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16 onces, sangsues nombreuses sur le point de colé, boissons émollientes; le sang tiré de la veine se recouvre d'une couenne épaisse.)

.. Le 9, l'agitation et le délire ont été moins prononcés pendant la nuit. Diminution de la douleur pleurétique, mais persistance de la dyspnée, du râle crépitant et des autres symptômes de la veille. (Saignée, sang également couen. neux.)

Le 10, amélioration notable: respiration plus libre, prédominance du bruit d'expansion pulmonaire sur le râle cré» pitant, chachats moins visqueux et à peine rouillés, toux moins fréquente, peau moite, céphalalgie nulle, fièvre moindre. (Quinze sangsues sur le côté droit de la poitrine.)

Le 11, sueurs abondantes dans la nuit. Le bruit de la res piration est appréciable et net dans tous les points du pou→ mon, absence complète de râle crépitant, toux rare, expectoration pareille à celle de la bronchite aiguë, cessation du mouvement fébrile. La peau continue à être recouverte de

sueur.

Le 12, il n'existait plus de symptômes locaux ni généraux de pleuro-pneumonie.

Les jours suivants, quoique l'exploration la plus attentive et souvent renouvelée de la poitrine ne fournisse que des si+ gnes négatifs, qu'il n'y ait plus de toux et que la respiration soit parfaitement libre, le malade reste alité, triste, sans forces, sans énergie morale; il éprouve du brisement dans les membres, un sentiment général de fatigue, du malaise, de la soif, de l'inappétence, et une tendance presque continuelle au sommeil; la tête est lourde, le front douloureux, le pouls un peu fréquent ; un mouvement febrile se déclare toutes les nuits.

-Le 16, le malade fut, pendant la nuit, plus inquiet, plus agité, et il délira plusieurs fois; fièvre intense, céphalalgie vive, somnolence, face rouge, yeux très-sensibles à l'impression de la lumière, conjonctives injectées, langue blanche à la base, rouge aux bords et à la pointe; soif, nausées et vomissements fréquents; ventre souple, seulement sensible à la pression dans la région épigastrique; légère épistaxis, décubitus en supination; de temps en temps on remarquait de l'incohérence dans les idées; nuls signes du côté de la poitrine. (Sangsues aux apophyses mastoïdes, cataplasmes sur l'épigastre. ) ·

Le 17, pendant la nuit, paroxysme violent avec délire fréquent et efforts pour quitter le lit, céphalalgie intense, forte coloration de la face, pupilles contractées, sensibilité de la rétine très-exagérée, alternatives d'assoupissement et d'agitation. Lorsqu'on interroge le malade, il répond juste d'abord; mais il ne tarde pas à tenir les propos les plus incohérents, et à entrer dans un état d'exaltation exprimé par l'augmentation de la rougeur de la face et de la fréquence du pouls, par une grande loquacité, et par des tentatives énergiques pour s'échapper de son lit; bientôt, fatigué, il s'assoupit. Soif vive, langue rouge et sèche, abdomen un peu développé, épigastre douloureux, quelques selles liquides, pouls plein et très-fréquent, épistaxis plus abondantes que la veille, respiration normale. (Saignée, sang qullement couenneux, sangsues à l'épigastre.)

Le 18, agitation violente, délire à peu près continuel; dans la nuit, mêmes symptômes que la veille. De plus, la langue a bruni, elle est tremblante, quelques fuliginosités recouvrent les lèvres et les gencives, la diarrhée est plus fréquente, selles et urines involontaires; abdomen météorisé

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mais indolent; soubresauts des tendons, légers mouvements convulsifs des paupières, des yeux et des lèvres, tremblement des mains; plusieurs fois l'agitation fut telle que le malade, les yeux fixes et largement ouverts, délirait, vociférait et déployait une force musculaire des plus énergiques. Le pouls était petit et très-fréquent. (Deux gros d'onguent mercuriel double sont employés toutes les trois heures en frictions sur l'abdomen.)

Le 19, le même état persiste. (Continuation des frictions mercurielles.)

Le 20, le paroxysme de la nuit a été plus court et moins intensé. La céphalalgie, l'assou pissement et l'agitation ont subi une notable diminution; les soubresauts des tendons et les autres mouvements convulsifs sont plus rares; la diarrhée continue, mais la volonté préside aux évacuations; le délire ne se déclare qu'à de longs intervalles; le ventre est moins tendu, le pouls a perdu de sa fréquence et de sa petitesse; la bouche se dépouille de son état fuligineux, et la langue commence à s'humecter. (Même traitement.)

Le 21, l'amélioration se soutient; elle ne fait pas de progrès; la bouche cst très-humide, les gencives sont rouges engorgées et sensibles. (Même traitement.)

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Le 22, nuit calme, sommeil, l'état d'irritation de la bouche a augmenté. Une exsudation blanchâtre recouvre plusieurs points de la membrane muqueuse. Un flux abondant de salive est survenu; l'amélioration qui s'est déclarée depuis deux jours offre un accroissement des plus remarquables; l'assoupissement a cessé, l'expression de la face est presque naturelle. Ce n'est que lorsque le malade a parlé trop long-temps qu'il arrive un peu d'incohérence dans ses propos. Le pouls ne conserve qu'une légère fréquence; le

front n'est plus douloureux; le ventre est affaissé et complètement indolent; plus de soubresauts dans les tendons ; diminution de la diarrhée. Ce qui occupe le plus l'attention du malade c'est l'état pathologique de la bouche qui lui inspire un sentiment continuel d'alarmes et lui arrache de temps en temps des gémissements. (Cessation des frictions mercurielles.)

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Dès ce jour la convalescence fit des progrès rapides et non interrompus. Le ptyalisme fut abondant pendant quelques jours; des sangsues au cou, des gargarismes adoucissants, et plus tard acidules et astringents, furent les seuls moyens mis en usage pour combattre ce résultat de l'action du mercure.

La maladie qui apparut la première, et dont j'ai pu rapporter les détails, à cause de l'habitude que j'ai adoptée, depuis quelques années, de recueillir l'histoire de tous les cas de pneumonie que j'observe, afin d'établir un parallèle entre les effets du traitement généralement usité et ceux de l'emploi du tartre stibié à haute dose; cette maladie, dis-je, était d'un diagnostic facile; elle offrait les signes les plus évidents d'une pleuro-pneumonie et dès le début quelques désordres cérébraux. Combattue par un traitement anti-phlo, gistique des plus énergiques, elle marcha rapidement vers la résolution qui s'accomplit bientôt sous l'influence d'une diaphorèse abondante et spontanée. Les désordres de l'appareil nerveux se dissipèrent après les premières émissions sanguines. La convalescence fut enrayée et troublée par l'invasion de symptômes qui ne devaient pas être attribués à la persévérance de l'inflammation thoracique. C'étaient les prodrômes d'une affection nouvelle qui ne tarda pas à se caractériser de la manière la plus grave. Cette nouvelle

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affection se traduisait à la fois par des symptômes cérébraux et par des symptômes abdominaux; mais les troubles fonctionnels de l'encéphale se montrèrent les premiers : ils s'étaient déjà manifestés au début de la maladie antécédente, et ils présentèrent constamment une prédominance incontesta⚫ ble sur les autres. Cet ensemble de phénomènes morbides appartient-il à la méningite ou bien à la fièvre typhoide ? L'opinion qui me paraît la plus probable est de les rapporter à la première de ces maladies, de considérer les désordres des voies digestives comme constituant une véritable complication. Cependant la forme ataxique de la fièvre typhoïde offre une telle analogie avec la fièvre cérébrale, qu'il est assez souvent fort difficile d'établir un diagnostic différentiel bien précis entre ces deux maladies.

Cette observation m'a paru servir de transition bien naturelle entre celles que j'ai publiées sous le nom de fièvres typhoïdes et celles dont je vais offrir le tableau. Dans ces dernières on trouvera exprimées au plus haut degré et de la manière la moins douteuse, les signes qui sont attribués unanimement à la méningite. S'il survient quelques phénomènes anormaux du côté de l'appareil de la digestion, les phénomènes sont les résultats probables de l'action des frictions mercurielles; d'ailleurs ils se montrent si peu saillants qu'ils n'aggravent nullement l'état des malades.

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