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s'exécute en peu de jours. Les affiégés furent auffi furpris qu'affligés, de voir une flotte entiere defcendre de la terre dans le port. Un pont de bateaux fut conftruit à leur vue, & fervit à l'établiffement d'une batterie de canons. Les Grecs ne laifferent pas de fe défendre avec courage; mais leur empereur ayant été tué dans une attaque, il n'y eut plus de résistance dans la ville, qui fut en un inftant remplie de Turcs. Les foldats effrénés pillent, violent, maf facrent; 40,000 perfonnes furent égorgées, 60,000 faites efclaves, & le nombre des difperfés fut fi prodigieux, que le fultan fut obligé de faire venir du monde des différentes provinces de fon empire pour repeupler cette malheureufe ville. La Grece cette patrie des Miltiade, des Leonidas, des Alexandre, des Sophocle & des Platon, devint le centre de la barbarie contrafte frappant avec le Chriftianifme, qui, par un effet diametralement oppofé, fait briller la lumiere des iciences & des arts dans les pays barbares qui reçoivent fa loi. Mahomet, poffeffeur de Conftantinople, envoya fon armée victorieufe contre Scanderberg, roi d'Albanie, qui la défit en plufieurs rencontres. Une autre armée fous fes ordres pénétra jufqu'au Danube, & vint mettre le fiege devant Belgrade; mais le célebre Huniade, fecondé par le zélé Jean Capistran, dont les prédications animoient les Chrétiens, l'obligea de le lever. La mort de ce grand général lui donna une nouvelle confiance en fes armes. Il s'empara de

Corinthe en 1458, rendit le Péloponnefe tributaire, & marcha de conquêtes en conquêtes. En 1467, il acheva d'éteindre l'empire Grec par la prife de Sinople & de Trébizonde, & de la partie de la Cappadoce qui en dépendoit. Trébizonde étoit, depuis l'an 1204, le fiege d'un empire fondé par les Comnenes. Le conquérant Turc vint enfuite fur la Mer-Noire fe faifir de Caffa, autrefois Théodofie. Les Vénitiens eurent le courage de défier fes armes. Le fultan irrité fit le vœu impie d'exterminer tous les Chrétiens, & entendant parler de la cérémonie dans laquelle le doge de Venife époufe la Mer-Adriatique, il dit qu'il l'enverroit bientôt au fond de cette mer conSommer fon mariage. Pour exécuter fon deffein, il attaqua d'abord en 1470 l'ifle de Négrepont, s'empara de Chalcis la capitale, la livra au pillage, & fit fcier par le milieu du corps le gouverneur Arezzo contre fa promeffe. Dix ans après il envoya une grande flotte pour s'emparer de l'ifle de Rhodes. La vigoureuse réfiffance des chevaliers de S. Jean de Jerufalem, animés par Pierre d'Aubuffon leur grandmaître, obligea les infideles à fe retirer, après avoir perdu près de 10,000 hommes & une grande quantité de vaiffeaux & de galeres. Les Turcs fe vengerent de leur défaite fur la ville d'Otrante en Calabre, qu'ils prirent après 17 jours de fiege. Le gouverneur & l'évêque furent mis à mort d'une maniere cruelle, & 12,000 habitans furent paflés au fil de l'épée. Toute l'Italie trem

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bloit. Mahomet préparoit une nouvelle armée contre elle, tandis qu'il portoit d'un autre côté les armes contre les fultans Mammelucs. L'Europe & l'Afie étoient en alarme; elle ceffa bientôt. Une colique délivra le monde de l'Attila Mahométan en 1481, à 52 ans, après en avoir régné 31, pendant lefquels il avoit renverfé 2 empires, conquis 12 royaumes, pris plus de 200 villes fur les Chrétiens. Si une ambition vafte, un courage mefuré, des fuccès brillans font le grand prince; & fi une cruauté inhumaine, une perfidie adroite, le mépris conftant de toutes 'les loix font le méchant homme; il faut avouer que Mahomet II a été l'un & l'autre. Il fe moquoit de toutes les religions, & n'appelloit le fondateur de la fienne qu'un chef de bandits. La politique arrêta quelquefois l'impétuofité de fon naturel & la barbarie de fon caractere; mais il s'y livra prefque toujours. Outre les cruautés dont on a parlé, il fit maffacrer David Comnene & fes trois enfans après la prife de Trébizonde, malgré la foi donnée. Il en ufa de même envers les princes de Bofnie & envers ceux de Metelin. Il fit périr toute la famille de Notaras, parce que ce feigneur avoit refufé d'accorder une de fes filles à fa brutale volupté. Quand même il n'auroit pas fait éventrer 14 de fes efclaves pour favoir lequel avoit mangé un melon qu'on lui avoit dérobé; quand même il n'auroit pas coupé la tête à fa maîtreffe Irene, pour faire ceffer les murmures de fes foldats (faits que plufieurs hif

toriens contemporains rapportent, & que Voltaire a niés fans raifon), il reste affez de preuves pour pouvoir affurer que ce fameux dévastateur de l'Europe & de l'Afie étoit un montre. Sa luxure brutale & infatiable égaloit fa cruauté; c'étoit le plus voluptueux & en même tems le plus fanguinaire des hommes : l'impiété qu'il profeffoit ouvertement nourriffoit & encourageoit ces deux vices toujours étroitement unis. Voyez BARBEROUSSE LAVAL, NERON, TUROCZI.

MAHOMET III, empereur des Turcs, monta fur le trône après fon pere Amurat III, en 1595. Il commença fon regne par faire étrangler 19 de fes freres, & noyer to femmes de fon pere qu'on croyoit enceintes. 11 vint en perfonne dans la Hongrie, à la tête de 200 mille hommes, affiégea Agria qui fe rendit à compofition; mais la garnifon fut maffacrée en fortant de la ville. Dans toutes ces guerres, les Turcs n'ont prefque jamais gardé la foi jurée aux Chrétiens qui fe rendoient à eux; & cette obfervation, qui eft d'une vérité inconteftable, fuffit pour apprécier ce que certains auteurs nous difent de leur fidélité à obferver leur parole. Au premier fiege d'Agria en 1552, Achomat, général des Turcs, convaincu lui-même que les affiégés ne pouvoient fe fier à fa parole, s'offrit de s'éloigner de trois milles pour en laiffer fortir la garnison, & de lui donner des ôtages, que ceux-ci refuferent & l'obligcrent de lever le fiege (voyer Ifthuanfi, De Reb. Pann., 1. 17

& 18). Cependant pour affaiblir l'idée que les nations voifines concevoient de la perfidie tur que, & empêcher que les villes affiégées ne le défendiffent avec Toutes les reffources du défefpoir, Mahomet fit cette fois-ci trancher la tête à l'Aga des Janiffaires qui avoit permis ce maflacre. L'archiduc Maximilien, frere de l'empereur Rodolphe, marcha contre lui, prit fon artillerie, lui tailla en pieces 12,000 hommes, & auroit remporté une victoire complette; mais Mahomet, averti par un apoftat Italien que les vainqueurs s'amufoient au pilJage, revint à la charge, & leur enleva la victoire le 26 octobre 1596. Les années fuivantes furent moins heureufes pour lui. Ses armées furent chaffées de la Haute-Hongrie, de la Moldavie, de la Valachie & de la Tranfylvanie. Mahomet demanda la paix aux princes chrétiens, qui la lui refuserent. Il fe confola dans fon ferrail, & s'y plongea dans Jes débauches, fans que ni les guerres domestiques, ni les etrangeres puffent l'en tirer. Son indolence fit murmurer les Janiffaires. Pour les appaifer, il livra fes plus chers amis à leur rage, & exila fa mere qu'on croyoit être la caufe de tous les malheurs de l'état. Ce fcélérat mourut de la pefte en 1603, à 39 ans, après avoir fait étrangler l'aîné de fes fils, & noyer la fultane qui en étoit la mere.

MAHOMET IV, né en 1642, fut reconnu empereur des Turcs en 1649, après la mort tragique d'Ibrahim 1, fon pere, étranglé par les Janifaires. Les Turcs étoient en guerre

avec les Vénitiens lorfqu'il monta fur le trône. Le commencement de fon regne fut brillant. Le grand-vifir Coprogli, battu d'abord à Raab par Montecuculli, mit toute fa gloire & celle de l'empire Ottoman à prendre l'ifle de Candie. Les troubles du ferrail, les irruptions des Turcs en Hongrie, firent languir cette entreprise pendant quelques années; mais jamais elle ne fut interrompue. Coprogli affiégea enfin en 1667, avec beaucoup de vivacité, Candie, fortement défendue par Morofini, capitaine - général des troupes de mer de Venife, & par Montbrun, officier François commandant des troupes de terre. Les affiégés, fecourus par Louis XIV, qui leur envoya 6 à 7000 hommes, fous le commandement des ducs de Beaufort & de Navailles, foutinrent pendant près de 2 années les efforts des affiégeans; mais enfin il fallut fe rendre en 1669. Le duc de Beaufort périt dans une fortie (voyez fon article). Coprogli entra par capitulation dans Candie, réduite en cendres. Le vainqueur acquit une gloire chéremen achetée, car il perdit 100,000 de fes foldats. » Les Turcs dans ce » fiege (dit l'auteur du Siecle » de Louis XIV) se montrerent

fupérieurs aux Chrétiens, » même dans la connoiffance » de l'art militaire. Les plus

gros canons qu'on ait vus en» core en Europe, furent fon» dus dans leur camp. Ils firent » pour la premiere fois des » lignes paralleles dans les tran » chées : ufage que nous avons

pris d'eux, & qu'ils tenaient

» d'un ingénieur Italien. Après cette conquête, le torrent de la puiflance Ottomane fe porta vers le nord de l'Europe. Mahomet IV marcha en perfonne, l'an 1672, contre les Polonois, leur enleva l'U kraine, la Podolie, la Volhinie, la ville de Kaminieck, & ne leur donna la paix qu'en leur impofant un tribut annuel de 20,000 écus. Sobieski ne voulut point ratifier un traité fi honteux, & vengea fa nation l'année fuivante par la défaite entiere de l'armée ennemie, aux environs de Choczim. Les Ottomans, battus à diverfes reprifes par ce grand homme, furent contraints de lui accorder une paix moins défavanta geufe que la premiere, en 1676. Le comte Tekeli ayant foulevé la Hongrie contre l'empereur d'Allemagne quelques années après, le fultan favorifa fa tévolte. I leva une armée de plus de 140 mille hommes de troupes réglées, dont il donna le commandement au grandvifir Cara Mustapha : ce général vint mettre le fiege devant Vienne en 1683, & il l'auroit emportée, s'il l'eût preflée plus vivement. Sobieski eut le tems d'accourir à fon fecours, joignit fes troupes aux Autrichiens, défit Mustapha, & l'obligea de tout abandonner en fe fauvant avec les débris de fon armée. Cette défaite coûta la vie au grand-vifir, étranglé par l'ordre de fon maître, & fut l'époque de la décadence des affaires des Turcs. Les Cofaques, joints aux Polonois, défirent peu de tems après une de leurs armées de 40.000 hommes. L'année 1684 commença par une ligue

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offenfive & défenfive contre les Ottomans entre l'empereur, le roi de Pologne & les Vénitiens. Le prince Charles de Lorraine, général des armées impériales, les défit entiérement en 1687 dans la plaine de Mohacz, fameufe par le malheur du jeune roi Louis, tandis que Morofini général des Vénitiens, prenoit le Péloponnefe le Peloponnefe, qui valoit mieux que Candie. Les Janiffaires, qui attribuoient tant de malheurs à l'indolence du fultan, le dépoferent le 8 octobre de la même année. Son frere Soliman III, élevé fur le trône à fa place, fit enfermer cet infortuné empereur dans la même prifon d'où on venoit de le tirer pour lui donner le fceptre. Mahomet, accoutumé aux exercices violens de la chaffe, étant réduit tout-à-coup à une inac tion perpétuelle, tomba dans une langueur qui le conduifit au tombeau l'an 1693. Ce prince étoit d'un caractere fort inégal. Il fut moins abandonné à fes plaifirs que fes prédécefleurs. La chaffe fut fa principale pas fion. Sa timidité naturelle lui faifoit craindre fans ceffe de funeftes événemens, fans que les appréhenfions le rendiflent cruel, comme le font ordinairement les princes ombrageux,

MAHOMET V, ou plutôt MAHMOUD, fils de Mustapha II, empereur des Turcs, né en 1696, fut placé en 1730 fur le trône, vacant par la dépofition d'Achmet Ill fon oncle. Les Janiffaires, qui lui avoient donné la couronne exigeoient qu'il reprit les provinces conquifes par les Impé riaux fous les regnes précéa

dens. Mais la guerre que l'empire Ottoman avoit avec la Perfe, empêcha Mahomet de porter fes vues du côté de l'Europe. Il avoit d'ailleurs le caractere trèspacifique, & il gouverna fes peuples avec douceur jufqu'à fa mort, arrivée en 1754. Thamas Kouli Kan lui enleva la Géorgie & l'Arménie.

MAHOMET GALADIN, voyez ce dernier mot.

MAHUDEL, (Nicolas ) né à Langres en 1673; entra chez les Jéfuites, en fortit; demeura onze mois à la Trappe, & en fortit encore; fe fit médecin & fe fixa à Paris, où il mena une vie laborieufe. Il fut pendant quelque tems de l'académie des infcriptions, & pendant quelque tems auffi détenu à la Baf tille. Il mourut à Paris en 1747, dans de grands fentimens de piété. Il a compofé: I. Differtation historique fur les Monnoies antiques d'Espagne, Paris, in-4°, 1725. II. Lettres fur une Médaille de la Ville de Carthage, in-8°, 1741.

MAHY, (Bernard) Jéfuite, né à Namur en 1684, précha avec réputation pendant 27 ans dans différentes villes des PaysBas. Il préchoit à la cathédrale de Liege,lorfqu'une mort fubite l'enleva le 8 avril 1744. Il a donné au public l'Histoire du Peuple Hébreu jufqu'à la ruine de la Synagogue, Liege, 1742, 3 vol. in-12. Le ftyle en eft trop oratoire.

MAIA, fille d'Atlas & de Pleione, fut aimée de Jupiter & en eut Mercure. Ce dieu lui donna à nourrir Arcas, qu'il avoit eu de la nymphe Calif. to. Junon, déjà irritée contre Maïa, lui auroit fait reffentir

les effets de fa colere, fi Jupiter ne l'eût fouftraite à fa vengeance, en la plaçant au ciel parmi les étoiles.

MAIDSTON, (Richard) Anglois, fut ainfi nommé du lieu de fa naiffance. Il mourut le 1er juin 1396, dans le couvent d'Arlesfort, de l'ordre des Carmes, où il avoit pris l'habit. C'étoit un homme verfé dans la théologie, la philofophie & les mathématiques. Il a laiffé plufieurs ouvrages. Les plus curieux & les plus rares, font fes Sermones breves intitulati: DORMI SECURÈ ; Lyon, 1491, in-4°. On a dit qu'effectivement ils n'étoient bon qu'à faire dormir; mais ce bon mot eft au moins trop général; car il y a auffi des choses très-propres à réveiller.

MAIER, (Jean) Carme, natif de Ghela ou Geel, village du Brabant, étoit verfé dans le grec & le latin; il mourut à Anvers en 1577, & laiffa des Commentaires fur les Epitres de S. Paul, fur le Decalogue, des Difcours latins & grecs; mais on croit que ces ouvrages ont été la proie des flammes.

MAIER, (Michel) alchymiste étoit de Rendsbourg dans le duché de Holftein. L'empereur Rodolphe II l'ho nora du titre de fon médecin. 11 fe fixa en 1620 à Magdebourg, & y mourut en 1622, à 54 ans. Il livra fa raifon, fa fortune & fon tems à l'alchymie, cette folie ruineufe. Parmi les ouvrages qu'il a donnés au public fur cette matiere, les philofophes, qui le font affez peu pour vouloir faire de l'or, diftinguent & recherchent fon Atalanta fugiens, 1618, in-4°;

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