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cours, depuis Huningue jusqu'à la mer, doit servir de bornes à leur vaste empire.

« Les lettres de Paris du 1er décembre, assurent que la Convention nationale a dessein de décréter qu'elle ne rejettera pas les propositions qu'on fera pour la paix. On parlait à Paris, le 17, du retour des émigrés, et même de leur restituer leurs biens, dont la vente serait déclarée nulle, à l'exception d'un dixième, qui serait retenu pour les frais de la révolution.

« Paris, 21 janvier 1795. Dans le cours du mois dernier, la dépense publique excédait la recette de l'énorme somme de deux cent huit millions quatre cent soixante mille deux cent vingt livres. Le nombre des hommes mis en réquisition, ou levés par tous autres moyens, pour le service, militaire depuis le premier janvier 1792, monte, y compris l'ancienne armée, telle qu'elle était alors, à 1,778,000 hommes: cent. dix-neuf mille n'ont pas rejoint, 53,000 ont déserté, 167,000 ont péri dans les hôpitaux militaires, et 610,000 ont été tués par l'ennemi ou faits prisonniers de guerre; toute l'armée est donc à présent de 829,000 hommes.

<< Par jugements des différents comités et tribunaux mililitaires, 16,660 personnes ont été condamnées. La perte de notre capitale seule monte à 12,600 personnes; et suivant le dernier dénombrement, la population de Paris est de 683,461 personnes.

PIÈCES JUSTIFICATIVES

IOINTES AU JOURNAL D'OLIVIER D'ARGENS.

No Jer.

Déclaration du Duc de Brunswick.

28 septembre 1792.

Lorsque leurs majestés l'empereur et le roi de Prusse, en me confiant le commandement des armées, que ces deux souverains alliés ont fait marcher en France, me rendirent l'organe de leurs intentions, déposées dans les deux déclarations des 25 et 27 juillet 1792, leurs majestés étaient bien éloignées de supposer la possibilité des scènes d'horreur qui ont précédé et amené l'emprisonnement de leurs majestés le roi, la reine et la famille royale.

De pareils attentats, dont l'histoire des nations les moins policées n'offre point d'exemple, n'étaient cependant pas le dernier terme que l'audace de quelques factieux, parvenus à rendre le peuple de Paris l'instrument aveugle de leurs volontés, avait prescrit à sa coupable ambition.

La suppression du roi, de toutes les fonctions qui lui avaient été réservées par cette même constitution, qu'on a si longtemps prônée comme le vœu de la nation entière, a été le dernier crime de l'assemblée nationale, qui a attiré sur la France les deux terribles fléaux de la guerre et de l'anarchie. Il ne reste plus qu'un pas à faire pour les perpétuer; et l'esprit de vertige, funeste avant-coureur de la chute des empires, vient d'y précipiter ceux qui se qualifient du titre d'envoyés par la nation, pour assurer ses droits et son bonheur sur des bases plus solides. Le premier décret que leur assemblée a porté a été l'abolition de la royauté en France; et l'acclamation non motivée d'un petit nombre d'individus, dont plusieurs même sont étrangers, s'est arrogée le droit

de balancer l'opinion de quatorze générations, qui ont rempli les quatorze siècles d'existence de la monarchie française. Cette démarche, dont les seuls ennemis de la France devraient se réjouir, s'ils pouvaient supposer qu'elle eût un effet durable, directement opposée à la ferme résolution que leurs majestés l'empereur et le roi de Prusse ont prise, et dont les deux alliés ne se départiront jamais, de rendre à sa majesté très-chrétienne sa liberté, sa sûreté et sa dignité royale, ou d'en tirer une juste et éclatante vengeance de ceux qui oseraient y attenter plus longtemps.

A ces causes, le soussigné déclare à la nation française, en général, et à chaque individu en particulier, que leurs majestés l'empereur et le roi de Prusse, invariablement attachés au principe de ne point s'immiscer dans le gouvernement intérieur de la France, persistent également à exiger que sa majesté très-chrétienne, ainsi que toute la famille royale, soient immédiatement remises en liberté, par ceux qui se permettent de les tenir emprisonnées. Leurs majestés insistent de même, pour que la dignité royale, en France, soit rétablie, sans délai, dans la personne de Louis XVI et de ses successeurs; et qu'il soit pourvu à ce que cette dignité se trouve désormais à l'abri des avanies auxquelles elle a été maintenant exposée. Si la nation française n'a pas tout à fait perdu de vue ses vrais intérêts; et si, libre dans ses résolutions, elle désire faire cesser promptement les calamités d'une guerre qui expose tant de provinces à tous les maux qui marchent à la suite des armées, elle ne tardera pas un instant à déclarer son opinion en faveur des demandes péremptoires que je lui adresse au nom de leurs majestés l'empereur et le roi de Prusse; et qui en cas de refus, attireront immanquablement, sur ce royaume, naguère florissant, de nouveaux et plus terribles malheurs.

Le parti que la nation française va prendre, à la suite de cette déclaration, ou étendra ou perpétuera les funestes effets d'une guerre malheureuse, en ôtant, par la suppression de la royauté, le moyen de rétablir et d'entretenir les anciens rapports entre la France et les souverains de l'Europe; on pourra ouvrir la voie à des négociations pour le rétablissement de la paix, de l'ordre et de la tranquillité, que ceux qui se qualifient du titre de dépositaires de la volonté de la nation sont les plus intéressés à rendre aussi prompte qu'il est nécessaire à ce royaume.

Au quartier général de Hans, le 28 septembre 1792.

quillaume

Signé, CHARLES-FRANÇOIS, duc de Brunswick-Lunebourg.

No II.

Lettres-Patentes, données par le Régent de France, pour nommer un Lieutenant-Général.

Louis-Stanislas-Xavier, fils de France, oncle du roi, et régent du royaume, à notre cher frère, Charles-Philippe de France, comte d'Artois. Salut :

Le Dieu de nos pères, le dieu de saint Louis, qui a si longtemps protégé la monarchie française, ne permettra certainement pas qu'elle soit entièrement détruite par les mains d'une troupe de factieux, aussi exécrables par leur impiété et leur audace, que par l'énormité des crimes qu'ils ont commis.

Le ciel, et c'est notre plus grande espérance, nous a sûrement destinés pour être les ministres de sa justice pour venger le sang du roi, notre frère, que ces monstres ont osé répandre avec la plus étonnante férocité. C'est donc pour placer notre neveu et souverain sur le trône de son père, pour le réintégrer et le maintenir dans la possession de tous les droits et prérogatives de sa couronne, que nous vous appelons, vous, Charles-Philippe de France, comte d'Artois, notre aide et assistance.

Le premier acte de la régence dont nous nous sommes revêtus vous prouve, suivant le désir de notre cœur, l'entière confiance que nous

avons en vous.

A ces causes, et pour ces honorables fins et motifs, nous vous avons nommé et avons constitué,par ces présentes, lieutenant-général des troupes de France; vous investissant de tous les pouvoirs qu'un régent de France peut déléguer, et particulièrement de celui de commander en notre absence, et en notre présence, sous notre autorité, les armées du roi. Bien entendu que tous les officiers de sa majesté, militaires ou civils, ainsi que tous les Français, sujets du roi, obéiront aux ordres donnés par vous, au nom du roi ou du régent de France. Et c'est notre plaisir que vous assistiez à tous les conseils d'État, de justice ou d'administration et autres, qu'il sera jugé nécessaire d'établir, et que vous les présidiez en notre absence. Tous lesquels pouvoirs continueront pendant toute la durée de notre régence, à moins qu'ils ne soient restreints ou annulés par notre autorité.

En vertu de ces présentes, toutes lettres-patentes, délivrées dans la forme ordinaire, et adressées aux cours de justice du royaume,

quand elles seront rétablies dans leurs ressorts respectifs, y seront vérifiées, enregistrées, publiées et exécutées.

Données à Ham, en Westphalie, sous notre seing et sceau ordinaire et contre-signées par les maréchaux de Broglie et de Castries, nos ministres d'État, le 28 janvier 1793, et la première année du règne de Sa Majesté.

Signé, LOUIS-STANISLAS-XAVIER.

Contre-signé par ordre du régent de France :

Signé, le maréchal DE BROGLIE, le maréchal de CASTRIES.

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