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DOCTEUR EN DROIT, AVOCAT A LA COUR ROYALE DE PARIS, ANCIEN MEMBRE DU CONSEIL GÉNÉRAI,

DE SEINE-ET-OISE.

PARIS,

LIBRAIRIE DE GUILLAUMIN ET Cie,

Éditeur du Journal des Économistes, de la Collection des principaux Économistes,

DU DICTIONNAIRE DU COMMERCE ET DES MARCHANDISES, ETC.,

Rue Richelieu, 14.

1848

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HJ2106 Азсь

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UNIV. of CALIFORNIA

INTRODUCTION.

Pendant l'exercice de ma profession, je me reportais souvent, par la pensée, à l'époque où je quitterais la vie active du barreau; et je consacrais mes heures de loisir à réunir les matériaux que je pourrais mettre en œuvre, dans le calme de la retraite, bien convaincu que, pour les hommes de labeur et d'intelligence, la transition du travail au repos, est presque toujours funeste.

Des études littéraires et scientifiques étaient pour moi un délassement aux fatigues du palais; en même temps qu'elles formaient en quelque sorte, ma réserve, pour l'époque où je serais complétement libre dans le choix de mes travaux.

La vie de l'avocat doit être consacrée à la recherche de ce qui est vrai et juste : c'est du moins ainsi que j'ai toujours considéré le but de ma profession. Souvent, sans doute, des illusions, nobles dans leur source, peuvent faire prendre les apparences pour la réalité : mais je considérerais comme une monstrueuse exception l'homme, voué au ministère sacré de la défense, qui prêterait sciemment son appui à la déloyauté et à la mauvaise foi.

Nous avons aussi au palais (et c'est peut-être un tort dans

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ce siècle, où l'on veut surtout marcher vite) l'habitude de rechercher les principes que l'expérience a consacrés, et d'en déduire les conséquences logiques : aussi quand une matière nouvelle devient l'objet spécial de nos études, nous l'apprécions, sous le point de vue des règles qui doivent lui servir de base, et des bons résultats qu'on peut se promettre dans l'application. Loin de nous astreindre à suivre les ornières de la routine, nous cherchons le meilleur chemin pour arriver au but. Le respect pour les traditions ne saurait être un obstacle au libre examen. Quand nos devanciers ont fait mal, cherchons à faire bien; et lors même qu'ils ont fait bien, tâchons de faire mieux, si nous le pouvons.

Une carrière studieuse doit être celle du progrès, et pour les hommes et pour les choses. A quoi servirait-il d'acquérir de l'expérience, si elle ne devait porter quelques fruits? Conquérir des idées nouvelles, sans leur donner une direction utile, c'est ressembler à l'avare, entassant, pour satisfaire sa cupidité, des trésors qui sont stériles pour tous, et qui, mis en circulation, porteraient l'abondance au sein de la cité.

La perfection n'est pas sans doute le partage de l'homme; mais le ciel lui a donné l'instinct de la perfectibilité, qu'il faut développer sans cesse, pour obéir à la grande loi de la création. C'est un monument immense, à l'édification duquel tous les siècles doivent travailler, d'une manière plus ou moins active; car il ne peut être que l'ouvrage du temps, et le temps deviendra l'éternité, quand cet édifice aura reçu sa dernière pierre.

Qu'on me pardonne une métaphore un peu ambitieuse peutêtre, mais qui rend assez fidèlement cette pensée : que l'humanité doit toujours marcher vers le progrès.

Beaucoup de gens s'effraient à tort de cette marche incessante : c'est dans la stabilité, non dans le mouvement qu'ils trouvent leur sécurité.

Rassurons-les à cet égard. Sans doute un mouvement trop rapide présente quelques dangers. La difficulté de le régler et de le contenir peut faire qu'il vous entraîne quelquefois plus

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