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» et affichée. Signé Vergue, Rouen, Sageret, » échevins; Ethys de Corny, procureur du roi; Bou» cher, Fauchet, Tassin du Veyrier, Nyon, >> Bancal des Issarts, de Leutre, Legrand de Saint» Réné, Jeannin, électeurs; Veytard, greffier.

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On a mis en question si les députés à l'Assemblée nationale signeraient, et déjà même les signatures étaient apposées; mais on a pensé que n'ayant aucune espèce d'autorité dans Paris, ils ne pouvaient concourir à l'ordre donné de démolir la Bastille. Le comité était, joint au bureau de la ville , corps ordonnant dans Paris; il était composé des électeurs auxquels les districts avaient donné pouvoir d'administrer; c'en était assez pour ordonner, au nom de la loi, ce que la force du peuple avait commencé.

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A l'égard de M. de La Fayette, on observa qu'étant subordonné à la puissance civile, il ne pouvait qu'exécuter les ordres mais ce qu'il y eut de bizarre, c'est que, par le procès-verbal, tome II, page 5, on le chargea de faire démolir, en conséquence de l'ordre donné à cet égard par le comité; comme si un commandant de troupes devait diriger les ouvriers qu'il doit seulement protéger; et ce qu'il y eut de plus bizarre encore c'est que, voulant donner à cette destruction une grande solennité et une publicité qui pussent satisfaire tout à la fois et sur-le-champ tout le peuple, l'ordre de la démolition a été sur-le-champ proclamé par les trompettes de la ville dans la cour

de l'Hôtel, au nom de M. le marquis de La Fayette, commandant-général.

Je n'avais eu aucune part à cet ordre, mais il devait être publié, ou au nom du comité en corps, ou au mien, comme président du comité et chef de tout le pouvoir civil.

M. Legrand de Saint-Réné a dit que tous les préposés à l'administration des subsistances, intimidés, avaient disparu; que cette fuite interrompt toutes les opérations, et peut exposer la ville de Paris à la famine; que, dans cet abandon des choses, il devient indispensable d'envoyer sur-lechamp au Havre, à Rouen, aux moulins des environs, partout où il y a des dépôts de grains et de farines, achetés par le gouvernement, pour s'assurer de leur quantité et du temps de leur arrivée à Paris. Il a proposé l'établissement d'un comité des subsistances spécialement chargé de surveiller le départ, la marche, la distribution des blés dans les moulins, et l'arrivée des farines à la Halle. Ce comité a été à l'instant arrêté et composé de MM. Legrand de Saint-Réné, de Leutre, Boucher Gibert, Bancal des Issarts, Tassin, Buffault et Veytard; on lui a donné pour local l'appartement de M. Veytard offert par lui-même. On a fait inviter M. de Montaran, intendant du commerce, et M. Doumer, chargé des achats du gouvernement en blés et en farines, de se rendre au comité et de l'aider de leurs lumières.

Sur la demande de M. de La Fayette, il a été

autorisé par le comité à écrire à tous les districts pour les inviter à envoyer, à l'Hôtel-de-Ville, chacun un député destiné à former un comité militaire, qui, conjointement avec M. de La Fayette, rédigerait un plan d'organisation de la garde bourgeoise.

L'assemblée générale des électeurs s'étant formée, M. de Corny y a porté l'arrêté du comité sur la démolition de la Bastille, et en a demandé l'approbation par l'assemblée; et, après une discussion, l'assemblée a ordonné que la Bastille serait démolie jusque dans ses fondemens: mais elle a voulu en même temps pourvoir à la sûreté des papiers qui y sont renfermés et elle a nommé MM. Dusaulx, de Chamseru, Gorneau et Cailleau pour réunir ces papiers, les mettre dans un dépôt sûr; et elle a invité tous ceux qui pouvaient en avoir recueilli au moment de la prise de la Bastille, à les rapporter.

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On a reçu une note venant de Versailles et de l'Assemblée nationale, conçue en ces termes :

« L'Assemblée nationale jouit de la plus grande >> liberté : elle s'occupera sans relâche de la cons→ >>titution du royaume. Mais pour qu'elle puisse y >> travailler sans interruption, et faire jouir plus tôt >> ses commettans de la liberté publique, il est ab>> solument nécessaire que le calme soit maintenu » dans la ville de Paris. Signé MOUNIER secré »taire de l'Assemblée nationale. »

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Il avait été proposé précédemment dans l'assem

blée d'envoyer au roi une députation chargée de lui présenter le respect, l'amour et la fidélité de tous les habitans de sa bonne ville de Paris, et surtout le sentiment de gratitude et d'admiration dont ils sont pénétrés pour la démarche à jamais mémorable qu'il avait daigné faire la veille au milieu de l'Assemblée nationale.

On a pris en conséquence l'arrêté suivant :

« Il a été arrêté, à l'unanimité , que la dépu>>tation qui est à faire au roi devant être une » députation de la ville de Paris, il est important » de conserver à la masse générale de la commune » l'honneur du choix des membres qui doivent » composer le fond de la députation ; sauf à ajou»ter, au nombre des soixante personnes qui seront >> choisies dans les soixante districts de la ville de

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>> Paris tel nombre d'électeurs employés au bu>> reau de l'Hôtel-de-Ville, qu'il conviendra. Il a >> en conséquence été arrêté que sur-le-champ les >> soixante districts seraient assemblés au bruit de » la caisse, pour parvenir à la nomination de 60 députés, au nombre desquels pourront être >> choisis les électeurs eux-mêmes, et qui, aussitôt » après leur nomination, se rendront à l'Hôtel>> de-Ville pour concerter avec les autres membres » de la députation les remercimens et l'adresse qui » sont à faire à Sa Majesté.

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» Arrête de plus que le présent arrêté sera sur»le-champ imprimé et affiché partout où besoin.

>> est. >>

C'est cette députation qui avait causé tant de frayeur à l'œil-de-bœuf (1).

Sur la représentation que les étudians des colléges se faisaient inscrire au rôle de la milice parisienne, et en considérant le danger, pour les études et pour les mœurs, que ces jeunes gens, soustraits à la discipline et à la subordination, ne fussent dans le cas de mener une vie licencieuse, il a été déclaré qu'ils étaient exempts du service militaire, et défendu de les inscrire sur les rôles.

Des députés du district de Sainte-Opportune sont venus complimenter M. Moreau de SaintMerry, et lui porter la reconnaissance des citoyens, due à un homme qui, par son courage, sa fermeté et son sang-froid, avait préservé la patrie d'une ruine entière. Cet éloge et ces remercîmens étaient mérités.

M. de La Fayette a sauvé de la fureur du peuple un abbé que l'on prenait pour l'abbé Roy, et qu'on voulait pendre. Cet abbé Roy était accusé d'avoir excité l'émeute contre M. Réveillon (2). L'autre abbé, nommé Cordier (3), a été reconnu pour très

ou,

(1) Il paraît certain, notamment d'après le récit de M. Hue, qu'au château de Versailles on avait conçu les plus sérieuses inquiétudes sur le voyage du roi: on craignait qu'il ne fût assassiné, du moins, retenu dans Paris. (Note des nouv. édit.) (2) On a parlé de cette circonstance dans la Notice des Mémoires de Ferrières. (Note des nouv. édit.) (3) On verra, page 81, que Bailly tombe dans une légère contradiction. Il dit que ce fut l'abbé Tessier qui fut pris pour l'abbé Roy. (Note des nouv. édit.)

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