des villages de Cabrières, de Mérindol et lieux circonvoisins, bannissait les autres, et ordonnait la destruction de leurs maisons. Il paraît que Chasseneux arrêta l'exécution de cet arrêt; il est du moins certain qu'il demanda et obtint de François Ier que les habitants de Mérindol fussent entendus, et que, tant qu'il vécut, l'arrêt ne fut point exécuté. C'était à son successeur, le baron d'Oppède, de sinistre mémoire, qu'était réservée cette triste exécution. Suivant de Thou, Chasseneux aurait été amené à tenir cette conduite, qui lui ferait encore plus d'honneur, s'il n'avait suivi d'autres inspirations que celles de la justice et de l'humanité, par les remontrances d'un gentilhomme d'Arles, Renaud d'Alleins, qui invoqua en faveur des malheureux Vaudois un argument sans réplique, et appuyé sur une autorité que Chasseneux ne pouvait récuser. Renaud d'Alleins lui rappela qu'étant avocat à Autun, il avait été d'avis qu'on ne pouvait excommunier les rats avant de les avoir cités en justice et de les avoir entendus au moins par procureur. Or les habitants de Mérindol, bien qu'hérétiques, pouvaient-ils être traités plus rigoureusement que ces animalcules? Le fait a été révoqué en doute par Niceron. On trouve cependant quelque chose d'analogue dans un ouvrage de Chasseneux, intitulé Consilia, et imprimé à Lyon en 1531. Au premier de ces conseils, il rapporte que les habitants de Beaune, voyant leurs vignes dévastées par une espece de hanneton, étaient venus à Autun présenter requête à l'official, pour qu'il sommât les hannetons d'évacuer le territoire, sous peine d'excommunication. Chasseneux examine d'abord si les habitants de Beaune ont ce droit, et ensuite comment il faut procéder. La première formalité qu'il exige à peine de nullité, c'est qu'on fasse citer les hannetons au moins par procureur. L'embarras était de savoir comment se ferait la procuration ; mais l'auteur prouve par un grand nombre d'autorités, que, quand un procureur se présente pour défendre quelqu'un qui ne le désavoue pas, il est censé revêtu de pouvoirs légitimes. Il trace ensuite au long la forme de la requête, de la citation et de la sentence, et il rappelle à cette occasion plusieurs procédures de ce genre qu'il a vu faire à Autun, à Lyon, à Mâcon, contre des animaux nuisibles tels que les rats et les limaçons. Parmi les ouvrages de Chasseneux, il faut citer, outre ses Consilia dont nous avons parlé, un commentaire sur la coutume de Bourgogne, en latin. C'est un des premiers ouvrages dans lesquels on ait essayé d'une manière systématique à éclairer le droit coutumier à l'aide du droit romain. Ce commentaire a été imprimé plusieurs fois; il a même eu l'honneur d'être annoté par Dumoulin, qui, cependant, ne faisait grand cas ni de l'ouvrage ni de l'auteur. CHASSES DES SAINTS.-Les châsses où étaient enfermées les reliques des saints étaient autrefois fort nombreuses en France. Jusqu'au milieu du seizième siècle, il n'y avait presque pas d'église qui n'en possédât une, et quelquefois plusieurs. Mais, à partir de cette époque, le nombre de ces monuments a diminué. Les protestants en détruisirent beaucoup pendant les guerres de religion; et ce qui en restait éprouva le même sort lors de la révolution de 1789. Sous les deux premières races, on portait, à la tête des armées, avec les reliques qu'elles contenaient, les châsses, que l'on désignait alors par l'expression de capa ou capella; et la garde de ces pieux monuments était confiée à des prêtres nommés capellani (chapelains), à qui Charlemagne avait accordé la permission de porter les armes, et de combattre, s'il le fallait, pour les défendre (voyez CHAPE DE SAINT MARTIN et CHAPELAINS). Dans les causes où le serment était déféré, les châsses des saints étaient placées au milieu de l'église, et l'accusateur ou l'accusé venait y prêter le serment que l'on exigeait d'eux. C'était ce que l'on appelait jurare per sanctos. La châsse la plus célèbre en France, après la châsse ou chape de saint Mar tin, et la seule dont nous donnerons la description, contenait les reliques de sainte Geneviève, patronne de Paris, morte, à ce que l'on croit, en 512. Cette châsse était l'œuvre de saint Eloi, trésorier du roi Dagobert, et évêque de Noyon. Nous ne savons si elle était recommandable par le travail; mais l'anecdote qui suit prouve qu'elle subsista longtemps, et qu'elle était fort riche. En 1145, le pape Eugène III, réfugié en France, ayant résolu, de concert avec Suger, d'introduire une réforme dans l'abbaye de Sainte-Geneviève, dont la discipline était fort relâchée, les religieux, qui ne voulaient point qu'on rétablit les anciennes règles, détachèrent de la châsse de la sainte des ornements en or pesant quatorze mares, dans le dessein de former une somme assez forte pour l'offrir au pape, et l'engager à renoncer à son projet. Leur présent ne fut point accueilli; alors ils se révoltèrent; mais force leur fut de se Soumettre et de subir la réforme. On ignore ce que devint ensuite cette châsse; mais on sait qu'en 1242, un orfévre, nommé Bonard, reçut l'ordre d'en faire une nouvelle, à laquelle il employa 193 marcs d'argent et 7 marcs et demi d'or. Celle-ci, plus riche que belle, offrait, suivant Dulaure, des formes barbares, une infinité de détails et beaucoup d'or et de pierreries, qui sans doute y avaient été, de siècle en siècle, ajoutés après coup. Elle était supportée par quatre statues de vierges plus grandes que nature. Au-dessus brillaient un bouquet et une couronne de diamants, présents de Marie de Médicis et de Marie-Élisabeth d'Orléans, reine douairière d'Espagne. Cette châsse de sainte Geneviève était en grande vénération auprès des Parisiens, et c'était vers elle qu'ils tournaient les yeux dans toutes leurs adversités. Elle était, lors des calamités publiques, exposée aux hommages des fidèles, et promenée processionnellement dans les rues de la capitale. Ce précieux monument a été fondu pendant la révolution. La châsse ou fierte de saint Romain, archevêque de Rouen, figurait autrefois dans une cérémonie fort remarquable qui avait lieu annuellement en cette ville. Le roi Dagobert, en reconnaissance de ce que ce saint prélat avait délivré la cité épiscopale d'un affreux dragon qui en ravageait les campagnes, avait accordé à son église métropolitaine le droit de délivrer tous les ans un prisonnier le jour de l'Ascension; ce prisonnier levait la châsse de saint Romain, qu'il portait avec un ecclésiastique jusqu'à la cathédrale, après quoi on le mettait en liberté (*). CHASSET (le comte Charles-Antoine) naquit à Villefranche le 25 mai 1745. Avocat et maire à l'époque de la révolution, il fut nommé membre de l'Assemblée constituante, fit décréter la suppression des dîmes, et fut envoyé avec le général Custine et Regnier en mission dans les départements du Haut et du Bas-Rhin et des Vosges. En 1792, il devint membre de la Convention nationale, vota, dans le procès de Louis XVI, la détention pendant la guerre et le bannissement après la paix, et ensuite se prononça contre le sursis. Après le 31 mai 1793, il sortit de France, devint aide-chirurgien sur un vaisseau anglais, et aide-chirurgien à Toulon pendant l'occupation anglaise. En 1795, il rentra en France, où il venait, quoique absent, d'être nommé membre du Conseil des Cinq-Cents. Il fit ensuite partie du Conseil des Anciens; et, à l'époque du 18 brumaire an VII (1799), il s'attacha au parti du général Bonaparte, ce qui lui valut son admission au sénat conservateur, le titre de commandant de la Légion d'honneur, la dignité de comte de l'empire, et celle de comte titulaire de la sénatorerie de Metz. Après la seconde restauration, il fut compris, dans la loi du 12 janvier 1816, au nombre des conventionnels dits votants; mais il obtint peu après l'autorisation de rentrer en France. (*) Voyez l'Histoire du privilége de SaintRomain, publiée par M. Floquet, membre correspondant de l'Institut. · L'insti CHASSEURS A CHEVAL. tution des chasseurs à cheval est toute moderne. Au commencement du règne de Louis XV, les compagnies franches et les légions, corps mixtes auxquels on donnait aussi le nom de troupes légères, faisaient encore en partie le service qui devait plus tard être confié aux chasseurs à cheval. Les chasseurs de Fischer, dont la création ne remonte pas au delà de 1740 ou 1743, furent les premiers qui parurent dans les armées françaises; mais ce corps, originairement composé d'une seule compagnie d'infanterie de 100 hommes, n'était pas régulièrement constitué. Quelques années après, on forma de cette compagnie une légion de 600 hommes, et l'on y adjoignit 200 cavaliers. Ce nouveau corps prit successivement la dénomination de dragonschasseurs et celle de volontaires. L'ordonnance de 1776 attacha un escadron de chasseurs à cheval à chacun des 24 régiments de dragons existants à cette époque. Ces différents essais ayant fait sentir l'utilité de corps réguliers de cavalerie légère, on renonça à ce mélange, et, en 1779, on créa 6 régiments de chasseurs, dans la composition desquels entrèrent ces 24 escadrons. Telle est l'origine des régiments de chasseurs à cheval. Les services importants que les chasseurs à cheval rendirent pendant la guerre d'Amérique leur assignèrent un rang distingué dans la cavalerie française, et en firent bientôt élever le nombre. On en comptait, en 1792, douze régiments, que l'on désignait par des noms de province: c'étaient les chasseurs d'Alsace, des Trois - Évéchés, de Flandre, de Franche-Comté, dé Hainaut, de Languedoc, de Picardie, de Guyenne, de Lorraine, de Bretagne, de Normandie et de Champagne. L'organisation du 10 brumaire an Iv porta à vingt le nombre des régiments de chasseurs à cheval, et celle de l'an VIII leur donna un effectif de 20,724 hommes. Les régiments de chasseurs, portés à trente et un sous l'empire, furent réduits à vingt-quatre à la restaura tion. Ils prirent alors les noms des départements où ils furent levés. Ainsi il y eut les chasseurs des Ardennes, de la Somme, de l'Orne, de la Charente, etc. Ils perdirent ces dénominations en 1819, et ne furent plus désignés que par leur numéro d'ancienneté. Depuis la révolution de juillet, on a réduit à quatorze, puis à douze, les dix-huit régiments qui existaient en 1830. Ces douze régiments se composent aujourd'hui de cinq escadrons chacun, et constituent une force réglementaire de 15,192 hommes sur le pied de guerre, et de 11,976 sur le pied de paix. L'institution des régiments de chasseurs à cheval, dont le service est le même que celui des hussards, n'a été imitée que par quelques puissances de l'Europe; et il est à remarquer que ce sont presque toutes des puissances du second ordre. Ainsi la Russie, l'Autriche, la Prusse, l'Angleterre, la Bavière, n'ont pas de régiments de chasseurs, tandis qu'on en compte huit en Espagne, deux en Belgique, un en Suède, un dans le royaume de Naples. CHASSEURS A CHEVAL DE LA GARDE IMPÉRIALE.-En 1798, le général Bonaparte, commandant en chef l'armée d'Egypte, avait créé une compagnie de guides à cheval, qui lui servit de garde pendant toute la durée de cette expédition, et qu'il ramena en France vers la fin de 1799. Cette compagnie changea alors de dénomination, et prit celle de chasseurs à cheval. Elle fit partie de la garde des consuls, organisée par arrêté du 7 frimaire an VIII, et forma le noyau du régiment de chasseurs institué le 17 nivôse an x. Augmenté à différentes reprises, ce régiment se composait, en 1813, de 2,500 officiers, sous-officiers et soldats. Ce régiment prit, en 1814, la dénomination de corps royal des chasseurs à cheval de France. Rétabli sur son ancien pied le 8 avril 1815, il fut enfin définitivement licencié septembre de la même année. en La garde royale compta aussi, dès son organisation, en septembre 1815, parmi les corps qui la composaient, un régiment de chasseurs à cheval. Ce régiment subsista jusqu'au 11 août 1830. CHASSEURS A PIED.-L'origine des chasseurs à pied est exactement la même que celle des chasseurs à cheval. On établit, en 1760, dans chaque bataillon d'infanterie française, une compagnie de chasseurs, qui prit la gauche des compagnies de fusiliers. Ces compagnies, licenciées à la paix de 1763, ayant été de nouveau recréées en 1775, se firent bientôt remarquer par leur belle tenue et leur discipline, et l'on conçut l'idée d'en former des corps spéciaux. Cependant ce ne fut qu'en 1788, et après plusieurs essais, que l'on en organisa douze bataillons, pris de préférence parmi les soldats nés dans les montagnes du midi de la France. Ces bataillons, portés à quatorze en 1793, formèrent, un an plus tard, les trente demi-brigades d'infanterie légère qui se distinguèrent pendant les campagnes de la révolution et de l'empire. On en comptait, en 1813 et 1814, trente-sept régiments, qui formaient un effectif de 90,000 hommes; il y en a aujourd'hui vingt et un, dont l'organisation est semblable à celle des régiments de ligne. Sur les huit compagnies dont se compose le bataillon, il y en a une de carabiniers, six de chasseurs et une de voltigeurs. L'ordonnance constitutive du 25 février 1835, qui a subi fort peu de modifications depuis, donne à ces vingt et un régiments un effectif de 59,535 hommes sur le pied de guerre, et de 39,275 sur le pied de paix. -- CHASSEURS A PIED DE LA GARDE IMPERIALE. Après la journée du 18 brumaire, le premier consul composa sa garde de celle du Directoire, et l'augmenta de quelques armes spéciales. L'arrêté du 7 frimaire an VIII y fit entrer une compagnie de chasseurs à pied, forte de 99 hommes, officiers compris. Cette compagnie forma le noyau des deux bataillons de chasseurs créés le 23 brumaire an x. Ces deux bataillons, commandés par un chef de brigade, étaient composés de huit compagnies, et formaient un effectif de 1,699 hommes, officiers compris. Le maréchal Soult en fut nommé colonel général. Ce corps fut augmenté, le 10 thermidor an XII, d'un bataillon de vélites, et l'on en composa, en 1806, deux régiments de 960 hommes, qui, en 1811, furent portés à 1,600 hommes; enfin, en 1813, on créa un bataillon bis de chasseurs à pied. Les deux régiments, réunis en un seul en 1814, prirent le titre de corps royal des chasseurs à pied de France. Un décret du 8 avril 1815 les rétablit sur leur ancien pied, et en créa un troisième. Ils furent tous licenciés en août et septembre de la même année. Neuf mois après la conquête de la régence d'Alger, le 21 mars 1831, le gouvernement créa, sous le nom de zouaves, deux bataillons et deux escadrons d'indigènes, pour le service de la nouvelle colonie. Ces derniers prirent, peu de temps après, la dénomination de chasseurs algériens, et enfin celle de chasseurs d'Afrique. Ces deux escadrons furent successivement portés à trois régiments en 1832, et à quatre en 1839. La dernière ordonnance constitutive de ces quatre régiments fixe le complet des deux premiers à six escadrons de chasseurs français et à deux escadrons de spahis ou indigènes; et celui des deux derniers à cinq escadrons de chasseurs français et un escadron de spahis. Dans l'ordre de bataille, les escadrons de spahis prennent la gauche de leur régiment. Ces quatre corps, ainsi organisés, forment un effectif réglementaire de 5,530 hommes, dont 298 officiers. CHASSEURS D'AFRIQUE. CHASSIGNER (Jean-Baptiste) naquit à Besançon à la fin du seizième siècle; il eut pour maître le savant Huet, et il puisa dans les leçons de ce guide éclairé un grand amour pour les lettres, auxquelles il consacra toute son existence. Ses poésies, qui sont en général empreintes de mélancolie, ont fait croire qu'il avait été malheureux; mais il nous dit quelque part qu'il était porté naturellement à une tristesse que les distractions mêmes des fêtes ne pouvaient dissiper. On lui doit, entre autres ouvrages, deux poëmes intitulés : Mépris de la vie, et consolations contre la mort, Besançon, 1594, in-12; et Paraphrases sur les cent cinquante psaumes de David, Lyon, 1613, in-12. Ces compositions ne sont pas sans quelque mérite littéraire. On peut sans doute y relever bien des longueurs et en blâmer quelques idées bizarres ; mais, en général, l'auteur fait preuve d'un esprit sage et d'un travail consciencieux. Ses vers sont bien frappés; la rime assez riche et constamment alternée; enfin, les enjambements sont rares. On reconnaît dans Chassigner un contemporain de Malherbe. II vécut, à ce que l'on croit, jusqu'en 1620. CHASTEL (P.-L.-A), baron, né en 1774, à Veigi, en Chablais, s'enrôla, en 1792, dans la légion des Allobroges, prit part aux diverses actions qui eurent lieu dans les Alpes, sur la Durance, puis sous les murs de Toulon. A la paix de Campo-Formio, Chastel, qui avait fait preuve de bravoure à l'armée des Pyrénées-Orientales et en Italie, fut envoyé en Égypte. Ce fut dans une des excursions auxquelles nos généraux furent entraînés par la poursuite de Mourad-Bey, que Chastel découvrit le fameux zodiaque de Denderah qui, plus tard, transporté en France, y devint l'objet d'une si vive polémique. Revenu en Europe avec le grade de chef d'escadron, digne prix de ses services, il assista aux journées d'Ulm, d'Austerlitz, fit les campagnes de Prusse et de Pologne, déploya dans toutes les rencontres une rare capacité, et un courage à toute épreuve, fut fait colonel, et appelé à l'armée d'Espagne. Créé général de brigade sur la demande du maréchal Soult, il se distingua à la bataille de Wagram, et il fut élevé au grade de lieutenant général en 1812. L'empereur, à qui le mérite militaire du baron Chastel n'avait pu échapper, lui confia le commandement d'une division de cavalerie forte de quatre mille hommes, à la tête de laquelle il poussa des reconnaissances lointaines, et se dis tingua dans plusieurs occasions, notamment à la bataille de la Moskowa, où les charges qu'il exécuta ébranlèrent le corps du général Doklorow et à Goerlitz, en Saxe, où le corps d'armée de Murat, dont il faisait partie, eut à lutter contre 25,000 cavaliers, 40,000 hommes d'infanterie et une artillerie nombreuse. La présence de l'ennemi sur le territoire français sembla doubler l'énergie de Chastel. Il rassembla sous les murs de Paris tout ce qu'il put trouver de troupes disponibles dans les dépôts, et combattit avec sa valeur ordinaire; mais devant la trahison, et devant les forces supérieures de nos ennemis, il lui fallut céder. Sa division et celle du général Bordesoulle faisant partie du corps du duc de Raguse, furent repoussées jusqu'à la barrière de Ménilmontant. Ici nous ne rappellerons qu'un seul fait qui suffira pour l'éloge du baron Chastel. Le duc de Raguse avait une si grande estime pour son caractère, et redoutait tellement l'ascendant que pouvait exercer sur l'armée cet officier général, incapable de transiger avec l'honneur, qu'il crut devoir, au moment où il traitait avec le prince de Schwartzemberg, nonseulement lui laisser ignorer ses négociations, mais lui retirer même le commandement de ses troupes. En 1815, Chastel fit partie, dans le 2o corps, de l'armée qui combattit en Belgique avec un courage digne d'un autre sort et si l'on eût alors suivi ses conseils, Wellington n'eût pas été secouru, et les désastres du MontSaint-Jean se fussent changés pour la France en succès éclatants. Rentré dans la vie privée après les cent jours, il vivait au sein de l'étude et entouré d'une société choisie, lorsqu'en 1820, on ne sait par quelle basse manoeuvre, il fut signalé comme étant à la tête d'un complot qui aurait eu pour but l'enlèvement du duc d'Angoulême à son passage dans les environs de Lonsle-Saulnier. A cette occasion, le baron Chastel dirigea une poursuite en calomnie contre le Drapeau blanc, dont l'éditeur responsable fut condamné |