SCENE IV. FLORISE, GÉRONTE. FLORIS E. Je ne sais ce que j'ai, tout m'excede aujourd'hui : Que vous m'avez causé sur ce beau mariage, Mais, ma sœur, ce parti... Allez-vous m'en parler ? je vous cede la place. GÉRONTE. Un moment : je ne veux... ELORISE. Tenez, j'ai de l'humeur, Et je vous répondrois peut-être avec aigreur. Vous savez que je n'ai de desirs que les vôtres : Qu'il soit de votre avis, comme il en est toujours. Nous fasse ainsi brusquer une importante affaire? La mere de Valere est maussade, ennuyeuse, Sans usage du monde, une femme odieuse : GÉRONTE. C'est une femme simple et sans prétentions, Qui, veillant sur ses biens... FLORIS E. La belle emplette encore Que ce Valere! un fat qui s'aime, qui s'adore. GÉRONTE. L'agrément de cet âge en couvre les défauts: Eh! qui donc n'est pas fat? tout l'est, jusques aux sots. Mais le temps remédie aux torts de la jeunesse. FLORISE. Non il peut rester fat, n'en voit-on pas sans cesse : Qui jusqu'à quarante ans gardent l'air évente, Et sont les vétérans de la fatuité ? GÉRONTE. Laissons cela. Cléon sera donc notre arbitre. FLORISE. Ah! vous savez trop bien tous vos droits sur mon cœur. GÉRONTE. Ariste doit ici... FLORISE. Votre Ariste m'assomme: C'est, je vous l'avouerai, le plus plat, honnête homme... GÉRONTE. Ne vous voilà-t-il pas ? j'aime tous vos amis; Tous ceux que vous voulez, vous les voyez admis: Vous l'avez accablé, contredit, abruti; Croyez-vous qu'il soit sourd, et qu'il n'ait rien senti, Quoiqu'il n'ait rien marqué? vous autres, fortes têtes, Vous voilà! vous prenez tous les gens pour des bêtes; Et ne ménageant rien... FLORIS E. Eh mais! tant pis pour lui, S'il s'en est offensé; c'est aussi trop d'ennui, S'il faut, à chaque mot, voir comme on peut le prendre; Et la plaisanterie est libre. GÉRONTE. Mais vraiment, Je sais bien, comme vous, qu'il faut un peu médire : Mais grace, je vous prie, et plus d'attention Pour Ariste: il revient. Faites réflexion FLORISE. Par malheur je n'ai point l'art de me contrefaire. Mais, marier Chloé ! mon frere, y pensez-vous ? Elle est si peu formée, et si sotte, entre nous... GÉRONTE. Je ne vois pas cela. Je lui trouve, au contraire, De l'esprit naturel, un fort bon caractere; Ce qu'elle est devant vous ne vient que d'embarras. On imagineroit que vous ne l'aimez pas, |