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Jon carattere que celui de J. C. avoit été la douceur, & que le fien étoit la force. Pour agir fuivant fes principes, il leva des troupes qui appuyerent fa miffion. Les Juifs Arabes, plus opiniâtres que les autres, furent un des principaux objets de fa fureur. Son courage & fa bonne fortune le rendirent maître de leur place forte. Après les avoir fubjugués, il en fit mourir plufieurs, vendit les autres comme des efclaves, & diftribua leurs biens à fes foldats. La victoire qu'il remporta en 627, fut fuivie d'un traité qui lui procura un libre accès la Mecque. Ce fut la ville qu'il choifit pour le lieu où fes fectateurs feroient dans la fuite leur pélerinage. Ce pélerinage faifoit déjà une partie de l'ancien culte des Arabes païens, qui y alloient une fois tous les ans adorer leurs divinités, dans un temple aufli renommé parmi eux que celui de Delphes l'étoit chez les Grecs. Mahomet, fier de fes premiers fuccès, fe fit déclarer roi, fans renoncer au caractere de chef de religion. Cet apôtre fanguinaire, ayant augmenté fes forces, oubliant la treve qu'il avoit faite 2 ans auparavant avec les habitans de la Mecque, met le fiege devant cette ville; l'emporte de force; &, le fer & la flamme à la main, il donne aux vaincus le choix de fa religion, ou de la mort. On passe au fil de l'épée tous ceux qui réfiftent au prophete guerrier & bar bare. Le vainqueur, maître de l'Arabie, & redoutable à tous fes voifins, fe crut affez fort pour étendre les conquêtes & fa religion chez les Grecs &

chez les Perfes. Il commença par attaquer la Syrie, foumite alors à l'empereur Heraclius; il lui prit quelques villes, & rendit tributaires les princes de Dauma & Deyla. Če fut par ces exploits qu'il termina toutes les guerres où il avoit commandé en perfonne, & où il avoit montré l'intrépidité d'A lexandre. Ses généraux, auffi heureux que lui, accrurent en core fes conquêtes, & lui foumirent tout le pays à 400 lieues de Medine tant au Levant qu'au Midi. C'eft ainfi que Ma homet, de fimple marchand de chameaux, devint un des plus puiflans monarques de l'Afie. Il ne jouit pas long-tems du fruit de fes crimes. Il s'étoit toujours reffenti d'un poifon qu'il avoit pris autrefois. Une Juive, voulant éprouver s'il étoit vraiment prophete, empoifonna une épaule de mouton qu'on devoit lui fervir. Le fon dateur du Mahométifme ne s'apperçut que la viande étoit empoisonnée qu'après en avoir mangé un morceau. Les impreffions du poifon le minerent peu-à-peu. Il fut attaqué d'une fievre violente, qui l'emporta en la 62e année de fon âge, la 23e depuis qu'il avoit ufurpé la qualité de prophete, l'on zieme de l'Hégire & la 632e de J. C. Sa mort fut l'occafion d'une grave difpute entre fes difciples. Omar, qui de fon perfécuteur étoit devenu fon apôtre, déclara, le fabre à la main, que le prophete de Dieu ne pouvoit pas mourir. Il foutint qu'il étoit difparu comme Moyfe & Elie, & jura qu'il mettroit en pieces quiconque oferoit foutenir le contraire. Il

fallut qu'Abubeker lui prouvât» ou l'Evangile, mais auffi par

» combien de folies & d'ex» travagances qui lui font pro

par le fait, que leur maître étoit mort; & par plufieurs paffages de l'Alcoran, qu'il de- pres, il a défiguré ce qu'il voit mourir. L'impofteur fut prenoit chez nous. Or, il enterré dans la chambre d'une » me femble que pour appréde fes femmes, & fous le lit où cier un homme, il faut s'apil étoit mort. C'est une erreur »pliquer très-fpécialement à populaire, de croire qu'il cft diftinguer ce qu'il a tiré de fufpendu dans un coffre de fer, »fon propre génie, de ce qu'il qu'une ou plufieurs pierres d'ai-prend ailleurs. Pour lui en man tiennent élevé au haut de faire honneur, au moins la grande mosquée de Médine. » faudroit-il nous montrer le Son tombeau fe voit encore » degré de perfection qu'il aujourd'hui à l'un des angles » pourroit y avoir ajouté. Mais de ce temple. C'est un cône de très-certainement on n'efpierre placé dans une chapelle, pérera pas nous montrer queldont l'entrée est défendue aux » que degré de perfection profanes par de gros barreaux » ajouté par Zoroastre ou par de fer. Le livre qui contient les » Mahomet à la doctrine de dogmes & les préceptes du Ma. » Moïfe, aux loix de l'Evanhométifme, s'appelle l'Alcoran. »gile. Toute la théologie C'est une rapfodie de 6000 du législateur des Arabes fe vers, fans ordre, fans liaison, réduit à trois points principaux. fans art. Les contradictions, les Le 1er eft d'admettre l'existence abfurdités, les anachronifmes y & l'unité de Dieu, à l'exclufont répandus à pleines mains. fion de toute autre puiffance, Il recueilloit les fables les plus qui puiffe partager ou modifier abfurdes des Juifs & des héré- fon pouvoir. Le 2e eft de croire tiques, & les mêloit à la nar- que Dieu, créateur univerfel ration des Livres-Saints fans dif- & tout-puiffant, connoît toutes cernement. On peut juger du chofes, punit le vice & récomcahos qui en a réfulté. S'il fe penfe la vertu, non-feulement préfente çà & là quelques paf dans cette vie, mais encore fages raifonnables, des maxi- après la mort. Le 3e eft de croire mes d'une bonne morale & que Dieu, regardant d'un œil même des endroits fublimes & de miféricorde les hommes plontouchans, c'est que l'impofteur gés dans les ténebres de l'idorépete ou imite le langage des lâtrie (il n'y en avoit presque Chrétiens & des Juifs fur la plus alors dans toutes les proDivinité, fes ouvrages & fes vinces que fes fectateurs ont loix. Si l'on nioit, dit un fubjuguées depuis) a fufcité fon favant moderne, que ce qu'il prophete Mahomet pour leur a de bon fur la Divinité & apprendre les moyens de par» la morale, vient de nos Li- venir à la récompenfe des bons, »vres-Saints, je me conten- & d'éviter les fupplices des "terois de renvoyer au Coran méchans.Cet impofteur adopta, » même. On y verroit en com- comme l'on voit, une grande » bien d'endroits il copie Moïfe partie des vérités fondamen

tales du Chriftianifme: l'unité de Dieu, la néceffité de l'aimer, la réfurrection des morts, le jugement dernier, les récompenfes & les châtimens. I prétendoit que la religion qu'il enfeignoit n'étoit pas nouvelle; mais qu'elle étoit celle d'Abra ham & d'Ifmaël, plus ancienne, difoit-il, que celle des Juifs & des Chrétiens. Outre les pro phetes de l'Ancien-Teftament, il reconnoifloit Jefus fils de Marie, né d'elle quoique vierge, Meffie, Verbe & Efprit de Dieu. Il donnoit même dans l'héréfie des impaffibles, en affurant que J. C. n'avoit pas été crucifié. » La perfidie des » Juifs, dit-il, a été punie pour » avoir nié la virginité de Ma»rie, & avoir dit qu'ils » avoient mis à mort Jefus le » Chrift, fils de Marie, en» voyé de Dieu. Ils ne l'ont ni » tué, ni crucifié, ils n'ont eu » en leur pouvoir que fon » image. Sa perfonne leur a » été enlevée & placée au"près de Dieu ». Quoiqu'il eût beaucoup puifé dans la religion des Juifs & des Chrétiens, il haïffoit cependant les uns & les autres imitant en quelque forte les plagiaires qui affecient de méprifer & de cenfurer les auteurs qu'ils ont volés. La circoncifion, les oblations, la priere cinq fois par jour, l'abftinence du vin, des liqueurs, du fang, de la chair de porc, le jeûne du mois Ramadan, & la fanctification du vendredi, furent les pratiques extérieures de fa religion. I propofa pour récompenfe à ceux qui la fuivroient, la jouiffance de toutes les voluptés charnelles. Un homme qui propo⚫

foit pour paradis un ferrail, ne pouvoit que fe faire des profélytes parmi des gens groffiers & vicieux. Il n'y a point de religion ni de gouvernement qui foit moins favorable au fexe que le Mahométifme. L'auteur de ce culte anti-chrétien accorde aux hommes la permiffion d'avoir plufieurs femmes, de les battre quand elles ne voudront pas obéir, & de les répudier fi elles viennent à déplaire; mais il ne permet pas aux femmes de quitter des maris fâcheux, à moins qu'ils n'y confentent. I ordonne qu'une femme répudiée ne pourra fe remarier que deux fois ; & fi elle eft répudiée de fon troifieme mari, & que le premier ne la veuille point reprendre, elle doit renoncer au mariage pour toute fa vie. Il veut que les femmes foient toujours voilées, & qu'on ne leur voie pas même le cou ni les pieds. En un mot toutes les loix, à l'égard de cette moitié du genre-humain, font dures & injuftes. Les prétendus philofophes qui ont entrepris de réhabiliter la mémoire de Mahomet, de juftifier fa religion, de réfuter les reproches qu'on lui a faits, feroient plutôt venus à bout de blanchir un negre. L'état d'ignorance de ftupidité, de fervitude, de corruption dans lequel font plongés tous les peuples foumis à fes loix, eft une démonftration contre laquelle les fophifmes & les fubterfuges ne tiendront jamais, & qui couvrira toujours de confufion les apologiftes. Mahomet eft le plus ancien écrivain qui ait parlé clairement de l'Immaculée Con

ception de la Ste Vierge; c'est dans fon Alcoran Sura 3. Voyez auffi Maracci, Prodrom. ad refutat. Alcor. pte. 4, p. 86. Il avoit fans doute pris cette opinion des Chrétiens Orientaux, qui s'étoient retirés de fon tems en grand nombre dans l'Arabie, pour éviter les mauvais traite mens qu'on leur faifoit éprouver dans leur patrie (voyez SIXTE IV). La meilleure édition de l'Alcoran eft celle de Maracci, Alcorani textus univerfus, en arabe & en latin, in-fol. 2 vol., Padoue, 1698, avec des notes. Il n'avance rien qu'il ne prouve par les textes formels de ce livre, & par les témoi gnages des auteurs Arabes: il avoit étudié cette langue pendant 40 ans. Il y en a une tra duction angloife, in.4°, par M. Sale, avec une Introduction & des Notes critiques, dont plu. fieurs n'ont pas paru juftes à tout le monde. Je fuis fâché (dit M. Porter, l'homme du monde le mieux inftruit de la religion Mufulmane) » d'être obligé de dire que fouvent il montre trop d'empreffement à faire l'apologie du Koran, & qu'il ≫cherche plutôt à pallier les extravagances fans nombre qu'il y rencontre, qu'à les expofer dans leur véritable "point de vue. Il réfulte du ≫ moins un avantage de cette » partialité c'eft qu'on peut » être affuré qu'il n'a pas ajouté » une feule abfurdité à celles » qui y font réellement, & qu'il » n'a point chargé le ridicule » qu'elles ont dans l'original. Quelques faifeurs d'efprit héteradoxes, pour fe donner un air de fingularité, fi ce n'est aux dépens de l'hon

:

nêteté, au moins aux dépens du fens commun, ne fe » font point fait fcrupule de fe

déclarer les admirateurs du » Koran, d'en exalter les dog> mes & même d'ofer les » mettre en parallele avec ceux

qu'enfeignent nos livres fa» crés » (Obferv. fur la religion, les loix, le gouvernement & les mœurs des Turcs, Neuchâ tel, 1770, t. 2, p. 22 & fuiv.). Il faut voir tout ce que cet habile homme a dit fur cette matiere; il avoit long-tems demeuré à Conftantinople en qualité d'ambaffadeur du roi d'An gleterre, & rien n'avoit échappé à fes obfervations. Du Ryer a donné une verfion françoise de l'Alcoran, Paris, 1647, in-4°; La Haye, 1683, in-12 (voyez du RYER & SAVARI). La tra duction françoife de celle de M. Sale, a paru à Amfterdam, 1770, 2 vol. in-12; plus élégante que celle de du Ryer, elle eft moins eftimée de ceux qui cherchent le vrai: M. Sale s'eft moins occupé à rendre fidellement le fens de l'origi'nal, qu'à lui donner des tourpures raifonnables; & quand il n'a pu atteindre ce but, il s'eft permis des altérations & des omiffions, que les regles d'une traduction ne comportent pas. La traduction italienne, attribuée à André Arrivabene, 1547, in-4°, eft très-rare, mais peu eftimée, ayant été faite fur une mauvaife traduction latine. On fait encore Mahomet auteur d'un traité conclu à Médine avec les Chrétiens intitulé: Teftas mentum & Pafliones inita inter Muhammedum & Chriftianæ fidei cultores, imprimé à Paris, en latin & en arabe, en 1630; mais

cet ouvrage paroît fuppofé. Hot » la mienne m'infpire des fenringer, dans fon Hiftoire Orientimens plus magnanimes & tale, page 248, a renfermé plus conformes à la majefté dans 40 aphorifmes ou fen- de mon nom ". Mahomet ré tences toute la morale de l'Al- tablit la gloire de l'empire Ot o coran. Albert Widmanstadius man, ébranlé par les ravages a expliqué la théologie de cet de Tamerlan & par les guerres impofteur dans un Dialogue la- civiles. Il remit le Pont & la tin, curieux & peu commun, Cappadoce fous fon obéiflance, imprimé l'an 1540, in-4°. Le fubjugua la Servie, avec une cardinal de Cufa a réfuté l'Al partie de l'Efclavonie & de la coran fous le titre de Cribratio- Macédoine, & rendit les Vanes Alcorani. Reland & quelques laques tributaires: mais il vécut autres ont vainement entrepris en paix avec l'empereur Made juftifier la religion & le livre nuel, & lui rendit les places de ce brigand. Voyez la Vie de du Pont-Euxin, de la ProponMahomet par Prideaux & par tide & de la Thefalie, que fes Gagnier. On peut confulter en- prédéceffeurs lui avoient encore l'Alcorani textus univerfus levées. Il établit le fiege de fon de Maracci, dont nous avons empire à Andrinople, & mouparlé ; ainfi qu'un très-bon ou- rut d'un flux de fang en 1421, vrage imprimé à Tyrnau en à 47 ans. 1717, Mahometanus in lege Chrifti Alcorano fuffragante inftru&us ; & la fin du Traité De veritate Religionis Chrifliance, par Grotius, livre 6e. On lit une conférence curieufe de quel ques miffionnaires avec des Ma hométans dans l'Hiftor. Soc. Jefu, part. 4

MAHOMFT I, empereur des Turcs, fils de Bajazet I, fuccéda à fon frere Moïfe, qu'il fit mourir en 1413, & parut moins fanguinaire quand il fut maitre de l'empire. Il fit lever le fiege de Bagdad au prince de Caramanie, qui fut fait prifonnier. Ce prince craignoit d'ex- pirer par le dernier fupplice. Mahomet le raffura, en lui di fant: » Je suis ton vainqueur, » tu es vaincu & injufte ; je » veux que tu vives. Ce feroit » ternir ma gloire que de punir » un infame comme toi. Ton ≫ame perfide t'a porté à violer >> la foi que tu m'avois donnée:

MAHOMET II, empereur des Turcs, furnommé Bojuc, c'est-à-dire, le Grand, naquit à Andrinople en 1430, & succéda à fon pere Amurat II en 1451. Il penfa auffi-tôt à faire la guerre aux Grecs, & affiégea Conftantinople. Dès les premiers jours du mois d'avril 1453, la campagne fut couverte de foldats qui prefferent la ville par terre, tandis qu'une flotte de 300 galeres & de 206 petits vaiíleaux la ferroient par mer. Ces navires ne pouvoient entrer dans le port, fermé par les plus fortes chaînes de fer, & défendu avec avantage, Maho met fait couvrir 2 lieues de chemin de planches de lapin enduites de fuif & de graifle, difpotces comme la creche d'un vaifleau. Il fait tirer, à force de machines & de bras, 8o galeres & 70 alleges du détroit qu'il fait couler fur ces planches. Tout ce grand travail

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