Page images
PDF
EPUB

On ne fait plus rien de certain de la vie de Magdelene. L'hiftoire de fon voyage en Provence avec fon frere Lazare & fa four Marthe, ne jouit pas du fuffrage de la plupart des critiques; les témoignages des anciens lui manquent. Il faut convenir cependant, que fi elle n'eft point appuyée par des preuves pofitives, ce genre de preuve ne lui eft cependant pas contraire; fi rien ne prouve que ce voyage eft vrai, rien auffi ne prouve pofitivement & par voie de fait qu'il eft faux: on peut donc laiffer fubfifter la tra dition des Provençaux quelle qu'elle foit. Les favans auteurs des Alta Sanctorum, après avoir amplement difcuté la matiere, conviennent que cette tradition n'a fuccombé jufqu'ici à aucun argument péremptoire. L'abbé Papon, dans fon Voyage de Provence, paroit l'avoir traitée d'une maniere trop lefte. On a beaucoup difputé contre l'opi nion commune qui fait de Marie Magdelene, de la Péchereffe dont parle S. Luc, chap. 7, & de Marie foeur de Lazare, une feu'e & même perfonne. Le Fêvre d'Etaples, Joffe Clicthoue & le docteur Launoy ont attaqué cette opinion avec autant d'ardeur, que s'il s'agiffoit d'une vérité fondamentale de la religion & de la morale; mais ils n'ont pas eu plus raifon pour le fonds de la queftion que pour la maniere dont ils l'ont traitée. La tradition, le confentement des Peres, l'office de l'Eglife, la perfuafion générale du peuple chrétien, mais fur tout le caractere d'amour, qui fe manifefte dans ces prétendues trois Maries d'une maniere fi

intéreffante & fi uniforme; ne lauffent aucun lieu de douter que les raffinemens de la critique moderne n'aient ici manqué leur objet. On ne peut rien ajouter à la favante & lumineufe dillerta tion, que les bollan iftes ont publiée fur cette controverse Act. Sandt. tom. 5 julii. Noël Alexandre (Sac. 1, Differt. 17) défend auffi l'ancienne & com mune opinion. Noël Beda & Bernard Lami, & l'illuftre mar tyr, Jean Fifcher, l'avoient déjà prouvée, quoiqu'avec un fuccès moins marqué.

MAGDELENE DE PAZZI, (Sainte) Carmelite de Florence, morte en 1607, fut béatifiée par Urbain VIII en 1626, & canonifée par Alexandre VII en 1669. Elle brilla par de grandes vertus, fut tourmentée par diverfes tentations, & exerça fur elle-même beaucoup d'austérités. Sa Vie a été écrite en italien par Vincent Puchini, & traduite en françois par Bro chand, & en latin par Pape brock. On en trouve un abrégé dans la Vie des Saints de Baillet, au mois de mai.

MAGDELENET, voy. Ma

DELENET.

MAGELLAN, (Ferdinand) autrement Fernando de MAGALHAENS, capitaine Portugais, s' immortalifé par fes découvertes. Il commença fes expéditions par la conquête de Malaca, faite en 1510, & dans laquelle il combattit fous le grand d'Albuquerque, appellé le Mars Portugais. Il fe diftingua bientôt, tant par fa bravoure que par fon intelligence dans l'art de la navigation, & par une connoiffance exacte des côtes des IndesOrientales. A fon

MAG

26
retour en Portugal, il fe crut
en droit de demander une ré-
compenfe au roi Emmanuel.
N'ayant pu l'obtenir, il renonça
pour jamais à fa patrie, & alla
offrir fes fervices à Charles-
Quint pour la conquête des
Tiles Moluques. L'empereur
n'hésita point à lui confier une
flotte de vaiffeaux, & Ma-
gellan partit en 1519. Lorsqu'on
fut à la hauteur de Rio Janeiro,
la chaleur de ce nouveau climat
caufa tant de maladies dans la
flotte, que tout l'équipage décou-
ragé, jugea qu'il étoit impoffible
de pourfuivre cette entreprife.
Le tumulte alla fi loin, que Ma.
gellan fut obligé de punir de mort
les principaux chefs de la ré-
volte, qui étoient Mendoce &
Quexada, Caftillans diftingués.
1 fit hiverner fa flotte dans la
riviere & port de St-Julien, au
pays des Patagons, où l'on
apperçut des hommes qu'on
prit mal-à-propos pour des
géans, parce qu'ils étoient un
peu plus grands que les negres
& quelques nations Indiennes,
& qu'on ne fe donna pas la
peine de les bien examiner
comme Bougainville l'a vérifié
depuis par des obfervations
fûres & répétées. Magellan ap-
pella ce cap, le Cap des Vierges,
parce qu'il avoit été découvert
le jour de Ste Urfule. A 12
lieues delà il entra dans un
détroit, auquel il donna fon
dont la bouche avoit
une lieue de largeur, & qui
étoit bordé de montagnes fort
efcarpées. Il y pénétra environ
jufqu'à 50 lieues, & rencontra
un autre détroit plus grand,
qui débouchoit dans les mers
Occidentales; il donna à celui-
ei le nom de Jafon Portugais.

nom

MAG

Enfin, après une navigation
de 1500 lieues depuis ce cap,
il découvrit plufieurs ifles ha-
& il
bitées par des idolâtres,
prit terre à celle de Zebu. Les
Espagnols y furent reçus avec
hofpitalité par le fouverain du
pays, qu'ils inftruifirent &
convertirent à la foi; car il faut
rendre à cette nation la juftice,
d'avoir toujours joint le zele
pour la Religion à l'amour des
conquêtes; & fi quelques-uns
de fes voyageurs ou de fes
colons ont exercé des barbaries
comme ceux des autres peuples
de l'Europe, l'efprit général
de la nation a toujours été di-
rigé vers le bonheur de fes
nouveaux fujets. Le roi de Zebu
engagea Magellan à fe joindre
à lui pour faire la guerre au
fouverain de l'ifle de Matan;
& à l'aide des Espagnols,
remporta fur lui de grands avan-
tages; mais ce prince perfide
& ingrat fit périr Magellan en
1520. Le bibliographe Espagnol,
Nicolas-Antonio, affure que
le Routier des navigations de
Magellan étoit manufcrit entre
les mains d'Antonio Moreno,
cofmographe de la contracta-
tion de Séville. On en trouve
une defcription abrégée dans
le Recueil de Ramufio.

il

MAGEOGHEGAN, (Jachabitué ques) prêtre Irlandois, à la paroiffe de S. Merry à Paris, mort en 1764, à 63 ans, eft auteur d'une Hiftoire d'Irlande, Paris, 1758, 3 vol. in-4°. Cette Hiftoire eft remplie de recherches que l'on ne trouve pas ailleurs. L'auteur des qui étoit catholique, fait des defcriptions touchantes maux que le fchifme & l'héréfie ont faits à fa patrie. Son style

pourroit être plus élégant. Son ouvrage cependant, à bien des égards, peut paroître préférable à celui de M. Leland. MAGES, ce nom qui veut dire Sages, défigne particuliérement les illuftres feigneurs qui conduits par un météore lumineux, que l'Ecriture appelle étoile, vinrent du fond de l'Orient adorer Jefus-Chrift, troublerent la cour d'Hérode par la recherche qu'ils firent de cet enfant divin, & retoure merent dans leur patrie après lui avoir rendu leurs hommages. On les appelle ordinai rement les trois Rois. Claudien, poëte païen, leur donne auffi ce nom, & défigne les préfens fymboliques qu'ils firent au Sau veur des hommes.

munera reges:

Dant tibi Chaldæi prænuntia Myrrham Homo; Rex aurum,fufcipe thura Deus!

Ce paffage eft parfaitement conforme à ce qu'une ancienne tradition nous apprend fur ce fujet (voyez JUVENCUS). Chalcidius, philofophe païen, fait mention de l'apparition de l'étoile miraculeufe qui conduifit les Mages à Bethleem, dans fon Commentaire fur le Timée de Platon, pag. 219. » Il y a, dit-il, une autre hiftoire plus digne de notre vénération » religieufe, qui raconte l'ap» parition d'une étoile destinée » à annoncer aux hommes, non des maladies ou quel» que mortalité funefte, mais » la venue d'un Dieu, unique»ment defcendu pour le falut » & le bonheur du genre-humain. Elle ajoute que cette étoile ayant été obfervée

par des Chaldéens verfés » dans l'aftronomie, fa route » nocturne les conduifit à cher» cher le Dieu nouvellement » né, & qu'ayant trouvé cet » augufte enfant, ils lui ren» dirent les hommages dus à » un fi grand Dieu ». On donne ordinairement aux trois Mages les noms de Gafpar, Melchior, Balthafar, & l'on croit que parmi eux il y en avoit un noir. La cathédrale de Cologne fe glorifie de pofféder les corps de ces illuftres voyageurs; mais cette prétention ne paroît pas fondée fur des titres qui puiffent efluyer un examen févere. Le monument ou lypfanotheque qui renferme ces reliques, eft d'une richeffe extraordinaire & d'un grand travail. Le P. faveur de cette tradition de Crombach, Jéfuite, a écrit en l'églife de Cologne, un grand volume in-fol., où il y a bien plus de recherches que de critique: Primitia gentium, five Hiftoria SS. Trium Magorum, Cologne, 1654. Le jour de l'Epiphanie, l'Eglife célebre dans la perfonne des trois Rois la vocation de toutes les nations à la foi de l'Evangile ; comme l'on voit dans l'Office de ce jour, compofé des paffages les plus lumineux & les plus touchans de l'Ancien-Testament, relatifs aux effets merveilleux du Chriftianifme, & au ralfemblement de tous les peuples fous la loi de Jefus-Chrift.

MAGGI, (Jerôme) Magigius, d'Anghiari dans la Tofcane, eut du goût pour tous les arts & pour toutes les fciences, & les cultiva avec fuccès. Ses talens déterminerent les Vénitiens à lui donner

la charge de juge de l'amirauté dans l'ifle de Chypre. Famagoufte, affiégée par les Turcs, trouva dans lui toutes les reffources qu'elle auroit pu attendre du plus habile ingénieur. Il défefpéra les affiégeans par les machines qu'il inventa pour détruire leurs travaux; mais ils eurent leur revanche. La ville ayant été prife en 1571, ils pillerent la bibliotheque de Maggi, l'emmenerent chargé de chaînes à Conftantinople, & le traiterent de la maniere la plus barbare. Après avoir travaillé tout le jour à des ouvrages bas & méprifables, il paffoit la nuit à écrire. Il compofa, à l'aide de fa feule mémoire, des traités remplis d'érudition, qu'il dédia aux ambaffadeurs de France & de l'empereur. Ces deux miniftres, touchés de compaffion, voulurent le racheter; mais tandis qu'ils traitoient de fa rançon, Maggi trouva le moyen de s'évader, & de fe fauver chez l'ambaffadeur de l'empereur. Le grand-vifir, irrité de cette évafion, l'envoya reprendre, & le fit étrangler dans fa prifon en 1572. C'étoit un homme d'une profonde érudition, laborieux bon citoyen, ami fincere, & digne d'une meilleure fortune. Ses principaux ouvrages font: I. Un traité De Tintinnabulis, Hanau, 1608 in-8°. Ce traité des cloches eft très-favant; & ce qu'il y a de plus extraordinaire, c'eft que, comme nous venons de le dire, l'auteur le fit de mémoire. II. Un autre De Equuleo, Hanau, 1609, in-8°. Ill. De la fin du Monde par le feu, Bâle, 1562, in-fol. IV. Des Commentaires

fur les Vies des Hommes illuftres d'Emilius Probus, in-fol. V. Des Commentaires fur les Inf titutes, in-8°. VI. Des Mêlanges, ou diverfes Leçons, 1564, in-8°. Tous ces ouvrages écrits affez élégamment en latin, font remplis de recherches. On a encore de lui un Traité des Fortifications, en italien, 1589, in-fol., & un livre De la fitua tion de l'ancienne Tofcane.

MAGGI, (Barthélemi) médecin, frere du précédent, naquit en 1477, & mourut à Bologne fa patrie en 1552. Nous avons de lui un Traité fur la guérison des plaies faites par les armes à feu, en latin, Bologne, 1552, in-4°. On a remarqué que Laurent Joubert, qui a compofé un traité en françois fur le même fujet, a beaucoup copié celui de Maggi.

MAGGI, (François-Marie) voyez MAGIO.

MAGINI, (Jean-Antoine) célebre aftronome & mathéma ticien, natif de Padoue, enfeigna à Bologne avec réputation. Ce favant étoit infecté des erreurs trop communes alors de l'aftrologie. Il mourut à Bologne le 11 février 1617, à 62 ans. On a de lui des Éphémérides; un Traité du Miroir con cave Sphérique, traduit en françois, 1620, in-4°, & un grand nombre d'autres ouvrages peu lus aujourd'hui.

MAGIO, (François-Marie) chanoine-régulier, né en 1612, mort l'an 1686 à Palerme, fut envoyé dans les miffions de l'Orient l'an 1636 par la congrégation de la Propagande. Il parcourut la Syrie, l'Arabie, l'Arménie, & y fit beaucoup de fruit. Par-tout il montra qu'il

favoit allier un grand zele à beaucoup de prudence. On a de lui: I. Syntagmata Linguarum Orientalium, Rome, 1670, infol. II. De facris Caremoniis. III. De Pauli IV inculpata vita difquifitiones hiftorica. IV. Plufieurs ouvrages fur le Rituel & afcétiques.

MAGLIABECCHI, (Antoine) né à Florence en 1633, fut d'abord deftiné à l'orfevrerie; mais on lui laiffa fuivre enfuite fon goût pour les belles lettres, & il devint bibliothécaire de Cofme III, grand-duc de Toscane. Il mourut à Florence en 1714, à 81 ans, laiffant fa nombreuse bibliotheque au public, avec un fonds pour l'entretenir. Il étoit confulté par tous les favans de l'Europe. Confeils, livres, manufcrits, rien n'étoit refufé à ceux dans qui il voyoit le germe de l'efprit. On a imprimé à Florence, en 1745, un recueil de différentes Lettres que des favans lui avoient écrites, in-8°; mais ce recueil eft incomplet, parce que Magliabecchi négligeoit de met tre en ordre fes papiers. On a encore de lui des éditions de quelques ouvrages.

MAGLOIRE, (S.) natif du pays de Galles, dans la GrandeBretagne, embraffa la vie monaftique, vint en France, fut abbé de Dol, puis évêque régionnaire en Bretagne. Il établit dans la fuite un monaftere dans l'ile de Gerley, où il mourut en octobre 575, à près de 80 ans. Ses reliques furent transférées à Paris au fauxbourg S. Jacques, dans un monaftere de Bénédictins, cédé aux Peres de l'Oratoire en 1628. C'est aujour d'hui le Séminaire S. Magloire,

célebre par les favans qu'il a produits.

MAGNAN, voy. MAIGNAN. MAGNENCE, Germain d'origine, parvint du grade de fimple foldat aux premiers emplois de l'empire. L'empereur Conftant l'honora d'une amitié particuliere, & dans une révolte le délivra de la fureur des foldats, en le couvrant de fa robe. Magnence paya fon bienfaiteur de la plus noire ingratitude; il le fit mourir en 350, après s'être fait proclamer empereur. Ce crime le rendit maitre des Gaules, des Ifles Britanniques, de l'Espagne, de l'Afrique, de l'Italie & de l'Illyrie. Conftance II fe difpofa à venger la mort de fon frere; il marcha contre Magnence, & lui livra bataille en 351, près de Murfie en Pannonie. L'ufurpateur, après une vigoureuse réfiftance, fut obligé de prendre la fuite, & fon armée fut taillée en pieces. Il perdit peu-à-peu tous les pays qui l'avoient reconnu. Il ne lui refta plus que les Gaules, où il fe réfugia. La perte d'une bataille, entre Die & Gap, acheva de le jeter dans le défefpoir. Il fe fauva à Lyon, où après avoir fait mourir tous fes parens, entr'autres fa mere & fon frere, il fe donna la mort en 353, à 50 ans. Ce tyran aimoit les belles-lettres, & avoit une certaine éloquence guerriere qui plaifoit beaucoup. Son air étoit noble, fa taille avantageufe, fon efprit vif & agréable; mais il étoit cruel, fourbe, diffimulé, & il fe décourageoit aifément. Sa tête fut portée par tout l'empire.

MAGNERIC, (S.) un des plus faints évêques du 6e fiecle,

« PreviousContinue »