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de la fucceffion d'Espagne. Les campagnes d'Italie en 1733 & 1734, où il donna diverfes preuves de fes talens militaires, furent le principal fondement de fa réputation. Il fut enfuite envoyé en Corfe, qui étoit toujours en guerre avec les Génois il foumit cette ifle, qui fe révolta auffi-tôt après fon départ; mais ce n'eft qu'en fuivant fes plans, que le roi de France la foumit de nouveau e- 1769. Son expédition de Corfe lui valut le bâton de maréchal. C'est en cette qualité qu'il commanda en Allemagne & en Italie, dans la guerre de 1741, où il cueillit de nouveaux lauriers. Il mourut le 7 février 1762, dans fa 80e année. Le marquis de Pezay a donné fes Campagnes d'Italie, imprimées au Louvre, 1775, en 3 vol. in-4°, avec un vol. de Cartes, forme d'Atlas. Son fils, Yves-Marie de MAILLEBOIS, paffa du fervice de France à celui de Hollande, fut général d'infanterie & propriétaire d'un régiment, & mourut à Maëltricht, le 13 décembre 1791, à 73 ans.

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MAILLET, (Benoît de) né en Lorraine en 1659 d'une famille noble, fut nommé, à l'âge de 33 ans, conful-général de France en Egypte emploi qu'il exerça pendant 16 ans avec beaucoup d'intelligence. Il fou tint l'autorité du roi contre les Janiflaires, & étendit le commerce de la France dans cette partie de l'Afrique. Louis XIV récompenfa fes fervices en lui conférant le confulat de Livourne, le premier & le plus confidérable des confulats François. Enfin, ayant été nommé

en 1715 pour faire la vifite dis Echelles du Levant & de Barbarie, il remplit cette commiffion avec tant de fuccès, qu'il obtint la permiflion de fe retirer, & une penfion confidérable. Il fe fixa à Marseille, où il mourut en 1738, à 79 ans. C'étoit un homme d'une imagination impétueufe & d'un jugement foible. Il aimoit beaucoup la louange, & la gloire de l'efprit le touchoit fi vivement, que pour acquérir la réputation d'en avoir, il crut devoir s'abandonner aux plus étranges paradoxes. Il s'occupa fur-tout de l'origine de notre globe. Il laiffa fur ce fujet des obfervations, qu'on a données、 au public fous le titre de Tellia med, in-8° : c'est le nom de Maillet renverfé. L'abbé le Maf crier, éditeur de cet ouvrage, l'a mis en forme d'Entretiens. C'est un philofophe Indien, qui expofe à un miffionnaire François fon fentiment fur la nature du globe & fur l'origine de l'homme. Croiroit-on qu'il le faifoit fortir des eaux, & qu'il donne pour lieu de la naiffance de notre premier Pere, un séjour qu'aucun homme ne pour roit habiter? L'objet principal eft de prouver que tous les terreins dont eft composé notre globe, jufqu'aux plus hautes de nos montagnes, font fortis da fein des eaux; qu'ils font tous l'ouvrage de la mer, qui fe re. tire fans ceffe pour les laiffer paroître fucceffivement. Telliamed fait les honneurs de fon livre à l'Illustre CYRANO DE BERGERAC, auteur des Voyages imaginaires dans le Soleil & dans la Lune. Dans l'Epitre badine qu'il lui adreffe, le philofophe

Indien ne nous annonce ces En tretiens que comme un tiflu de rêveries & de vifions. On ne peut pas dire tout-à-fait qu'il ait manqué de parole; mais on pourroit lui reprocher de ne les avoir pas écrits dans le même goût que fon Epître à Cyrano. Il traite de la maniere la plus grave le fujet le plus extrava gant; il expofe fon fentiment ridicule, avec tout le férieux d'un philofophe. De vi Entretiens dont l'ouvrage eft compofé, les quatre premiers offrent quelques obfervations curieufes. Dans les 2 autres on ne trouve que des conjectures, des rêveries, des fables quelquefois amufantes, mais toujours abfurdes. M. de Buffon a adopté une partie du Telliamed dans fon Hiftoire naturelle; mais il en a abandonné ou modifié plufieurs points de vue dans le fyftême des Epoques de la Nature, attribuant au feu primitif & à celui des volcans, ce qu'il avoit regardé comme l'ouvrage des eaux. Perfonne n'a mieux apprécié les rêves de Maillet, que M. de Luc dans fes Lettres phyfiques & morales, t. 2, p. 312, 317, 376, 573. Il développe avec autant d'efprit que de vérité les prodiges d'extravagance, nés dans le cerveau de cet empirique fpéculateur, dont la féconde imagination transformoit des fchiftes faillans en proues de vaiffeau (voyez BOULANGER, LINNÉE). On a encore de Maillet une Defcription de l'Egypte, dreffée fur fes Mémoires par l'éditeur de Telliamed, 1743, in-4°, ou 2 vol. in-12. Voyez MASCRIER. MAILLY, l'une des plus an ciennes maifons du royaume de

France, tire fon nom de la terre de Mailly, près d'Amiens; elle eft illuftre par fes alliances & par les grands hommes qu'elle a produits. Un chevalier de cette famille donna en 1742 une Hiftoire de Genes, affez eftimée, imprimée à Paris en 3 vol. in-12. Elle commence à la fondation de cette république, & finit en1694.

MAILLY, (Louife-Julie de) fille du marquis de Nefle, née en 1710, époufa, en 1726, fon coufin le comte de Mailly, more en 1747. Cette dame tient une place dans l'hiftoire des foibleffes de Louis XV. Sa plus jeune focur, Marie-Anne veuve en 1740 du marquis de la Tournelle, la fupplanta, & s'empara du cœur & de l'efprit du prince. Madame de Mailly (e retira de la cour, & vécut chrétiennement jufqu'à fa mort en 1751. Pour madame de la Tournelle, le roi lui donna le duché de Châteauroux & la fit damedu-palais de la reine. Ce prince l'avoit nommée furintendante de la maifon de madame la dauphine, lorfqu'elle fut éloignée pendant la maladie de ce prince à Metz. Louis, toujours foible & inconftant, la rappella; mais une maladie violente prévint fon retour, & l'emporta le 8 décembre 1744, à 27 ans.

MAIMBOURG, (Louis) célebre Jéfuite, né à Nancy en 1610 de parens nobles, fe fit un nom par fes prédications. Obligé de fortir de la compagnie de Jefus par ordre du pape Innocent X1, en 1682, pour avoir écrit contre la cour de Rome en faveur du clergé de France, il fut gratifié d'une penfion du roi, qui follicita en vain fes fupérieurs de ne

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du concile de Conftance. VI Plufieurs Ouvrages de controverfe. VII. Les Hiftoires de l'Arianifme, des Iconoclastes du Lutheranisme, du Calvinisme, du Schifme des Grecs, du grand Schifme d'Occident &c. Il y a des inexactitudes, mais beau coup de détails approfondis. » Les Proteftans, dit un cri »tique, dont il avoit peint la »fecte au naturel, l'ont décrié » avec fureur; fur quoi bien » des orthodoxes l'ont jugé » d'abord, fans autre examen. » Sans l'approuver en tout » on rend aujourd'hui beau

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pas l'exclure de la fociété. Les Janféniftes eurent en lui un ennemi ardent. Il fe fignala contre eux en chaire & dans le cabinet, & attaqua fur-tout le Nouveau-Teftament de Mons. Il fe choifit une retraite à l'abbaye S. Victor de Paris, où il mourut d'apoplexie en 1686, à 77 ans. Maimbourg étoit d'un caractere plein de hardieffe & de vivacité. On a de lui un grand nombre d'ouvrages hiftoriques, qui forment 14 vol. in-4°, & 26 vol. in 12. Nous nommerons feulement : 1.L'Hiftoire des Croisades, 2 vol. in-4°, ou 4 vol. in-12, écrite coup plus de juftice à fa fidé avec agrément, mais remplie »lité dans les citations. Ce qui de faits douteux, quoique l'au- » empêche peut-être le plus de teur ait puifé ceux qui paroif- » diffiper entiérement les forfent les moins croyables, dans » tes préventions qu'on avoit des hiftoriens célebres & fou-» conçues contre lui, c'eft la vent contemporains. II. L'Hif- qualité de fon style pompeux toire de la décadence de l'Em- » jufqu'à l'emphase, avec une pire de Charlemagne 2 vol. in-12. L'auteur y difcute affez bien les querelles de l'Empire & du Sacerdoce. III. L'Hiftoire de la Ligue, in-4°, ou en 2 vol. in-12. On y trouve des chofes affez curieufes, entr'autres la piece fondamentale de la ligue, qui eft l'Acte de l'affociation de la nobleffe Françoife. IV. Hiftoire du pontificat de S. Grégoire le Grand, & de celui de S. Léon, fortement attaquées, ainfi que l'ouvrage fuivant, par le cardinal Sfondrati, dans fa Gallia vindicata, 2 vol. in-4° ou in-12. V. Traité historique des prérogatives de l'Eglife de Rome. Il y établit très-bien l'autorité de l'Eglife contre les Proteftans; mais il n'a pas le même fuccès lorfqu'il fort delà, comme lorfqu'il prétend réfuter ce que Scheelstrate a écrit fur les actes

furcharge de traits pitto» refques, qui dans le genre

grave de l'Histoire, otent » à la vérité l'air de la vrai» femblance ». VIII. Des Sermons contre le Nouveau-Teftament de Mons, 2 vol. in-8°. On fent affez qu'Arnauld & Nicole ne l'ont pas laiffé parler feul. Il eut quelques différens avec le célebre P. Bouhours, qui avoit critiqué non fans raifon plufieurs de fes expreffions. Ceux qui ont dit qu'il avoit été mécontent de l'Expofition de la Foi de M. Boffuet, & que, dans fon Hiftoire du Luthéranifme, il avoit fait le portrait de ce prélat & la critique de fon ouvrage, fous le nom du cardinal Contarini, ont écrit une calomnie groffiere, fuffifamment réfutée par la fimple lecture de cet endroit (liv. 3,

ann. 1541). On a remarqué que fes Sermons, tous d'une froi deur infupportable, ont été le fruit de fa jeuneffe, & que fes hiftoires où refpire tant de vivacité, ont été compofées dans un âge mûr. Il est vraisemblable qu'il n'avoit pas d'abord connu fes véritables difpofitions. MAIMBOURG,(Théodore) coufin du précédent, fe fit Calvinifte, rentra enfuite dans l'Eglife Catholique, puis retourna de nouveau à la religion prétendue réformée, & mourut focinien à Londres vers 1693. On a de lui une Réponse à l'Expofition de la Foi Catholique de Boffuet, qui n'eut pas de fuccès, & qui ne fit que prouver que l'ouvrage de ce prélat eft un chef-d'œuvre; & d'autres Opufcules au-deffous du médiocre.

MAIMONIDE ou BEN MAIMON, (Moyfe) célebre Rabbin, né à Cordoue en 1139, & felon d'autres en 1135, étudia fous les plus habiles maitres, & en particulier fous Averroès. Après avoir fait de grands progrès dans les langues & dans les fciences, il alla en Egypte, & devint premier médecin du fultan. Maimonide eut un grand crédit auprès de ce prince, & mourut comblé de gloire, d'honneur & de richelles, en 1209, & felon quelques-uns en 1205. On a de lui: 1. Un excellent Commentaire en arabe fur la Mifchne, qui a été traduit en hébreu & en latin, & imprimé avec la Mifchne, Amfterdam, 1698, 16 vol. in-fol. II. Un Abrégé du Talmud, en 4 parties, fous le titre de lad Charakha, c'eft-àdire Main-Forte, Venile, 1550,

4 vol. in-fol. Cet Abrégé eft écrit très-élégamment en hébreu, & paffe chez les Juifs pour un excellent ouvrage. III. Un traité intitulé: More Nebochim ou Nevochim, c'est-àdire le Guide de ceux qui chancellent. Maimonide l'avoit com pofé en arabe; mais un Juif le traduifit en hébreu, du vivant même de l'auteur : il parut à Venife en 1551, in-fol. Buxtorf en a donné une bonne traduction latine, 1629, in-4°. Ce livre contient en abrégé la théologie des Juifs, appuyée fur des raifonnemens philofophiques, qui déplurent d'abord & firent grand bruit, mais qui furent dans la fuite adoptés prefque généralement, IV. Un ouvrage intitulé: Sepher Hammifoth, c'eft-à-dire le Livre des Préceptes, hébreu-latin Amfterdam, 1640, in-4°. C'eft une explication des 613 préceptes affirmatifs & négatifs de la Loi. V. Un traité de Idololatriâ, traduit par Vollius Amfterdam, 1642, 2 vol. in4°. VI. De rebus Chrifti, traduit par Genebrard, 1573, in-8°. VII. Aphorifmi fecundùm doctrinam Galeni, Bologne, 1489, in-4°. VIII. Tractatus de regimine Sanitatis, Lyon, 1535, in-fol. IX. Liber de cibis vetitis; ouvrage curieux, traduit en latin par Marc Woeldicke, & publié à Coppenhague en 1734, in-4°. On a encore de Maimo nide plufieurs Epitres & d'autres ouvrages, qui lui ont ac guis une grande réputation. Les Juifs l'appellent l'Aigle des Docteurs, & le regardent comme le plus beau génie qui ait paru depuis Moyfe le Légiflateur. Maimonide eft fouvent

cité fous les noms de Mofes Egyptius, à caufe de fon féjour en Egypte; de Mofes Cor dubenfis, parce qu'il étoit de Cordoue. On l'appelle auffi le Docteur. Il est fouvent défigné par le nom de Rambam, compofé des lettres initiales R. M. B. M., qui indiquent fon nom entier, c'est-à-dire Rabbi Moyfe, Ben (fils de) Maimon. Les Juifs ont coutume de défigner ainfi les noms de leurs fameux Rabbins par des lettres initiales.

MAINARD, voyez MAY

NARD.

MAINE, (la Croix-da-) voy: CROIX & MAYNE.

devenue fon épouse, fut gagner fon cœur, & le gouverner fans lui déplaire. Elle employa fon efprit & fon crédit à procurer au duc du Maine & à fes enfans un rang égal au fien. De degrés en degrés, ils parvinrent à tous les honneurs des princes du fang, & obtinrent en 1714 de Louis le Grand un édit qui les appelloit, eux & leur poftérité, à la fucceffion à la couronne. Cet édit fut en partie l'ouvrage de madame du Maine, qui eut la douleur de voir fon édifice ébranlé du tems de la régence. Le duc fut feulement confirmé dans les honneurs de prince du fang. Louis MAINE, (Anne-Louife- XIV l'avoit auffi nommé furBénédictine de BOURBON, du- intendant de l'éducation de fon cheffe du) petite-fille du grand fucceffeur; mais cette clause Condé, eut l'efprit & l'éléva- de fon teftament n'eut pas fon tion de fentimens de fon grand- exécution. Madame la ducheffe pere. Elle naquit en 1676, & du Maine fut arrêtée en 1718, ionna dès fon enfance les ef- & conduite au château de Dipérances les plus heureuses. jon, & fon époux à celui de Elle fut mariée en 1692 à Louis. Dourlens, & ils ne furent mis Augufte de BOURBON, duc du en liberté qu'en 1720. Le duc Maine, fils de Louis XIV & du Maine mourut en 1736, de madame de Montefpan, né avec de grands fentimens de en 1670. Ce prince montra de religion. La ducheffe fe livra bonne heure beaucoup d'efprit. alors entiérement à fon goût Madame de Maintenon, char- pour les fciences & les arts. gée de veiller à fon éducation, Elle les recueillit à Sceaux hit imprimer en 1677 le recueil dont elle avoit fait un séjour de fes thêmes, fous ce titre enchanté (voyez MALEZIEU); Œuvres d'un jeune Enfant qui & les protégea jufqu'à fa mort, n'a pas encore fept ans, que arrivée en 1753, dans la 76e Louis XIV vit avec le plus année de fon âge.» Perfonne grand plaisir. Tout ce qui con- » dit madame de Staal, n'a ja cernoit cet enfant, l'intérefloit » mais parlé avec plus de jufextrêmement; auffi le combla-teffe, de netteté & de rapit-il de bienfaits. Il fut colonel- » dité, ni d'une maniere plus général des Suiffes & Grifons, fit plufieurs campagnes, & fut pourvu de la charge de grandmaître de l'artillerie en 1688. Madame la ducheffe du Maine,

noble & plus naturelle. Son efprit, frappé vivement des » objets, les rendoit comme » la glace d'un miroir qui les » réfléchit, fans ajouter, fans

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