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DEUXIÈME OBSERVATION.

Céphalalgie, vomissements, agitation, délire, mouvements convulsifs de la face, traitement anti-phlogistique et révulsif sans effet.

Aggravation des symptômes, frictions mercurielles à haute dose; amendement, rechute. Nouvel emploi des frictions mercurielles. Dysenterie, guérison.

G..,, âgé de seize ans, d'une intelligence bien développée et d'une constitution en apparence débile, quoique ayant toujours joui d'une bonne santé, fut pris le 5 septembre 1858, sans cause appréciable, de céphalalgie accompa gnée de morosité et de propension au sommeil.

Trois jours après, se sentant plus malade, il fut obligé de prendre le lit. Je le vis alors pour la première fois; il était dans l'état suivant: air préoccupé, visage animé, douleur sus-orbitaire aiguë, plaintes réitérées, somnolence alternant avec un état d'inquiétude et d'agitation, de temps, en temps paroles vagues, langue naturelle, soif núllement augmentée, inappétence, nausées, quelques vomissements, abdomen, souple et indolent, pouls fréquent et plein.

Pendant quatre jours ces phénomènes morbides s'accrurent progressivement, malgré l'emploi d'un traitement, anti-phlogistique et révulsif des plus énergiques.

Le 12, le malade éprouvait des symptômes beaucoup plus graves expression douloureuse de la physionomie, céphalalgie dont la violence lui arrachait des cris aigus, face tantôt très-colorée tantôt très-pâle, yeux brillants et trèsimpressionnables à la lumière, pupilles contractées, muscles de la face et des globes oculaires agités de mouvements convulsifs, exaltation et trouble fréquent des facultés intel

lectuelles, mouvements réitérés des bras pour se découvrir, soubresauts des tendons, nombreuses alternatives d'une grande agitation avec délire aigu et vociférations et d'assou pissement avec revasseries; plusieurs fois le malade se plaça brusquement sur son séant et chercha à quitter son lit; vomissements assez fréquents accompagnés quelquefois de hoquet, constipation, aridité de la peau, grande fréquence du pouls, nuls signes d'irritation du côté des voies digestives, (Dès le matin, frictions sur le ventre et les cuisses, répétées toutes les trois heures avec deux gros d'onguent mercuriel double pour chaque fois.)

Le 13, persistance des mêmes symptômes jusque dans l'après-midi; alors, diminution progressive de ces symptômes. (Même traitement.)!

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Le 14, l'amélioration a fait de nouveaux progrès; pendant plusieurs heures, l'intelligence présente une lucidité parfaite. Lorsque le délire se reproduit, ce n'est que d'une manière tranquille, et le plus ordinairement il a pour objet une idée fixe, celle de la perte d'une somme d'argent considérable que le malade croit avoir trouvée pendant la nuit. Il existe assez souvent de la somnolence, mais rarement de l'agitation; les pupilles sont dans leur état normal, les mouvements convulsifs de la face et les soubresauts des tendons ont entièrement cessé; la peau est halitueuse et le pouls moins fréquent. Les gencives sont devenues un peu rouges, tuméfiées et douloureuses; cependant la sécrétion salivaire n'est pas notablement augmentée. (Réduction des frictions mercurielles à quatre.)

Le 15, les facultés intellectuelles ne se montrent plus altérées qu'à de longs intervalles, et uniquement sous le rap port de l'idée fixe indiquée; le plus souvent même, alors, lė

malade dit que cette préoccupation de son esprit est le résullat d'un rêve. Les autres désordres nerveux ne se reproduisent plus; légère diarrhée, sans douleur ni tension abdominales, sans rougeur ni sécheresse de la langue; l'état d'irritation des gencives reste stationnaire. (Réduction des frictions à deux.)

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Le 16, selles liquides nombreuses sans nulle agitation pendant la nuit; intégrité complète de l'intelligence, absence de tous symptômes nerveux et de fièvre; les selles conLinuent, mais moins fréquentes; diminution de la tuméfaction des gencives. (Cessation des frictions mercurielles.)

Le 17, l'irritation des gencives et la diarrhée n'existent plus, aucun symptôme ne se renouvelle. Une grande débi→ lité était le seul vestige d'un état pathologique aussi grave. Désir des aliments, instances réitérées pour en obtenir ; quelques cuillerées de crème de riz sont accordées. Soit que ce fût l'effet d'une alimentation aussi légère, soit que ce fût le résultat de toute autre cause qui nous est restée inconnue, le lendemain, il y avait de la fièvre, de la céphalalgie et de loin en loin un peu de délire, sans aucune manifestation d'irritation du côté de l'appareil digestif. (Application de douze sangsues aux apophyses mastoïdes.)

Le 19, mouvement fébrile violent, face vivement colorée, profondément altérée, agitée de mouvements convulsifs fré quents; regard égaré, front chaud, délire continuel et accom. pagné d'une agitation extrême, loquacité incessante, vociférations, cris perçants, développement des plus énergiques des forces musculaires. Une fois, le malade réussit à s'échapper de son lit, il se promène pendant quelques instants dans la chambre avec une grande rapidité. Il fallut lé replacer de vive force dans son lit, et l'y maintenir par

le secours de plusieurs personnes. (A dix heures du matin, les frictions mercurielles sont reprises aux mêmes doses et aux mêmes heures que la première fois.)

Le 20, paroxysme intense pendant la nuit ; cependant, vers le milieu du jour, le délire et l'agitation fébrile commen. cent à n'avoir plus la même violence. De temps en temps la raison se rétablit complètement, alors le malade se plaint d'une douleur vive au front et à l'occiput. Dans la nuit suivante l'amélioration se dessina de plus en plus; mais il éut des selles liquides avec ténesme. (Continuation des frictions.)

Le 21, ce n'est que rarement qu'il se manifeste, dans les idées, une perturbation légère et momentanée. La tête est bien moins douloureuse, le pouls est à peine fréquent; les symptômes dysentériques, survenus pendant la nuit, sonť plus caractérisés. Cependant le ventre reste souple, nullément sensible à la pression; la soif est un peu augmentée, la langue naturelle, la bouche n'offre aucun indice de l'action du mercure. (Réduction des frictions à deux.)

Le 22, les symptômes cérébraux sont totalement dissipés ceux de la dysenterie se sont modérés. (Cessation des frictions mercurielles.) Dès lors, convalescence définitive; la dysenteríé né tarda pas à disparaître; il ne survint pas de signes de salivation. Au bout de quelques jours, deux tumeurs phlegmoneuses assez étendues se développèrent, situées, l'une à la nuque, et l'autre à la partie latérale droite du cou. Effes se terminèrent promptement par suppuration, et elles resterent sans influence sur l'encéphale, malgré un voisinage aussi rapproché de cet organe.

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TROISIÈME OBSERVATION.

Vomissements, somnolence, mouvements convulsifs du côté droit, résolution du côté gauche. -Strabisme, dilatation et immobilité des pupilles, assoupissement profond. Traitement anti-phlogistique et révulsif impuissant.— Frictions mercurielles à haute dose, guérison.

Un enfant de deux ans, du sexe mâle, sevré depuis six, mois, d'un tempérament sanguin, d'un embonpoint plus qu'ordinaire, et n'ayant jamais eu de maladies graves ni de convulsions, fut pris brusquement, dans la nuit du 16 octobre 1838, d'insomnie, d'agitation et de vomissements. Le lendemain et le surlendemain, il resta couché; il fut inquiet, chaud, assoupi, constipé et tourmenté par des vomissements fréquents.

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Le troisième jour, il se trouvait plus malade; alors on réclama mes soins. J'observai l'état suivant : somnolence qui, de temps en temps, était interrompue par les signes d'une grande agitation, au milieu de laquelle survenaient des cris aigus, des contractions spasmodiques de la face, et quelques secousses convulsives dans les membres thoraciques. Coloration vive du visage, battements énergiques des carotides, mouvements tumultueux du cœur, pouls fort et fréquent, chaleur sèche de la peau, vomiturition et criailleries souvent renouvelées, rapprochement des paupières, resserrement des pupilles; l'impression de la lumière sur les yeux arrachait des cris et redoublait l'agitation; langue blanche et humide, ventre nullement développé, et ne paraissant pas être sensi ble même à une forte pression; absence de selles ; l'examen des gencives n'indiquait aucun travail actuel de dentition.

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