet serait l'homme de la nature. Ainsi, vingt années auparavant, un autre jeune ambitieux naviguait vers l'île de France avec le projet de servir la science par des découvertes, les lettres par d'éloquents écrits, et même l'humanité par des institutions. Comme Bernardin de Saint-Pierre, M. de Châteaubriand ne recueillit d'autre fruit de ses voyages que d'avoir beaucoup vu, beaucoup senti; que de s'être trouvé en présence d'une nature éblouissante de richesse, fraîche et pure comme aux premiers jours du monde; que d'avoir étudié les hommes dans les conditions les plus diverses de mœurs et de civilisation. Il revint sans avoir découvert le passage nord-ouest; mais il avait erré dans les savanes; il avait contemplé leur riche végétation et recueilli leurs murmures; il s'était assis sous le wigwam de l'Indien et dans les fermes des planteurs anglais; il avait été l'hôte de Washington: il revenait sans épopée sur l'homme de la nature, mais avec un album riche de notes dé toute espèce prises à côté du feu nocturne dans le désert, ou près des bords du Niagara, ou sur les eaux du Meschacébé. A peine avait-il remis le pied sur le sol natal qu'il lui fallut s'en bannir. Le chemin qu'avait fait la révolution était trop grand pour qu'il hésitât à se ranger du côté des royalistes qui la combattaient. L'admirateur de Washington dut gémir de prendre les armes contre son pays; mais sa famille et ses amis lui donnaient l'exemple, mais le dévouement au prince lui faisait illusion sur ses devoirs de citoyen. Ici commence dans sa vie une longue période de souffrances qui contraste douloureusement avec les pures jouissances de son excursion au nouveau monde. Blessé d'un éclat de bombe au siége de Thionville, atteint d'un mal contagieux, il ne se releva de son lit de douleur que pour se voir en proie à tous les embarras d'un absolu dénûment. Après avoir erré quelque temps en Allemagne, après des jours cruels où, sans amis, sans ressource, épuisé par une pénible convalescence, il se crut plus d'une fois sur le point de succomber à la détresse et au désespoir, il passa en Angleterre, et là se condamna, pour vivre, à d'obscurs travaux. Il faisait des traductions qu'un libraire lui achetait, et ses journées entières étaient employées à ce labeur qui ne lui rapportait qu'un modique salaire. La constante faiblesse de sa santé venait ajouter à la tristesse d'une telle vie. Cependant l'exilé ne manquait pas de consolations: il trouva sur la terre étrangère un ami qui compatit à ses souffrances et qui devina son génie, M. de Fontanes. Il avait aussi, pour se soutenir contre les amertumes de la destinée, la conscience de son talent, les pressentiments de sa gloire et l'enivrante émotion des premiers essais. Dans les heures de la nuit, où son loisir lui était rendu, il travaillait à un traité politique, l'Essai sur les révolutions, il commençait le Génie du christianisme. Le premier de ses ouvrages parut à Londres en 1797, et fut assez remarqué pour attirer sur le proscrit l'attention de sa patrie. On fut frappé de l'originalité d'idées et de la richesse de style que déployait le jeune écrivain dans ce livre d'ailleurs incohérent pour la composition et le plan, et dont la forme même porte encore des traces d'inexpérience. Le 18 brumaire, en rouvrant aux émigrés les portes de la France, termina l'exil des deux amis. M. de Châteaubriand revint apportant avec lui Atala, René et le Génie du christianisme. La publication de ces ouvrages fut une révolution morale et littéraire. Insuffisant comme démonstration, le Génie du christianisme est une œuvre trop brillante, trop poétique, trop environnée de séductions enchanteresses et de grâces frivoles, pour qu'on puisse le regarder comme une apologie sérieuse de la religion chrétienne, un véritable traité religieux, un service important rendu au dogme catholique. Mais ce livre retrempait les âmes fatiguées par tant de déchirements, dans des croyances élevées et consolantes, et les relevait par des espérances sublimes. Il eut donc une véritable influence morale sur la société; il exerça une action encore plus grande sur les lettres. Tant de formes diverses que notre littérature avait revêtues pendant deux siècles du développement le plus riche et le plus actif, n'avaient pas épuisé l'ordre entier des sentiments et des idées de l'humanité. Il restait tout un côté de l'âme à exploiter pour l'éloquence et la poésie. Jusque-là, les impressions qui naissent des beautés de la nature, des richesses variées de la création, n'avaient occupé qu'une faible place dans notre littérature. Fénelon avait surtout étudié et senti les charmes de la campagne dans Homère; ses plus illustres contemporains avaient détourné des champs leurs regards fascinés par la grandeur de la vie sociale et le luxe des cours. Les poëtes du dix-huitième siècle n'avaient fait dans leurs bergeries que la plus ridicule contrefaçon de la vie pastorale. La nature attendait donc des peintres. En outre, toutes ces nuances de sentiment, toutes ces idées délicates et fugitives, ingénieuses et fantastiques, qui naissent de la partie la plus brillante et la plus capricieuse de l'imagination, que la raison n'admet que par une sorte de tolérance, mais dans lesquelles on trouve tant de douceur à se bercer, à se perdre quelquefois, et qui ont pour nous un charme indéfinissable de mystère et de rêverie, tout cela était resté en dehors d'une poésie profonde et touchante sans doute dans nos grands maîtres du dix-septième siècle, mais toujours éminemment raisonnable, et plus tard ironique et froide au dix-huitième siècle. M. de Châteaubriand était destiné à porter la main sur toutes ces cordes laissées muettes jusque-là. Il avait eu, il est vrai, dans cette tâche nouvelle, deux illustres prédécesseurs, Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre; mais elle était réservée surtout à son imagination brillante et rêveuse, à son talent ingénieux et poétique. D'ailleurs ces sentiments et ces idées ne devinrent dominants, dans la société, que lorsque les anciennes barrières élevées par le luxe et l'étiquette entre l'homme et la nature furent tombées de toutes parts, et que la destruction des croyances, l'incertitude de l'avenir, les maux éprouvés par chacun dans les convulsions sociales, eurent disposé les âmes à la rêverie du doute, aux caprices de l'imagination et à la mélancolie des souvenirs. Nous avons expliqué le succès du Génie du christianisme, ď’Atala, de René, œuvres originales et durables, où des recherches de sentiment, des traits plus brillants que naturels, des hardiesses au-dessus de la` prose, sont suffisamment rachetés par une éloquence émue et fière, par la peinture attendrissante des passions, par l'expression naïve et poétique des sensations les plus intimes du cœur, par la vérité imposante ou gracieuse de tous ces tableaux de la nature que dans son souvenir l'auteur avait rapportés de ses pèlerinages lointains. L'admiration gagna le nouveau chef de l'Etat lui-même : il est vrai que par ses tendances religieuses, ou du moins par cette prédication poétique qui semblait ramener au catholicisme, M. de Châteaubriand devenait, sans le vouloir, l'un des auxiliaires de la politique du premier consul. En 1803, il fut nommé secrétaire de légation à Rome, et, le 29 novembre de la même année, ministre de France près la ré publique du Valais. Il ne garda pas longtemps cet emploi. En apprenant, au mois de mars 1804, la nouvelle de la mort du duc d'Enghien, il donna sa démission, et se remit tout entier à ses méditations et à ses travaux d'écrivain. Il avait conçu le plan d'une épopée qui devait être la démonstra tion dramatique et vivante de la thèse développée dans le Génie du christianisme, et faire victorieusement ressortir la supériorité poétique et morale de la religion chrétienne, en l'opposant, par un contraste perpétuel, à tous les enchantements du paganisme, à toutes les leçons de la sagesse antique. Il avait déjà formé le plan des Martyrs; mais il voulait voir les lieux qui devaient servir de théâtre aux scènes de son épopée, et teindre son imagination de leurs aspects et de leurs couleurs. Il se résolut, dans ce but, à de nouveaux voyages. « Je voulais aussi, dit-il, accomplir le pèlerinage de Jérusalem. » Nous croyons, qu'en parlant ainsi, M. de Châteaubriand fut sincère; mais, de son aveu, la visite aux lieux saints n'était pour lui qu'un but secondaire, et ne venait qu'après le besoin de recueillir des images et des éléments de description pour un ouvrage d'esprit. Par là se trahit assez la différence qui existe entre ce pèlerin de notre âge et les pèlerins d'autrefois; par là on peut assez voir que M. de Châteaubriand, catholique consciencieux sans doute, a été par-dessus tout poëte, et que l'imagination est chez lui le premier aliment de la foi. Il alla s'embarquer à Trieste; il parcourut la Grèce, l'Asie Mineure, la Judée; puis il s'avança sur les côtes d'Afrique, campa sur les ruines de Carthage, et s'embarqua pour l'Espagne, où il visita les ruines de l'Alhambra. Il revint en France après une année entière passée dans cette excursion gigantesque et hardie, où il rencontra plus d'un péril. Les Martyrs, dont bien des pages avaient été écrites d'avance sous le ciel de la Grèce ou au milieu des sables du désert, parurent en 1809. On sait combien de critiques furent soulevées par ce livre, et à quelle longue polé mique son apparition donna lieu; on sait que malgré la confiance qu'il eut dans son talent, l'auteur perdit un instant courage, et eut besoin d'être consolé et rassuré par l'amitié et le goût de M. de Fontanes. Le jour du triomphe arriva bientôt cependant, et les Martyrs furent placés, parmi nos monuments littéraires, à un rang glorieux qu'ils conserveront. Il n'en est pas moins vrai que beaucoup des critiques essuyées alors par M. de Châteaubriand étaient justes et le sont encore. On en fit de très-fondées sur le choix du sujet : non qu'il faille avec Boileau interdire absolument au poëte les sujets chrétiens, ce qui serait proscrire le Dante et Milton; mais lorsqu'au milieu d'un siècle peu croyant, une imagination plus poétique que religieuse met en jeu les mystères de la foi et fait agir les puissances célestes dans une œuvre en prose d'un caractère indécis entre le roman et l'épopée, il est impossible que ces objets divins ne perdent pas de leur sublime grandeur et de leur mystérieuse sainteté, que même ils ne paraissent pas rapetissés et profanés par les ingénieuses combinaisons qui les mettent en œuvre. Pour ouvrir aux imaginations le ciel ou l'enfer des chrétiens, il faut avoir la foi du Dante et de Milton, il faut parler comme eux la langue des poëtes, et s'adresser à des âmes disposées, par le sentiment religieux, à suivre le vol du génie. Le ciel et l'enfer de M. de Châteaubriand, et toutes les scènes où il fait apparaître l'Éternel ou ses ministres, ne produisent d'illusion sur personne et ne sont que de belles études de style. Qu'on lui ait aussi objecté avec beaucoup de raison que le paganisme n'était plus, à l'époque de Constantin, tel qu'il le représente, et qu'un Démodocus, parlant le langage de Nestor, était au quatrième siècle de l'ère chrétienne un personnage impossible; qu'on lui ait reproché, non moins justement, d'avoir trop multiplié les événements et les horizons de son poëme, et décrit, pour soutenir l'intérêt, trop de tableaux divers, il n'importe, car après tout, il est peu d'ouvrages qu'on lise avec plus de charme; il n'est personne qui ne soit entraîné par la magie de ce langage si coloré, si souple, si harmonieux, par ces peintures fraîches et vivantes qui mettent sous nos yeux la Rome des empereurs, les forêts de la Gaule, et les assemblées des catacombes et les retraites de la Thébaïde, par cet accent de sensibilité qui prête tant d'intérêt au chaste amour de Cymodocée et au délire de Velléda. En 1811 parut l'Itinéraire de Paris à Jé rusalem, qui est peut-être l'ouvrage de M. de Châteaubriand où la forme est le plus constamment rigoureuse et pure, et où le goût a le moins de taches à relever. Napoléon, qui avait durement traité le poëte, et qui, en 1807, lui avait enlevé la propriété du Mercure à l'occasion de quelques articles sur le voyage en Espagne de M. de Laborde, où il avait cru voir des allusions offensantes, sembla disposé à faire sa paix avec lui, et fit les premières avances en chargeant le ministre de l'intérieur, M. de Montalivet, de témoigner à l'Institut sa surprise de ce que le Génie du christianisme n'était pas même mentionné dans le rapport sur les prix décennaux. En 1811, M. de Châteaubriand fut désigné pour occuper à l'Institut le fauteuil vacant par la mort de Marie-Joseph Chenier; mais des difficultés qui s'élevèrent au sujet du discours qu'il devait prononcer le déterminèrent à ne pas accepter son élection. Il faut avouer que l'Institut, dans son empressement à se rendre au désir exprimé par le maître, avait manqué de tact, et que ce n'était pas à M. de Châteaubriand à faire l'éloge d'un homme dont il était séparé par le dissentiment politique le plus complet et par une inimitié littéraire. La fermeté avec laquelle il se refusa dans cette circonstance à des concessions dont la faveur impériale eût été le prix, accrut encore les sympathies qu'il avait inspirées au public. Mais bientôt les Bourbons furent ramenés de l'exil. C'est à l'enthousiasme produit chez certains hommes par leur retour qu'il |