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M. le président annonce que le projet de loi sur les finances, adopté par la chambre des députés, dans sa séance du 3 de ce mois, sera présenté jeudi prochain à la chambre des pairs. Il ajourne pour cet objet l'assemblée au 8 septembre.

Séance du 8. M. le président annonce, qu'immé diatement après la dernière séance, il a reçu un message de la chambre des députés, contenant l'envei d'une résolution prise par cette chambre le 27 août dernier, relativement à la liste civile et à la dotation de la couronne.

Après avoir ordonné la distribution aux bureaux de la résolution de la chambre des députés, M. le président annonce que M. le prince de Bénévent pair de France, ministre des affaires étrangères, est chargé, par ordre du Roi, de présenter à la chambre, dans cette séance le projet de loi sur les finances, adopté le 3 de ce mois, par la chambre des députés.

M. le prince de Bénévent obtient la parole. Il expose que la loi présentée a pour objet de fixer et de régler les dépenses publiques de l'année courante, de pourvoir d'avance aux besoins du service pour l'année prochaine, et d'assigner le paiement de l'arriéré sur des fonds certains, à des époques déterminées; et de la manière à la fois la plus équitable et la moins onéreuse.

-Le discours de Son Excellence ayant été publié dans les journaux, nous croyons inutile de le rap

porter ici. Le public aura sans doute remarqué l'assertion par laquelle le ministre déclare qu'il met sous les de la chambre le maximum des dettes et yeux le minimum des recettes. On s'était bien douté de cela; on était même allé plus loin. Le discours du ministre est remarquable par le soin que prend l'orateur de rappeler à l'assemblée la bonne foi du ministère, et l'exactitude scrupuleuse avec laquelle le Gouvernement, tient ses promesses.

L'impression de ce discours, et le renvoi du projet dans les bureaux, sont ordonnés.

M. le chancelier ajourne l'assemblée au samedi 10 de ce mois, à une heure, pour l'examen dans les bureaux de la résolution relative à la liste civile. Il lève ensuite la séance.

RÉFLEXIONS

D'UN ÉLÈVE DE L'ÉGLISE GALLICANE,

Sur quelques événemens du pontificat de Pie VII, et particulièrement sur les Jésuites (1). ̧

PEU de papes ont été appelés à la tête de l'église dans des circonstances aussi critiques que celles où

(1) Article communiqué.

s'est trouvé Pie VII, au moment où il a pris le gou vernail de la barque de Saint-Pierre. Sa conduite, au milieu des divers événemens produits par ces circonstances, donne lieu à de graves réflexions sur l'état actuel de la catholicité, réflexions propres à intéresser nos contemporains, et dont nous abandonnons le jugement à la postérité.

Le commencement de son pontificat sera à jamais célèbre dans l'histoire, par ce fameux concor dat où il prononça, de son chef, l'extinction de tous les titres épiscopaux et la destitution de tous les évêques d'un vaste royaume qui formait la portion la plus distinguée du monde catholique. Cette opération inouie se fit sans observer aucune des formes canoniques, et au mépris des droits principaux de l'église gallicane, pour lesquels nos pères avaient combattu avec tant de vigueur et de persévérance contre les prétentions romaines. Quoique la préci pitation et le ton impérieux mis dans cette entreprise, à laquelle l'histoire n'offre rien de comparable, portent l'empreinte de l'intraitable despote qui pres sait le pontife, on voit cependant que celui-ci n'était pas fâché de saisir une si belle occasion pour étendre son autorité, et pour briser d'un seul coup les barrières sacrées qui séparent les libertés gallicanes des doctrines ultramontaines.

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Parmi les évêques qui furent frappés, par cet acte absolu de l'autorité pontificale, les uns se soumirent sans hésiter, soit pour se délivrer de l'ennui d'un trop long exil, soit dans l'espoir d'être replacés TOME Ier.

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sur les sièges de nouvelle création; les autres signalèrent leur opposition à cette censure violente, par des protestations énergiques, fortement motivées, qu'ils n'ont jamais révoquées, et qui réduisent les évêques concordalistes à n'être que les simples administrateurs provisoires des églises dont ils se prétendent les vrais et perpétuels titulaires.

Observez, 1°. que selon nos maximes, qui sont celles de toute l'antiquité, le pape n'avait pas même le pouvoir de destituer un seul évêque; qu'on lui avait seulement accordé de nommer, sur les lieux, douze collègues de celui qui se trouvait prévenu d'un délit pour lui faire son procès, et le déposer s'il y avait lieu; 2°. que les prélats, sur lesquels Pie VII faisait alors peser tout le poids de son autorité, étaient ceux qui subissaient alors les rigueurs de la déportation pour avoir agi de concert avec Pie VI, dans l'affaire de la constitution civile du clergé; 3o. que les évêques anti-concordalistes, furent obligés, pour soutenir leurs protestations, d'invoquer les maximes conservatrices du droit canonique français, qu'ils avaient jusques-là repoussées, dans l'affaire de la constitution unigenitus; 4°. que les évêques concordalistes n'eurent d'autre moyen pour colorér leur titre, que celui de recourir aux maximes ultramontaines que les grands prélats de l'église gallicane s'étaient fait un devoir de proscrire dans les beaux jours de cette église célèbre.

Les concordalistes prétendaient se justifier en publiant par la plume d'un homme qui était regardé comme le grand régulateur du clergé, que dans les

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temps de trouble, où la religion est en péril, le pape est au- -dessus de toutes les lois; mais on a vu, dèpuis ce même homme, partir de ce cas d'exception pour mettre l'autorité pontificale au niveau de celle des conciles généraux, même dans le cours ordinaire du Gouvernement de l'église ; et voilà l'inconvénient de ces grandes maximes de circonstances, dans la bouche des ennemis secrets de nos libertés.

Du reste cette maxime n'a aucup fondement dans l'antiquité; elle est contraire à la constitution de l'église, et à l'usage qu'on en a fait; puisqu'une affaire de cette importance, sur laquelle on ne laissait aux évêques pour prendre isolément leur parti, que' dix jours de réflexion, ne pouvait être traitée que dans un concile. Cette marche était tracée par la conduite des évêques d'Afrique dans une circonstance à-peuprès la même.

La seconde époque du pontificat de Pie VII, est celle de son voyage en France, entrepris sous l'influence du cardinal Consalvi, principal agent du concordat, contre l'avis du sacré collége. Ce voyage avait été précédé du refus d'admettre l'agent de Louis XVIII près la cour de Rome, et de l'ordre signifié à tous les cardinaux de reconnaître le nouvel Empereur des Français. Quel fruit Pie VII recueillit-il de cette démarche ? l'envahissement de ses Etats, la déportation, l'emprisonnement, toute sorte de persécutions exercées contre sa personne et contre ses plus fidèles serviteurs. Ceci nous conduit naturellement à la troisième époque de son pontificat.

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