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Et dans les différentes classes

D'originaux, valant de l'or,

Dont j'ai peint, dans un libre essor, L'esprit, la sottise, et les graces, Vous trouverez peut-être encor Que, même sous un ciel barbare, J'ai sauvé de l'obscurité

Un rayon de cette gaieté

Qui devient aujourd'hui si rare,
Quoique très bonne à la santé.

A M. LE COMTE

DE ROCHEMORE.

ÉLEVE

LEVE et successeur d'Horace,
De Despréaux et d'Hamilton,
Vous qui nous ramenez leur ton,
Et leur coloris, et leur grace,
Sans effort, sans prétention,
Sans intrigue, et sans dédicace;
O vous, dont l'aigle et les zéphyrs
Guident au gré de vos desirs
La route toujours neuve et sûre,
Peintre brillant de la nature,
De la sagesse et des plaisirs ;
Quand vous dérobez à notre âge
Des tableaux que la vérité,

Et le génie, et la gaieté

Ont marqués, par la main d'un sage,

Du sceau de l'immortalité ;

Dites-moi, divin solitaire,

Dites, par quelle cruauté

Rappelez-vous à la lumiere

Un phosphore, une ombre légere
Qu'ont tracé mes foibles crayons,
Et dont la lueur passagere
S'efface au feu de vos rayons?
Sur les songes de ma jeunesse
Laissez les voiles de l'oubli;
Que mon désert soit embelli
Par votre main enchanteresse :
Voilà le seul lien de fleurs
Par qui je veux tenir encore
A cet art qu'on profane ailleurs,
Et que la raison même adore,
Quand il brille de vos couleurs.
Prenez cette lyre éclatante
Qui, par ses sons majestueux,

Maîtrise mon ame, m'enchante,
M'éleve à la hauteur des cieux;

Ou que ce facile génie

Qui, de la céleste harmonie,

Sait descendre aux délassements

D'une douce philosophie,

M'offre encor ses amusements,

Ces écrits sans cajolerie,

Sans satire, sans basse envie,

1.

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Sous les traits heureux et brillants

De la bonne plaisanterie,

Dont tout le monde a la manie,

Et qu'atteignent si peu de gens.
Mais, par malheur pour qui vous aime,
Ne confiant rien qu'à regret,
Toujours mécontent de vous-même,
Vous voulez être trop parfait,
Et dans votre trop beau systême
Un ouvrage n'est jamais fait.
Contre mes vœux et mes instances
Tous vos prétextes sont usés :
Soyez moins parfait et lisez,
J'aime jusqu'à vos négligences.
Pourquoi vous ravir si souvent
A l'amitié qui vous rappelle,
Et lui cacher si constamment
Des trésors qui sont faits pour elle ?
Sauvage enfant de Philomele,

Vous êtes cet oiseau charmant

Qui, sous la verdure nouvelle,

Content du ciel pour confident De la tendresse de son chant, Semble fuir la race mortelle, Et s'envole dès qu'on l'entend.

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