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tériels, et de soumettre les finances à la censure nationale des députés du peuple. Il faut donc penser que la chambre des députés n'a pas manqué de baLancer les besoins de l'Etat et les facultés individuelles. Mais comment en résulte-t-il qu'on pourra payer à présent beaucoup plus qu'en 1813?

La contribution foncière, établie sur le taux de la contribution foncière de 1813, se monte aussi à 240 et quelques millions. On y ajoute 50 centimes, ce qui porte le total de cette contribution à 360 et quelques millions.

En 1813, les centimes, ajoutés aux 240 millions,. ne donnaient que 34; de sorte qu'on paiera 16 centimes, faisant 24 millions de plus qu'en 1813 ; et pourtant alors le trésor public puisait dans cent trente-deux départemens, sans compter le royaume d'Italie et l'Illirie: tandis quaprès avoir perdu ses plus riches départemens, la France n'en a plus que quatre-vingt-trois. La surcharge serait donc dans le rapport de quatre-vingt-trois à cent trentedeux.

D'après ces bases incontestables, j'invite la chambre à ne joindre son son vote à celui des députés, sur le budjet, qu'après avoir eu communication des élémens qui leur ont fait croire que la France, ayant perdu beaucoup, peut cependant payer bien davantage,

TOME Ier.

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DE LA POLITIQUE DES ANGLAIS

ET DE LEUR CONDUITE *

ENVERS LES AMÉRICAINS.

TANT que Napoléon a conservé sa puissance, les princes de l'Europe n'ont cessé de se tenir en garde contre son ambition. Les Anglais se sont présentés partout comme des libérateurs; partout on les a vu donner des secours aux peuples opprimés, et leur générosité calculée a trouvé des admirateurs jusques dans le sein de la France. Le pouvoir immense de l'Empereur s'est évanoui, et alors on a vu que les Anglais, ces prétendus libérateurs, étaient devenus les maîtres des peuples qu'ils disaient vouloir affranchir.

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Ils ont délivré les Espagnols du gouvernement que la force leur avait donné, mais ils leur ont fait dre leurs colonies; ils ont délivré la Hollande, mais ce n'a été que pour la soumettre à leur domination; ils ont délivré la France, mais ils lui ont enlevé une de ses provinces les plus florissantes; ils lui ont rendu quelques colonies, mais ils ne lui ont rendu que celles dont la conquête devenait impossible, ou celles dont ils pourraient s'emparer de nouveau, si,

nous confiant sur le traité de paix du 30 mai nous étions assez insensés pour mettre sous leurs mains et nos soldats et nos richesses.

Leur politique s'est sur-tout mise à découvert, lorsque, par le traité de paix, ils ont stipulé qu'aucun peuple de l'Europe ne pourrait donner de secours aux États-Unis de l'Amérique dans une guerre où ces peuples ne combattent que pour leur indépendance; alors on a pu voir que ces hommes si généreux, qui ne se déterminent entre une action criminelle ou vertueuse qu'après avoir froidement calculé les résultats de l'une et de l'autre, n'avaient consenti à la chute d'un tyran que pour succéder à sa tyrannie, et pour asservir avec asservir avec plus de facilité le seul peuple qui refuse de se soumettre à leur domination.

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Il ne sera peut-être pas inutile de faire connaître les causes de cette guerre; on verra quelle est la justice de ces Anglais tant vantés, envers les peuples qu'ils ne peuvent plus tromper.

L'esprit du peuple, dit un de leurs journalistes, est exalté par les fanfaronades que font ceux qui le mènent, au sujet des victoires et des conquêtes de nos armées. Mais il ne faut pas espérer, comme ils le prétendent, que l'Amérique sera bientôt soumise par ceux qu'ils appellent les conquérans de la France. C'est l'opinion publique, que la conquête de l'Amérique est une entreprise d'une très-petite importance; avec le temps nous verrons jusqu'à quel point cette opinion est fondée. Mais il est essentiel

de se rappeler les causes de cette guerre; car si elle dure long-temps et amène après elle de funestes événemens, il nous sera sans doute permis d'examiner s'il n'aurait pas été possible de l'éviter.

Nos querelles avec l'Amérique n'ont pas cessé depuis le règue du prince qui nous gouverne. Voici quels sont les motifs réels de la guerre. Les Américains se plaignirent de certains ordres du conseil qui furent rejetés il y a environ deux ans; en même temps ils se récrièrent sur ce que nos officiers de marine faisaient arrêter leurs bâtimens en pleine mer, et enlever de vive force tous les matelots qu'il leur plaisait de considérer comme Anglais (1). Il est bien constant que, par suite de cette mesure prise par nos officiers, des milliers d'Américains furent forcés d'aller à bord des vaisseaux de guerre anglais, servir comme matelots, furent soumis à toutes les règles de la discipline, et à toutes les punitions qui en sont la suite. Il n'est pas nécessaire de supposer que nos officiers, guidés par des sentimens hostiles, ont abusé de leur pouvoir; mais nous devons au moins sup poser qu'ils n'étaient pas en état de prouver si les matelots qu'ils enlevaient étaient ou n'étaient pas sujets britanniques; puisqu'on ne peut nier que des centaines d'hommes ont été renvoyés de nos vaisseaux par les ordres de l'amirauté, d'après les demandes

(1) Tandis que les Anglais déclamaient contre la traíté des nègres, dont ils n'avaient plus besoin, ils ravissaient les blancs qu'ils júgaient devoir leur être utiles

du consul américain à Londres, qui représentait que ces hommes avaient été ravis, comme on l'a dit. Maintenant, il nous est bien facile de dire que ces hommes pouvaient aussi bien servir dans notre marine que dans une autre. Il nous est facile de fermer nos oreilles aux plaintes qui se sont élevées contre notre inhumanité. Mais si les Américains nous traitaient ainsi! s'ils étaient en guerre et nous en paix; que leurs vaisseaux arrêtassent nos bâtimens marchands sur l'Océan pour en prendre les matelots à discrétion ; les assujétir aux règles et aux punitions de la discipline américaine; les forcer à exposer leur vie à combattre pour l'Amérique contre un allié de l'Angleterre ; Anglais, que' dirions-nous ? Voilà cependant comme nous devons considérer la chose, à moins que nous ne voulions abjurer toute considération de justice; ou regarder les Américains, non comme une Nation indépendante, mais comme une

lonie dont les intérêts ne doivent pas être mis en balance avec les intérêts de la mère-patrie. Pour nous justifier l'exercice du pouvoir de nos officiers, nous dîmes que, sans cela, notre marine serait ruinée , parce que nos matelots déserteraient et trouveraient un asile assuré à bord des bâtimens améri cains qu'on rencontrait dans toutes les parties du monde. Il y avait quelque chose de bien humiliant dans cette excuse; car n'était ce pas avoner que nos matelots, trahissant leur loyauté, leur honneur, leur devoir, leur serment, leur patriotisme, sans égard pour la gloire de notre propre marine, étaient tou

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