Et, si dans leurs foyers désormais je n'habite, Mon cœur me survit auprès d'eux : Car ne les crois pas tels que la main de l'envie Si tu ne les connois que sur ce qu'en publie Ils te sont encore inconnus. Lis, et vois de leurs mœurs des traits plus ingénus. L'impartialité va tracer leur image. Oui, j'ai vu des mortels, j'en dois ici l'aveu, J'ai vu des esprits vrais, des cœurs incorruptibles, De leurs plus fougueux ennemis; Que d'autres s'exhalant, dans leur haine insensée, Cherchent en les quittant à les rendre odieux : C'est ainsi qu'en partant je leur fais mes adieux. VERS SUR LA TRAGÉDIE D'ALZIRE. QUEL UELQUES ombres, quelques défauts Trois fois j'ai vu la Voltaire nouvelle, Et trois fois j'y trouvai des agréments nouveaux. Les pleurs décident mieux que les réflexions. Le goût, par-tout divers, marche sans regle sûre; Le sentiment ne va point au hasard: On s'attendrit sans imposture; Le suffrage de la nature L'emporte sur celui de l'art. En dépit du Zoïle et du censeur austere, Lorsqu'on réunira la muse de Voltaire Et les graces de la Gaussin. VERS SUR LES TABLEAUX Exposés à l'Académie royale de peinture, Au mois de septembre 1737. Si l'on croit les plaintes chagrines De quelques auteurs oubliés, Le goût, les arts les plus brillants, Nos jours ramenent l'ignorance Sur la ruine des talents. Mais quelle lumiere nouvelle Dissipe le sommeil des arts! Le temple s'ouvre à mes regards. Et fixe la légèreté De la fugitive beauté. De vos maîtres, que dans ce temple La patrie honore et contemple, Et, par le talent et l'exemple De Rigault et de l'Argiliere Le peintre de la Volupté, A la reine de l'harmonie Voltaire du tendre Elysée * * La tragédie. ** Le poëme épique. |