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Ce quatrième volume renferme la continuation des maladies chirurgicales considérées dans chaque région : les mala. dics de l'oreille, celles du nez, des sinus frontaux et maxillaires, de la bouche, du pharynx, des glandes salivaires, du larynx, du corps thyroïde et de la trachée-artère; enfin, les maladies de l'œsophage, de la poitrine et de l'abdomen.

Maladies de l'oreille. Malgré le grand nombre d'auteurs qui, depuis Hippocrate jusqu'à nos jours, se sont occupés des maladies de l'oreille, il faut descendre jusqu'au dix-neuvième siècle pour en trouver qui soient parvenus, en s'éclairant du flambeau de l'anatomie pathologique, à dissiper les ténèbres épaisses qui enveloppaient naguère cet intéressant groupe de maladies. C'est aux travaux de Buchanan, de M. Itard et de MM. Deleau, Berjaud, Fabrizzi et Kramer, que l'on doit surtout le fond des notions acquises sur les maladies de l'oreille.

Avant la description des maladies de l'oreille, l'auteur passe en revue les divers moyens d'exploration du conduit auditif externe, de la gorge, de la trompe d'Eustachi, et de l'oreille moyenne; à ce sujet, l'auscultation et l'injection de l'oreille, soit par l'air, soit par un liquide, ont fixé son attention. L'application du stethoscope aux maladies de cet organe est due à Laënnec lui-même, et les données qu'il en a déduites ont surtout été fécondées par M. Deleau, qui s'est servi de l'introduction de l'air dans la trompe d'Eustachi et l'oreille moyenne, non-seulement comme traitement, mais aussi comme moyen de diagnostic.

Parmi les principales maladies qui peuvent atteindre l'oreille, M. Vidal étudie successivement les vices de conformation et les plaies de cet organe, l'introduction des corps étrangers, l'otalgie, les névroses, les inflammations, les rétré

cissements et obstructions du conduit auditif et de la trompe d'Eustachi, les dégénérescences et les polypes. Quelques mots sur la perforation de la membrane du tympan, sur celle de l'apophyse mastoïde, et sur l'otoplastie, ressuscitée par Dieffenbach, complètent ce qui est relatif à ce sujet.

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Maladies du nez et des fosses nasales. M. Vidal divise en deux chapitres les maladies du nez et celles des fosses nasales: les premières l'occupent fort peu, et n'offrent d'intéressant que ce qui a trait à la rhinoplastie. Cette opération consiste, comme on le sait, dans l'art de restaurer un nez, en tout ou en partie, avec une portion de peau empruntée dans le voisinage de l'organe qui manque, ou dans une région plus éloignée; de là, diverses méthodes : 1° la méthode indienne, qui consiste à emprunter le lambeau de peau au front du sujet; 2o la méthode italienne : l'emprunt est fait au bras ou à l'avant-bras du malade; 5° la méthode française: elle est basée sur la même méthode que la blépharoplastie, c'està-dire qu'on mobilise les parties environnantes pour combler la brèche, en distendant et réunissant ces mêmes parties.

M. Vidal assigne à la rhinoplastie quatre époques, qu'il désigne par le nom des pays où elle a été tour à tour et plus particulièrement cultivée :

1o Époque indienne. Celle-ci est mêlée de fables et d'obscurités; toutefois, il demeure établi que les brahmes ont pratiqué cette opération, que venaient réclamer de toutes parts les infortunés dont le nez avait été dévoré par la maladie ou abattu par le fer;

2o Epoque italienné. Elle remonte au xve siècle, où Branca fit un nouveau nez avec succès. Il avait même été précédé dans cet art par Boïani. Cependant Branca et Boïani n'ont

eu qu une mention honorable dans l'histoire, tandis que gliacozzi a reçu les honneurs de l'invention;

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3 Epoque anglaise. Ce ne fut qu'en 1813 que la rhinoplastie prit faveur en Angleterre, grâce à un succès éclatant dû à l'habileté chirurgicale de Carpue;

4° Epoque française. Celle-ci est la plus tardive de toutes; elle a pris naissance à Montpellier. A elle se rattache le nom de Delpech.

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Dans le chapitre consacré aux maladies des fosses nasales, nous avons lu avec intérêt l'article qui traite des polypes de cette cavité. Le docteur Vidal en a formé quatre groupes principaux: 1° les polypes celluloso-muqueux; 2° les polypes durs; 3° les polypes très-durs; 4° les polypes mixtes ou composés. Au premier groupe se rapportent les polypes muqueux, vésiculaires, lardacés, fongueux et granuleux. Le deuxième comprend les polypes fibreux et sarcomateux. Dans le troisième sont rangés les polypes cartilagineux, osseux et pierreux; enfin, le quatrième ne comprend aucune sous-division.

Le traitement chirurgical, propre à débarrasser les fosses nasales de cette espèce de dégénérescence, consiste dans l'excision, dans l'arrachement et dans la cautérisation, soit au moyen des caustiques, soit par le cautère actuel. Quant à la destruction des polypes par les dessiccatifs, les astringents ou la compression, l'auteur n'en fait mention que pour signaler le peu de confiance qu'on doit accorder à ces moyens.

Maladies des sinus frontaux et maxillaires, et des os maxillaires supérieur et inférieur. L'inflammation, les plaies, les artères, les fistules, les corps étrangers, les dégénérescences et les polypes peuvent affecter les sinus frontaux et maxillaires, et obliger quelquefois le chirurgien à des opérations plus

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ou moins graves et difficiles. Une de celles auxquelles il est quelquefois obligé de recourir pour extraire des corps étrangers, ou extirper des tumeurs, c'est la perforation de ces sinus, et surtout du sinus maxillaire. C'est par l'ouverture naturelle de ce sinus, qui correspond à la paroi externe des fosses nasales, que Jourdan conseillait de pousser une injection dans la cavité de l'antre d'Hygmore; mais les difficultés de cette opération lui ont fait généralement substituer la perforation par le procédé de Meibomius, qui consiste à enlever une dent, et à perforer l'alvéole; ou celui de Lamorie, par lequel on attaque le sinus entre l'apophyse zygomatique et la troisième dent molaire; ou, enfin, par les procédés de Cheselden et de Ruffel.

Quant aux affections qui portent leur action sur le tissu osseux des deux maxillaires, les plus communes sont la nécrose, les exostoses et la dégénérescence cancéreuse. Cette dernière, la plus redoutable de toutes par sa nature et par ses résultats, oblige le plus souvent à recourir à un moyen extrême, la résection de l'os affecté. C'est principalement au maxillaire inférieur que se montre le plus fréquemment la dégénérescence cancéreuse.

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Maladies de la bouche.. Sous ce titre commun, nous réunissons les articles particuliers que M. Vidal a consacrés aux maladies des lèvres, de la langue, du voile du palais et du pharynx, ainsi qu'à celles des glandes salivaires et de leurs conduits.

Parmi les maladies des lèvres, nous devons appeler l'at tention sur ce qui est relatif à la difformité connue sous le nom de bec-de-lièvre, et à l'opération qu'elle réclame. L'auteur y discute, entre autres points, la question de savoir si, dans le bec-de-lièvre congénial, l'on doit opérer les enfants

les premiers jours, les premières semaines, le premier mois après la naissance, ou bien s'il convient d'attendre l'âge de quatre, cinq, et même dix ans. Les partisans et les détracteurs de l'opération immédiate et de l'opération tardive étant divisés en deux camps presque égaux, M. Vidal discute leurs arguments pour et contre. Son opinion à lui, c'est que, l'opération ne pouvant compromettre les jours de l'enfant, on peut toujours la tenter peu de jours après la naissance. Si l'on échoue, dit-il, eh bien! on se résignera à attendre une autre période de la vie; la première opération ne nuit en rien à celle qu'on pratiquera plus tard. Toutefois, ajoute-t-il, « on ne balancera pas de tenter l'opération immédiatement après la naissance, quand, avec le bec-de-lièvre, existera une séparation des os qui forment la portion dure du palais; car il est prouvé que la réunion des lèvres a fini par rapprocher ces os d'une manière très-marquée. Quand les os ne sont pas écartés, et que le voile du palais est seul divisé avec la lèvre, et quand il n'y a pas continuité entre la fente de la lèvre et celle du palais, alors, selon M. Roux, il vaut mieux temporiser, et ne faire l'opération du bec-de-lièvre qu'après la staphyloraphie. »

Nous passons ici tout ce qui est relatif aux procédés opéra. toires, nous contentant de mentionner seulement ce qui concerne la chéiloplastie. Dans l'art de restaurer les lèvres, c'est la méthode autoplastique qui a prévalu. Quatre proécédés sont mis en pratique à cet effet : 1o l'incision en V; 2o le procédé de Chopart; 5° celui de Roux de Saint-Maximin; 4o celui de Morgan.

Les vices de conformation, les plaies, les ulcères et les dégénérescences ou cancers de la langue forment la plus grande partie du chapitre que l'auteur a consacré à ces ma-'

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